Miraculeux Décembre

Chapitre 9 : Dimanche 8 décembre | Harmonie

1462 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/12/2019 09:13

✲ Cher journal,


Il est deux heures du matin et je peine à m’endormir. ✲


Allongée sur mon flanc, le cahier éclairé à la lumière de mon téléphone, je baille la bouche grande ouverte. Samedi est passé beaucoup trop vite à mon goût. Je jette un coup d’œil sur le coussin où Tikki dort profondément. Mes lèvres s’étirent devant tant de mignonnerie.


✲ Ce fût l’une des plus belles journées de l’année. […]


Quand nous sommes arrivés au Jardin des Tuileries, Luka m’a proposé de jouer un morceau de guitare qu’il avait composé le matin-même. Malgré le froid, je ne détecte aucune fausse note, aucun accord désagréable, rien que des sons qui me transportent loin du froid mordant.


- « Qu’est-ce que tu en penses ? » Me demande-t-il alors que mes paupières sont toujours closes.


J’ouvre les yeux pour lui réponde et croise son regard. C’est loin d’être le même sentiment que je ressens auprès d’Adrien, mais c’est agréable. Oh non, je commence déjà les comparer, Alya avait raison !


- « Si c’est mauvais, tu peux me le dire. » Ajoute-t-il sans se douter de mon combat intérieur.

 

- « Non, non, pas du tout ! Tu es très doué ! Désolée, j’ai un peu la tête ailleurs. »


Et l’avouer devant lui n’est pas vraiment la meilleure idée que j’ai eue.


- « Quelque chose te tracasse ? »


Je secoue vivement la tête, fermement décidée à ne pas orienter ce rendez-vous vers ma simple personne. Enfin, quand je pense rendez-vous, je devrais plutôt dire « entrevue ». A moins que…


- « Je peux peut-être deviner… Adrien ? »


Mes doigts se crispent sur le bord du banc où perlent quelques gouttes formées par le froid. Luka pousse un léger rire et enchaine avec quelques notes de guitare.


- « Ce n’est pas ce que tu crois. » Je bredouille, honteuse.


- « Je ne crois rien du tout, Marinette. Tout ce que je vois, c’est que tu as besoin de te changer les idées. »


Il a raison, j’approuve ses dires et profite de sa musique. Lorsqu’il s’arrête de jouer, Luka se tourne doucement vers moi.


- « Tu connais ce coin ? »


J’observe distraitement le paysage, essentiellement composé de verdures et de petits chemins pour les touristes. Evidemment que je les connaissais comme ma proche, à force de sillonner Paris à l’assaut des akumas, j’ai fini par emmagasiner suffisamment de connaissances pour devenir guide touristique le jour où mon boulot de super-héroïne s’achèvera. Mais pour la forme, je décide de me montrer plus modeste :


- « Pas vraiment. »


Luka me tend alors sa main.


- « Dans ce cas, suis-moi. »


Cette image me rappelle subitement ce jour-là, à la patinoire, où Luka et Adrien me tendaient leurs mains pour m’aider à me relever. Cette fois-ci, il n’y avait que la sienne. Ainsi, je l’attrape sans une once d’hésitation et me laisse entrainer dans des sentiers moins fréquentés. Et c’est ce que nous avons fait, une bonne partie de l’après-midi. Vagabonder dans cette atmosphère glaciale s’est avéré plus agréable que je ne l’aurais cru. Je m’amusais à nommer chacun des akumas en fonction des lieux dans mon esprit. Inconsciemment, je me suis aperçue à quel point je me suis investie dans mon devoir cette année.

Peut-être n’étais-je pas une si mauvaise Ladybug, après tout.


Vers dix-huit heures, Luka s’est retrouvé à jouer de la guitare pour un petit groupe de touristes, non loin des quais de la Seine. Je l’écoute calmement tandis que les gens, munis de leurs téléphones portables, ne se gênaient pas pour le prendre en photo ou capturer cet instant en vidéo. L’espace d’un instant, j’hésite à les imiter, mais une part de moi pense que ce n’est pas une bonne idée. De toute façon, j’aurais des centaines d’autres occasions d’entendre sa musique.


- « Désolé, je vais m’arrêter là, mes mains sont glacées. »


Son excuse déclenche en moi comme un déclic. Ses phalanges sont blanches, soumises aux attaques du vent. Pourquoi ne pas lui offrir des mitaines pour Noël ? Comme ça, il pourra jouer même en extérieur ! Je me renfrogne aussitôt. Et s’il trouvait ça nul ? Je n’ai aucune idée de ce qu’il aime, mise à part la musique.


- « Tu viens Marinette ? » M’appelle-t-il, prêt à reprendre le chemin de chez moi.


Bon, nous ne sommes que le huit, il me reste du temps de choisir un cadeau qui lui ferait plaisir. Loin de la boulangerie, nous empruntons le métro pour nous en rapprocher. Terrible erreur, le samedi, en plein froid, les rails sont bondés. Luka empoigne mon bras et s’insinue entre les gens pour rentrer dans le métro. Lui appuyé sur une barre en métal, moi calée contre lui au point où je sens sa respiration dans mon oreille, j’essaie de ne pas bouger pour ne pas l’incommoder.


- « Tu arrives à respirer ? »


Ainsi collée contre lui, son odeur mentholée m'emplit les narines. Je tente de m'éloigner d'un pas en arrière mais me heurte contre un passager. Celui-ci émet un grognement inconvenant et semble sur le point de se plaindre quand une main me presse l'omoplate pour m'approcher de Luka. C'est la sienne, je le toise, surprise.


- « Attention, ne te fais pas mal. » Marmonne-t-il en glissant progressivement sa main le long de mon épaule.


Remarque-t-il son geste ou s'agit-il d'un réflexe protecteur de sa part ? Son visage s'orne d'un sourire bienveillant. Mon attention se reporte sur la vitre du wagon, où notre reflet me donnent vaguement l'impression que nous ressemblons à un jeune couple. Cette pensée tourne dans ma tête pendant deux stations.


- « Tu les avais déjà vus, n'est-ce pas ? »


Sa réflexion brise la bulle dans laquelle je me suis réfugiée. Je lève brusquement le menton et l'interroge du regard.


- « Le Jardin des Tuileries, les petits sentiers, tu les connaissais déjà, pas vrai ? »


J'écarquille les yeux et manque de trébucher, oubliant presque de me tenir contre les secousses du métro.


- « Euh... Je... Non, tu ?


- Je ne t'en veux pas. » Ajoute-t-il, amusé de mon trouble. « Tu avais le visage de quelqu'un qui se rappelait des souvenirs. Alors j'ai cru que tu connaissais déjà les lieux. »


Je déglutis et, ne pouvant pas mentir davantage, hoche doucement la tête. Je m'attends à ce qu'il me fasse une remarque quand le métro ralentit peu à peu. Luka me pousse légèrement vers la sortie.


- « C'est ici qu'on se quitte. »


Il désigne du doigt l'affiche de mon arrêt. Heureusement qu'il a prêté attention à notre voyage, je ne savais même pas où nous étions rendus. Soudain, une caresse me frôle la joue. Ses doigts ont touché ma peau sans même que je ne m'en aperçoive. Je le remercie dans un bafouillement qui ressemblait plus à un « mer-merci voir bientôt » plutôt qu'au « merci pour la journée, on se revoit bientôt » désirés. Et avant même de pouvoir procéder ce qu'il vient de se passer, le métro a déjà quitté le quai et une foule me bouscule jusqu'à la sortie. [...]


C'était... Wow. Différent qu'avec Adrien mais... ✲


Je raye immédiatement ma dernière phrase.


✲ C'était génial.


Un nouveau bâillement. Le sommeil pointe doucement le bout de son nez, je devrais en profiter pour me reposer un peu. Je referme mon journal et le glisse sur ma table basse quand de légères vibrations attirent mon attention. Il s'agit de mon téléphone portable.


Dim. 2:21. Expéditeur : Luka Couffaine.

Message : Je n’arrive pas à dormir, je voulais te dire encore une fois que c’était vraiment sympa cet après-midi. Vivement la prochaine fois ?


Il peut compter sur moi. Mais cette fois, je lui ferai découvrir des endroits insoupçonnés.

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