Un combat de tous les instants

Chapitre 3 : Mission en surface

3628 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 02:22

- Raph et moi sortirons les premiers, décréta Léonardo après qu'ils se soient rassemblés autour du schéma qu'il avait tracé à la craie sur le sol. Ainsi, s'il y a des Foots ou des Kraangs dans les environs, nous créerons une diversion efficace pour les emmener à nous suivre. Cela vous laissera le champ libre, Casey et April, pour foncer à l'appartement prendre tout ce que vous pourrez emporter avec vous.

- Euh... interrompit Donatello. Je pense pouvoir réparer mon laboratoire et veiller sur maître Splinter en même temps, aussi Mikey ferait mieux de partir avec eux. Une carapace de plus sur le terrain, c'est toujours bon à prendre, non ?

- Eh ! Dis-le franchement si tu ne veux pas que je reste avec toi, frérot !

- Je ne veux pas qu'ils restent tous les d... Oui, oui, c'est exactement ça. Je ne veux pas de toi.

Casey poussa un soupir de déception lorsque Léo leur ordonna d'accueillir ce membre imprévu dans leur binôme, lui qui se réjouissait à l'idée de passer un moment seul avec April, pendant que Donnie affichait de son côté un sourire satisfait.

- Pour plus de sureté, nous irons à la tombée de la nuit.

- A la tombée de la nuit ? répéta Raphaël. Tu plaisantes, Léo ? Que nous y allions maintenant ou plus tard, ça ne change rien. Les chances que les Kraangs ou les Foots nous tombent dessus sont exactement les mêmes.

- Il n'a pas tort, surenchérit Casey. Avant, vous aviez peur de vous faire voir en sortant de jour, mais maintenant, il n'y a plus personne pour découvrir votre existence... à part la petite amie de Raph.

- Toi, la ferme ! Je ne la connais même pas, cette fille. Je voulais juste me défouler sur une ou deux boîtes de conserve.

- Tu feras croire ça à d'autres.

La tortue mutante allait se lever pour bondir sur son ami et rival, mais ils furent rappeler au calme au même instant par April, qui haussa le ton. A contrecoeur, Raphaël se rassit convenablement, sans cesser pour autant de jeter des regards noirs à l'adolescent à côté de lui.

- Très bien, alors allons-y, marmonna Léo dans un soupir. N'oubliez pas, au moindre problème, de déclencher l'alarme d'urgence qui se trouve dans votre T-phone. Ainsi, les autres sauront que vous êtes en danger et le système de localisation intégré au programme leur permettra de vous retrouver.

Les deux tortues et les deux humains approuvèrent ces instructions. Donatello déplorait un peu de ne pas pouvoir les accompagner, mais il s'était toujours senti plus à son aise dans son laboratoire qu'au combat. Qui plus est, celui-ci avait vraiment besoin d'un coup de jeune, et maître Splinter d'une surveillance constante, or il était le mieux qualifié pour la lui apporter.

- Bonne chance, les gars. Et bonne chance, April. Prends soin de toi, surtout !

Il lui adressa un signe de la main timide auquel elle répondit par un sourire. Il sentit son coeur s'emballer dans sa poitrine. Elle était si jolie lorsque son visage s'illuminait de la sorte. Il l'aurait volontiers photographiée sur le champ pour sauvegarder à l'infini cette splendeur pourtant éphémère.

Mikey lui frappa amicalement l'épaule lorsqu'il passa devant lui et Raphaël, fidèle à lui-même, l'ignora complètement. Déterminés, ils prirent tous les cinq la direction de la sortie du repaire. Elle les conduirait dans le dédale formé par les souterrains qui reliaient l'ensemble des égouts de New-York.

- N'oubliez pas, rappela une dernière fois Léonardo. Vous attendez six ou sept minutes, mais pas plus, avant de sortir.

- On sait ! protestèrent les trois autres en choeur.

Mikey, Casey et April se regroupèrent autour de l'échelle métallique qui menait à la surface et dont les deux autres tortues avaient déjà entamé l'escalade. Raphaël ouvrait la voie, son frère le suivant de près. Parvenu au sommet, il souleva le couvercle de la bouche et observa prudemment la surface. A première vue, il n'y avait personne.

- Booyakasha ! hurla-t-il en jaillissant des entrailles du sous-sol

- Eh ! Je t'ai entendu !

La voix de Michelangelo lui parvint en contrebas, mais il l'ignora. Rapidement, il brandit ses sais. La rue aurait difficilement pu être plus vide. Il n'y avait même pas une feuille morte pour voler au gré du vent. Léonardo fit une remarque similaire lorsqu'il émergea à son tour au milieu de l'asphalte.

- Peu importe, on s'en tient au plan prévu. Grimpe sur le toit de ces immeubles pendant que je vais sur ceux d'en face. On apercevra peut-être quelque chose.

Raphaël s'exécuta, tout en continuant à faire le plus de bruit possible, dans l'espoir d'attirer sur eux l'attention des ennemis éventuels présents dans les environs. De son côté, son frère faisait exactement de même, bien que cela ne semble pas fonctionner. Les lieux étaient véritablement déserts.

La tortue au bandeau rouge se laissa glisser le long d'une gouttière afin de regagner le sol et Léonardo l'imita. Puisque la voie paraissait libre, ils n'avaient aucune raison de se séparer de leurs amis. Ils retournèrent vers la bouche d'égout, afin de leur indiquer qu'ils pouvaient les rejoindre.

Une mauvaise surprise les attendait. Au bas de l'échelle, Casey était agenouillé sur le sol et Michelangelo tenait la tête d'April calée sur ses genoux. Celle-ci avait vraisemblablement perdu connaissance. En voyant cela, les deux autres poussèrent une exclamation.

- Il faut annuler la mission, déclara aussitôt Léo.

- Pas question. Maintenant que nous sommes ici, autant aller jusqu'au bout. C'est grave, Mikey ?

- Je ne sais pas trop. Elle s'est effondrée comme ça, sans crier gare. Elle a parlé... des Kraangs, puis elle s'est évanouie.

- Elle a sûrement eu une vision. C'est de plus en plus fréquent... Maître Splinter saurait certainement ce qu'il faut en penser, mais en attendant...

- En attendant, interrompit Raphaël qui n'avait pas la patience d'écouter son aîné, Casey, tu bouges tes fesses et tu nous rejoins à la surface. Mikey, reste avec elle. S'il lui arrive quoi que ce soit, nous laisserons Donnie de réduire en pâtée pour Minette Glacée.

La juvénile tortue acquiesça d'un hochement de tête, puis entreprit de tapoter les joues d'April dans l'espoir de la ramener à elle, tandis que l'adolescent brun entamait la montée des barreaux rouillées. Une minute plus tard, il se hissait à son tour hors des égouts, sous l'oeil grave de ses amis.

En silence, ils se dirigèrent vers l'immeuble dans lequel était situé l'appartement des O'Neil. Ils se retrouvèrent bloqués par la porte en bois massif, verrouillée par un digicode. Pendant que Casey faisait appel à sa mémoire afin de s'en souvenir, Raphaël enfonça un sai dans l'appareil. Le système de fermeture cliqueta un instant, puis s'ouvrit.

- Après vous, messieurs.

Il esquissa une révérence ironique pendant que ses amis pénétraient à l'intérieur. A l'instar de toute la ville, l'endroit était lugubre, abandonné. Léonardo, par mesure de prudence, se saisit de ses ninjatos. Pas un bruit ne leur parvenait des différents étages et ils ne rencontrèrent aucune menace entre le rez-de-chaussée et le troisième, qui était leur objectif.

- Prenons tout ce que nous pouvons emporter et partons.

- Relax, Léo. Franchement, pourquoi les Kraangs et les Foots viendraient nous chercher ici ?

- Il a raison, surenchérit Casey. Détends-toi, vieux, tu deviens tout vert.

Raph et lui s'esclaffèrent de sa mauvaise plaisanterie, mais le principal intéressé se contenta de lever les yeux au ciel avant de se diriger vers la salle de bain. Le sol était si poussiéreux que de petits nuages à l'odeur âpre se soulevaient à chacun de ses pas. A deux reprises, il dut se retenir pour ne pas tousser.

Il vida l'armoire à pharmacie de Kirby O'Neil pendant que Raphaël, lui, s'occupait du garde-manger. Il emporta dans un grand sac poubelle toutes les denrées qui ne s'étaient pas périmées depuis que la ville était sous le joug des extra-terrestres. Ils n'avaient quasiment emporté avec eux aucune réserve de vivres de North Hampton et ils ignoraient où ils pourraient s'alimenter lorsqu'ils auraient épuisé la nourriture qui restait à leur disposition.

Casey, quant à lui, dénicha dans un placard des draps, des couvertures et autres oreillers, qui auraient leur utilité une fois revenus au repère. Couchés quasiment à même le sol et presque sans rien pour leur tenir chaud, la nuit précédente avait été l'une des plus inconfortable de leur existence.

- Nous devrions prendre mon ordinateur portable, aussi.

Les têtes de Raph, Léo et Casey jaillirent respectivement de la cuisine, de la salle de bain et de la chambre de Kirby. April venait de pénétrer dans l'appartement. Elle marchait d'un pas lent, soutenu par Michelangelo qui avait passé un bras autour de sa taille. Quoique très pâle, elle paraissait en bonne santé.

- Qu'est-ce qui t'est arrivée, rouquine ? interrogea aussitôt son camarade lycéen.

- J'ai eu... une sorte de flash. C'était différent de mes visions habituelles. Cette fois, c'était comme si... comme si des milliers de voix m'appelaient en même temps. Cette cacophonie était insupportable.

- Tu penses qu'il pourrait s'agir des habitants de New-York, retenus quelque part aux tentacules des Kraangs ?

- Sûrement, mais je serais incapable de dire où ils les gardent prisonniers. Ils parlaient tous en même temps, je n'ai pas pu saisir le moindre mot.

- Au moins, nous savons qu'ils sont vivants, affirma Léo. Ou, plutôt, nous avons de bonnes raisons de le croire.

April l'approuva, sans pour autant paraître enthousiaste. Elle entreprit ensuite de les aider à rassembler toutes les affaires qui pourraient leur être utiles, à l'instar de Michelangelo. Celui-ci subit néanmoins un regard courroucé de la part de ses quatre amis lorsqu'ils le virent débrancher l'écran plasma des O'Neil.

- Quoi ? Vous avez dit utile, mais pour moi, la télé, c'est de l'ordre vital. Comment voulez-vous que l'on se tienne au courant de ce qui se passe à la surface ?

- Pour que les nouvelles soient diffusées sur les chaînes publiques, il faudrait d'abord qu'il reste des journalistes dans la ville, ce qui n'est pas le cas. Toute la population qui n'a pas dû être enlevée par les Kraangs s'est certainement enfuie.

- Dis plutôt que tu ne veux pas manquer les derniers épisodes de Grognard le Barbare, commenta Raphaël d'un ton sarcastique.

- Si je l'admets, j'aurai le droit de l'emmener avec moi ?

- Non, mais tu auras au moins eu le mérite d'être honnête.

Mikey poussa un soupir dépité et, après avoir affiché une dernière expression désappointée, souleva le sac d'objets divers qu'April venait de remplir. Il contenait essentiellement des bibelots métalliques, que les tortues pourraient facilement faire fondre afin de se forger de nouvelles armes, puisque leur nombre commençaient à être dangereusement limité.

L'adolescente conserva son ordinateur portable sous son bras. Elle l'offrirait à Donatello, qui en serait certainement fou de joie, étant donné que le sien avait été détruit lors de l'invasion, à l'instar du reste de son laboratoire. Elle pouvait comprendre son chagrin : cette pièce, c'était toute sa vie.

- Bon, ne nous attardons pas, puisque nous avons vraisemblablement tout ce que nous sommes venus chercher, déclara Léo. Retournons dans les égouts. Donnie doit nous attendre et le temps est peut-être compté pour maître Splinter.

Les quatre autres l'approuvèrent d'un hochement de tête et, les bras chargés, ils abandonnèrent l'appartement des O'Neil à son sort. Cela brisait le coeur d'April de voir la maison dans laquelle elle avait grandi totalement déserte, néanmoins elle ne devait pas se lamenter. Elle n'en avait pas le droit, pas quand la majeure partie des New-Yorkais étaient dans une situation nettement plus préoccupante que la sienne.

- Les dames et les enfants d'abord, informa galamment Casey après avoir soulevé le couvercle de la bouche, une fois de retour dans la rue.

Son regard se posa alternativement sur l'adolescente, qui fut flattée par son attitude gentleman, et sur Mikey, qui au contraire s'en offusqua, car il ne se considérait plus comme un bébé tortue depuis longtemps.

- Relax, mon pote, je blague ! affirma le garçon en lui frappant l'épaule.

April s'engagea la première dans le souterrain. Elle atteignit rapidement le sol, puisqu'aucun fardeau ne ralentissait, ce qui n'était pas le cas de ses amis surchargés. Raphaël fut le dernier à entamer la descente de l'échelle métallique qui conduisait dans les entrailles de la ville. Au moment de refermer l'accès à l'égout, un détail attira son attention.

- Qu'est-ce que...

Il plissa les yeux afin de mieux voir. Non, il ne rêvait pas. C'était bien une unité kraang qui était en train de traverser le carrefour, armée de pistolets lasers. Quelqu'un les suivait d'assez près, tout en s'efforçant de demeurer le plus discret possible. Cet autre individu, à première vue humain, paraissait familier à Raphaël.

Il lui fallut plusieurs secondes pour identifier la jeune fille qu'il avait déjà vue aux prises avec les extra-terrestres la veille. Visiblement, son face à face avec les cerveaux à tentacules ne lui avaient pas servi de leçon, étant donné qu'elle recommençait à faire preuve de témérité.

Il se demanda comment elle parviendrait à se défendre seule lorsque les Kraangs percevraient sa présence, avant de songer qu'elle n'y arriverait sûrement pas. Elle était seule face à une vingtaine de robots et, en dehors de quelques aptitudes d'escrimeuse, elle n'avait démontré aucune faculté pour le combat lorsqu'il l'avait vu à l'oeuvre.

- Roh... soupira-t-il. Léo, attrape ça.

Il lâcha son sac de vivres dans le vide, que son frère attrapa au vol. Celui-ci eut à peine le temps de réagir à ce qui se passait que Raphaël remontait déjà dans la rue. Il tenta de l'appeler, en vain. Son cadet ne l'écouta pas.

- Bah... Qu'est-ce qui lui prend ? questionna Casey, qui avait presque atteint le sol.

- Je n'en ai aucune idée. Restez-là, vous trois. Je vais voir.

- J'allais te le dire. Tu n'iras nulle part sans Casey Jones. Mikey, garde un oeil sur Rouquine.

- Eh ! Pourquoi c'est toujours moi qui dois jouer les nounous pendant que vous faites les trucs méga trop funs ? C'est pas juste !

April lui adressa un sourire compatissant avant de placer une main sur son épaule, tandis que les deux autres leur confiaient les sacs qu'ils portaient avec eux, afin de s'en délester. Ils gravirent ensuite les barreaux métalliques quatre à quatre, jusqu'à la surface où ils avaient bien l'intention d'obtenir des explications sur le comportement de Raphaël.

Dès que celui-ci fut à l'air libre, il se précipita sur la piste de la jeune fille et des Kraangs. Il disparaissait presque au carrefour lorsque Léonardo l'interpela. Il hésita à se retourner. Cela allait lui faire perdre un temps précieux et il risquait d'égarer ceux qu'il s'efforçait de rattraper.

- Raph, je peux savoir ce qui te prend ?

- Je... Rien. Rentrez au repaire, je vous rejoins.

- Pas question qu'on reparte sans toi, tu viens avec nous.

Casey fut le premier à le rejoindre, grâce à ses patins à roulette. Raphaël fixa la rue qui s'étendait devant eux. L'adolescente venait de se tapir derrière un escalier, qui la rendait désormais invisible à leurs yeux et à ceux des Kraangs.

- Eh ! Ce sont les boîtes de conserve ! On devrait aller en défoncer une ou deux, histoire de décompresser un peu.

- Oublie cette idée, coupa catégoriquement Léo, une fois à leur hauteur. Nous ignorons si ce groupe est isolé ou si d'autres rôdent dans le secteur. C'est trop risqué.

- Ce n'est peut-être pas une coïncidence si on tombe sur eux juste après qu'April ait eu sa vision. Si ça se trouve, ils peuvent nous conduire aux habitants de New-York.

- Vraiment ? Vue la direction qu'ils suivent, ils se rendent au T.C.R.I. Tu crois franchement qu'ils ont pu faire rentrer des milliers de gens dans un gratte-ciel ? Donnie n'a pas tort, parfois. Ça serait bien que tu réfléchisses avant de parler, Casey.

- Quoi ? Il a dit ça ? Elle a m'entendre, la tortue de laboratoire quand...

- Oh ! gronda Raphaël. Vous allez la fermer, tous les deux ?

Pendant que ses amis se disputaient, il avait été le seul à voir la jeune fille abandonner sa cachette pour continuer à se faufiler sur la piste des Kraangs. Apparemment, elle était déterminée à ne pas les lâcher d'une semelle. Cela risquait de ne la conduire à rien de bon.

Il réfléchit à toute allure. Son frère n'avait visiblement pas l'intention de le laisser s'aventurer à la poursuite des extra-terrestres, cependant il ne pouvait rester les bras croisés en sachant que l'inconnue, dans un nouvel excès d'inconscience, allait encore se mettre en danger.

- Je pense que Casey a raison... pour une fois. Maintenant, soit vous restez là à vous voler dans les écailles, soit vous venez avec moi et nous rattrapons les boîtes de conserve. Dans les cas, ça ne change rien. Moi, j'y vais.

Avant que Léo n'ait eu le temps d'ouvrir la bouche pour tenter de l'en dissuader, il s'élançait déjà dans un pas de course furtif.

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