Crazy Criminal Partnerz

J'en reviens pas... Ça y est... Elle l'a fait... Harley a tué le Joker...

J'reste derrière elle, le souffle coupé. J'ose même pas parler. Elle laisse tomber son flingue au sol, puis passe ses mains tremblantes dans ses cheveux. Soudain, elle éclate de rire, à la fois soulagée de s'être débarrassée de ce monstre et remplie de folie. Je me tourne vers le corps inerte du Joker, un sourire psychotique se dessinant peu à peu sur mes lèvres, avant de ricaner à mon tour. Brusquement, Harley prend mes mains et me murmure :

« J'ai réussi ! Jinx, je suis libre ! »

Un immense sourire éclaire son beau visage. Elle me serre ensuite contre elle en sautillant légèrement. Bordel, c'que j'suis bien, dans ses bras : j'pourrais y rester toute ma vie. Elle recule légèrement de notre étreinte et me lance :

« Bon, viens, je vais te soigner ! »

Elle caresse affectueusement les crêtes colorées de Bud et Lou allongés à nos pieds puis prend délicatement ma main et me conduit dans la salle de bain. J'm'assois sur le rebord de la baignoire, Harley sortant une trousse de soin des placards. Elle retire la cravate de mon biceps et la remplace par des compresses, du désinfectant et des bandages. J'ai les yeux baissés, toujours un peu contrariée. Attention, j'suis hyper rassurée que ce connard de bouffon soit mort ! Il faisait tellement de mal à Harley, il méritait de mourir des mains de sa victime. Seulement, la situation ne s'arrange pas pour elle. Une fois mon bras complètement soigné, je me lève, aide Harley à en faire de même et demande :

« Et maintenant ?

-Bah maintenant, tu ne crains plus rien, Jinx ! On peut vivre rien que toi et moi, dans notre amour et notre folie. Seul le chaos nous accompagnera dans cette aventure !

-Mais... t'es toujours activement recherchée. Et c'est pas en ayant tué le ''Maître du Crime'' de Gotham City que tu vas t'faire oublier. »

Elle pose ses mains sur mes joues ainsi que son front contre le mien et susurre :

« Je sais que me faire arrêter et jeter en prison est la dernière chose que tu veux. Moi aussi j'en ai pas spécialement envie, crois-moi ! Mais malheureusement je vois pas comment on pourrait faire autrement. Y a même des patrouilles d'hélico' qui m'cherchent ! Même les déguisements ne pourront rien y faire. Elle me serre contre elle. Mais ne t'en fait pas, dés que je sortirai de taule, je te rejoindrai à Piltover, ma Jinx. »

Même si elle me dit tout ça pour m'apaiser, j'suis pas d'accord du tout. Je ne la laisserai pas se faire arrêter. Maintenant qu'elle n'est plus prisonnière des griffes du Joker, je ne veux pas qu'elle soit sous les verrous. Je murmure, les yeux rivés vers mes chaussures :

« Laisse-moi deviner... le Joker finira par revenir à la vie ?

-Aussi loin que je me souvienne, il est toujours parvenu à refaire surface même quand tout Gotham le croyait mort. Mais ne t'en fait pas, cette fois-ci, je ne tomberai plus dans le piège. Non seulement parce que je ne dépends plus de lui, ne l'aime plus et suis plus forte que jamais. Mais surtout parce que je t'ai, toi, et que je veux vivre à tes côtés. »

Elle dépose un baiser malicieux sur ma joue et s'apprête à sortir de la salle de bain. Je prends son poignet et dis :

« Et bien, si tu veux vivre avec moi, on va tout faire pour que tu n'ailles pas en prison ! J'veux pas perdre de temps : j'veux profiter du fait que nous soyons enfin libres de nous aimer. Alors voilà c'qu'on va faire. J'ai un plan... »

Harley a beaucoup hésité avant d'accepter de mettre mon plan en œuvre.

À vrai dire, il me met pas mal en danger... mais si ça peut nous permettre de vivre heureuses ensemble par la suite, je suis prête à courir le risque. Alors que je me prépare dans la chambre, Harley est au téléphone. Avec qui ? La police. La démence de sa voix se fait ressentir dans chacun de ses mots : elle n'a pas besoin de donner son nom pour qu'on la reconnaisse. Je l'entends dire, avec son magnifique sourire :

« Oui, c'est bien moi, Harley Quinn. Je sais que vous me recherchez tous en ce moment : les patrouilles ne sont pas très discrètes en ville. Tant de mouvements de panique, rien que pour moi. Ah ! Comme si j'étais la pire criminelle de Gotham City ! Ça se saurait si c'était l'cas ! Mais c'est flatteur. Je prends ça comme un compliment : c'est vrai que le carnage est une passion pour moi. Cependant, je ne pense pas être aussi terrible que le Joker, alias le ''Maître du Crime''. Oh, et puisque j'en parle... je l'ai tué, à l'instant. Il ne méritait simplement plus de vivre. Ne me remerciez pas ! C'était tout naturel. Maintenant, attrapez-moi si vous le pouvez, bandes d'enfoirés ! »

Avant de raccrocher, Harley s'est mise à rire puissamment, chantant un ''Nananère'' enfantin. Fin prête, je sors de la chambre. Harley se lève, s'approche de moi et me regarde de la tête au pied en souriant :

« T'es trop belle !

-Merci !

-J't'emmerde ! »

Nous rions à cette blague qui nous rappelle de suite notre rencontre. En effet, je porte actuellement la première véritable tenue de criminelle d'Harley : une combinaison rouge et noire moulante ornée d'une capuche à grelots blancs et d'un col assortie. Un costume inspiré d'Arlequin, en fait. J'ai pris soin de chaque détail : j'ai caché chacun de mes cheveux sous la cagoule de manière à ce qu'aucun ne dépasse, je me suis maquillée à la manière d'Harley en portant même des lentilles bleues, et j'ai mis l'un de ses soutien-gorge pour que ma poitrine inexistante paraisse plus grosse ! Je récapitule :

« Bon, les flics ne vont pas tarder à localiser l'emplacement du téléphone en suivant les ondes qu'il a émis quand tu les as appelés. Je vais les attendre en bas du bâtiment. Ils vont fouiller l'appart' et découvrir le corps du Joker. Et toi, pendant tout ce temps, tu seras partie faire ce que tu as à faire. Ça marche ? »

Harley a les yeux baissés : je sais qu'au fond elle a peur pour moi. Je la câline, glissant tendrement mes doigts dans ses cheveux et l'embrasse, avant de lui dire :

« Hey, ne t'en fais pas, tout ira pour le mieux. Tout à l'heure, j't'ai fait confiance et tu as vaincu le Joker. Maintenant, à toi de croire en moi : on se retrouvera vite et il ne m'arrivera rien, j'te l'promets. »

Elle me sourit et m'embrasse de nouveau. Un baiser plus prolongé, fougueux et passionné. Puis elle chuchote entre mes lèvres entrouvertes :

« Je crois en toi, Jinx. Fais attention à toi. J'ai hâte de te retrouver. »

Peu à peu, nos mains se détachent et nous reculons lentement. Nous ne perdons pas nos sourires malgré nos yeux humides car, malgré la peur et la tristesse de nous quitter, nous savons que les retrouvailles arriveront très vite. Je lui tourne définitivement le dos, prenant l'ascenseur et me plaçant à genoux devant le bâtiment. Les flics vont bientôt arriver. Plusieurs voitures se sont arrêtées face à moi. Tous les policiers sont sortis de leurs véhicules, pointant leurs armes dans ma direction. J'ai levé les mains en ricanant, leur faisant comprendre que je me rends. Deux d'entre eux m'ont fermement relevée, menottée et jetée dans une de leurs voitures. D'autres sont montés dans l'immeuble prudemment, afin de le fouiller. Une surprise les attend : un cadavre, plus précisément ! Assise sur la banquette arrière, du coin de l’œil, je vois Harley cachée dans une ruelle en retrait, tenant Lou et Bud en laisse, avec un sac sur son dos et ceux de ses hyènes. Je souris : je suis soulagée qu'elle ait eu le temps de s'enfuir. Ce n'est plus qu'une question de temps avant que l'on se retrouve. Au bout de quelques minutes de route, nous arrivons à l'accueil du pénitencier de Blackgate. Un des policiers me hurle froidement :

« Ça y est, Harley Quinn, cette fois-ci on te tient.

-C'est ballot d'avoir tuer le Joker, s'exclame un autre d'un air hautain en riant. Maintenant plus personne ne pourra venir te sortir de là ! »

Je les laisse rire, ne perdant pas mon sourire. Soudain, une gardienne de la prison arrive avec une de ces ignobles combinaisons orange à la main. Un flic retire donc ma capuche. Si vous aviez vu leurs gueules quand ils ont remarqué mes deux longues tresses bleues.

« C'est Jinx ! C'est la Gâchette Folle de Piltover !

-Je le crois pas, elles nous ont dupé ! »

Pour toute réponse, je leur tire la langue en riant. Le premier mec prend mon biceps fermement, me faisant grincer des dents sous la douleur, et lâche :

« Décidément, t'es un poison toi ! T'emprisonner ne sert à rien de toutes manières... Tu viens de Valoran, tu as sûrement des pouvoirs magiques ou quelque chose comme ça ! 

-Y a qu'une seule solution, conclut le deuxième. Faut la renvoyer à Piltover. »

Bingo ! C'est pile ce que je souhaitais. Je joue le jeu en me débattant et en hurlant que je ne veux pas retourner là-bas. Mais les keufs commencent déjà à appeler une fourgonnette pour me faire traverser le Big Bridge. J'arrive pas à croire que mon plan ait aussi bien fonctionné. Alors que ma bouche crie des insultes à n'en plus finir, la haine s'affichant sur mon visage, mon cœur bondit de joie à l'idée de quitter cette ville de malheur.

J'en reviens pas... Ça y est... Je l'ai fait... Une page se tourne... Adieu Gotham City.