Crazy Criminal Partnerz

Suivant Harley et le Joker, j'entre dans leur QG, un grand appartement dans un bâtiment isolé du centre-ville. Ce n'est pas un gratte-ciel, mais un immeuble de seulement huit étages, ce qui est relativement peu à Gotham. L'homme de main du Joker, celui qui pilotait l'hélicoptère, nous a laissé sur le toit. Et Harley m'a expliqué que tout c'building leur appartient, et donc que les autres appartements sont inhabités. Eux, ils vivent au deuxième étage, dans cet immense loft à la fois sombre et sophistiqué.

« Voilà, c'est notre repère ! » S'exclame Harley en tapant des mains, visiblement satisfaite de retrouver sa maison. Curieuse que j'suis, j'regarde partout autour de moi. Les meubles sont parfaitement bien placés en plus d'être ultramodernes. J'imaginais ce couple de tarés beaucoup plus bordélique que ça... Arg, le simple fait de savoir ces deux-là en couple me dégoûte ! Harley est tellement souriante, avenante et loyale... alors que lui, il m'a l'air juste cruel, hautain et méprisant, malgré sa putain d'folie et son rire puissant. Je l'aime clairement pas, ce Joker. J'me demande pourquoi Harley ne m'a pas prévenue plus tôt que ce con aux cheveux verts et aux lèvres rouges est son p'tit ami...

« Tu peux t'asseoir sur le canapé, maintenant que tu es là. Me lance le Joker avec un air narquois, me toisant avec son sourire permanent. Je reviens, j'ai quelque chose à faire. »

Sur ces mots, sans même nous expliquer les raisons de son départ, il s'en va, claquant la porte du loft. Bon débarras, il m'a déjà gonflé !

Je me jette mollement sur le canapé, à plat ventre, lâchant un long soupir satisfait.

« Putain, c'que c'est confortable ! »

Étant une criminelle vagabonde, la dernière fois que j'ai dormi dans un vrai lit remonte à très longtemps. Donc j'peux vous assurer que j'ai apprécié la douceur de ce canapé moelleux. Blottie contre les coussins en forme de carreau, de cœur, de trèfle et de pique, je me détends, avec un sourire en coin, mordillant ma lèvre inférieure.

Je sens soudain la présence d'Harley tout près de moi. J'ouvre les yeux et me relève sur mes avant-bras. Elle est assise sur le canapé, à mes côtés, et me sourit. Elle me dit :

« Je vais prendre une douche et me changer. Cet uniforme m’écœure ! Si jamais tu veux te laver après moi, tu me le dis hein, j'te passerai une serviette et des fringues de rechange.

-Merci, mais j'me doucherai plus tard, j'suis fatiguée... Je réponds en me mettant sur le dos, me frottant les yeux et lui rendant son sourire. »

Elle me fait un clin d’œil comme pour me dire ''T'inquiète, repose-toi'' et se lève en s'étirant. Le soleil se lève déjà. Les premiers rayons envahissent la pièce, mais la ville de Gotham reste lugubre même la journée. Je m'assieds en baillant fortement : j'ai toujours été insomniaque. J'ai tout l'temps des cernes, mais je ne fatigue jamais. Je suis un électron libre. Pourtant, ces quelques jours emprisonnée à rien foutre, à rien détruire... ça m'a achevé !

Je regarde Harley se diriger dans la grande salle de bain, en me disant qu'elle est magnifique et qu'elle se gâche en étant avec ce vieux clown dégénéré.

J'ai dû pioncer, lorsque Harley se douchait. Je sens son index tapoter ma joue, du bout de son ongle long, et j'entends son p'tit rire communicatif. J'ouvre les yeux, m'assois et m'étire, en riant aussi doucement. Je la regarde : elle a ôté sa combinaison orange de taularde et est maintenant en pyjama. Elle porte désormais des lunettes de vue, un Kigurumi rouge orné de carreaux blancs et noirs, et a également des pantoufles blanches en forme de têtes de lapin. Elle a aussi défait ses couettes, laissant ses cheveux blonds aux pointes colorées en bataille. La tête légèrement penchée sur le côté, elle agite ses longs cils et me regarde de ses grands yeux bleus. Elle me demande :

« T'as bien dormi ?

-Ouais, merci. Je réponds en grattant ma nuque et en constatant que mes tresses sont quasiment défaites. C'est si rare que j'pionce !

-Pourtant, là ça fait bien une heure que tu roupilles. Comme j'm'ennuyais toute seule, je t'ai réveillé, excuse-moi ! Lance-t-elle en jouant avec les pompons accrochés à sa capuche. »

Une heure ? Putain, j'le crois pas ! Elle me murmure en baissant les yeux :

« Mr.J n'est toujours pas rentré, je ne sais pas trop ce qu'il est en train de faire... Quoiqu'il en soit, si tu veux, tu peux aller te doucher hein, et je te prêterai un pyjama.

-Pas d'soucis ! Je schlingue autant que ça ? »

J'éclate de rire, et elle aussi. Elle me tape doucement le bras en riant :

« Mais nan, dis pas de conneries ! C'est pour que tu te sentes à l'aise.

-T'inquiète, tant que t'es là, ça va ! »

Oulah, je sais pas pourquoi j'ai dit ça ! Je baisse immédiatement les yeux, et je remarque qu'elle rougit un peu en souriant, entortillant une mèche de cheveux. Elle change de sujet :

« Et toi... tu comptes faire quoi alors ?

-J'pense qu'il est préférable que j'retourne à Piltover... je n'ai même pas mes jouets, j'ai peur de m'emmerder ici...

-Tes jouets ?

-Ouais, mes armes si tu préfères... Je souffle et colle mes genoux à ma -petite- poitrine, toute recroquevillée. J'veux pas m'faire chier à Gotham...

-Dis pas ça ! Je te prêterai les miennes, elles sont géniales aussi ! Attends... »

Elle se lève brusquement et court dans une autre pièce. Quelques secondes plus tard, elle revient avec les bras chargés d'armes en tout genre. L'une d'entre elles attire plus particulièrement mon attention. Je la prends dans mes mains et gueule :

« Un putain de marteau géant !

-Tout à fait ! Dit-elle toute fière. Elle me montre ensuite chacune de ses armes. J'ai aussi plusieurs flingues, des battes de baseball, des grenades, des seringues remplies de poisons, une hache, des ''Jack in the Box'' explosifs... tu vois, avec ça on peut s'amuser ! »

Je constate avec malice que tout cet arsenal porte ses fidèles couleurs qui sont le rouge, le noir et le blanc, et que chaque arme est décorée de carreaux. Harley est encore plus déjantée que je ne le pensais, elle me plaît de plus en plus. Mais je n'arrête pas de penser également à mes armes adorées. J'aurais tant aimé pouvoir lui montrer... Je me lève brutalement et lui lance en remuant ma tête de droite à gauche :

« Je sais pas trop Harley. C'est tes armes après tout, pas les miennes... c'pas pareil. »

Elle se lève à son tour, laissant tout son bordel sur le canapé tristement. Pour la soulager, je lui dis avec un regard qui se veut rassurant :

« J'vais aller me laver. J'en profiterai pour réfléchir.

-Prends ton temps, okay ? Elle esquisse un grand sourire. Jusqu'à ce que tu retournes à Valoran, je serai là pour toi, ici à Gotham. »

Je lui rends son sourire, émue au fond de moi, et me dirige dans la salle de bain en défaisant mes tresses afin de me laver les cheveux.

« Je t'apporte un pyjama tout de suite, Jinx. »

Deux bonnes heures se sont écoulées. Harley et moi sommes assises sur le tapis, toutes deux en tailleur. Elle est installée derrière moi et démêle mes interminables cheveux mouillés. On parle de tout et de rien. Je suis plutôt à l'aise dans le pyjama qu'elle m'a prêté : il s'agit d'un shorty pailleté, ayant un côté rouge et un côté bleu, avec un t-shirt blanc déchiré, laissant apparaître mon ventre et sur lequel est floqué le slogan ''Daddy's Little Monster''. Je constate que le haut me va assez grand : à vrai dire, elle a des boobz énormes, la Harley, alors que moi je suis aussi plate qu'un panini...

La porte s'ouvre violemment, me sortant de mes pensées. C'est le Joker... il m'avait pas manqué celui-là ! Il s'avance vers nous avec son sourire ineffaçable, en tirant une immense valise... mais, c'est MA valise ! Je la reconnaîtrais entre mille, puisqu'elle est taguée de ma fameuse devise ''Jinx was here !'' à la bombe rose fluo. C'est à l'intérieur que Vi et Caitlyn ont placé tous mes vêtements et mes jouets, quand elles m'ont emprisonnée, et j'n'ai pas pu m'empêcher de la customiser avant d'être jetée derrière les barreaux . Je me lève d'un bond, ce qui pousse Harley à en faire de même. J'accours vers mes affaires et ouvre l'énorme bagage précipitamment. Le bouffon... euh... le Joker me toise, les bras croisés, en lâchant un ''Tss, y a pas de quoi, pouffiasse'', tellement doucement qu'Harley ne l'a pas entendu.

« Mon poussin ! S'écrie Harley en se jetant au cou de son amoureux. Enfin, où est-ce-que tu te cachais ?

-J'étais seulement en train de récupérer les biens de ta nouvelle amie aux cheveux bleus. Répond-il en me désignant d'un geste de menton. Je me suis dit qu'elle serait plus efficace en tant que partenaire du crime si elle avait toutes ses armes avec elle.

-Pardon ? Tu veux que j'reste là et que j'sois votre alliée ? Je m'exclame en sortant un pyjama de la valise, complètement choquée que le Joker m'ait rendu un tel service.

-Harley m'a dit que tu étais différente et complètement loufoque. Alors pourquoi ne pas collaborer ? Il me sourit, et je sens qu'il est hypocrite...

-T'as fait comment pour aller à Valoran ? Je demande, septique, changeant de sujet.

-J'ai traversé le Big Bridge, j'ai été à Piltover, j'ai rencontré la shérif et je lui ai demandé de transférer les affaires de ''Jinx la Gâchette Folle'' au pénitencier de Blackgate. Oh, petite précision assez amusante : j'étais déguisé en flic ! »

Je suis sur le cul, j'en reviens pas qu'il ait réussi à récupérer tout mon bordel. Je le remercie d'un geste de tête, esquissant un sourire qui se veut sincère. Mais je ne sais pas... je ne lui fais pas confiance pour autant : il n'a pas l'air de vouloir véritablement m'aider. On dirait qu'il fait semblant d'être serviable, et qu'il n'a même aucune envie que j'sois leur partenaire du crime. Il veut se débarrasser de moi, ça se voit clairement dans ses yeux meurtriers. Mais il fait comme si il m'appréciait, pour qu'Harley ne se doute pas de tout ça. Et moi, j'fais croire que j'l'aime bien, que j'suis reconnaissante... alors que si ça ne tenait qu'à moi, je prendrais ma valise et je me casserais à Piltover. Seulement, je n'veux pas décevoir Harley... je vais devoir rester quelques temps auprès d'elle, et garder la tête haute face à ce trou du cul.

Me sortant de mes pensées, Harley me dit en s'asseyant à genoux près de moi :

« Comme je t'ai montré mes armes, tu peux me montrer les tiennes ?

-Bien sûr ! »

Je sors de la valise mon arme préférée, remarquant du coin de l’œil que le Joker aussi attend que je montre ce que j'appelle ''mes jouets''. Toute sa folie clownesque transpire dans son immense sourire. Je montre mon lance-rockets à Harley, toute fière.

« Un putain de requin ?! S'exclame-t-elle.

-Et ouais ! J'te présente Poiscaille ! Je m'écrie en riant, tapotant la mâchoire aux dents acérées de mon arme en forme de requin.

-Tu donnes même des noms à tes armes ? Me demande Harley avec un grand sourire, ses yeux bleus pétillant d'excitation.

-Ouais ! Regarde, voici Bang-Bang, mon minigun. Dis-je en prenant l'arme évoquée, décorée d'oreilles de chat. Et voilà les Pyromâcheurs, mes grenades ! Je continue en lui montrant trois bombes roses ornées de goupilles en forme de tête de requin. »

Harley semble émerveillée, et regarde mes jouets un à un en souriant toujours plus. Elle pose ensuite de nouveau son regard vers la valise et remarque visiblement quelque chose qui l'intéresse à l'intérieur. Elle le prend sans se gêner : il s'agit d'un sachet contenant une perruque brune à longues couettes bouclées. Le Joker, s'approchant d'un air intéressé, lance en ricanant :

« Tu aimes te déguiser, Jinx ?

-Évidemment ! C'est ma passion ! … Après le chaos bien sûr.

-C'est pour cacher ton identité ? Me demande-t-il avec insistance, en sortant une robe chinoise rouge courte de la valise, ainsi qu'une perruque bordeaux à longues couettes. 

-Je n'ai PAS d'identité. ''Jinx'', c'est le nom que m'ont donné les habitants de Piltover quand j'ai saccagé leur ville et leurs vies, comme un fléau, une malédiction... Je ne saurais même pas dire moi-même qui je suis réellement. Je marque un temps et ferme la valise après avoir récupéré les objets que Harley et le Joker tenaient et les avoir ranger de nouveau. Ah si, j'ai une p'tite idée en fait : j'suis une véritable emmerdeuse, c'est tout c'qu'il y a à savoir. »

Ma réponse semble avoir plu à ce clown taré puisqu'il éclate de rire de manière diabolique. J'esquisse un sourire insolent en le regardant, sentant qu'Harley me fixe également en riant. Il murmure enfin : « J'aime les gens comme toi qui ne prennent rien au sérieux... »

À peine a-t-il fini sa phrase que je me lève, tenant la poignée de ma valise d'une main et mon pyjama de l'autre. Alors que j'allais gagner la salle de bain pour me changer et qu'Harley se lève à son tour, j'entends deux violents bruits retentissants : celui d'une gifle, suivi de celui d'une chute au sol.

Je me tourne, faisant valser mes longs cheveux bleus, et remarque que le Joker a brutalement frappé Harley, maintenant allongée au sol, tenant sa joue rougie par le coup. Ses lunettes sont carrément tombées. Je m'avance un peu, mais reste plantée là, ne comprenant pas c'qui vient d'se passer. Je n'ose même pas aider mon amie. Le Joker la relève brusquement en la tirant par les cheveux et hurle en montrant le canapé du doigt :

« Depuis quand t'es autorisée à laisser tes armes traîner ?

-Je... suis désolée... je voulais les montrer à Jinx... murmure-t-elle d'une voix tremblante.

-Et t'es pas capable de les ranger après, idiote ? Ici, c'est MON appart', MON bureau, MON QG, okay ? Il l'a met debout puissamment et la pousse vers les armes. Alors range-moi ça que je puisse bosser tranquillement, c'est clair ? »

Trébuchant à cause du tapis, Harley tombe près de ses armes, se coupant légèrement le bras à cause d'un poignard qui dépasse du tas. Elle gémit de douleur mais se lève silencieusement, toute frissonnante et en sanglots. Et elle se met sagement à ranger, portant toute seule les lourdes armes. Je n'ai toujours pas bougé d'un cil. J'ai l'impression que, l'espace d'un instant, le Joker a oublié ma présence...

Il se tourne vers moi, me pointant avec un petit pistolet, et murmure :

« Qu'est-ce-que tu regardes ? »

Je lâche mon pyjama et écarquille mes yeux. Il appuie sur la détente et un petit drapeau marqué du mot ''Bang'' en sort. Il explose de rire, et moi je suis dans l'incompréhension la plus totale. Il s'approche ensuite de moi et me saisit par le col de mon t-shirt (ou plutôt celui d'Harley) en chuchotant :

« Si tu essaies de t'interposer dans cette histoire de n'importe quelle manière, c'est un vrai flingue chargé que j'utiliserai, compris gamine ? »

Il me lâche et s'installe à son bureau en riant toujours plus aux éclats. En silence, je ramasse mon pyjama et vais dans la salle de bain d'un pas pressé, une seule phrase défilant dans mon esprit : Harley Quinn est une femme battue.