Les Royaumes de Feu - Tome 1 : La-Nuit-la-Plus-Sombre

Chapitre 2 : Chapitre 1 - Un long voyage

1164 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 19/10/2018 19:50

Partie 1 : Dans l'armée de Boréale


Chapitre 1 - Un long voyage


" Est-ce encore loin ? se plaignit Otarie.


-Si tu continues à te plaindre, je t'étrangle de mes propres griffes murmura imperceptiblement Givre."


Les dragonnes volaient sans arrêt de la frontière avec le Désert de Sable pour rejoindre le palais de la reine Boréale. Et Otarie n'arrêtait pas de se plaindre : "J'ai soif", "J'ai faim", "Je veux dormir !", ou encore "Je veux rentrer chez moi !". Même Givre n'était pas aussi fragile, pourtant elle mettait la barre haute.

Elles survolaient les glaciers depuis plusieurs heures, le soleil était à présent haut dans le ciel. Il se réfléchissait sur les écailles des dragonnes leur donnant ainsi chaud.


"Quelle ironie ! pensa Givre. Aucun dragon ne croirait qu'il fasse chaud dans un royaume de glace !"


Le silence s'installa, seul le murmure du vent le brisait. Un sentiment de solitude pesait sur Givre, mais elle ne voulait pas parler à Otarie. Elle en profiterait pour se plaindre. Mais où était passée sa dignité d'Aile de Glace par les trois lunes ! Certainement qu'elle n'en avait pas - ou plus. Les deux dragonnes étaient toujours restées dans le septième cercle de la société ce qui n'était pas étonnant à Icetown. C'était une petite ville de bordure éloignée d'environ une journée de vol de la capitale. Il y avait principalement des maisons, juste quelques fois le marchand ambulant Aile de Sable qui venait parfois ou un ambassadeur Aile de Glace qui y faisait halte parfois. Et quand bien même, il ne restait pas longtemps car malgré sa proximité avec le désert, il y faisait froid. À Icetown, peu de gens en partaient car ils restaient dans le septième ou sixième cercle sauf exception rare. Peu de gens avaient des connaissances, il n'y avait pas de parchemins, juste une carte de Pyrrhia détaillée sur un panneau public. Mais c'était un endroit chaleureux car les quelques dizaines d'habitants se connaissaient tous. Un fait rare dans la société Aile de Glace


"Non regretta intérieurement Givre. Icetown n'existe plus..."


Une mélancolie amère s'installa dans le cœur de la dragonne. Ses parents, les habitants, les petites maisons... tout avait brûlé. Même si ses parents lui avaient sommé de fuir, elle aurait dû combattre jusqu'à la mort et son corps aurait dû se consumer dans les flammes. Comme Baleine. Sa grande sœur avait presque sept ans et c'était la première dragonne de toute l'histoire d'Icetown à être classée dans le premier cercle. Elle s'apprêtait à partir pour devenir assistante de la reine.

Givre ravala ses larmes. Pourquoi, pourquoi avait-elle survécu ? Pour voyager en compagnie d'une dragonnette pleurnicharde qui passait son temps à gémir et se plaindre. Baleine l'aurait sûrement déjà étranglée.


"Je veux voir mes parents ! décréta Otarie.


-Otarie ! Tu vas cesser de te plaindre ? Nos parents sont morts comme tous les autres tu ne les reverra jamais ! Pas plus qu'Icetown qui se consume encore actuellement peut être même que des Ailes de Sable y sont encore !


-Je... Oh dit simplement la dragonne bleue très pâle."


Ses ailes s'affaissèrent, son visage s'assombrit, prêt à pleurer. Givre regretta ses paroles. Nom d'iceberg, cette dragonnette avait trois ans ! Givre se sentit plus qu'inutile. Il fallait toujours qu'elle fasse un faux mouvements, une mauvaise parole pour tout compromettre. Quand est-ce donc que la chance lui sourirait.


"Je suis désolée Otarie s'excusa Givre. Je n'aurais jamais dû dire ça. C'est déjà très courageux de m'accompagner. Je me suis laissée emporter.


-Moi aussi Givre déclara la dragonnette bleue. Mais ces Ailes de Sable... Je veux tous les tuer !


-De même Otarie. Mais calmons-nous. Avoir le ventre rempli nous apaisera. Chassons un peu.


-Chouette ! Je meurs de faim !"


Givre se rendit compte à quelle point elle avait négligé Otarie tout du long du voyage. Et la cause de tout ça ?


"Les Ailes de Sable pensa fermement Givre qui sentit des envies de meurtre monte en elle."


Mais également sa colère aveugle. Elle chassa toutes ces pensées et se focalisa sur leur mission. Les dragonnes atterrirent sur une falaise laissant ses pattes et ses ailes endolories se reposer. Elle réalisa à quel point elle avait faim. Comment avait-elle pu l'ignorer au cours du trajet ? Comment ne s'en était-elle pas aperçu ? Et surtout, comment avait-elle fait pour ne pas tomber de fatigue et de faim, comme Otarie d'ailleurs. Soudainement, son ventre se mit à gargouiller. Otarie éclata de rire et givre détourna la tête, si son visage avait pu virer écarlate, elle serait sûrement une Aile du Ciel flamboyante. Après une courte mais suffisante pause, la dragonne argentée s'éleva dans les airs en quête de nourriture. Elle laissa les odeurs, les sons remplirent son cerveau pour partir en quête d'une proie intéressante. Elle décela l'odeur si particulière et raffinée d'un ours polaire. Son flair la dirigea jusqu'à de grandes collines de neige peu loin de la banquise et par-delà, un océan azur aux vagues tranquilles. Elle vit, plutôt entendit, un point blanc et mouvant. Il y avait bel et bien un ours polaire au poil jaunâtre et qui ignorait tout de son destin proche. Givre s'élança alors encore plus haut dans les airs et piqua vers sa proie. L'ours l'entendit arriver aux sifflements dans l'air mais ne fut hélas pas assez rapide, il se trouva dans les serres de la dragonne de Glace.


"Bravo la félicita Otarie. Dire que je n'ai jamais attrapé d'ours...


-C'est une technique qui s'apprend mais c'est assez simple dit Givre. Partageons veux-tu ? Ainsi, nous pourrons faire le chemin sans arrêt jusqu'à Neige-Du-Ciel."


Elle rejoignirent ainsi la petite falaise et dégustèrent l'ours tandis que le soleil se baignait dans sa mare de sang avant de renaître de chaque goutte versées tous les matins. Peu après, elles décollèrent. Le silence se fit tout du long du voyage. La nuit arriva mais heureusement, elles avaient comme tous les Ailes de Glace, une très bonne vue nocturne. Elles volèrent pendant des heures mais pas la moindre ville ou construction imposante. Et la lune était à présente haute dans le ciel nocturne.


"Givre suggéra Otarie au bout d'un moment. Je sais que tu ne voulais pas faire de pause, mais tu es aussi exténuée que moi."


Givre était d'accord. Tous ses membres lui criaient de se reposer au moins jusqu'au lever du soleil. Elle commença à hocher la tête lorsqu'un point brillant attira son attention. Elle secoua donc la tête et dit :


"Non, retourne-toi"


Otarie s'exécuta puis sa bouche s'arrondit en un "oh" émerveillé.


"C'est...

-Le palais de la reine Boréale."

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