Les Sims: La Famille Duchamps.

Chapitre 5 : Le Débat

3746 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 17/11/2025 22:28


« Alors, Paul, tu es prêt pour ta deuxième semaine ? »


La voix de sa mère, Hélène, sort Paul de sa plongée dans son épisode matinal de Treksims. Il se tourne vers elle, voyant des yeux fatigués mais doux. C’est leur rituel matinal : depuis qu’il est tout petit, Paul et Hélène passent leur matinée à regarder des séries ensemble.


Paul signe timidement : « Oui, je suis prêt. Je vais pouvoir voir Florence. »

« Tant mieux », sourit Hélène, tournant de nouveau son regard vers l’écran. « Tout se passe bien ? »

Il signe un peu évasif : « Oui, mais Monsieur Paremps est toujours en retard. »


Sa mère lui tapote l’épaule. « Tu as d’autres professeurs, tu sais… »


Paul lui adresse un faible pouce en l’air. Il n’ose pas dire à sa mère que, s’il n’aime pas que Monsieur Paremps soit en retard, ce n’est pas à cause de ses cours — plutôt quelconques —, mais au fait que c’est seulement pendant son cours qu’il est avec Florence.


Hélène boit une gorgée de son café, et Paul la regarde. Sans qu’il ait besoin de signer, elle comprend ce qu’il allait dire.

« Oui, Paul, de mon côté, tout va bien. Je m’entends bien avec Madame Ankarttés et Madame Juwa. »


Elle bâille, mettant la main devant sa bouche, tout en gardant son regard fixé sur la télévision. Ils peuvent entendre Éric partir au travail, et quant à Cynthia et Maryline, elles sont déjà parties à l’arrêt de bus. Ils ne sont maintenant que tous les deux dans la maison et partiront dans vingt minutes…


Paul signe en direction de sa mère : « Florence dit que le capitaine est le plus beau. C’est pour ça que c’est son préféré. »

Hélène regarde en direction du téléviseur, dubitative : « Oui, effectivement, il est beau, mais moi, je préfère le docteur. »

Il signe en réponse : « Parce qu’il est humain. »

« Non… », sourit sa mère, malicieuse, avant de terminer : « … parce qu’il est franc, un peu trop pour son bien, comme ton père ! »

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DRIIINNNG


Le cours d’histoire-géographie est le premier cours du début de cette longue journée. Installé devant le bureau de la professeure, Salomé Ankarttés dessine une frise chronologique sur le tableau. Paul jette de temps en temps de petits coups d’œil en direction de Florence, installée au fond en train de discuter avec sa camarade de classe.


Depuis que l’année a commencé, c’est toujours la même chose pour Paul : on le place devant, sur la table collée à celle du professeur, car aucun d’eux ne maîtrise la langue des signes, et à chaque fois, il se voit contraint d’écrire sur une ardoise ce qu’il veut dire, ou parfois ce sont les questions des professeurs.

« Vous n’avez pas d’accompagnateur ? »

ou alors, venant de Monsieur Paremps : « Vous ne voulez pas écrire avec un synthétiseur vocal ? »

Il a refusé poliment mais profondément vexé. Bien sûr, ça serait plus simple, mais depuis petit, il ne supporte pas les regards de pitié, de jugement, tout ce qui dit : « Regardez, c’est Paul. »


Madame Ankarttés termine de tracer sa frise chronologique sur le tableau.

« Nous allons aujourd’hui étudier la révolution simsricaine et sa guerre d’indépendance. Qui d’entre vous peut dire ce qui a déclenché les événements ? »


Une taxe votée au Parlement du Royaume-Uni de Stim déclenchant une révolte dans les colonies. Il n’ose pas lever la main pour l’écrire sur son ardoise ou sur un téléphone : pas question d’attirer l’attention.


Florence le regarde discrètement et lui adresse un sourire.

Une main se lève dans la classe.

« Oui ? » Madame Ankartté regarde un garçon au fond de la classe.

« Je peux aller aux toilettes ? »

La professeure pousse un soupir. « Vas-y. »

Un autre garçon intervient pendant que l’autre va aux toilettes : « Il fait CHIER, la prof ! »


Hilarité dans la classe, y compris de Paul, bien que son rire soit silencieux.


Cette dernière claque des doigts. « On se concentre, monsieur Porto Galles… Vous connaissez la réponse, au moins ? »


Il répond directement : « Oui, une taxe votée par le Royaume-Uni de Stim… En même temps, quand on voit leur bouffe… »

« Restez concentré », corrige poliment Salomé.

« La taxe a éveillé le débat sur la représentation parlementaire et, in fine, poussé à l’indépendance… Je crois. »

« Exactement, monsieur Galles », sourit la professeure.


Le cours se poursuit durant les trente minutes qui suivent. Paul prend bien soin de recopier la frise chronologique qui résume l’histoire des Treize Colonies de Stim, ce qui a mené à la déclaration d’indépendance et au début de la guerre, la professeure insistant énormément sur les discours et les arguments moraux et juridiques.


Paul continue de jeter de temps en temps un regard en direction de Florence, sentant son cœur battre de plus en plus et se déconcentrant du cours. Il entend rapidement l’élève allé aux toilettes revenir, et puis…


D’un coup, il entend le vidéoprojecteur de la classe qui est descendu, l’enseignante étant montée sur une chaise pour l’allumer devant les yeux ébahis des élèves.

« Madame, qu’est-ce que vous faites ? »

« Nous allons faire un jeu de rôle immersif. »

« Un jeu… de rôle ? » intervient Florence au loin, au grand plaisir de Paul, qui fixe un tableau affiché au centre, composé de deux équipes : la première, « Indépendantistes », et l’autre, « Loyalistes ».

Les prénoms de la classe s’affichent ensuite, chacun dans un des deux groupes. Paul s’aperçoit qu’il est dans le groupe « Indépendantistes » et Florence dans le groupe « Loyalistes ».


La professeure rousse explique en détails les règles du jeu.

« Nous allons faire un jeu de rôle simplifié afin de vous permettre de comprendre les enjeux du débat à l’aube de la guerre d’indépendance. Un groupe défendra la cause indépendantiste d’un point de vue juridique, moral et social, et l’autre, la cause loyaliste. Chaque groupe préparera pendant une heure le discours respectivement. Vous rassemblerez les documents que je vous fournirai.Cet exercice a pour but de vous faire comprendre les enjeux de l’époque et de vous faire mieux retenir ceux-ci. Allez, mettez-vous en place. »


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Paul est au milieu d’une table mise en « U », avec marqué au centre « Indépendantistes ». Il est à côté de Porto Galles, dont l’attitude lui fait parfois penser à son propre père, Éric, et il ne sait pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose.


Florence, quant à elle, est dans le groupe d’en face, vers les autres tables en « U », et lui adresse un petit coucou au loin.


Madame Ankarttés distribue les documents contenant les noms des lois de l’époque, une carte, le nombre de taxes, un schéma résumant le système colonial, avec une seule consigne :

« Vous devez convaincre vos interlocuteurs que l’indépendance est la meilleure solution. »


Porto, assis juste à côté de Paul, se gratte les cheveux : « Pas simple… À l’époque, les colonies ne réclamaient qu’un Parlement local tout en étant loyales à la couronne. »

« En même temps », intervient Lisa, une fille du groupe, « on est littéralement des Stimien ; la Simérie n’existait pas encore… Comment convaincre de l’indépendance alors qu’on est les mêmes ? »

« Bah… pas vraiment », coupe Porto. « On vit ailleurs et sur un autre continent. »

« Si tu vis ailleurs et sur un autre continent, tu restes quand même de ton pays. »

« Ouais, mais là, on est né en Simérie… »

« Ça ne change rien », coupe Lisa. « On joue un groupe de Stimien. Tu peux être sûr que les Loyalistes vont compter là-dessus pour nous battre. »


Les élèves se tournent vers les documents, et plusieurs se grattent les cheveux. Ils sont tous simériens, issus de la déclaration d’indépendance de ce pays — si évidente —, mais comment réussir l’exercice ? Sont-ils réellement devenus indépendants pour des raisons de taxe ?


Paul pousse une feuille et, avec son doigt, indique le passage qui indique que le vote des taxes par la métropole a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.


Porto met son doigt sur la bouche. « D’accord… mais ça n’aide pas beaucoup. »

Paul écrit sur son ardoise : « Peut-être que les gens estiment le droit à se gouverner eux-mêmes et à être indépendants ? »

« Ouais, enfin, pas les femmes, pas les esclaves… » peste Lisa.

« Les Loyalistes non plus, et on doit jouer le rôle de ces hommes, pas nous-mêmes », corrige Porto. « Je pense qu’il faut appuyer là-dessus. »

« Tu crois ? » demande Lisa.

« J’en suis convaincu. T’en penses quoi, Pauly ? »


Paul hausse les sourcils.

Porto s’excuse : « ça te dérange si je t’appelle Pauly ? »

Paul fait un « non » de la tête, suivi d’un pouce en l’air, et se met à rédiger un petit discours. Il tend la feuille à son groupe.

« Hey ! » s’enthousiasme Porto. « Je crois que tu tiens un truc ! »


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Madame Ankartté tape dans les mains avec fermeté.

« Bien ! Le temps est écoulé, il est temps d’organiser le débat entre les Loyalistes et les Indépendantistes. Veuillez choisir un orateur, s’il vous plaît. »

Les deux groupes remettent les tables en place, et la professeure place les équipes face à face, curieuse de voir le déroulement du débat.


Elle sourit discrètement. Elle a toujours adoré cet exercice, à la fois pour pousser les élèves à débattre, mais aussi pour observer comment ils forment leur argumentation et les informations qu’ils retiennent. C’est un très bon exercice d’autonomie, même si les résultats sont parfois… inégaux.


Le groupe des Loyalistes rend les documents à la professeure et désigne Florence Venise comme oratrice principale du groupe. Celle-ci se met devant la petite table mise en place et sourit en direction du groupe Indépendantiste, dans lequel se trouve Paul.


Ces derniers, justement, regardent les feuilles. Lisa et Porto hésitent : ils ont écrit le discours, mais il a surtout été inspiré par Paul. Le reste du groupe se propose successivement pour le rôle d’orateur.

« C’est plutôt Paul qui a aidé », commente Lisa.

« Ouais… » Porto met la main devant sa bouche en direction de Paul. « Il faudra être convaincant… »


Paul hausse les épaules. Il ne peut faire l’orateur pour des raisons évidentes, et rougit en regardant Florence. Il sait que celle-ci est redoutable et sait argumenter — en témoigne leur débat sur TrekSims. Il s’inquiète, ayant peur de donner une mauvaise image.


C’est alors que Porto saisit ses notes.

« Qu’est-ce que tu fais ? » demande Lisa. « C’est à Paul ! »

« Je vais prendre les notes de Paulo et je vais faire ce que je peux ! »

« Vous vous êtes décidés ? » interpelle la professeure. « Nous vous attendons. »

« Oui ! » Porto regarde Paul, et ce dernier hoche la tête d’approbation.

« Je représente le camp indépendantiste… j’arrive, Maman ! »


Éclat de rire général dans la classe, dont le rire cristallin de Florence.


Salomé met la main devant sa bouche pour cacher son rire.

« Heu… Madame », bredouille Porto, rouge de honte, en se dirigeant vers la table indépendantiste, lançant un discret pouce en l’air en direction de Paul, qui se cache les yeux.


La classe se réunit autour des deux orateurs choisis, et la professeure saisit son bloc-notes, prête à noter des commentaires sur la prestation des orateurs.

Florence, sûre d’elle, réajuste justement sa chevelure blonde et fait un petit coucou à Paul, puis regarde une dernière fois les notes prises par son groupe.

Porto, quant à lui, passe discrètement sa main sur son front.


Le vent souffle légèrement à travers les fenêtres ouvertes, et Florence se racle la gorge, commençant son discours d’une voix claire, au grand bonheur de Paul.

« Chers Treize Colonies,

vous demandez à être indépendants sous le slogan “pas de taxation sans représentation”, et lorsque nous vous proposons la représentation assortie d’une autonomie, vous la refusez, prêts à déclencher la guerre civile. »


Florence, cachant son anxiété, reprend son souffle.

« Et vous prétendez être différents, alors que nous avons la même langue et la même famille ? Que vous vouliez l’autonomie, c’est normal, mais pourquoi réclamer la sécession, si ce n’est par égoïsme et pour gagner du pouvoir ? »

Florence conclut son discours, et Madame Ankarttés prend quelques notes. Porto écarquille les yeux avant de passer sa main sur son visage, se demandant comment il va faire.

Paul espère que ses notes — raturées — permettront de l’aider.


Florence, dans son rôle, continue d’appuyer : « Eh bien alors ? »


L’enseignante fixe Porto.


Celui-ci parcourt rapidement les notes, puis lève la tête.

« Nous ne voulons pas l’autonomie, mais l’indépendance… »

« Ça, on l’a compris », insiste Florence.


Porto lève le doigt. « Laissez-moi finir. Même si vous nous donniez une représentation élue, quelle serait votre légitimité ? »

« Une légitimité ? Mais enfin, celle de la loi ! »


Les deux orateurs commencent à se prendre au jeu.

« Celle d’une loi imposée ? » Porto agite les bras. « Mais enfin… La loi ne s’octroie pas ; c’est au peuple, à travers ses représentants, de la faire. Et la métropole n’a pas à octroyer ses propres conditions. C’est pourquoi nous demandons l’indépendance. »


Salomé note : « Ah, là, ça devient intéressant. »


« Indépendance ? » Florence feint de s’étrangler. « Cet argument est fallacieux. Nos représentants sont élus en métropole et vous accorderaient aussi un parlement élu. Nous faisons partie du même peuple. Quelle sottise allez-vous raconter là ! »

« Eh bien, c’est un droit de vouloir faire sécession si le peuple le désire. Vu que vous prenez à cœur l’autonomie, chers Loyalistes ? » Porto feint un sourire carnassier. « Nous faisons partie du même peuple ! Oui, mais comment pouvons-nous rester les mêmes avec un océan d’écart ? Et surtout, en quoi cette affirmation devrait-elle aller à l’encontre du droit à l’autodétermination ? Qu’est-ce que c’est que cette logique fallacieuse ? »


Florence, percutée, se reprend — et Paul n’en attendait pas moins.

« Fallacieuse ? Vous n’avez pas compris mon argument. Vous n’êtes pas pour le droit à l’autodétermination ; vous êtes pour l’égoïsme. Et ce n’est pas avec l’égoïsme que nous faisons société. Nous faisons société par la tolérance entre nous, par la négociation, et par la souveraineté exercée à travers l’État de droit. »


Porto relit les notes et se tapote la tête. Paul serre les poings : est-il en train de perdre ses moyens ?


L’orateur du groupe Indépendantiste réalise un clin d’œil en direction de son groupe.

« La tolérance ? La négociation ? Parce qu’envoyer l’armée coloniale, nous imposer des taxes et réprimer, c’est négocier ? Facile de négocier quand la victime a enfin le courage de se défendre ! Ce n’est pas parce que nous sommes silencieux quand vous parlez plus fort que nous consentons ! »

Il inspire. « Non ! Ce n’est pas cela, le consentement, l’autodétermination ou la liberté ! La liberté, ce n’est pas d’imposer ses conditions, puis de négocier le poids des chaînes. Vous parlez de liberté, mais elle n’est véritable que quand deux partenaires sont égaux — ce qui n’est pas le cas quand il y a un lien de domination. Les règles du jeu sont faussées. Voilà pourquoi nous réclamons l’indépendance, ESPÈCE DE FAQUINE BLONDE ! »


Des éclats de rire retentissent, y compris de la part de Florence, quand l’enseignante coupe :

« Oh ! Oh ! Oh ! Monsieur Galles, restez dans le cadre de l’exercice. »


Porto rougit, regardant autour de lui. « J’y suis allé fort, désolé, Madame… »

« Ce n’est pas grave. L’exercice est terminé. Rasseyez-vous à vos places… »


Chaque élève s’exécute, dont Paul, à côté de Porto, qui lui murmure : « Merci, Paulo ! Comme t’as géré avec tes notes ! »


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Les professeurs du lycée sont réunis dans leur cafétéria à midi trente pour manger ensemble autour d’une table ronde.


Antoine Paremps, Églantine Juwa et Hélène Duchamps sont déjà en place, mangeant leur poisson assorti d’une purée.

Salomé Ankarttés est la dernière à rentrer, son sac à main accroché au bras, alors qu’elle porte son plateau pour se mettre aux côtés d’Églantine.

« Pour une fois que ce n’est pas moi qui suis en retard », commente non sans un certain plaisir Antoine.

« Tu ne devrais pas t’en réjouir », commente Églantine. « Et toi, tu n’as pas, comme Hélène, une classe infernale. »


Cette dernière réagit tout en saluant de la tête sa collègue Salomé.

« C’est un bon défi… »


Églantine penche la tête vers Salomé : « Alors, ton débat entre élèves ? »

Antoine sourit : « Tiens, c’est vrai que c’est aujourd’hui ! »

Hélène hausse les sourcils : « Un débat ? »

« Tous les ans, elle organise un débat sur la révolution simsricaine entre des élèves jouant les indépendantistes et les loyalistes. »

« Oh. » Hélène, curieuse, s’adresse à Salomé : « Intéressant. Comment ça s’est déroulé ? »


Salomé pose son sac à main sur la table, sortant les différents documents du débat. « Ils se sont bien débrouillés. Florence Venise a rédigé des notes claires et précises et s’est bien débrouillée à l’oral. Elle a aussi de bonnes capacités de leadership. »

« Si elle n’est pas élue déléguée de classe, je ne sais pas ce qui le sera », commente Antoine.

« Mais le plus intéressant… » Salomé sort les documents des indépendantistes. « …est le travail de groupe réalisé par la partie adverse. Les notes du petit Duchamps… » Elle sourit en direction d’Hélène, voyant qu’elle a éveillé son intérêt.

« …sont très précises, et il a guidé le groupe. Et même Porto Galles, l’élève un peu turbulent, s’est pris au jeu et a réellement bien joué l’orateur. C’est ça que j’aime dans cet exercice : cela révèle des talents. »

« Bonne nouvelle, alors ! Je suis contente pour toi, Salomé. Comme quoi, ce débat est toujours utile. »

« Il faut savoir donner la chance aux élèves », intervient Hélène, secrètement émue que Paul ait réussi à s’intégrer dans un exercice comme celui-ci. « Et le fait qu’ils aient réussi à s’adapter montre leur résilience… Porto est celui qui est bruyant… »

Églantine regarde dans son assiette. « Oui… pas méchant, mais très turbulent. Il faut dire que ses parents ne sont pas des tendres. »


Hélène baisse les yeux, l’air attristé. Elle a déjà eu affaire à des parents « pas tendres », comme tout professeur, et Éric lui a déjà parlé de son propre père…

Son problème à elle était inverse : ils n’étaient jamais là…

Salomé la sort de ses pensées : « Et vous, madame Duchamps, la petite Sarah Gothik a encore fait des siennes ? Méfiez-vous quand elle sera déléguée ! »

« Oh… »

Hélène fronce les sourcils, déterminée. « Rassurez-vous, je l’attends au tournant ! »



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Paul sort du lycée, agrippant fermement son sac à dos, aux côtés de Florence. Celle-ci chantonne, puis dit : « Paul, t'a vraiment été malin avec tes notes ! J’aurais trop voulu qu’on soit dans la même équipe ! »

Il sent son cœur battre à toute allure. Alors, elle aussi ?

Il se contente de hocher la tête d’approbation. Quand il entend une voix familière derrière eux : « Hey ! Pauly ! »


Ils se retournent tous les deux et aperçoivent l’adolescent s’approcher de Paul et saluer Florence.

« Salut, Florence ! »

« Bonjour, Porto. Qu’est-ce que tu veux ? » demande-t-elle, à la fois pour elle-même et pour Paul.

« Je voulais toper Pauly ! »

Il tend sa main pour faire un tope-là.

Paul la tend timidement, et ils réalisent un topé.

TAP !


Florence croise les bras et dit ironiquement : « Moi, j’en ai pas le droit à un ? »

« Bah non, t’étais mon adversaire ! » dit Porto.

Paul rit silencieusement.

« Écoute, Paulo, tu nous as vraiment sortis de la panade, alors je voulais te remercier et te faire une proposition. »

Paul penche la tête.

« Si jamais quelqu’un t’embête ou que tu veux dire un truc… pas de souci, je peux te prêter ma voix. » Il bombe le torse et Florence roule des yeux.

« Ce n’est pas un enfant. »


Paul met la main sur l’épaule de son amie et indique du regard qu’il ne trouve pas ça grave.

Porto hausse les épaules : « Bah quoi ? Ça a marché pour l’exercice ! »

Il se dirige vers le parking et salue Florence et Paul.

« Bah… Au pire, on pourra aller à la cantine ensemble. À plus tard, Floflo et Pauly ! »

Ils le regardent partir. Paul rougit légèrement, tentant de cacher une certaine émotion en le regardant s’éloigner, et Florence met les mains sur les hanches.

« Celui-là… un peu bizarre, mais il est sympa dans le fond. »

Paul enlève son sac à dos et fouille à l’intérieur pour chercher son ardoise et un de ses feutres odorants — ses préférés — afin d’écrire en direction de Florence.

« Moi, il me fait penser à mon papa. »

« Oh, vraiment ? Et c’est bon signe ? » demande Florence.


Paul ricane légèrement et écrit : « Oui, c’est pour ça que je l’aime bien. »













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