Un combat de tous les instants

Chapitre 83 : Epilogue : C'est bientôt la fin

1586 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 25/04/2021 22:10

- Leatherhead, soulève-moi encore un peu, mon croco !

Le mutant s’exécuta et hissa Mikey à bout de bras pour lui permettre de fixer au plafond du repaire les guirlandes qu’il portait comme des écharpes autour du cou. La salle principale fourmillait de couleurs et de décorations diverses. Un grand sapin, que Slash avait rapporté de la surface, répandait dans l’air une douce odeur de sève.

Donatello, perdu au milieu d’une montagne de papier cadeau, achevait de plier les paquets. Il avait eu un peu de mal, étant plus à l’aise avec un fer à souder, mais il aurait terminé avant l’arrivée des invités. Enfin, de l’invitée, puisque Marion serait la seule à venir.

Michelangelo n’avait convié Marianne que par pure politesse, et elle n’avait même pas pris la peine de répondre, laissant ce soin à sa cadette. Plus surprenant, April non plus n’avait pas daigné décliner. Elle s’était contentée d’ignorer ses messages, ce qui avait beaucoup attristé Mikey. Lui n’était pour rien dans les histoires de cœur de ses amis.

Quant à Casey, il avait déclaré vouloir prendre un peu de recul et de distance. Il avait croisé la route de Raph et de Marion au cours d’une patrouille qu’il effectuait seul de son côté. En découvrant la nouvelle apparence du ninja, il avait été soulagé d’apprendre qu’il était le seul dans ce cas.

Il n’aurait pas supporté que Donnie use de ce procédé pour se rapprocher définitivement d’April, non plus par jalousie, cependant, mais parce qu’il en aurait voulu à la tortue de s’abaisser à un tel sacrifice. Lui-même n’adressait plus la parole à la rouquine, lorsqu’il l’apercevait au lycée, et elle ne cherchait pas davantage à renouer.

Marion arriva, le manteau et le bonnet couverts de flocons de neige. Raph se précipita pour l’accueillir, mais Mikey fut le plus rapide. Il bondit des pattes de Leatherhead et traversa la pièce en courant pour la serrer dans ses bras. L’adolescente lui rendit son étreinte, puis ils la partagèrent avec le ninja rouge.

- J’ai apporté le dîner, annonça-t-elle en désignant les deux sacs qu’elle tenait. Pizza, pizza et...

- Pizza ? compléta Mikey, sûr de lui, en déclenchant l’hilarité générale.

Léonardo interrompit sa partie de flipper, sous l’œil narquois de Karai qui l’avait mis au défi de battre son meilleur score, et ensemble, ils rejoignirent le petit groupe qui s’était formée autour de l’arrivante. Les embrassades et les rires fusèrent encore, et Mikey, grisé par cette ambiance joyeuse, ne résista pas à la tentation d’envoyer une ultime invitation à leurs autres amis. À part à Marianne, bien entendu. Marianne, c’était peine perdue.

***

April était sortie prendre l’air un instant sur le balcon. Il régnait dans le salon de sa tante, qui avait organisé un petit réveillon auxquels elle les avait conviés, son père et elle, ainsi que quelques amis, une chaleur étouffante. Elle aurait mieux fait de s’abstenir de siroter cette coupe de champagne, mais elle appréciait l’effet apaisant que l’alcool avait eu sur elle.

Elle se sentait un peu plus calme et détendue qu’en début de soirée, mais le nœud de son estomac se rappela à son bon souvenir en même temps que la sonnerie de son portable. Elle aurait dû se douter que Michelangelo ne capitulerait pas aussi facilement.

Elle supprima le message sans le lire. Non, elle n’irait pas à leur fête. Et non, elle ne retournerait pas dans les égouts. Elle avait fait son choix, et elle devait en assumer les conséquences. Tirer un trait et passer à autre chose. C’était soit cela, soit se résoudre à continuer à souffrir en vain.

Elle savait, pour Raph. Elle continuait parfois d’avoir des visions, généralement anodines. Quand elle avait vu Marion en compagnie d’un adolescent qui portait un bandeau rouge, elle avait compris. Donnie avait réussi. Il avait créé un mutagène stable capable de conférer aux tortues une apparence humaine. Une apparence que seul Raphaël avait choisi d’adopter.

À quoi est-ce qu’elle s’attendait ? À ce que Donatello vienne frapper à sa porte avec cinq doigts enveloppés de chair, et non plus trois couverts d’écailles ? Elle l’avait perdu. Elle avait tout perdu. Il lui restait plus que cette vie humaine, et puisque l’humanité était ce qu’elle avait toujours désiré, elle apprendrait à s’en contenter.

April prit une profonde inspiration et, malgré le léger tressaillement de son pouce, pressa le bouton qui bloquerait le numéro de Michelangelo. C’était terminé. Regrets ou pas, elle allait de l’avant.

***

À l’exception des Mutanimaux qui patientaient devant la porte restée ouverte, tout le monde s’était rassemblé dans le dojo. Marion estimait que sa place aurait dû être aux côtés de Leatherhead et de Slash, car elle ne faisait pas vraiment partie du clan Hamato, et elle était encore moins l’enfant de Splinter, biologique ou adopté, mais Mikey et Raph avaient insisté, et même Léo, Donnie et Karai l’avaient encouragée à se joindre à eux.

La kunoichi était agenouillée sur le sol, face à l’arbre entre les racines duquel ils avaient déposé la photo représentant maître Splinter sous sa forme humaine, en compagnie de sa femme Tang Shen et de sa fille elle-même. En tant que robot, elle ne pouvait pleurer, mais son chagrin était perceptible. Karai alluma les deux bougies placées de part et d’autre du cadre et prononça quelques mots :

- Père, je te souhaite d’être en paix, désormais. J’espère que tu as pu retrouver Maman, et que vous êtes heureux, tous les deux. Nous avons connu des hauts et des bas, depuis ton départ, mais nous sommes de nouveau réunis, et plus liés que jamais. Merci à toi de m’avoir offert cette famille. Nous veillerons les uns sur les autres, je te le promets.

Les tortues s’exprimèrent à leur tour, mais Karai avait tout résumé, et il ne restait presque rien à ajouter. Marion se contenta d’incliner respectueusement la tête pour saluer la mémoire de Splinter quand ses amis eurent terminé. Elle ressentait toujours une pointe de culpabilité, à cause de son implication dans les évènements de la nuit où il avait péri, mais afin de ne plus se reprocher mutuellement sa mort, tous en étaient arrivés à la conclusion que le seul véritable responsable de ce drame, c’était Shredder.

Le Destructeur était toujours quelque part dans la nature, mais nul ne savait où, ni ce qu’il mijotait. Tiger Claw aussi semblait s’être volatilisé. Les tortues ne désespéraient pas, cependant. Tôt ou tard, elles les retrouveraient. Et tôt ou tard, elles se vengeraient.

***

Marianne repoussa l’assiette vide dans laquelle elle avait mangé une portion de nouilles préfabriquées et se redressa sur sa chaise pour ramener son attention sur l’écran de son ordinateur portable, où un programme tournait à plein régime. Elle le réduisit, le temps pour elle de consulter l’heure. Minuit moins cinq.

Elle saisit le petit cadeau enveloppé de papier rouge et or qui était posé à côté de son clavier. Marion le lui avait laissé avant de descendre dans les égouts, tout en lui faisant promettre de ne pas l’ouvrir avant le lendemain.

L’adolescente avait même, pendant un moment, envisagé de ne pas se rendre à la fête organisée par les tortues pour rester avec son aînée, mais Marianne l’y avait poussée, arguant qu’elle avait toujours détesté Noël, qu’elle considérait comme une perte de temps. Elle préférait encore passer sa soirée à travailler sur ses différents projets.

Les quatre zéro s’alignèrent dans la barre des tâches. La jeune femme fit tournoyer son cadeau entre ses doigts et tira sur le ruban doré pour le détacher. Elle était sur le point d’ouvrir le reste de l’emballage quand un bip sonore retentit. Une nouvelle fenêtre se matérialisa à l’écran, diffusant en noir et blanc la vidéo d’une caméra de surveillance.

Deux individus se tenaient à l’image. Deux colosses, l’un dont le corps semblait presque entièrement recouvert d’acier, l’autre de fourrure. Son scan basé sur les nombreux systèmes de surveillance et de sécurité dont New York avait été dotée au cours des derniers mois avait porté ses fruits.

Marianne ouvrit une boîte de dialogue et connecta son micro-casque, tout en lançant une communication avec le portable de Marion. Elle s’attendait à ce que celle-ci tarde à décrocher, car la fête devait battre de son plein, mais elle accepta aussitôt l’appel. Elle avait peut-être anticipé que son aînée ouvrirait son paquet à minuit pile et la contacterait pour la remercier. Elle allait avoir une sacrée surprise...

- J’ai localisé votre Détrousseur, annonça Marianne de but en blanc. Joyeux Noël, petite sœur.

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