Crazy Criminal Partnerz

Chapitre 10 : ☠ Dear loneliness ♦

3779 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 14/09/2017 17:47

J'n'avais encore jamais vécu ça. Mon putain d'sourire, celui qui agace Caitlyn et donne des envies de meurtres à Vi, semble avoir complètement disparu. Comme si la Gâchette Folle que je suis n'avait plus d'carburant, plus d'force, plus d'folie. J'ai même pas envie d'rire, ni de m'amuser. Mes yeux doivent être noirs, comme lorsque je n'connaissais pas encore le chaos et que j'me faisais chier. Mais pour la première fois de ma vie, ce n'est pas l'ennui qui m'ôte toute envie d'vivre, mais une putain de peine de cœur. Saloperie d'amour ! Qu'est-ce-que j'croyais au juste ? Que j'allais finir ma vie avec cette femme battue incapable de se libérer de l'emprise d'un clown tueur ? … J'suis destinée à être seule. Je l'ai toujours su. Mais avant, j'me faisais à cette idée. Alors qu'aujourd'hui, j'en souffre.

Hier, après avoir quitté l'QG, j'ai réservé une chambre d'hôtel pas chère... le pognon que j'ai piqué au Joker m'ayant bien aidé. Inutile de préciser que j'étais déguisée : impossible de sortir dans ma tenue habituelle, vu comme j'suis recherchée. J'ai pas dormi d'la nuit. J'ai fait que réfléchir. J'suis actuellement dans un bar situé près d'l'hôtel. Un bar assez bien fréquenté, y a pas qu'des vieux poivrots à l'horizon. J'porte une perruque coiffée d'une longue queue de cheval rose fuchsia, ainsi que des lentilles bleues. J'ai mis des habits assez simples pour contraster avec cette couleur de cheveux voyante : une veste et un short en jean, un t-shirt violet, des bottes à sangles, des mitaines, un collier ras-de-cou... ça fait l'affaire. Le coude sur le comptoir et ma joue appuyée dans ma main, j'garde les yeux baissés. Je pleure, évidemment. Et ça m'fait bien chier. Je déteste pleurer. J'ai quasiment jamais pleuré de ma vie, et depuis que je suis arrivée à Gotham j'suis une vraie chialeuse.

« Chagrin d'amour ? »

Je lève les yeux après avoir reniflé. Le barman me regarde, en nettoyant un verre.

« Ça t'regarde ? Je lance après avoir essuyé mes larmes d'un revers de main.

-Oh vous savez, j'suis le barman. Mon job, c'est pas juste servir des boissons et nettoyer le comptoir. C'est aussi écouter les problèmes de mes clients. Vous imaginez même pas le nombre d'histoires que j'porte sur mon dos. C'pas la votre qui va me faire faiblir. Vous voulez à boire, d'ailleurs ?

-Un Coca Cola Cherry. Et oui, c'est bien un chagrin d'amour qui me met dans cet état. Je baisse de nouveau les yeux. Mais t'as déjà sûrement entendu ce genre d'histoires, et pas qu'une fois. »

Le barman me sert une canette de soda et me sourit d'un air compatissant.

« Hey, Mam’zelle, sans vouloir être indiscret, vous êtes tellement mignonne que c'type va s'en mordre les doigts d'vous laisser seule.

-Bien tenté, dis-je avec un sourire forcé en coin. Mais c'est d'une fille qu'il s'agit.

-Oh... j'suis désolé !

-Pas grave, t'étais pas censé savoir. »

Je bois mon Coca Cherry d'une traite et essuie ma bouche avec mon poignet.

« Vous savez, Mam'zelle... Continue le serveur en astiquant le comptoir.

-J'suis même pas d'humeur à être consolée, donc cherche pas, tu seras gentil. »



« Flash Info, en direct de Gotham City. »

Je me tourne, comme la plupart des gens présents dans le bar, vers la télévision murale sur laquelle est diffusée la chaîne d'informations en continu. Une journaliste est au premier plan, tenant son micro d'une main et son oreillette de l'autre. Elle se trouve devant un commissariat. Elle dit :

« Aujourd'hui, le témoignage décisif du photographe de la tuerie du Hot Cocktail a fait avancer une importante enquête. »

Je baisse les yeux vers ma cannette, faisant mine d'être toujours en train de déprimer mais tendant l'oreille. Le barman dit en se frottant les mains : « Ah, j'vais passer à la télé' ! »

Mon visage appuyé sur mes bras croisés sur la table, je relève uniquement les yeux. Il me dit :

« J'étais malheureusement présent au cabaret ce soir-là. Par chance, je n'ai eu qu'une légère brûlure sur le dos, à cause d'une explosion. Et c'est moi qui ai réussi à prendre une photo de la complice d'Harley Quinn, celle qui se fait surnommer Violet Jazzy. »

Je ferme ma gueule. Oh putain que ça sent pas bon. J'enfouis de nouveau mon visage dans mes bras, les yeux clos et tremblant comme une feuille malgré moi. J'entends l'interview du barman à la télévision et mon visage se décompose peu à peu :

« Je sais que ça ne se voit pas trop sur la photographie mais Violet Jazzy avait les yeux roses. Des yeux roses comme je n'en avais jamais vu. Seulement, pour l'avoir vu de suffisamment près, cela ne ressemblait pas à des lentilles de contact. Et puis, si l'on regarde bien, sa frange est relevée par la force des tirs. Nous pouvons donc voir que ses sourcils sont bleus, et non roux ou bruns comme aurait pu le laisser croire sa couleur de cheveux. Il s'agit d'une perruque, y a aucun doute là-dessus. »

Le témoignage du barman s'arrête là. Je ne bouge pas d'un cil. Il a l'air tout fier de lui. Certaines personnes semblent choquées de sa révélation. La journaliste reprend :

« Après plusieurs analyses d'indices trouvés sur les lieux du massacre et après avoir fait appel à des spécialistes pour analyser la photographie, les autorités sont arrivées à la conclusion que Violet Jazzy est en fait Jinx, la Gâchette Folle de Piltover. Elle s'est échappée du pénitencier de Blackgate avec Harley Quinn, ce qui explique leur complicité lors de la tuerie au Hot Cocktail. Restez vigilants. Cette criminelle tout droit venue de Valoran semble adepte des costumes et du camouflage. »

Bordel, c'que je suis dans la merde... Je reste sans bouger. Ce con de barman me lance :

« Ça fait quand même drôlement froid dans le dos cette histoire, vous trouvez pas ? »

Je me relève lentement, me tenant bien droite sur mon tabouret, le fixant droit dans les yeux. D'un regard qui voulait tout dire. Il se tait, me regarde longuement, et blêmit petit à petit. Il a vu les quelques reflets roses sous le bleu des lentilles. Il a vu ces deux ou trois cheveux bleus s'échapper de ma perruque au niveau de ma nuque. Il a vu la démence dans mon regard vide, la folie dans mon sourire disparu. Ce mec est perspicace. Il a compris qui il avait face à lui.



Cette enflure de barman me regarde droit dans les yeux, reculant lentement.

Je remarque qu'il s'approche du comptoir derrière lui et qu'il glisse sa main dessous. Il doit y avoir un bouton d'alerte qui permet de contacter les flics. Je secoue ma tête de gauche à droite avec un regard suppliant. Il me dit en frissonnant :

« Je n'ai pas d'autres choix...

-Vous comprenez pas... Je lui chuchote, la voix tremblante. C'est Harley Quinn qui m'a brisé le cœur. Elle m'a permis de m'évader de Blackgate et a fait de moi une criminelle, avant de salement m'abandonner... J'étais juste une simple délinquante à Valoran, en comparaison avec les monstres de Gotham. Vous pouvez pas appeler la police, j'vous en prie ! J'suis pas si mauvaise que ça...

-Je suis désolé, Mam'zelle. »

J'baisse les yeux, la boule au ventre, et me lève d'un seul coup. Lorsque j'me tourne, tous les gens présents dans le bar me regardent. Ils sont tous silencieux, les yeux grands écarquillés. Je pense qu'ils ont compris qui je suis car certains regardent furtivement l'avis de recherche toujours montré à la télévision avant de me fixer de nouveau. Plusieurs larmes coulent sur mes joues. Je me dirige vers la sortie précipitamment et reste dans l'encadrement de la porte.

J'éclate en sanglot pour de bon, mon avant-bras contre mes yeux humides. J'entends certaines personnes chuchoter des « Elle pleure » et des « On fait quoi ? ». Mais personne n'ose bouger. Pour mon plus grand plaisir.

J'reste dos à eux, sortant comme par magie un jouet de ma veste. Il s'agit de trois bâtons de dynamite, attachés à une tête de zombie bleue, tirant une langue violette en louchant. Personne ne peux voir ce que j'tiens dans ma main. Je remonte la p'tite clef et le zombie se met à claquer des dents. Puis, j'sors une allumette de ma poche, la frotte contre le mur et allume les mèches des bombes. J'me tourne ensuite vers l'assemblée et lance en essuyant mes larmes hypocrites et en faisant mine de réfléchir :

« Où j'en étais déjà ? Ah oui ! Le chaos ! »

Je lance la dynamite au milieu du bar, sort rapidement et ferme la porte à clef... Comment j'ai eu cette clef ? Lorsque tout l'monde était à fond sur ce qui s'passait à la télé', j'suis rapidement allée sous le comptoir prendre la clef que le barman avait accroché à sa ceinture. J'joue si bien la comédie, qui l'aurait vu v'nir ? Je jette la clef par-dessus mon épaule et avance devant le bar, au milieu de la rue. Un grand sourire se dessine sur mes lèvres, avant que je n'éclate de rire. Ah, ça m'avait manqué de rigoler comme ça ! Un puissant ricanement dément, à la fois enfantin et démoniaque. Je continue d'avancer et m'exclame, certains passants me regardant bizarrement : « D'abord, on fait tout sauter ...»

Le bâtiment explose soudainement, le orange des flammes ayant pris le dessus sur le gris des immeubles. Un violent souffle brûlant caresse mon dos, faisant voler ma queue de cheval rose. Mon rire redouble d'intensité, mes doigts griffant mes joues sous la folie.

Soudain, j'vois des voitures de flics débarquer sur la route en dérapant. Je dégaine mon lance-rockets en forme de dentier de zombie (oui, je sais, il sort de nulle part : c'est ça la magie d’Valoran), et tire sur le sol afin de décoller pour échapper aux poulets. J'finis ma phrase, une pointe de malice dans la voix : « … et ensuite, on réfléchit ! »

C'est r'partie pour de dingues aventures de pur chaos. Ça m'avait manqué, bordel !


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Cette nuit, Mr.J a dormi avec moi. En réalité, ça fait grave longtemps qu'on a pas pioncé dans le même lit... Je suis plutôt habituée au canapé. Je n'ose pas bouger, même pas me retourner sous la couette. Je tremble. Je me redresse légèrement et me tourne vers lui. Il a ce sourire clownesque et sanglant même quand il dort... Son bras entoure mes épaules. Il me dégoûte. Comment arrive-t-il à me manipuler à chaque fois ? Me rendre plus folle que j'le suis et me faire tomber amoureuse de lui, alors qu'il est aussi dégueulasse à l'intérieur qu'à l'extérieur ? J'sais pas comment il fait. J'me sens conne de tomber dans son putain d'piège.

Mais je suis sûre que ses méthodes pour y parvenir sont toujours très vicieuses, mystérieuses, diaboliques. Lui quoi. De manière à ce que personne ne puisse les contrer. Même pas moi, alors que je sais que le manège de la violence va démarrer de nouveau si je retombe dans ses bras. Juste coincée dans un carrousel sans fin. Je suis condamnée.

Je finis par m'asseoir. Il dort paisiblement, sa respiration étant régulière et son corps détendu. Comme si il était soulagé que Jinx ne soit plus dans ses pattes. Comme si la présence de cet Électron Libre aux cheveux bleus l'empêchait de roupiller... Je me dégage de son ''étreinte'' et m'assieds au bord du lit, enfilant mes pantoufles lapins et me dirigeant vers le salon. Je pense soudain à l'Empoisonneuse... Impossible de savoir ce que le Joker lui a fait. Sûrement pas quelque chose de beau à voir et d'agréable à savoir. J'ai eu si peur qu'il fasse du mal à Jinx comme il en a fait à Poison Ivy... Bordel, j'comprends pas pourquoi il est possessif comme ça ! J'veux dire... il ne m'aime pas ! Je ne suis que son esclave, sa poupée. Il se défoule sur moi, me torture jusqu'à ce que je pleure et saigne. Il m'humilie, m'insulte, se moque de moi. Je suis inutile à ses plans, si l'on en croit ses paroles. Alors pourquoi est-ce-qu'il veut tant me garder pour lui seul ? Juste pour que je souffre, ça ne fait aucun doute... Il est jaloux, ce taré, lorsque j'aime quelqu'un d'autre que lui. Ce qu'il n'a pas compris c'est que je ne l'aimerai jamais... Lorsque je suis sous son emprise, ce n'est pas mon cœur qui parle. C'est une Harley hypnotisée, qu'il dirige comme un pantin. Or, depuis quelques temps, mon cœur me répète la même phrase : « J'aime Jinx. Pas ce putain de monstre. »



Assise sur le canapé, je bois un bon chocolat chaud, toujours aussi pensive. Je réfléchis. J'aimerais me sortir de cette vie de merde. Mais comment ? Après avoir glandé un long moment, je pose mon mug vide sur la table basse et me lève en traînant des pieds. Je me dirige vers mon ''P'tit Bordel'', afin de nourrir Bud et Lou. Heureusement qu'elles sont là, mes hyènes, pour réchauffer un peu mon cœur balafré. Puis, je retourne dans la chambre, choisis quelques vêtements et vais me doucher. En me déshabillant, je me regarde dans le miroir. Tous ces tatouages à l'effigie de ce connard... arg, je l'aurai toujours dans la peau malgré moi. C'est celui qui m'a créée. Mais je rêve de me casser de cette cage, de m'échapper de ses griffes. Pfff... une bonne douche me détendra.

Plusieurs minutes plus tard, je finis d'attacher mes cheveux en deux couettes comme à mon habitude et sors de la salle de bain. Ça faisait longtemps que je mettais plus cette jupe à volants noire ainsi que ce corset en cuir orné de sangles. Sans oublier ces manchettes à lacets rouges et ces leggings à carreaux. C'est la tenue dans laquelle je me sens le mieux. Soudain, je suis plaquée contre le mur du salon, et me débats de toutes mes forces.

Le Joker, tenant mes poignets fermement au-dessus de ma tête à l'aide de sa main droite, glisse son autre main sur ma hanche. Esquissant un sourire encore plus grand qu'à son habitude, il m'a l'air satisfait. Monsieur est content d'être arrivé à ses fins et d'avoir viré Jinx de ma vie... Il me lance un regard interrogateur, soulevant mon menton vers lui avec une délicatesse qui est rare venant de lui.

« Tu t'es faite belle à ce que je vois. Où comptais-tu aller comme ça ?

-Nulle part. Je réponds froidement, baissant les yeux même en ayant la tête relevée vers lui.

-Oh, je pensais que tu voudrais... je ne sais pas moi... prendre la fuite ! Continue-t-il avec des yeux rieurs et un air faussement innocent.

-Si j'avais posé ne serait-ce qu'une botte à l'extérieur du QG, tu m'aurais rattrapé par les couettes et tu m'aurais encore frappé. J'suis pas suicidaire.

-Pour tomber amoureuse d'un psychopathe comme moi quand on est une psychiatre de l'asile d'Arkham, c'est à croire que si. »

Cette ironie mêlée à ce ton malicieux m'exaspère et fait bouillir mon sang. Je serre les poings et me débats de plus belle en hurlant :

« Tu as tout fait pour que je tombe sous ton charme ! C'est vrai que ma folie et ma soif de destruction te doivent la vie. Mais j'aurais préféré mourir le jour où je t'ai rencontré ! »

Pour toute réponse, je reçois un baiser dans le cou. Le baiser le plus hypocrite qui soit. Juste pour que je ferme ma gueule. Mais il le sait que je suis une pipelette :

« Tu as fait quoi à Ivy ?

-La même chose que j'aurais fait à Jinx. Je l'ai tué. Dit-il en continuant de m'embrasser comme si de rien n'était.

-Je suis sûre que depuis le temps, elle est revenue à la vie, avec toujours plus de pouvoirs. Une fleur qui pousse de nouveau... Elle n'est pas humaine, elle est plus puissante que tu ne le crois. Je murmure avec un calme désarmant et une pointe de mépris. Et Jinx est encore plus forte qu'elle. Tu n'aurais jamais eu sa peau de toute manière. »

Il tape contre le mur derrière moi et recule légèrement, me toisant en serrant les dents avec rage. Je ricane, souriant toujours plus et enchaîne :

« Quoi ? Au pire qu'est-ce-que ça peut te foutre que j'aime quelqu'un d'autre que toi ? Tu ne m'aimes pas, on a déjà eu cette conversation. Je ne suis qu'une incapable à tes yeux, pour reprendre tes mots. J'ai l'impression de t'encombrer plus qu'autre chose ! Tu m'écoutes à peine quand je te donne mon avis sur tes plans. Quand je m'absente, tu ne t'en rends même pas compte. C'est compréhensible que j'ai besoin de quelqu'un qui fasse attention à moi ! Alors pourquoi es-tu si...jaloux ?

-Tout simplement parce que, que tu le veuilles ou non, tu es à moi, Harley. Il rapproche ses lèvres des miennes et m'étrangle légèrement.

-Je n'ai jamais été à toi ! Okay tu as fait de moi une criminelle dingue et j'adore ça. Mais je ne dépends pas de toi. Et ce ne sera jamais le cas. Tu veux que je n'aime que toi ? Eh bien, aime-moi, chérie-moi, protège-moi comme Ivy et Jinx l'ont fait ! En attendant, tu me prends pour ton esclave, ton objet, ton punching-ball... Tu me l'as dit toi-même : tu ne m'aimeras jamais. Alors n'attends plus rien de moi. »



Cette dernière phrase, pourtant si simple, a fait des ravages. Je me suis pris un immense coup de poing me faisant tomber au sol, suivi d'une rafale de coups de pieds. J'encaisse, en tâchant de ne pas gémir de douleur et en contenant mes larmes. Ce qui a foutu le Joker en rogne n'est pas tant la phrase : c'est le fait que je lui tienne tête et lui fasse comprendre que je ne lui appartiens pas et que JE décide de ma vie et de mes choix. C'est bien la première fois que je me rebelle comme ça face à lui.

Je réalise qu'il a toujours tout mis en œuvre pour que je le suive, pour que je fasse tout ce qu'il veut, pour que je l'admire et le chérisse... mais maintenant, tout ça ne me touche plus. Ses charmes ne m'atteignent pas. Je veux être libre. Et pourtant, bordel, ce que je suis malheureuse. Je suis triste parce que j'ai perdu Jinx sûrement pour toujours. Après tout, je lui ai brisé le cœur, je comprendrais si elle ne veut plus jamais me revoir... Je suis également triste car je vais encore devoir supporter les coups, et rester auprès du Joker. Pourquoi ? Deux raisons. La première est qu'il ne me laissera jamais partir. Si oui, il fera tout pour que je regrette, que je souffre et que je revienne. La deuxième est qu'il est immortel. Combien de fois j'ai eu envie de le tuer et me suis dégonflée ? Maintenant que je suis prête à le faire, je sais que de toutes manières ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne refasse surface. Le Mal ne meurt jamais. Cette phrase prend tout son sens quand on connait Mr.J.

Au bout de plusieurs minutes, il recule et me regarde de haut. Je lève les yeux vers lui, le visage en sang mais un grand sourire dessinant mes lèvres. Je murmure faiblement : « Tu ne me verras plus jamais pleurer. Donc n'attends pas que j'verse une larme. »

Comme pour me faire définitivement taire, le Joker me met un dernier coup de pied, dans le ventre cette fois-ci. Je tousse brutalement et crache un peu de sang, sans pour autant montrer ma douleur. Il éclate de rire, tourne les talons et s'en va, son rire résonnant dans tout l'appartement. Je reste là sans bouger. Je suis fière de moi, de n'avoir rien lâché, d'être restée forte. Mais putain, j'ai mal ! Je reprends un peu mes esprits avant de me lever. Soudain, un doux son parvient à mes oreilles. Je prends une grande inspiration.

À l'aide du peu de force qu'il me reste, je m’assieds et m'appuie au rebord de la fenêtre, les genoux au sol et les mains contre la vitre. Je reste sans voix, le cœur battant la chamade : sur les toits qui font face au QG, j’aperçois Jinx courir, se propulsant parfois à l'aide d'un lance-rockets et tirant de tous les côtés. Ses éclats de rire résonnent malgré les violentes détonations des explosions. Elle est bien sûr déguisée : une longue queue de cheval rose flotte au vent, alors qu'elle détale en chantonnant. On dirait qu'elle m'appelle à travers ses paroles : «Viens me rejoindre, viens jouer... J'pourrais bien tout exploser ! »

Je sais qu'elle ne veut certainement plus me parler, ni même voir ma tronche... Mais je ne peux pas résister à cet appel. À ce sourire. Que le Joker aille au Diable ! Je m'en fiche des conséquences. Je suis amoureuse, et je veux rejoindre celle que j'aime, être heureuse coûte que coûte, et participer à son bonheur. Je me lève fébrilement, mes jambes manquant de céder sous mes blessures, et cours jusqu'à la porte, récupérant une batte et mon putain d'gros marteau au passage. Jinx, mon p'tit Électron Libre, je te laisserai pas filer. 


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