Le lien qui nous unis

Chapitre 4 : La confiance

7240 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/03/2021 22:57

Chapitre IV : La confiance

           Vanaheim est à mes yeux l’un des plus beaux des neuf royaumes et il me fait beaucoup penser à Asgard. Ces terres recouvertes de végétations donnent l’impression que cette planète grouille de vie. Mais ces forêts denses laissent place à un palais en marbre blanc où règne l’ordre et le raffinement. Un contraste que l’on retrouve aussi sur Asgard qui est tout aussi recouvert de bois, de cascade, de ruisseau, de plaines et qui dans le même temps dispose d’une ville immense toute en or. Et sans que je ne puisse expliquer pourquoi, ce contraste entre la vie sauvage et urbaine est quelque chose qui m’apaise. Peut-être est-ce tout simplement parce que cela me rappelle mon enfance passée à chasser dans les bois avec mes amis Sif, Frandal, Volstagg et Hogun. Nous y passions des heures à chercher du gibier sans avoir la crainte de se perdre, car nous savions que Heimdall veillait sur nous grâce à ses yeux divins. Et ce n’était que le soir venu que nous regagnions le palais pour retrouver nos parents respectifs. Et chaque soir, ma mère me guettait afin que j’aille prendre un bain pour enlever toute la crasse que nous accumulions dans ces jours d’explorations et d’aventures. Et ce n’était qu’une fois propre que je pouvais aller la retrouver dans son refuge, le Fensalir, où je retrouvais souvent ma mère en train d’apprendre la magie à Loki. Et à chaque fois, je venais les déranger et je faisais tout pour attirer l’attention de mère. Quitte à taquiner Loki.

           Ces souvenirs me remplirent de sentiment contradictoire. Ces années avaient été probablement les plus heureuses de ma vie. J’étais un enfant adulé par ses amis et aimé par ses parents. Mais, j’avais des remords sur la façon dont j’avais traité mon jeune frère dont la rancœur commence seulement à s’effacer.

-      Tu en fais une tête… Me fait remarquer le principal intéressé.

-      Je repensais à toutes les parties de chasses que j’ai pu faire sur Asgard dans des forêts similaires, mon frère. Lui avoue-je.

-      Depuis quand tu es saisi par la nostalgie ? En général, tu es à peine capable de réfléchir à des événements qui remonte à plus de vingt-quatre heures. Me provoque-t-il avec un sourire narquois.

-      Pourquoi te sens-tu obligé d’être toujours si désagréable ? Demande-je en soupirant.

-      Je ne suis pas le dieu de la malice, de la discorde et des illusions pour rien.

-      Tu pourrais tout aussi bien être le dieu de l’ironie. Souligne-je.

-      Je laisse cet honneur à ton ami l’Avengers, ils ne te manquent pas trop ?

-      Si, je compte bien aller les voir après cette mission. Acquiesce-je un peu surpris de ce soudain intérêt de la part de Loki.

-      Par la barbe d’Odin, s’exclame-t-il. Je ne comprends vraiment pas à ce que tu trouves à ces êtres inférieurs.

-      Ce sont mes amis. Ils sont braves et intelligent.

-      En même temps pour toi-même un poulet est intelligent.

Je lève les yeux au ciel de désespoir. Loki, même s’il essaye de se montrer sous son meilleur jour, ne pourra jamais s’empêcher de me taquiner et me provoquer. Et au fond, je dois avouer que cela me passe au-dessus. Il peut me traiter de débile, je sais ce que je vaux. Et je ne me sens pas rabaissé par ses propos. Je ne suis peut-être pas la personne la plus intelligente de cet univers, mais je suis loin d’être la plus stupide.

Dans tous les cas, nous n’avons pas de temps à perdre. D’après les dires d’Odin, une guerre civile est sur le point d’éclater à Vanaheim et nous devons tout faire pour éviter ça. Car ce royaume est l’un des plus fidèle d’Asgard, même si de temps à autres certains habitant ne supportent plus d’être sous le contrôle de mon peuple, et cherche à se rebeller contre leurs divins souverains. Aussi pour éviter que la situation ne dégénère d’avantage, et pour assoir la puissance royale, mon Père à décider de renvoyer Freyja sur ses terres. La déesse de la fertilité, de l’amour et la prospérité est, en effet, une Vanes issue de ces riches terres. A ce jour, son frère jumeau Freyr, dieu de la prospérité, est resté sur Asgard en compagnie des autres nobles. Jusqu’ici, cette organisation a été fructueuse et Freyja a su garder sous contrôle les deux peuples sous ses ordres. Et si de temps à autres nous avons dû intervenir face à des brigands, c’est la première fois que l’équilibre même du royaume est menacé.

Pour en apprendre plus sur ce qu’il se passe réellement ici, nous nous rendons sans plus attendre jusqu’à l’immense palais. Les allées sont gigantesques toutes recouvertes d’un marbre à la blancheur impeccable et la monochromie des lieux n’étant coupée que par des meubles en bois massif. Et bientôt, nous arrivons dans la salle du trône qui a des tons similaires au reste du palais, mais qui est plus richement décoré encore. Aussi, en face de nous, se trouve le siège royal sur lequel est assise Freyja qui est toujours aussi majestueuse. Sa peau opaline étant encadrée par une chevelure flamboyante qui descend jusqu’au bas de ses reins. Son regard vert, qui est à la fois perçant et bienveillant, se pose sur nous, et une moue de soulagement apparu sur ses pulpeuses lèvres rouges. Nous nous approchons de la souveraine des lieux et nous nous inclinons pour effectuer la révérence qui en signe de respect à sa majesté.

-      Fils d’Odin, vous n’êtes pas obligé vous incliner ainsi devant moi. Souligne-t-elle de sa voix envoutante.

-      Freyja, je suis ravi de te revoir. Dis-je en m’approchant de la jeune femme.

Elle vient m’enlacer avec tendresse et sensualité avant de faire la même accolade à mon frère. Et si j’ai le plus grand des respects pour son statut de reine, nous sommes cependant restés très proche suite à ses années passées sur Asgard. En effet, du temps où ses parents régnaient encore sur Vanaheim, Freyja est venue avec son jumeau Freyr, sur nos terres pour grandir et sceller l’amitié entre les Vanes et les Asgardiens. Et durant ces longues années, nous sommes devenus de très bons amis avant qu’elle ne doive retourner régner sur Vanaheim après le décès de ses parents. Ses parents n’étaient autres que le Dieu de la mer et des vents, Njörd, qui était marié à sa propre sœur, Nerthus, ancienne déesse de la fertilité[1]. Sans doute encore très attachée à eux, Freyja a accroché une peinture représentant toute sa famille au-dessus de son trône. Tous les membres de la famille royal sont représentés unis et souriant. Njörd qui était un homme costaud à la chevelure flamboyante, la barbe longue, et fournie. Le torse bombé et fier, il avait un bras autour de sa femme et sa main droite est quant à elle posée sur son petit garçon. Freyr qui n’était encore qu’un enfant à l’époque se tenait tout aussi droit que son père et abordait un sourire enjôleur sur le portrait. Physiquement, à mes yeux, il tient plus de sa mère ayant hérité de la blondeur de ses cheveux et de ses yeux. Nerthus, sur le portrait, est une femme ravissante ayant un physique tout aussi avantageux que ceux de ses enfants. Son visage rond inspirait l’innocence ce qui était renforcé par ses cheveux à la couleur des blés qui lui donnait un air angélique. Mais son sourire charmeur suggérait qu’elle était une femme qui savait ce qu’elle voulait. Une attitude que l’on retrouve communément chez ses deux enfants, mais plus particulièrement sur Freyja. Ce petit sourire malicieux étant déjà présent sur les lèvres de la jeune fille qu’était la déesse de la fertilité sur cette photo.

-      Cela me fait plaisir de te revoir Freyja, lance-je, j’ai l’impression que cela fait une éternité que nous n’avons pas eu l’occasion de se rencontrer.

-      Une éternité bien courte puisque nous nous sommes vues il y a moins de trois ans de cela, me rappelle-t-elle sur un ton rempli de sensualité.

-      Oh mais comme Thor côtoie des mortels, l’éternité lui semble soudainement raccourci, lui précise Loki.

-      J’avais oublié ce détail, approuve Freyja.

-      Freyja, trêve de plaisanterie, dis-je soudainement agacé par les reproches sous-jacents sur mon amitié avec les midgardiens. Nous sommes ici pour t’aider. Que-ce passe-t-il ?

-      Suivez-moi.

Elle attrape avec délicatesse sa robe blanche moulante pour ne pas s’entraver les pieds dedans avant de partir par la porte qui se trouve sur la droite. Et après quelques minutes à longer un long couloir, elle nous conduit dans un jardin gigantesque. Nous marchons à ses côtés en silence jusqu’à ce que nous ayons atteint un kiosque, lui aussi tout en marbre, qui tranche avec la végétation luxuriante des environs. Lasse de ce trajet, Freyja s’installe lascivement sur le banc avant de nous enjoindre à en faire de même. Tous deux installés à ses côtés, elle m’explique avec un ton un peu moins langoureux qu’à son habitude :

-      Thor, Loki, je suis désolée de vous mener aussi loin, mais les murs ont des oreilles et désormais je ne sais plus en qui je peux avoir confiance.

-      Freyja, tu peux avoir confiance en nous. On arrêtera cette guerre civile ! Lui réponds-je avec force et fermeté.

-      Les choses sont plus compliquées que ce que tu penses Thor, fils d’Odin. Me répond-t-elle avec une autorité maternelle. Les Vanes sont à la tête du royaume de Vanaheim avec l’accord d’Odin, le Père de toute choses, mais certains Ases[2] y voit une trahison de leur seigneur et ne tolère pas de vivre ici, sous la direction d’une Vanes. Ils pensent que le Père de toute chose a eu tort de nous céder ces terres. Et c’est un mouvement qui gagne de plus en plus de puissance.

-      Pourtant, Odin lui-même vous a accordé de régner ici ! S’ils étaient réellement fidèles au Roi des Ases, il ne remettrait pas en doute les choix de mon Père ! M’insurge-je contre de tels propos.

-      Encore une fois, on voit l’étroitesse d’esprit du fils d’Odin, soupire Loki.

-      Pardon ?! M’énerve-je.

-      L’allégeance ce n’est pas lié à un monarque en lui-même. Mais à des croyances, à la peur ou encore à l’espoir. Si l’un de ses éléments semble ne plus être en adéquation avec la conviction profonde d’un individu, cela peut tout remettre en question. M’explique Loki avec une forme d’impatience et de mépris.

-      Ton frère a raison, approuve Freyja. Ces individus sont persuadés que les Ases sont supérieures aux Vanes, et qu’Odin s’est montré faible et lâche en nous mettant sur le trône. 

-      Ils n’ont pas tort ceci dit, approuve mon frère avec son air de serpent sur le visage. Après ce que ton peuple à fait à Mimir, il aurait été tout à fait juste, sans offense pour toi ou ton frère, que l’on vous retourne la pareille et que les Vanes soient juste bannis à jamais des neuf royaumes.

-      Loki ! Le repris-je instantanément.

-      Le discours de ton frère représente tout à fait les pensées de certains Ases… Répond-t-elle avec une certaine anxiété dans la voix. Et aujourd’hui, de nombreux Vanes sont pourchassés et décapités…

-      Décapités ? Comme Mimir ?

Je reste songeur face à cette annonce. En effet, c’était il y a plus de deux milles ans maintenant, que la guerre qui faisait rage entre les Vanes et les Ases a pris fin. Mais cette paix s’est obtenue dans le sang, autant de nos braves soldats qui se sont affrontés sur les champs de bataille que dans l’échange qui a eu lieu pour apaiser les tensions. Cet échange avait été accordé par Odin, le roi des Ases, et Njörd, le roi des Vanes. Ils étaient censés échanger des membres de la famille royale les uns avec les autres en guise de monnaie garantissant que les pourparlers se feraient sans violence ni piège. Et si les Vanes ont respecté leur part du marché en envoyant Freyja et Freyr, leurs deux enfants, sur Asgard. Mon Père n’a pu se résoudre à nous faire courir un tel risque à Loki et moi. Aussi, il envoya son frère Hoenir le simplet et Mimir le Dieu de la sagesse chez eux. Si au départ, ils ont pensé que l’échange avait été respecté et que mon Père leur avait envoyé un Dieu capable de prédire l’avenir, et de ne prendre que des décisions toutes plus sages les unes que les autres, la tromperie ne durera qu’un temps. Car Hoenir, tel que je le connais aujourd’hui, est incapable de prendre la moindre décision censée. Il se contente de grogner des incohérences sans queue ni tête. Furieux de voir que tous les conseils provenaient en réalité du Dieu Mimir, qui ne provenait pas de la famille royale, les Vanes l’ont décapité avant d’envoyer sa tête à Odin. Cet affront aurait pu mettre fin à toute possibilité d’accord si mon Père n’avait pas eu l’intelligence de faire passer le besoin des neuf royaumes avant ses propres désirs de vengeance. Désirant plus que tout protéger la paix, il avait tout de même œuvré pour que les accords soient signés, et que les Vanes règnent sur Vanaheim avec la protection d’Asgard. Et, depuis ces heures sombres, nous n’avons jamais eu de nouveaux heurts avec les Vanes[3]. Bien au contraire, depuis que Freyja et son frère son venu chez nous, nous avons tissés des liens de confiance inébranlable.

-      Qu’allons-nous faire ? Me supplie Freyja du regard.

-      Pour commencer, nous devons trouver les rebelles et anéantir leur campement !

-      On devrait plutôt trouver les rebelles, et anéantir leur motivation. Contre-propose Loki.

-      Comment ça ? Réponds-je surpris.

-      Tu as côtoyé les terriens et combattu l’hydra, pourtant tu ne comprends pas ? Me questionne-t-il.

-      Je ne vois pas le rapport avec ça, rétorque-je sur la défensive.

-      C’est d’une simplicité pourtant, dit-il en levant les yeux au ciel. Pense à leur devise…

-      Si tu coupes une tête, il en repousse une ? Récite-je incertain.

-      Exactement. A quoi bon tenter de les arrêter si c’est pour que le mouvement revienne… Je pense qu’il serait plus sage de les détruire de l’intérieur. Suggère mon frère.

-      Et comment comptes-tu y parvenir ? Le questionne Freyja dans l’attente d’une réponse.

-      Nous devons d’abord nous fondre dans la masse, propose Loki. On doit faire en sorte qu’ils nous fassent confiance.

-      Personne ne pensera que vous êtes de leur côtés, ils ont conscience qu’Odin souhaite maintenir la paix.

-      Oh, mais nous sommes de très bons acteurs, n’est-ce pas Thor ?

-      Oui, on sait obtenir des informations. Approuve-je mais tout en n’ayant aucune idée de la façon dont on peut s’y prendre.

-      Freyja, nous allons essayer de te tuer là, maintenant. Tu vas appeler ta garde qui nous fera arrêter et enfermé en prison. Puis nous nous échapperons, et tu nous feras rechercher pour haute trahison envers la couronne. Et à ce moment-là, il n’y a aucun doute sur le fait que les Ases rebelles viendront nous trouver.

-      Quelles seraient vos motivations ?

-      Le pouvoir. Répond simplement Loki.

Freyja semble toute aussi prise de court que nous par cette explication et par le calme avec lequel Loki le propose. Si je dois avouer que son plan est ingénieux, je le trouve un peu douteux. Mais pour l’heure, je n’en ai pas d’autres. Et visiblement Freyja non plus. Après tout, cela vaut le coup d’essayer, et c’est maintenant ou jamais. Si nous attendons, la tentative de meurtre sur Freyja ne serait pas crédible, et de toute façon, il faut se dire que si cela ne fonctionne pas et qu’ils ne reviennent pas à notre rencontre, nous pourrons toujours revenir aux côtés de Freyja et élaborer un autre plan. Certainement plus combattif et moins ingénieux cette fois.

-      Le seul problème c’est que je ne sais pas en qui je peux encore faire confiance… Les gardes seront donc réellement à votre poursuite et vous serez en danger… Ce plan me semble risquer…

-      Avez-vous confiance entre votre chef de guerre ? La questionne-je.

-      Oui, il est de la même race que moi. Il n’aurait donc aucun intérêt à voir gagner les Ases. Souligne-t-elle de son habituelle voix sensuelle.

-      Dans ce cas, c’est lui qui va nous arrêter. Appelez-le immédiatement pour lui expliquer la situation.

Freyja se lève et disparu dans les bosquets.

-      Penses-tu que l’on puisse lui faire confiance ? Me demande Loki avec sérieux.

-      C’est les yeux fermés que je lui donnerais ma vie. Réponds-je sans l’ombre d’une hésitation.

J’ai foi en Freyja. Depuis toute petite, c’est une jeune femme droite et profondément aimante de son prochain. Si elle a un petit côté séductrice, et donc manipulateur quelque part, elle est fidèle envers Odin. Une attitude qui me rappelle, par ailleurs, Natasha sur Midgard.

-      J’oubliais que tu es d’une naïveté affligeante Thor, tu es même prêt à me faire une confiance aveugle à moi… Soupire mon frère.

-      J’ai confiance en toi… Dis-je en posant ma main sur son épaule.

-      Tu ne devrais pas, dit-il en détourant le regard. Je veillerais pour nous, Thor.


Au bout de quelques minutes qui me semblent une éternité, la déesse de l’amour et de la fertilité revient parmi nous en compagnie de son garde qui porte une armure reluisante. Grand et massif, cet homme a une carrure imposante malgré son air juvénile. Enfin à notre hauteur, il déclare d’une voix autoritaire :

-      Fils d’Odin, permettez-moi de vous remercier pour les risques que vous prenez pour notre souveraine. Mais, je dois vous prévenir que je ne suis pas en mesure d’assurer votre sécurité si vous mettre votre plan à exécution. La majorité de nos hommes sont des Ases, et si je les pense fidèle à notre cause, je ne prendrais pas le risque de vous exposez. De même, une fois là-bas, vous serez seul. Nous ne pourrons pas vous protéger.

-      Nous pouvons assurer nous-même notre protection. Le rassure-je.

-      Thor, Loki… Je ne veux pas qu’il vous arrive malheur… S’exclame Freyja avec fébrilité.

-      Je ne pense pas que notre heure soit déjà venue, lui précise Loki.

Puis, une fois que nous tombons tous d’accord sur la procédure à respecter, nous mettons notre plan en œuvre. Et c’est donc dans un fracas volontairement exagéré que nous lançons notre assaut fictif contre Freyja qui s’éloigne en hurlant à plein poumons tandis que nous nous battons, avec une force toute relative, contre son chef d’armée. Pour attirer l’attention de tous, je décide d’appeler le tonnerre durant de longues secondes. Un puissant nuage sombre se forme au-dessus de ma tête, et bientôt un éclair s’abat avec une détonation qui s’entend dans tout le palais. Ce qui ne manque pas d’alerter la garde qui sous les directives de leur capitaine ne tardent pas à nous neutraliser. Et comme convenu dans notre plan, nous sommes enfermés dans les cellules du château. Et pour faciliter notre évasion, Freyja nous a fait enfermer dans les cellules les plus reculées ayant un accès facilité sur l’extérieur.

Aussi, ce ne fut pas très difficile pour nous de nous évader. Je dois le dire. Une fois que j’ai pu appeler mon marteau, et invoqué la foudre, le mur ne nous résiste pas très longtemps et nous sommes dehors en moins de temps qu’il ne le faut pour ne dire.

-      On s’évade aussi facilement des cellules vanaheimenne que midgardienne, dois-je dire. S’exclame Loki avec amusement.

-      Tu n’en dis pas autant des prisons Asgadienne, le taquine-je.

-      Oh, mais celle-là, je n’ai pas besoin de m’évader. On finit toujours par m’ouvrir la porte en grand, me provoque-t-il du regard.

-      Un jour Loki, si tu pousses le bouchon trop loin, il n’y a aura plus personne pour te sortir de là. Lui explique-je pour tenter de le raisonner.

-      Tu ne viendrais pas m’ouvrir ? Dit-il en s’approchant à quelques centimètres de moi. Tu me laisserais pourrir dans une cage ? Loin de toi ?

-      Seulement si tu ne m’en laisse pas le choix…

Il s’approche de moi avant de me murmurer d’une voix remplie de sensualité : « je ne te donne pas cinq minutes avant de venir me retrouver ». Contrarié, un soupir s’échappe de mes lèvres contre mon gré. J’aurais aimé ne pas lui donner tant d’importance, mais ses propos sont, hélas, véridique. Je sais que j’ai tendance à lui pardonner trop facilement ses actes pourtant impardonnables, mais au fond, je sais qu’il n’est pas méchant. Et que si on lui donne honnêtement sa chance, il peut devenir quelqu’un de bien pour peu qu’on le soutienne. Et j’espère que cette fois-ci il saura saisir l’opportunité qui lui est offerte de faire le bien, et d’impressionner mon Père. En tout cas, pour le moment, cela semble bien parti. Enfin, sauf s’il est à l’origine de la rébellion, et qu’il me dirige droit dans un piège. Une pensée que me fait froid dans le dos tant elle peut être crédible. Seulement, je ne dois pas me laisser piéger par ce genre de songes négatifs qui pollue mon esprit et entache la véritable chance donnée à mon frère.

Je l’écarte de mon chemin pour continuer notre fuite du château. Nous nous rendons dans des ruelles dans les bas-fonds de la ville. Cherchant à se cacher des gardes désormais lancés à notre poursuite. Et, comme prévu par le Dieu de la Malice, bientôt une porte s’ouvre et nous encourage à entrer à l’intérieur. Et c’est sans se faire prier que nous nous engouffrons dedans pour nous dissimuler à nos poursuivants. Bientôt les rues sont redevenues silencieuses, et notre regard se perd sur nos hôtes improvisés. Et c’est le marteau à la main, et l’air volontairement agressif que je leur demande :

-      Pourquoi nous aider ?!

-      On sait ce que vous avez fait… Toute la ville le sait…

-      Oh et que pensez-vous que nous avons fait ? Les questionne Loki de sa voix de serpent.

-      Vous avez tenté de tuer l’usurpatrice ! S’exclament-ils en chœur.

A ces mots, une irrésistible envie de les pendre par les pieds s’empare de moi. Avec mon frère, on échange un regard surpris. Ce à quoi les hommes répliquent :

-      Odin, votre Père, est revenu à la raison ? Il vous a envoyé l’assassiner ?

-      Mon Père estime que le rôle des Vanes arrive à sa fin, assure-je avec fermeté.

-      Il pense que nous serions de bien meilleur monarque qu’une femme dépravée, approuve mon frère.

-      Nous pensions qu’Odin resterait sourd à nos appels.

-      Détrompez-vous, Odin sait plus de chose que ce que vous pouvez penser, suggère Loki.

-      On peut vous amener dans notre base. Je pense qu’avec vous à nos côtés, on gagnera cette guerre facilement !

Cela me semble trop facile. Mais ces Ases semblent réellement enthousiastes de nous avoir à leurs côtés. Ils pensent réellement qu’Odin nous a envoyé pour tuer Freyja pour remettre un Ase sur le trône. Et bien sûr, cette personne doit être Loki… Encore une idée que ne me rassure guère, car j’ai de plus en plus peur de tomber dans une machination organisée par mon jeune frère.

 Et, c’est une fois la nuit tombée que nous marchons à leurs côtés jusqu’au cœur de la forêt entourant la capitale de Vanaheim. L’obscurité s’est progressivement insinuée dans tous les recoins de ces bois, ceux-ci paraissent sombre et menaçant. Seule la lueur de la lune perce à travers des feuillages à la densité éparse donnant des formes fantasmagoriques à tout ce qui est un peu trop éloigné de nous. Ce qui peut très vite nous rendre un peu paranoïaque, et je dois avouer que cela augmente mon sentiment d’insécurité quant à ce plan. Plus on avance, et plus j’ai l’impression d’aller droit dans la gueule du loup.

Pourtant après quelques kilomètres de marche dans cette forêt dense, une lueur vacillante se dessine à l’horizon et des voix brisent le silence qui régnait jusque-là dans la forêt. Je profite de cette douce lumière pour jeter un coup d’œil à mon frère qui semble étrangement serein. Lorsque je l’observe ainsi, je sens tout mon être me dire de m’enfuir avant de me faire avoir une nouvelle fois. Pourtant ma raison, et mon amour pour lui, m’interdit d’agir de la sorte. Après tout, je n’ai aucune chance d’être crédible face à Odin si je lui demande de lui faire confiance, alors que je doute moi-même. Et alors que je suis en train de me ressaisir, nous entrons dans le campement. Et, le moins que l’on puisse dire, c’est que notre arrivée ne passe pas inaperçue, et notre présence, ici, attire de nombreux regard curieux. Et bientôt nous sommes encerclés par une vague de murmures. Puis, le silence. Plus personne ne prononce le moindre mot, et la raison à cela, est la présence de leur chef parmi nous. Un homme plus grand, et plus costaud que les autres, marche d’un pas assuré vers nous. Sa carrure imposante est renforcée par son visage dur, encerclé par une épaisse chevelure ébène, et une hirsutes barbe noire qui lui donne un air encore plus féroce. C’est d’une voix puissante qu’il déclare :

-      Fils d’Odin, que faites-vous ici ?

-      On est venu reprendre ce qui nous est acquis de droit, lui assure Loki avec un air mielleux peint sur le visage.

-      Odin vous a ordonné de tuer Freyja ? Nous questionne-t-il sceptique.

-      Non. Réponds-je avec certitude. Odin n’enverrait jamais ses fils tuer un souverain.

-      Vous êtes donc des traitres ?!

-      Traitre est mon deuxième prénom, plaisante Loki. Et, on doit dire que nous n’aimons guère voir une Vanes sur un trône qui devrait nous appartenir.

-      Donc, ce que vous dites, c’est que vous êtes en train de trahir les ordres du Père de toute chose ?

-      Au fond, mon Père sait que c’est la meilleure chose à faire, mais il n’a plus le cran de le faire aujourd’hui. Et puis, de toute façon, il ne pourra pas condamner ses deux fils pour ça. Explique-je sûr de moi.

-      Et au pire, on sait qu’on ne serait pas condamné bien longtemps. J’ai bien tenté de tuer Thor deux fois, et je suis dehors aujourd’hui. Cela montre bien le laxisme d’Odin. Surenchéri le Dieu de la Malice.  

L’homme devant nous sembla perplexe face à nos arguments. Sans doute est-il en train de douter de la véracité de nos propos. Et il est logique qu’il doute. Si Loki est connu pour son penchant pour la trahison ce n’est guère mon cas.

-      Pourquoi prendre le risque de trahir votre Père et perdre la succession au trône ? Me demande-t-il en me fixant droit dans les yeux.

-      Je ne renonce à rien ici. Je montre à tout le monde que Thor, fils d’Odin, sera un monarque puissant qui ne laisse pas des crimes de sang impuni. Lui explique-je.

-      Des crimes de sang ? Vous faites référence au Dieu de la sagesse Mimir ?

-      Mimir était un membre de ma famille. J’y tenais autant qu’à mon propre frère. Et cela fait bien trop longtemps que sa mort reste sans réponse. Argue-je.

-      Mais la question est… Quelles sont vos motivations à vous ? Lui demande Loki avec une forme de mépris.

-      Mes motivations ? Nous demande avec surprise l’homme en face de nous.

-      Vous nous avez demandé les nôtres, mais nous avons des raisons d’agir ainsi. Approuve-je la démarche de mon frère. Mais quelles sont les vôtres ?

-      Les miennes sont simples, fils d’Odin. Je veux reprendre ce qui me revient de droit.

-      Qui êtes-vous pour prétendre que ce trône vous revient de droit ? Le provoque-je en saisissant mon marteau.

-      Je suis Nep, fils de Snorri[4], et je suis l’héritier légitime de ce trône.

Le fils légitime de ce trône ? Les seuls enfants légitime à pouvoir un jour réclamer le pouvoir sont pourtant bel et bien les jumeaux Freyja et Freyr dont leurs ancêtres ont régné sur Vanaheim depuis toujours. Je ne sais pas qui est ce Nep, et je ne connais pas plus Snorri, mais une chose est certaine, ce type est cinglé.

-      Comment comptez-vous reprendre votre trône ? Demande Loki avec un certain amusement.

-      Maintenant que notre armée compte les fils d’Odin, nous allons pouvoir attaquer au petit matin.

-      Bonne idée, approuve loki.

Cette remarque lui vaut un lourd regard de reproche. Comment peut-il dire que c’est une bonne idée ? Qu’est-ce que nous allons bien pouvoir faire pour éviter ça maintenant ? D’autant plus qu’en face de nous se trouve une véritable armée. Nous sommes largement en insuffisance numérique, et le problème, c’est que nous n’avons aucune idée du nombre d’infiltrés et de fidèles qu’ils peuvent avoir parmi ceux qui sont encore dans la capitale de Vanaheim.

-      Avez-vous une tente à nous donner ? Nous sommes épuisés de notre journée et des combats que nous avons déjà menés.

-      De la nourriture aussi, réclame-je pour rester dans mon rôle.

Au fond, je n’ai aucune envie de manger quoique ce soit. Mais nous, les asgardiens, nous sommes connus pour notre bon coup de fourchette. Aussi, si nous ne réclamons rien à se mettre sous la dent, cela pourrait paraitre bizarre à nos interlocuteurs. Aussi, c’est avec une forme d’enthousiasme qu’ils nous servent de quoi nous sustenter. Et pendant tout le dîner, nous avons dû écouter leurs idées d’un autre temps sur les races supérieures et inférieures que représentent les Ases et les Vanes. Des propos qui me rappelle une histoire que Tony m’a raconté à propos de l’enfance de Captain America. Comme quoi il aurait combattu des Nazis, je crois que c’est cela le terme qu’il avait employé, et qui considérait qu’un fragment de la population était supérieur au reste, et qu’ils avaient fait exterminer tous ceux qui n’étaient pas digne de vivre. Si seulement j’avais été plus attentif à son récit, j’aurais peut-être su comment ils avaient fait pour gagner la guerre contre eux, et j’aurais peut-être pu appliquer la même méthode ici.

Une fois le repas terminé, je regagne la tente en compagnie de Loki. Je m’installe dans ma couche avant de lui demander avec sérieux :

-      Tu as un plan, j’espère ?

-      J’ai un plan Thor. Approuve celui-ci. Et il est déjà en marche.

-      Et quel est-il ? Demande-je avec une forme d’impatience.

-      Tu le découvrir bien assez vite…

Il s’approche de moi et s’installe dans le lit à mes côtés. Il se penche avec sensualité au-dessus de moi avant de me dire d’une voix malicieuse :

-      En attendant, j’ai envie de m’amuser un peu. L’ambiance est trop tendue jusque-là.

Il glisse sa main jusqu’à mes parties intimes avant de les agripper avec force. Énervé, je repousse sa main avec violence. Je ne sais pas à quel jeu il joue, mais je n’ai aucune envie de lui donner satisfaction. Nous sommes ici pour une mission. Pour sauver Freyja, une amie d’enfance, qui a toujours été à notre écoute. Qui est douce et qui est un bon monarque. Et lui il ne pense qu’à… Des choses… Inqualifiables !

-      Comment tu peux faire ça ?! Nous sommes ici pour protéger Freyja ! Elle est comme une sœur pour moi. Et la seule chose que l’on sait c’est que nous sommes en infériorité numérique ! Comment veux-tu que je me détente avec ça sur les épaules ?

Loki se redresse d’un coup avant de placer son visage en parfaite alignement avec le mien. Puis il me demande avec un sérieux inhabituel :

-      Tu as confiance en moi ?

J’aimerais pouvoir répondre oui sans la moindre hésitation. Mais je dois dire que ces derniers temps, je doute de ses motivations. Et s’il est en train de me tendre un piège ? Et si son but est que Nep arrive réellement à tuer Freyja pour prendre le contrôle de Vanaheim par la suite ? Je sais que je dois lui faire confiance. Je sais que la réponse qu’il veut entendre est un oui franc. Aussi, je finis par lui dire :

-      Je te fais confiance, mon frère.

-      Dans ce cas, tu peux te détendre ce soir. Je m’occupe d’absolument tout.

Je soupire de lassitude. Ce n’est pas le genre de réponse que j’ai envie d’entendre pour ma part.

-      Et si ton plan ne marche pas ?

-      Tu ne me fais pas confiance ? Me questionne-t-il à nouveau.

-      Pourquoi tu es soudainement obsédé par cette question ? Lui demande-je agacé.

-      Parce que j’ai vu ton regard tout au long de cette journée. A quoi penses-tu Thor, fils d’Odin ? Que je vais te trahir à nouveau ? Ici ?

-      Je… Voudrais te faire confiance Loki…

-      Mais ? Me coupe-t-il.

-      Il faut aussi que tu fasses tes preuves, dis-je en tentant d’être le plus diplomate possible.

Une remarque qui semble blesser mon frère qui se redresse d’un coup avant de regagner sa couchette.

-      Tu es bien le digne fils de ton Père.

-      Notre Père, le corrige-je.

-      Je te l’ai déjà dit. Odin n’est pas mon Père.

Je décide de ne rien répondre pour éviter d’envenimer les choses. Mais si cela va trop loin, demain, je serais obligé d’intervenir avec la force pure. Et aux vues des forces militaires de Nep, la victoire est loin d’être assurée. Aussi, du plus profond de mon cœur, j’espère pouvoir faire confiance à mon frère sur ce point-là. Et pour la première fois depuis notre plus tendre enfance, j’espère qu’il va la mériter.


A suivre


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Bonjour, bonsoir,


J’espère que ce chapitre vous aura plu ! Si tel est le cas, n’hésitez pas à me le dire en commentaire !

La suite devrait arriver dans les prochains mois alors il va falloir s’armer de patience !


Sur ce, bonne soirée, et bonne lecture !


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[1] Dans la mythologie, Njörd est marié à la géante Skadi mais a bel et bien fait des enfants avec Nerthus sa propre sœur. Pour plus de facilité dans cette histoire, Njörd est marié à Nerthus avec qu’il a conçu ses enfants dans le cadre d’un mariage.

[2] Petite précision : Odin, Thor et Loki font partit de la race des Ases, les seigneurs des liens qui sont en opposition aux Vanes les seigneurs amicaux.

[3] Ici, je m’inspire librement des légendes nordiques ! Difficile de trouver de la documentation fiable sur internet, je décide de l’interpréter librement dans mon récit ! Après tout, Marvel ne s’en prive pas ;)

[4] Snorri Sturluson est en réalité l’auteur ayant fait apparaitre le Dieu Nep dans le récit Gylfaginning

Comme je n’ai pas trouvé le véritable père de Nep, j’ai décidé de mettre son père littéraire !


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