Miraculeux Décembre

✲ Cher journal,

Chat Noir a enfin répondu à mon message ! Bon, j'ai quand même dû attendre lundi après-midi pour avoir de ses nouvelles, mais c'est déjà ça. [...]

En retard en cours, je n'écope pourtant pas d'heure de retenue, seulement un devoir supplémentaire destiné à me dissuader de commettre le moindre impair. Ma journée s'est résumé à remettre de l'ordre dans mes cours et esquiver les demandes incessantes d'Alya sur mon rendez-vous avec Luka.

Face à tant d'insistance de la part de ma meilleure amie, je cède à ses demandes et les énumère une à une :

- « Oui, ça s'est bien passé. Non, on ne s'est pas embrassés. Oui, il est sympa. Non, je n'essaie pas de remplacer Adrien par lui. »

Elle hausse un sourcil et croise les bras, signe de perplexité. A force, j'ai fini par la connaitre. Et quand elle me regarde ainsi, je prédis que l'interrogatoire est loin d'être terminé.

- « Marinette, cela va faire presque un an que ne jure que par Adrien, et tu veux me faire avaler que du jour au lendemain tu as totalement jeté ton dévolu sur quelqu'un d'autre ? »

Je baisse la tête et observe le bout de mes chaussures pêche. La franchise est une des plus belles qualités chez Alya, mais parfois, j'ai du mal à encaisser la vérité ainsi dite. Son bras s'enroule le long de mon épaule et me tapote doucement le bras.

- « Je sais que tu es triste, mais je ne dis pas ça pour te blesser.

- Qu'est-ce que je dois faire, Alya ? Attendre de voir si leur couple tient ? »

Elle secoue fermement la tête et entoure son menton de son index et de son pouce.

- « Voyons voir... Je pourrais demander à Nino de se renseigner sur eux.

- Surtout pas ! Il va attirer l'attention sur moi !

- C'est peut-être une solution. » Conclut-elle avant de claquer des doigts. « Il faudrait un moyen de vous réunir, juste tous les deux et il verrait peut-être qu'il s'est trompé de fille. »

Intérieurement, son idée m'excite autant qu'elle m'inquiète. Moi, seule avec Adrien ? Déjà qu'en groupe je ne parviens pas à aligner une phrase entière, alors rien qu'à deux. J'imagine parfaitement le carnage.

- « Il a fait son choix, Alya. » Je déclare, les poings serrés. « C'est fini depuis longtemps. J'ai eu plein d'occasions de me déclarer et je ne l'ai pas fait. C'est de ma faute. »

Je mords nerveusement ma lèvre inférieure, essayant de me convaincre moi-même. Alya n'ajoute rien. Elle se contente de poser sur moi un regard rempli de compassion. La cloche annonce la dernière partie de la journée. Je me lève la première et l'invite à me suivre, la mort dans l'âme. En chemin, je croise le principal intéressé, ravi de me voir. Mes lèvres s'étirent, je ne saurais dire si mon sourire est triste ou joyeux. Mais il est sincère.

Après les cours, j'ai décidé d'aller me défouler. C'est mon jour de patrouille et je compte bien fouiller la ville de fond en comble, akuma ou non. Mon yo-yo me transporte d'arrondissements en arrondissements. Je multiplie les selfies et les autographes avec les enfants. D'habitude, je tente tant bien que mal d'esquiver ces échanges. Je ne suis qu'une collégienne, pas une star de cinéma. Cependant, entrevoir des sourires sur les visages des gens que je satisfais m'emplit d'une fierté non négligeable.

Ma soirée s'achève au sommet de la Tour Eiffel. J'aime bien garder cet endroit comme ultime point de contrôle. Elle me gratifie de son éternel panorama sur la capitale. Une mer de lumière s'étend à l'infini, je profite de la vue avant de consulter mon yo-yo. 

« Trois messages non lus. »

Je fronce les sourcils, puis constate que les deux premiers ne sont que des tentatives ratées, tout comme celles que j'avais effacées la veille. Chat Noir ne semble pas très à l'aise pour me répondre.

- « Bonsoir, Ma Lady. Excuse le temps qu'il m'a fallu pour te répondre, je suis incorrigible ! »

Il ponctue sa phrase d'un clin d'œil. A première vue, il s'est filmé sur un toit, en milieu d'après-midi. Les couleurs du ciel s'apparentent à celles observées aux alentours de dix-sept heures. Et si j'en crois les tremblements de ses épaules, mon chaton était frigorifié, mais ne laissait rien paraître sur son visage.

- « J'ai attentivement écouté ton message, et je suis d'accord pour qu'on trouve une solution ensemble. Nous allons y arriver, nous allons défaire le Papillon ensemble. Et pour ça, on a besoin de la meilleure des gardiennes de la Miracle Box. Tu as compris ? Je parle bien de toi, ma Buguinette. »

Son ton enjôleur m'épuise autant qu'il me flatte. Au fond, Chat Noir n'est pas aussi mauvais séducteur que je ne l'insinue. Néanmoins, il est hors de question de l'avouer devant lui.

- « De mon côté, je pense qu'on peut faire confiance aux porteurs de Miraculous actuels. Tu verras, nous aurons sûrement besoin d'eux, tôt ou tard. »

Je réprime un gémissement plaintif, loin de partager son avis. S'il arrivait le moindre malheur à Alya, Nino, Max, Kim, Alix et Luka... 

Ah oui, il y a aussi Chloé et Kagami.

- « En tout cas, je te souhaite une agréable soirée Ma Lady. Et hâte de pouvoir ronronner à nouveau à tes côtés. »

Il m'envoie ensuite un baiser de ses griffes et termine son message. Bon, il est toujours aussi agaçant, mais nous avons pu mettre les choses au clair, d'une certaine manière. [...]

Chat Noir pense que les porteurs de Miraculous ne devraient pas changer. Mais s'il s'agissait de ses amis, est-ce qu'il aurait le même discours ? Je doute. ✲

- « Ça ne sert à rien de te tourmenter comme ça Marinette. » S'inquiète Tikki, posée sur ma page. « Tu devrais te reposer. »

Je réprime un bâillement et lâche mon stylo.

- « Tu as raison Tikki. »

Mais avant même de fermer mon journal intime, mon téléphone émet un son qui n'éclate qu'en cas de danger.

- « Bonsoir, ici Nadja Schamack. Vous voulez de l’info ? J'ai ce qu'il vous faut ! Informations spéciales : il semblerait qu'un nouveau super-vilain sévisse en ville. Comme vous pouvez le voir sur ces images, il s'agit d'une créature à l'apparence humaine qui transforme les gens en ustensiles de cuisine. »

Le Papillon ne dort-il donc jamais ?

- « Bon, bah le repos n'est pas pour tout de suite. Tikki, transforme-moi ! »