Miraculeux Décembre

Chapitre 11 : Mardi 10 décembre | Vipère

1559 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/12/2019 17:07

- « J'en ai marre ! »


Ma voix résonne dans les cieux de Paris. Alors que le dernier point de ma boucle d'oreilles indique une détransformation imminente, je me refuge dans ma chambre et glisse la Miracle Box sous mon lit. Juste à temps, car Tikki s'échappe de mon miraculous et je recouvre mon apparence normale.


Je suis exténuée, c'était le loin la bataille la plus éprouvante depuis celle qui a abouti à la passation de la Miracle Box. Celle-ci, trônant fièrement sur mon tapis de sol aux symboles roses et blancs, démontre mon incapacité à tenir le rôle de gardienne. Il manque un Miraculous, celui de Vipérion, le bracelet de Sass.


- « Marinette, calme-toi ! » M'implore Tikki en virevoltant autour de moi. « Tu risques d'attirer le Papillon avec tes émotions négatives ! »


Elle a raison, mais je ne peux réfréner éternellement le mélange d'agacement, de rancœur qui m'agrippe les tripes et me comprime la poitrine. De peur que notre pire ennemi ne profite de cet instant de faiblesse pour m'akumatiser, je ferme les yeux et inspire profondément. Le bracelet est en possession de Luka, son porteur originel, je n'ai donc aucun souci à me faire. Mais si le Papillon venait à l'approcher...


- « Tikki, il faut protéger Luka, le temps que je récupère son Miraculous. »


La solution la plus évidente serait d'attendre que Tikki reprenne des forces et retourner chez lui pour réclamer son Miraculous, mais je crains que le Papillon n'attende que ça pour me tendre un piège. Et dans l'état des choses, je ne peux plus compter sur Chat Noir pour couvrir mes arrières.


Bon sang, je déteste ce sentiment d'impuissance, mais je n'ai pas d'autres choix que de laisser passer la nuit avant de revenir à la charge.

Alors que je ne pense qu'à m'emmitoufler dans mon lit, je prends le temps d'attraper mon journal et d'y consigner ce que je considère comme une défaite personnelle.


✲ Cher journal,


[...]



Le combat contre Toquechef s'éternise, mon lucky charm ne m'a pas encore servi et je sens la fatigue s'emparer de mes muscles. Chat Noir évite tant que possible d'esquiver les attaques du vilain tandis que je scrute les environs à la recherche d'une solution.


- « Ma Lady, je ne vais pas tenir très longtemps ! »


J'acquiesce à contrecœur. Nous devons battre en retraite, c'est indéniable. Et alors que Toquechef se dirige tout droit vers la ville, nous nous éloignons de lui. Mon cœur tambourine, j'ai l'impression d'abandonner les parisiens à leur triste sort. J'atterris finalement sur le toit d'un gratte-ciel, effondrée.


- « Je n'y arrive pas... » Je sanglote, incapable d'affronter le regard compatissant de Chat Noir.


Celui-ci entoure mes épaules de ses bras et me presse contre son torse. Sa respiration est lente et quelque peu troublée. Il semble tout aussi exténué de se battre.


- « Buguinette, peut-être est-il temps de... »


Il n'a pas le temps d'achever sa phrase que je me libère de son étreinte.


- « On ne peut pas !


- Réfléchis un peu, Ladybug ! On n'a pas d'autres choix dans l'immédiat, il y a un méchant qui détruit la ville, nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre une seconde de plus ! »


Il me toise avec insistance, comme si ses yeux s'encrent au fin fond de mon âme pour me faire changer d'avis. Tétanisée, je regarde au loin les lumières de la capitale. Elles sont sur le point de s'éteindre par ma faute. Chat Noir a peut-être raison, un autre équipier ne nous ferait pas de mal.


- « Appelle Ryuko. » Souffle-t-il au creux de mon oreille. « Elle pourra se faufiler à travers ses projectiles grâce à ses différentes formes. »


...Ryuko... ? Kagami ? Comme délivrée de mon mutisme, je descends brusquement mon visage vers le sien.


Mon rôle de Ladybug signifie une partialité inébranlable, mais ce soir, je ne me sens pas d'humeur de me battre aux côtés de Kagami. En dépit de l'affection que je porte pour cette fille, elle m'avait pris ce qui comptait le plus pour moi : Adrien Agreste. Ainsi, un autre nom surgit dans mon esprit.


- « Je sais ! Attends-moi là ! »


Sans m'enquérir de sa réaction, je me relève et m'élance dans la direction opposée de Toquechef, vers ma maison. J'ouvre la Miracle Box, me munis du Miraculous et repars aussitôt vers les quais de la Seine. S'il y a bien quelqu'un qui peut sauver la situation, c'est bien lui. Je me pose sur le toit du bateau et m'infiltre à l'intérieur, quelque peu gênée. Postée devant la porte de sa chambre, ma respiration se saccade. Ce que je m'apprête de faire est très dangereux, mais en récupérant son Miraculous à la fin du combat, je déciderai si, oui ou non, je désignerais d'autres porteurs.


- « Ladybug ? »


Je sursaute, la voix dans mon dos est grave et enrouée. Prise au dépourvu, je pivote dans sa direction et recule jusqu'à buter contre la porte. Luka se tient à quelques mètres seulement, vêtu d'un simple t-shirt et d'un short de nuit. Drôle de vêtements pour dormir, il n'a pas froid comme ça ? Ma question me paraît inappropriée, je secoue la tête et brandis la boite contenant le miraculous du serpent.


- « D-Désolée pour l'intrusion, j'ai besoin de toi ! »


Alors qu'il se frotte un œil pour se réveiller, son regard s'illumine et m'observe longuement. Je crains un moment qu'il ne refuse mon offre, mais il finit par enfiler le bracelet.


- « Sass, transforme-moi. »


Le jeune homme troque sa tenue de nuit pour le costume de Vipérion. Il m'apparait comme une évidence qu'il était destiné à être un super-héros. Je ne comprends pas comment j'ai pu l'attribuer à Adrien. Mais rien ne m'empêche de lui donner un autre Miraculous, quand nous changerons les porteurs.


- « Qu'est-ce qu'on attend ? » Me demande-t-il tandis qu'un flot de questions s'échouent dans ma tête.


- « Allons-y ! »


Ainsi, grâce à Vipérion, Chat Noir et moi sommes parvenus à défaire le Papillon, une fois de plus. Je ne vous dis pas le visage décomposé de mon partenaire quand il m'a vue rappliquer avec Vipérion au lieu de Ryuko. J'ai vaguement ignoré quelques piques de sa part le temps de ramener la paix dans la capitale.


- « Miraculous Ladybug ! » Je m'écrie joyeusement.


L'armée de coccinelles se répand dans le ciel sombre de la nuit et toutes les victimes retrouvent leur forme d'origine. Excitée par cette nouvelle victoire, je me tourne vers les deux garçons pour joindre nos poings, mais me stoppe devant le mouvement de recul de Chat Noir.


- « Bien joué ? » Je tente d'une faible voix.


- « Ouais, bien joué à vous deux. »


Incrédule, Vipérion reste en retrait et nous regarde à tour de rôle.


- « On l'a vaincu, c'est tout ce qui compte.


- La fin justifie les moyens. » Crache Chat Noir sans m'oser un regard. « Ce n'est pas comme si tu t'étais foutu de moi depuis le début. »


Nos Miraculous bipent, il est temps de se cacher pour se détransformer. En ce qui me concerne, je dois sauver un peu de temps pour récupérer le Miraculous du serpent. Hors de question que Luka découvre mon identité secrète.


- « Je suis désolée, Chat Noir. J'ai choisi Vipérion parce que...


- Je m'en fiche, c'est ta décision. Mais ne me demande plus rien à partir de maintenant. »


Piquée au vif, je m'avance de quelques pas pour le confronter.


- « Mais qu’est-ce qui te prend ?! C'était ton idée d'appeler un autre super-héros, je te signale !


- Mais je te parlais de Ryuko, pas de Vipérion!


- Qu'est-ce que ça change, au final ?! »


Mes veines pulsent sous la colère, mes mains tremblent et nous nous fusillons du regard. Aucune d'entre nous ne semble décidés à admettre ses torts.


- « Cela change que tu n'en fais toujours qu'à ta tête et que tu ne m'écoutes jamais, Ladybug ! »


Pas de "Ma Lady" ou de "Buguinette". A vrai dire, l'inverse n'aurait qu'accrut mon ressenti. Nos Miraculous sonnent à nouveau. Encore un et nous nous détransformeront aux yeux de tous. Chat Noir lance un regard dédaigneux à sa bague avant de revenir vers Vipérion.


- « Casse-toi mec, sinon on risque d'avoir des ennuis. »


Luka acquiesce, en dépit de la violence de ses paroles.


- « Attends, le Miraculous ! »


Mais Vipérion a déjà disparu en contrebas. Lorsque je me tourne vers Chat Noir pour lui balancer mes reproches, celui-ci s'étend à plusieurs dizaines de mètres. Inutile de le rattraper, je dois me cacher à mon tour.


- « Tu me saoules, Chat Noir ! » Je hurle en espérant qu'il m'entende.


[...]

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