Les Sims: La Famille Duchamps.

Chapitre 2 : La Rentrée Partie 1

4595 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 01/11/2025 22:34

« Chérie, il faut se réveiller. »

Hélène sent la main délicate de son mari Éric secouer son bassin afin de la réveiller doucement, une solution qu’ils avaient trouvée depuis qu’Hélène avait fracassé le réveil.


Celle-ci ouvre lentement les yeux, laissant entrevoir les rayons du soleil éclairant les rideaux ainsi que son ordinateur.


Se retournant sur le lit, elle aperçoit le visage,d’Éric, debout, déjà habillé, l’expression radieuse. La mère Duchamp grommelle :

« Quelle heure est-il ? »

« Six heures trente », répond du tac au tac son mari.

Elle pousse un long soupir, passant les mains sur son visage. « C’est bien tôt... Je ne pars que dans une heure… »

« J’ai pensé que tu aimerais briefer tout le monde avant de partir », dit-il, tendant les mains et enlevant la couverture.

« Bon sang, Éric ! J’ai froid ! »

Elle se redresse soudainement pour chercher la couverture et pose ses pieds sur le sol tapissé.

« Tu es déjà habillé ? »

« Oui, j’ai décidé de me réveiller tôt. » Éric pose une tasse sur la commode à côté d’Hélène. « Même si ce n’est pas ma tasse... »

Elle lève un sourcil. « Oh non. Tu n’as pas beaucoup dormi... Ton premier jour t’angoisse. Depuis que tu as revu monsieur Gothik, je vois bien que... »

« ... que je suis angoissé ? Absolument. Que c’est une super opportunité ? Oui, j’en suis sûr ! »


D’un geste de sa main, elle fait signe à son mari de se retourner.

« Éric, je vais me changer, tu peux te retourner s’il te plaît ? »

« Oh... » murmure Éric, déçu, mais obéissant aux instructions de sa femme.


« Allons… l’attente crée le désir », dit-elle en enfilant son pull avec un large sourire. « Puis, tu sais bien que je n’aime pas m’habiller devant quelqu’un… »

« Mince, comment tu faisais quand tu étais enfant ? Tu envoyais tes parents se faire balader ? Et bébé ? Je n’aurais pas aimé changer tes couches ! »


Elle termine rapidement d’enfiler son pantalon, puis lui met une tape sur la tête, riant malgré elle.

« Tu veux bien arrêter, oui ? ! »


Ils se dirigent rapidement vers le salon et remarquent que la lumière est déjà allumée, tout comme la télévision. Sur le canapé, Paul est assis, son petit bol de céréales à la main, regardant avec assiduité un épisode de sa série préférée Treksims.

Éric claironne :

« Bonjour, fiston ! »

Hélène lui secoue l’épaule. « Tu vas réveiller les filles ! »

« Trop tard… » Une voix caverneuse résonne depuis la cuisine, accompagnée de bruits de céréales qui craquent dans un bol. C’est Cynthia, les cheveux ébouriffés ,qui est mal réveillée, fixant Maryline, qui tapote des pieds de nervosité et fouille dans son sac.

Hélène met sa main devant ses yeux. « C’est moi la maman qui me réveille en dernier… »


Paul se retourne, levant sa tête vers ses parents, et signe : « Bonjour, Papa. Bonjour, Maman. »

« Bonjour, Paul. » Hélène enlève sa main et, marchant désabusée par sa future rentrée , s’assoit ,comme tous les matins, à côté de son fils, regardant brièvement l’écran de la télévision affichant en gros plan le visage du capitaine SimsKirk.

« Tu te revois les épisodes ? » demande-t-elle.


Paul hoche la tête et signe : « La nouvelle télévision est meilleure que l’ancienne. »

« Je ne demande qu’à voir… » 

 

Elle bâille, ouvrant grand sa mâchoire.

« Un épisode, et je prépare la voiture. C’est moi qui t’emmène au lycée. »

Il signe : « On est dans le même, après tout. »

« Oui, le même. J’espère que tu tomberas sur une bonne classe. »


Éric pose ses bras sur le canapé, qui est très doux, et met sa tête entre les deux.

« Vous êtes toujours aussi inséparables, vous deux, à ce que je vois. »


Paul proteste en fronçant les sourcils.

Hélène intervient, poussant un soupir accompagné tout de même d’un sourire.

« Chéri, laisse-nous regarder un épisode. »

« Bien sûr, aucun problème. De toute façon, je vais devoir partir tout de suite. Je veux y aller à pied… »


Hélène fronce les sourcils, se tourne brusquement vers lui, change de regard et réalise quelque chose.

« Attends, Éric… Tu es sûr que tu ne veux pas que je t’amène chez monsieur Gothik ? J’ai le temps, tu sais… »


Éric hausse les épaules et ricane. « Non… non, tu me connais, j’ai besoin de ces moments seul. Puis, tu sais, il faut que je parle à ma copine la Faucheuse ; elle aime bien marcher avec moi. »

« Éric, ce n’est pas drôle.»


Posant ses lèvres sur son front, il la salue :

« Je t’aime, chérie. Je te souhaite une bonne journée. à toi aussi, Paul ! »


Le père Duchamps enfile ses baskets et ajuste son t-shirt, se tapotant légèrement la joue, puis passe à la cuisine pour prendre son thermos et son sac à dos.

Il regarde en direction de Cynthia et Maryline,qui mangent leurs céréales.

« Bonne journée aux secondes filles les plus jolies de la ville ! »

« Bonne journée, Papa ! » dit Maryline, distraite, relisant sa fanfiction sur son téléphone.


Cynthia répond, sceptique, laissant tomber des céréales : « Comment ça, “les secondes plus jolies” ? »

« Désolé, cette place est déjà prise par ta mère. »


Cynthia lève les yeux au ciel de manière théâtrale, et Éric sort de la cuisine, franchit la porte d’entrée et jette le journal du jour à l’intérieur de la maison.

« Il a l’air préoccupé, Papa, tu ne trouves pas ? » demande Cynthia en direction de Maryline.

« Oui, il faut que je me prépare pour FemmeFik », répond-elle directement.

« Ah ouais, tu parles vraiment toute seule aujourd’hui ? Calme-toi, ce n’est que la rentrée… »

« T’as plus de rentrée, toi ! » proteste Maryline. Elle serre ses mains sur son téléphone. « Tu vas être tranquille avec tes abeilles ! »

« Heu… » Cynthia intervient. « Le métier d’apiculteur n’est pas tranquille… Puis, je pourrais te montrer… »


Maryline lève la tête, lâchant son téléphone. « Comment ça ? »

« Je vais faire mon apprentissage aux côtés de madame Ruche. Elle s’occupe justement des ruches de l’université et fournit la cantine en miel. »

« QUOI ? » Maryline pousse un cri qui attire l’attention d’Hélène et Paul.

« Sympa… » Cynthia ne peut empêcher un fou rire de s’installer face à la réaction de sa grande sœur et ses yeux écarquillés.

« On… On va dans la même université ensemble ? » balbutie Maryline.

« Je vois que ça te fait très plaisir. Je vais pouvoir… sensibiliser tout le monde… à la vie animale. » Cynthia tente de reprendre le contrôle de son fou rire.

« Cynthia, ce n’est pas drôle. J’ai peur qu’on me juge et que tu fasses une bêtise. Tu sais, il y a des gens intelligents… »


La cadette se reprend, tapotant sur son torse, mettant fin à son fou rire. « Comment ça, des bêtises ? Et puis, tu sous-entends que je suis stupide ? »

« Tu as uriné dans un jardin ! » crie-t-elle en direction de Cynthia.

« JE.DEVAIS.FAIRE.MES.BESOINS », réplique celle-ci, grinçant des dents.

« Fais attention à ta jauge de besoin la prochaine fois ! »

Cynthia tapote son bol avec sa cuillère, le bruit résonnant dans la pièce.

« À ton avis, pourquoi je me gave de SimsFlake ? »

« Parce que tu es gourmande ? » questionne Maryline de manière rhétorique.

« Oui, mais parce que je suis prévoyante,maintenant. Je mêle l’utile à l’agréable… Allez, mange-toi aussi et lâche ton téléphone. On a un bus à prendre dans une heure. » Cynthia prend une grande cuillerée de céréales avec un sourire.

Maryline regarde son bol et commence à verser le lait à l’intérieur.

« Je ne sais pas comment tu fais pour être aussi détachée. »


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Éric marche dans la rue, traversant les différents arrêts de bus, les différents parcs et églises. Il aperçoit au loin l’université. « FemmeFik » — dans une heure ou trente minutes —, ses deux filles y seront.

Il regarde autour de lui, et c’est là qu’il la voit, adossée sur le mur au coin de la rue :

une forme anthropomorphe enveloppée d’un tissu noir.


Éric lève la main, la saluant : « Salut, l’amie !»

Celle-ci s’approche de lui et lui répond d’une voix androgyne et chaleureuse : « Bonjour, Éric. Comment vas-tu ? »


Elle le suit, planant à ses côtés.

« Je vais chez monsieur Gothik, premier jour de travail. Tu vois la colline, là-haut ? »

« Bien sûr… » répond la Faucheuse, regardant en direction du manoir. « Comment as-tu vécu le déménagement ? »

« Hum… »

« Tu peux parler en toute franchise avec moi. Vu que tu ne le fais jamais… » tonne-t-elle d’une voix douce.


Éric remue les lèvres, hésitant, puis met ses doigts sur sa bouche. « Ce n'est pas le déménagement en lui-même… »

« Qu’est-ce que c’est, alors ? » demande-t-elle.

« J’ai liquidé mon entreprise pour qu’on ait les meubles… Sans ça, pas de simsflouz. »

« Tu as fait ce qu’il fallait faire, Éric… »

Il argumente.

« Ce n'est pas la question. Je ne regrette rien… Je ressens juste de la déception… Mais honnêtement, ça aurait pu être pire. Mes deux filles sont heureuses d’être ici, mon fils aussi, et Hélène a enfin obtenu sa mutation, et j’ai eu un travail plus vite que prévu. Alors, cool… »


Il marque une pause et conclut :

« Mais bordel, ça fait chier de ne plus faire de jardin. »


La Faucheuse tapote amicalement le dos d’Éric. « Au moins, tu n’es pas resté au chômage. Avec ces simsflouz, tu pourras te remettre à flot et deuxième avantage : tes enfants sont déjà intégrés en ville. »

« C’est vrai… »


Éric commence à monter vers le manoir, et les bâtiments se font de plus en plus luxueux. La plupart des habitants le regardent étrangement.

Il s’adresse à la Faucheuse : « Mais je suis plutôt confiant avec monsieur Gothik. Je suis embauché comme domestique personnel. Tu n’aurais pas quelques conseils à me donner ? »


Elle semble réfléchir. « Fais-toi discret et attends de connaître le terrain et les gens de sa maison avant de dévoiler ta personnalité. »

Il grommelle.

« Désolée, Éric, mais c’est vital. Je te l’ai toujours dit. »

« Un peu trop tard. Je l’ai déjà rencontré avant. Si je fais ce que tu dis, il trouvera ça suspect. »

« Eh bien, familiarise-toi avec ton environnement… »

Il hoche la tête et passe à côté d’un petit pavillon où un vieil homme, assis sur son transat, son chat roux sur les genoux, l’entend parler avec la Faucheuse et l’aperçoit marcher seul devant lui.

Il écarquille les yeux et suit du regard cet homme parlant seul à voix haute, se dirigeant vers le manoir des Gothik.

« Qui est-ce qu’ils ont encore recruté ? » s’exclame-t-il en direction de son chat, qui ouvre délicatement les yeux avant de s’enrouler autour de son maître.



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Hélène traverse un rond-point en voiture suivi par beaucoup d’autres, ses mains sont fermement agrippées sur le volant, se dirigeant vers le lycée Faure-Haume avec à ses côtés : Paul , qui réalise sa rentrée de terminal dans le même lycée.

Hélène regarde vers lui, il serre ses mains et se tourne littéralement les pouces, ne cessant de les fixer sauf pour jeter de temps en temps un coup d’œil vers son sac à dos à l’arrière.


« Tu te sens prêt pour cette rentrée ? » demande-t-elle sans quitter les yeux de la route.

Il signe : « Je ne sais pas... Je suis tout seul. Et puis avec la façon dont tu as parlé du principal, j’espère que les autres professeurs ne seront pas comme lui. »


Hélène tapote nerveusement, son doigt sur le volant nerveusement, jetant un regard rassurant vers Paul.

« Ne t’en fais pas Paul, ça, c'est MON problème, mais je ne doute pas de la qualité de l’équipe pédagogique... »


Paul signe perplexe et haussant les sourcils : « Si ! Tu en doutes. »

« Disons qu’un professeur ne m’a pas fait bonne impression... Mais je m’occupe de ça. » explique sa mère un peu mal à l’aise.

Elle grommelle un peu : « Puis en plus ce week-end, c’est la fête de l’accueil. »


Paul signe « Qu’est-ce que c’est ? » .

Elle pousse un soupir.

« Quand on emménage tous les voisins font une fête d’accueil où ils entreront chez nous et faire connaissance ... Je déteste cette pratique, on ne peut pas forcer les gens à tisser des liens sociaux en se forçant à parler. ».


Ils arrivent à l’entrée du lycée marquée par une bulle de bande dessinée avec trois petits points à l’intérieur et un cône vert marquant : « Bienvenue au Faure-Haume ! ».



Ils traversent l’entrée suivant les différents bus scolaires puis croisant les différentes voitures du personnel ainsi que celles des parents d’élèves, et Hélène gare la voiture sur le parking réservé au professeur, faisant signe à Paul de descendre et lui indique du doigt où aller. 


« C’est ici qu’on se sépare Paul. Tu te sens prêt ? » demande-t-elle.

Il hausse les épaules puis signe : « ça ne change rien »


« Allez… ». Elle lui tapote l’épaule. « Bonne chance... »


Il sort de la voiture, claquant la porte derrière lui, Hélène quant à elle, reste cinq minutes assise devant le volant, tapote légèrement celui-ci et regardant en direction du portail d’entrée vers lequel se dirige Paul, marchant nerveusement et tenant son sac avec ces petites mains.

Elle pousse un soupir et se décide enfin à sortir de la voiture.


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La salle des professeurs est bondée, plus que 20 minutes avant qu’ils aillent chercher leur classe. Aujourd’hui, ils accueillent les terminales.

Une femme noire, Madame Juwa, professeure de français, regarde son emploi du temps, assise en face d’une petite table ronde accompagnée d’une tasse de café.

Une autre femme rousse, Madame Ankartté, affiche l’emploi du temps de tous les professeurs sur le tableau, ainsi qu’un bandeau rappelant les bonnes règles de conduite.


C’est à cet instant qu’Hélène entre, le pas lourd, s’attendant à tomber sur le principal.

Madame Juwa lève les yeux et, d’un accent africain chantant, interpelle la nouvelle venue :

« Drôle de façon de dire bonjour ! »

Madame Ankartté détourne le regard de son emploi du temps pour tourner la tête en direction d’Hélène.

« Madame Duchamps, je présume ? Pile à l’heure. »


Hélène, se rendant compte de la manière agressive dont elle est entrée dans la salle, aperçoit des jauges remplies d’un peu de vert au-dessus du nom de chaque professeur.

« Excusez-moi… Je suis Hélène Duchamps, professeure de mathématiques. Je suis en charge des terminales D. »

« Houlà ! » Madame Juwa pousse un cri mi-amusé, mi-surpris. « Le principal ne vous épargne pas. Vous avez dû faire mauvaise impression… »

« Vous êtes… ? » demande Hélène.

« Églantine Juwa, professeure de français. Je vais m’occuper des terminales A. »

« Je suis Salomé Ankartté. Bienvenue, Madame Duchamps… Je suis en charge des terminales B et déléguée du personnel. »

La maman Duchamps serre la main de ses collègues, se détendant après coup : elle ne risque pas de revoir le principal, du moins pas tout de suite.

Puis, elle regarde par la fenêtre, où les classes de terminale attendent qu’on vienne les chercher, chacune allant des classes A à D.

« Une minute… » remarque Hélène par la fenêtre, apercevant son fils parmi une rangée d’élève. « Les terminales C… Qui est leur professeur principal ? »

« Antoine Paremps », commente Églantine. « Professeur de SVT et professeur principal des terminales C. Mais il n’est pas près d’arriver. »


Hélène se souvient de l’homme arrivé en retard et relève une mèche de ses cheveux, regardant les jauges dessinées au feutre à côté de leurs noms. « Nos jauges de compétence, j’imagine, qui détermineront nos salaires ? »

« Oui, le principal et ses équipes viendront augmenter la jauge ou la baisser selon les résultats de nos classes », poursuit Madame Ankartté d’un ton neutre, mais qui laisse transparaître sa désapprobation. « Mais nous avons obtenu qu’aucune baisse de salaire n’ait lieu en cas de baisse de la jauge et le droit aux congés. »

« Bonne nouvelle », complète Hélène, mettant une main sur sa hanche. « Là d’où je viens, il n’y avait pas ces protections. »

Elle jette un coup d’œil vers l’heure : dans cinq minutes, il faudra accueillir la classe.

« C’est un plaisir de vous rencontrer, Mesdames. Je suis satisfaite de voir qu’il y a un délégué du personnel. Dans mon ancien établissement, il n’y en avait pas. »

« Vous n’en aviez pas ? » Salomé penche la tête, pendant qu’Églantine sort un petit paquet de cookies avec une étiquette marquée « pour ma classe ».

« Aucun. C’était plutôt mal vu. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai demandé ma mutation, entre autres. »


Églantine intervient :

« Vous l’avez obtenue, c’est déjà mieux que la plupart d’entre nous. »

DRIING !


La sonnerie retentit et les trois femmes lèvent la tête vers l’horloge et se dirigent vers la cour pour accueillir leurs élèves.

« Hé bien… bonne chance, surtout avec votre classe », avertit Salomé, voyant Hélène accélérer le pas pour débuter la journée.

« Elle ne manque pas de motivation », commente Églantine, marchant aux côtés de Salomé.

« Dommage, si elle avait attendu, je lui aurais bien donné un cookie d’accueil. »


Salomé hausse un sourcil dans sa direction.

« OK… je lui en donnerai à la cantine ! » réplique la professeure de français.

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Cela fait 45 minutes que la rentrée a commencé... Enfin, pas pour tout le monde. Dans la cour, la classe de terminale C attend depuis la sonnerie la venue de leur professeur principal, qui n’est toujours pas arrivé.


Paul est au fond de la cour, derrière la classe, observant ses camarades. Il a pu brièvement apercevoir sa mère chercher sa classe, mais c’est tout ce qu’il a vu d’intéressant, mis à part les cris des camarades :

« Mais il est où, le prof ? »

« Putain, il abuse là. »

« Moi, ça me va. »

Un surveillant les recadre rapidement et les fait s’aligner en file.

« Votre professeur va arriver ! »

« OUAIS, C’EST ÇA ! »

Une partie de la classe éclate de rire. Le surveillant tourne la tête vers le portail, les yeux injectés de sang, jurant probablement de tuer le retardataire.

Et c’est là…

Antoine Paremps arrive, sifflant nonchalamment vers sa classe.

« Bonjour ! Je suis Antoine Paremps, votre professeur principal ! »

« Vous êtes en retard », lance glacialement le surveillant.

« Oh, vous savez ce que c’est… Ma fille a eu du mal. »

Le surveillant grince des dents.

« Vous faites le coup tous les ans… tous les jours même ! » 


Monsieur Paremps, d’un rire gêné, passe sa main sur son front. « Je sais, je sais… Je fais ce que je peux. »

Il se dirige vers sa classe, et Paul se rapproche, gêné, de celle-ci.

« Allez, suivez-moi ! »


La classe commence à le suivre dans l’enceinte du bâtiment. La plupart des élèves murmurent, moqueurs, à l’égard de leur nouveau professeur.

Paul, lui, est interloqué. Il ne sait pas comment se sentir et prépare surtout le moment où il devra interagir avec les autres. Il regarde chaque visage, espérant au fond de lui qu’un ami se cache parmi eux. Après tout, il suffit d’interagir…


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« Bien. »

Hélène se tient debout, les deux mains sur la table.

« Comme je vous ai distribué vos emplois du temps... »


Une main se lève. « Madame... » C’est une fille de la classe, Sarah, si Hélène en croit la fiche.

« Nous sommes au lycée, nous avons des compétences élevées. Vous n’avez pas besoin de nous parler comme des bébés. Nous sommes AUTONOMES ! »

« ELLE A RAISON ! » Une autre fille hurle en soutien, sous les applaudissements de la classe.

« C’est vrai, m’dame, on est autonome ! » Un garçon, Dimitri, arrive en renfort.

« Apprenez-nous au lieu de formuler des trucs administratifs débiles ! On vaut mieux que ça ! »


Hélène baisse la tête avec un sourire presque menaçant. « Je vous demande pardon ? Baissez d’un ton. »

Sarah se lève. « Vous n’avez pas à nous menacer ! Nous sommes adultes et demandons à être traités comme tels. Vous nous avez donné un emploi du temps, maintenant, donnez-nous un cours, comme il est de votre devoir ! »


Applaudissements nourris, suivis des élèves tapant comme un seul homme sur la table.

« UN COURS ! UN COURS ! UN COURS ! »

« MAINTENANT ! »

Hélène sent une rage froide monter en elle. Ils continuent de frapper si fort sur leurs tables, hurlant en sa direction. Sarah la regarde, déterminée, toujours debout. Elle serre les poings.

« RESPECTEZ-NOUS, MADAME ! » hurle un garçon.

Ils la testent. Elle pourrait hurler ; ils obéiraient sûrement. Mais elle a une meilleure idée.

« Je reviens », dit-elle calmement, et elle se dirige vers la sortie de la salle de classe, en particulier vers la salle des photocopies.

« Ah, ils veulent jouer ? » pense Hélène. Ils font une grosse erreur. La femme qui a élevé une bébé Cynthia — bien plus redoutable qu’eux — ne se laissera pas intimider. Elle entend les éclats de rire de la salle de classe.

« Bravo, Sarah, comme tu lui as cloué le bec ! »

« Normal. J’en ai marre d’être traitée comme une gamine. Nous avons droit au respect. »


C’est à cet instant, une dizaine de minutes plus tard, qu’Hélène revient, un paquet de photocopies à la main, et d’une voix faussement mielleuse,Elle regarde la salle de classe, qui a le sourire aux lèvres.

« Vous n’avez pas l’intention de distribuer des blâmes, nous n’avons rien fait ! » proteste faussement Dimitri, suivi du tapage des tables par la classe.

Hélène ricane. « Non, non, j’ai une meilleure idée. Vous voulez être traités comme des adultes ? À VOS ORDRES ! CONTRÔLE SURPRISE ! »

Les élèves regardent : « Quoi ? »

Sarah écarquille les yeux, se rassoit. « On n’a pas fait un seul chapitre. »

« Vous ferez tout seuls. Vous êtes autonomes. Vous me l’avez dit... »

« MADAME, c’est pas dans la moyenne ?! » panique une fille au fond de la salle.

Hélène distribue les copies. « Bien sûr que si. Vous êtes responsables, vous assumez. »


Une fois les copies distribuées, la professeure s’assoit et remarque les élèves sortir leurs stylos et regarder le contrôle (un peu trop difficile) qu’elle a distribué. Elle esquisse un sourire narquois.


Dimitri voyant le sujet du contrôle sort son manuel et se met à mordre son stylo frénétiquement.

Sarah la fixe avec un regard noir.

« Vous ne vous en sortirez pas comme ça, Madame Duchamps ! »

Hélène réplique : « Oui, ma fille disait la même chose à trois ans quand elle ne voulait pas de légumes. »




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Monsieur Paremps termine enfin d’installer sa classe, sous les murmures moqueurs des différents élèves à cause d’une de ses poches sur laquelle on voit un mouchoir dépasser de son jean. Il s’assoit et attend que ses élèves se mettent en place. Paul se met devant, à côté d’une fille blonde en robe verte.


Le professeur lance l’appel :

« Florence Venise ? »

La fille à côté de Paul répond d’une voix mélodieuse :

« Présente. »


Le professeur lève les yeux vers elle.

« Bien. Toscane Romagne ? »

« Présente ! » répond une fille du fond de la classe, mâchouillant son stylo.

« Paris Saint-Germain ? »

« Présent ! » répond un garçon élancé, jouant avec une balle en plastique sur la table, sans que Monsieur Paremps trouve à y redire.

« Romain Castillan ? »

« Présent ? » répond un garçon à lunettes.


C’est là que Florence, assise à côté de Paul, lui chuchote — ce qui le surprend :

« C’est moi ou il lit pas dans l’ordre alphabétique ? »

Il hoche la tête en sa direction, et elle lui adresse un léger sourire.

« Paul Duchamps ? »

L’appelé lève la main.

Monsieur Paremps se penche vers lui. « Bah alors ! On répond “présent” quand on appelle ! »

Paul se contente d’un oui de la tête, rougissant de honte.

« Jeune homme, vous êtes muet ou quoi ? »

Paul fait un oui de la tête, et une partie de la classe explose de rire, croyant que le garçon muet singe son professeur.

Il rougit de honte. Florence, voyant son trouble, gémit : « Mais c’est pas drôle ! »


Monsieur Paremps regarde la fiche, met la main sur sa bouche et réalise son erreur. Il s’adresse de nouveau à Paul :

« Mes plus plates excuses... »

La partie de la classe qui riait s’arrête de rire.

« Tu es vraiment muet... »

« Oh merde... » s’exclame un lycéen près de la fenêtre. 

Monsieur Paremps rougit, ressentant une énorme honte.

« Vraiment désolé. Ça ne se reproduira plus. Vous me montrerez comment communiquer ? Vous êtes sourd ? »

Paul fait un non de la tête et tourne son regard vers sa nouvelle camarade Florence, compatissante, pendant que le professeur reprend l’appel avec un ton plus prudent.


Elle prend un stylo dans sa trousse et écrit sur un bout de son cahier, discrètement :

« Je vois que tu as un badge TrekSims. Tu regardes, toi aussi ? »

Paul sourit et plonge son regard dans ses yeux bleus, serrant les poings. Il écrit sur le bout de papier de Florence :

« Oui, mon personnage préféré est le docteur. »

« Je préfère le capitaine », murmure-t-elle en réponse.

« Pourquoi ? » écrit Paul.

« Bah, il est beau, tu ne trouves pas ? » murmure-t-elle, ricanant, ce qui lui vaut l’intervention du professeur.

« Florence ! »

« Désolée, monsieur », s’excuse-t-elle, se redressant, constatant que le professeur a déjà commencé à écrire le programme de la semaine au tableau.


Florence écrit une dernière fois sur le papier : « On en parlera à la cantine. »

Paul prend le papier pour le cacher et le range dans sa trousse, ressentant pour la première fois de sa vie des papillons dans son ventre.

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