Un combat de tous les instants

Chapitre 64 : Place forte

2853 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 16/05/2020 22:15

- Booyakasha !

Mikey bondit sur la plateforme, escorté par Casey, Donatello, les Foot-bots et les nano-vaisseaux kraangs chargés de cristaux explosifs à ras-bord. Marianne avait paramétré leurs commandes de façon à pouvoir les diriger depuis la navette furtive, à bord de laquelle elle s’était entassée avec Marion, April, Léo et Raph.

Leur objectif était le centre de recherche extraterrestre, implanté en plein cœur de la zone, mais soigneusement gardé. Presque aussitôt, des salves de tirs lasers furent crachées en direction du groupe d’assaut. Une demi-douzaine de robots furent fauchés en pleine course, et l’une des micro-soucoupes disparut dans une impressionnante déflagration.

- J’envoie les bombes, annonça Marianne.

Elle poussa un levier pour augmenter au maximum la puissance des réacteurs des nano-vaisseaux, mais un second fut détruit alors qu’ils n’avaient pas encore parcouru le tiers de la distance qui les séparait du laboratoire kraang. Raph, exaspéré, dégagea sans ménagement la jeune femme du poste de pilotage.

- Quand on ne sait pas conduire, on s’abstient, siffla-t-il en couvrant le chapelet d’injures dont elle l’abreuva.

Marion posa une main sur l’épaule de sa sœur pour contenir sa fureur pendant que le ninja rouge manœuvrait leurs vaisseaux kamikazes. Il était assurément plus compétent que Marianne pour cela, car il n’en perdit pas un seul au cours des trois minutes qui suivirent. Sa chance tourna légèrement aux abords du bâtiment et une autre micro-soucoupe explosa, mais toutes les autres se crashèrent sur la façade.

Les cinq canons avec lesquels les Kraangs les mitraillaient depuis des ouvertures pratiquées dans la paroi furent réduits en miettes, non sans avoir tout de même fusillé au préalable huit Foot-bots supplémentaires. Les rangs de Mikey demeuraient néanmoins assez fournis pour ne pas avoir à s’inquiéter dans l’immédiat.

- Il vaut mieux que je garde les commandes de ce tas de ferraille, décréta Raph. Léo, remplace-moi pour l’attaque aérienne.

Le ninja bleu fut surpris par ce changement de programme, et Marion aussi, puisqu’elle était censée travailler en binôme avec le cadet, non l’aîné. Elle avait souvent combattu aux côtés de Mikey, Raph et April, mais mener une opération avec Léonardo serait une première pour elle.

- J’ouvre la trappe. À mon signal... Sautez !

Ravalant leur appréhension, Marion et Léo se laissèrent tomber par le rectangle béant qui venait de se découper dans le ventre de la soucoupe. Ils se réceptionnèrent une dizaine de mètres en contrebas, sur le toit du bâtiment dont ils étaient venus prendre possession. Des androïdes armés de pistolets les attendaient de pied ferme, mais ils goûtèrent presque aussitôt aux ninjatos que la tortue avait dégainées durant sa chute.

***

- Visez la porte, les gars ! ordonna Mikey en se saisissant des cristaux qu’il avait fixé à sa ceinture.

Il les projeta de toutes ses forces en direction de l’entrée du laboratoire, imité par Casey et Donnie, puis poussa un cri suraigu. Les roches ravagèrent le panneau de métal et son encadrement, ainsi que les exosquelettes kraangs qui avaient eu la sottise de s’attarder derrière.

- À vous de jouer, les Foot-bots ! Neutralisez tous les androïdes que vous trouverez à l’intérieur !

Marianne avait assigné une reconnaissance vocale aux robots, leur permettant ainsi d’obéir aux injonctions de chacun des membres de la bande. Ils n’étaient capables de comprendre qu’un nombre d’ordres relativement limité, mais celui que Mikey venait de leur donner en faisait partie. Ils s’engouffrèrent dans la brèche, et un combat s’engagea entre les humanoïdes alliés et ennemis.

Michelangelo, Donatello et Casey attendirent quelques instants, puis pénétrèrent eux aussi à l’intérieur dès qu’ils estimèrent que le plus gros du danger avait eu le temps d’être écarté.

***

- Raph, derrière toi !

Ils n’avaient aucune visibilité sur l’arrière de la soucoupe furtive, mais April avait perçu une menace, à juste titre. Deux vaisseaux similaires au leur venaient de se matérialiser, et le ninja rouge eut juste le temps d’effectuer une boucle pour esquiver un tir de lasers croisés.

- Accrochez-vous, les filles ! Ça va secouer !

Marianne le foudroya du regard, car elle venait déjà de perdre l’équilibre et serait tombée, à l’instar d’April, si elle n’avait pas eu le réflexe de s’agripper au tableau de bord, enclenchant le mode invisibilité de la navette par inadvertance.

- Au moins, ils ne peuvent plus nous voir, supposa April.

- Bien sûr que si. Le camouflage ne suffit pas à nous faire disparaître des écrans radars. Ils sont maintenant suffisamment proches nous détecter grâce à ça, et inversement.

- Radar ou pas radar, je vais leur faire mordre la poussière, moi !

Raph effectua une manœuvre aérienne particulièrement complexe, qui le plaça en ligne de mire de ses poursuivants. Il décocha ensuite un laser qui atteignit sa cible et l’abattit en vol. Et d’une.

- Dire qu’il m’avait suffi de ruser un peu pour m’emparer d’une place forte, la dernière fois, soupira Marianne. Ils ne se sont visiblement pas remis du fait que j’aie détourné l’une de leurs infrastructures à mon avantage.

- C’est sûr, renchérit April. Même le T.C.R.I. n’est pas aussi bien protégé. S’ils avaient établi ces mesures de sécurité avant, je ne vois comment tu aurais pu prendre seule le contrôle d’un laboratoire.

- Moi non plus...

- Ça alors ! Le choléra serait-elle en train de reconnaître qu’elle a besoin de notre aide ?

Marianne ferma les paupières et tenta de chasser de son esprit le plan auquel ses méninges avaient déjà commencé à réfléchir pour abandonner Raphaël en dimension X avant de regagner la Terre.

***

- C’était le dernier, annonça Marion en débarrassant son épée de la tête de robot qu’elle venait d’embrocher. Et les autres, ça va ?

- Raph vient de dégommer le deuxième vaisseau. Quant à Mikey, Donnie et Casey, je ne les vois nulle part, donc je suppose qu’ils ont réussi à entrer. On les rejoint ?

L’adolescente acquiesça, et ils se saisirent tous deux de l’insecte-grappin fixé dans leur dos. Ils descendirent la façade sérieusement endommagée par les diverses explosions jusqu’à l’entrée, où gisaient les corps dévastés de bons nombres d’exosquelettes kraangs, ainsi que les carcasses de quelques Foot-bots.

L’intérieur du laboratoire ressemblait sensiblement à celui de toutes les autres structures extraterrestres. De grands câbles d’alimentation parcouraient les murs entièrement constitués de métal, et le long couloir que Léo et Marion suivirent était éclairé par de lugubres néons magenta.

Ils retrouvèrent les autres dans une salle informatique, où ils avaient acculés les derniers Kraangs. Seule une trentaine de Foot-bots étaient encore indemnes. Les pertes étaient conséquentes parmi leur armée d’androïdes, mais le combat touchait à sa fin. Ils éliminèrent les ennemis qui résistaient encore et purent enfin se proclamer maître des lieux.

- Tapez m’en trois ! s’exclama Mikey. Euh, pardon, je voulais dire quatre. Mais où est Raph ?

- Changement de plan, c’est lui qui pilote, annonça Marion. Ils vont nous rejoindre sous peu, je pense. Que diriez-vous de faire un peu de ménage, en attendant ?

Elle asséna un coup de pied au torse d’un robot kraang inerte. Beaucoup avaient été trop abîmés pour pouvoir encore servir, mais certains étaient encore en assez bon état pour que Marianne puisse les reprogrammer à leur service. C’étaient ceux dont le Kraang avait été directement abattu, le plus souvent par des shurikens.

Quantité de cadavres de cerveaux à tentacules gisaient par terre, dans des flaques de sang verdâtre et visqueux. Casey jeta un regard dégoûté à sa batte de baseball, qui était imprégnée de ce fluide repoussant. Bien que cette perspective ne séduise personne, tout le monde se mit à l’ouvrage.

Ils avaient évacué les premiers extraterrestres trépassés sur la plateforme quand Raph posa la soucoupe furtive aux abords du bâtiment. Il avait choisi d’effectuer une ronde dans les environs avant de rejoindre la plateforme au cas où d’autres vaisseaux soient en approche, mais ni le radar ni April n’avaient rien détecté.

- Alors c’est ça, notre nouveau chez nous ? commenta-t-il. Pas très reluisant...

- Rien ne t’empêche de refaire la déco, vieux, répliqua Casey. Trouve-nous un écran plasma et une stéréo, tu feras de moi le plus heureux des hommes.

- Un homme, toi ? Tout ce que je vois, c’est un gamin qui se prend pour un dur.

Les deux amis échangèrent quelques coups de poings pour plaisanter. À présent qu’ils avaient investi le centre de recherche, ils pouvaient évacuer un peu la pression qu’ils avaient eu à supporter durant l’attaque. C’était du moins ce qu’ils croyaient, jusqu’à ce que Marianne les rappelle à l’ordre.

- Ce n’est pas l’usine de votre Détrousseur, ici. Nous sommes en dimension X, ce qui signifie que les kraangs ont des forces et des moyens quasiment illimités. Pour le moment, nous n’avons qu’un laboratoire, que nous avons dû sérieusement amocher pour nous en emparer. Je sais que la seule défense que vous connaissez, c’est l’attaque, pourtant il va falloir sécuriser ce lieu, et au plus vite si on veut le garder.

- Qu’est-ce que tu as en tête ? interrogea Donnie.

- Peu ou proue tout ce que j’avais mis en place autrefois. Boucliers déflecteurs, système de surveillance automatisé, alarme, armée d’androïdes... Et, bien sûr, pulsateur d’ondes pour les cas d’extrêmes urgences.

- Genre, si les Kraangs décident de se masser par milliers autour du labo ? s’enquit Raph.

- C’est l’une des définitions possibles. En tout cas, pas question cette fois-ci que j’effectue tout le travail seule. Chacun va devoir mettre la main à la pâte.

- La patte à la pâte, plutôt, rectifia Mikey, mais Marianne l’ignora royalement. T’inquiète pas, tu vas voir qu’ici, on ne me surnomme pas Mikey le génie pour rien.

La rousse accueillit ces paroles avec un regard blasé, puis leur ordonna de se répartir en deux groupes : l’un qui serait sous la tutelle de Donnie, l’autre sous la sienne. Elle dut néanmoins revoir son instruction lorsqu’elle réalisa que tout le monde s’était détourné d’elle pour se masser autour du ninja mauve, à l’exception de Marion qui avait anticipé ce cas de figure.

- Bon... June et Lorenzo, vous venez avec moi. Les autres, vous restez avec Botticelli.

Mikey adressa un regard dépité à Marion, qui le lui rendit. En dépit de sa loyauté à l’égard de sa sœur, elle déplorait de ne pas pouvoir faire équipe avec son meilleur ami. Marianne avait cependant choisi Léonardo et April car ils étaient, à l’exception de Donnie et sa cadette, les seuls dont elle tolérait la compagnie.

- C’était une bonne initiative de commencer à trier les androïdes, déclara la jeune femme en découvrant les robots kraangs séparés en deux piles, à l’intérieur du laboratoire.

- Un compliment ! chuchota April à l’oreille de Marion. Elle est donc capable d’en faire ?

L’adolescente prit sur elle pour garder son sérieux, tandis que Marianne intimait aux deux groupes de cataloguer le matériel en bon état, celui qui était réparable et celui dont ils ne pourraient plus rien tirer, hormis quelques pièces. Les Foot-bots furent quant à eux assignés au nettoyage, grâce à quelques lignes de code supplémentaires que Marianne implanta dans le programme d’une douzaine d’entre eux.

Ils œuvrèrent des heures durant, au cours desquelles la rousse les autorisa à se reposer à tour de rôle. Ainsi, Mikey et Marion se retrouvèrent le temps d’une sieste, au contraire de Raph et de Léo qui dormirent chacun dans l’angle opposé de l’une des salles du centre de recherche.

À l’exception des canons et de trois quarts des androïdes kraangs, tout ou presque était encore en état de fonctionnement, ce dont Marianne se réjouit. Du moins, elle décréta que c’était une bonne chose, ce qui s’apparentait le plus pour elle à une manifestation de joie.

- Il existe un équivalent au café, en dimension X ? soupira Casey en s’éveillant de son somme, le dos fourbu de s’être baissé et relevé à maintes reprises pour ramasser des morceaux de métal épars.

Le travail avançait vite et bien. Même Raphaël acceptait d’obéir aux ordres sans rechigner, conscient de l’importance que cela revêtait. Donnie, en revanche, luttait pour ne pas s’endormir et rester performant, non sans cesser de jeter des regards à la dérobée à Marianne. Comment faisait-elle ? Elle ne paraissait pas du tout fatiguée. Il allait vraiment finir par croire ce que le ninja rouge et Casey prétendaient à son sujet : qu’il s’agissait elle aussi d’un robot.

La jeune femme passa un long moment dans la salle informatique, à pianoter sur un processeur extraterrestre, et pirata suffisamment de systèmes pour établir un programme de surveillance radar qui s’étendait sur un rayon de huit unités de distance kraang, soit environ douze kilomètres.

Donatello se chargea de fabriquer les boucliers déflecteurs, qui projetteraient autour du laboratoire un champ de force magnétique assez puissant pour résister à des salves de rayons lasers. April et Marion, minutieuses, soudèrent ensemble les plus petits composants, et une fois que tout fut terminé, les tortues les installèrent sur le toit.

Juste à temps, sembla-t-il, car au moment de redescendre, les écrans de Marianne s’affolèrent et une alarme retentit, les informant d’une intrusion ennemie dans le périmètre. Ils s’y attendaient plus ou moins, et avaient même eu la chance que cela ne se produise pas plus tôt, car les Kraangs vaincus avaient dû donner l’alerte dès le début de leur offensive. À présent, leurs semblables arrivaient pour tenter de le reprendre le contrôle des lieux.

- On a qu’une seule soucoupe furtive, et il en arrive une dizaine, commenta Donnie en étudiant la situation par-dessus l’épaule de Marianne. Quelqu’un a un plan ?

- Vous désactivez le bouclier, on les attire sur le labo avec le vaisseau, vous réactivez le boucliez, ils entrent en collision et ils explosent.

Un petit sourire satisfait étira les lèvres de Mikey quand tous les visages ébahis se tournèrent vers lui. Son plan était relativement simple, et s’il se déroulait correctement, il pourrait également être efficace.

- Je vous ai déjà montré de quoi un as du pilotage tel que moi était capable tout à l’heure, décréta Raph. J’en fais mon affaire.

- Et moi, je m’occupe du plan B, renchérit Mikey.

- Du plan B ? répéta Marion. Tu as une autre idée ?

- Des idées, dans la dimension X, j’en ai des tas ! Tu viens avec moi ?

La jeune fille saisit la patte que son ami lui tendait et le laissa l’entraîner vers l’extérieur, pendant que Casey se portait volontaire pour accompagner Raph. Marianne leur expliqua comment relier l’émetteur de la soucoupe furtive à son processeur, de façon à ce qu’ils puissent la prévenir au moment même où elle devrait réactiver le bouclier.

- Et nous, qu’est-ce qu’on fait ? interrogea Léo.

- Tu laisses faire les pros, et tu en prends de la graine, répliqua Raph.

Son aîné le foudroya du regard. Malgré la trêve tacite qui s’était imposée depuis leur départ de North Hampton, il n’avait pas pu résister à la tentation de lancer cette petite pique à son frère. Comme c’était bon d’être à nouveau au cœur de l’action après des semaines d’isolement à la campagne !

- C’est parti ! s’exclama Casey. Kongala !

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