Miraculeux Décembre

Chapitre 13 : Jeudi 12 décembre | Tempête

1165 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 13/12/2019 16:40

✲ Cher journal,


Tu sais ce qu'on dit, « le calme avant la tempête » ? Eh bien la mienne porte le nom de Chat Noir. [...]



En ce mois de décembre, les vitrines s'illuminent aux couleurs de Noël. Le vent glacé s'engouffre dans les moindres recoins et les odeurs de vin chaud enivrent toutes les rues.


- « Merci beaucoup ! » Je souffle quand un marchand du coin m'offre gracieusement un chocolat chaud.


Les patrouilles en cette période de l'année deviennent plus compliquées à tenir. Mon costume me protège des coups, me confère des supers pouvoirs, mais pas du froid. Le marchand me gratifie d'un large sourire.


- « C'est normal, voyons ! Sans vous, notre merveilleuse capitale ne serait plus qu'un tas de cendres ! »


J'échange quelques banalités avant de me hisser sur les toits où la température chute avec l'altitude. Une fois installée sur une charpente au panorama de choix, je trempe mes lèvres dans le liquide brûlant. Mes paupières se ferment, je profite de la chaleur qui s'infiltre dans ma gorge et me provoque un frisson.


- « Ladybug ? »


L'appel provient d'en bas. J'ouvre les yeux, m'étend au bout du toit et m'accroche à la gouttière. Je crois rêver quand je remarque d'où provient l'appel.


- « Adrien Agreste ? »


C'est en effet le beau blond, enfermé dans une longue veste claire, qui me hèle d'une main gantée. Par réflexe, je vide d'une traite mon chocolat chaud et me brûle la langue. Ma réaction semble l'amuser, d'autant plus quand je me jette au pied de l'habitation pour le rejoindre.


- « B-Bonsoir ! »


Mon regard est immédiatement captivé par son écharpe bleue, celle que je lui ai offert pour son anniversaire.


- « Qu'est-ce que tu fais tout seul, à cette heure ? »


Adrien rit à doucement, j'adore ce son.


- « Comme tu vois, je me promène, mais ne dis rien à mon père, il ne sait pas que je suis là. »


Je m'empresse de dodeliner de la tête.


- « B-Bien sûr ! Mais tu ne risques pas de te faire reconnaitre ? »


Je désigne du menton un groupe d'adolescentes attroupées un peu plus loin.


- « Tu me files un coup de main pour passer inaperçu ? »


Son invitation me surprend, mais ne me déplait pas. Je lui tends nerveusement ma main. Il n'hésite pas une seconde à l'attraper. Nous décollons du sol, je l'emmène loin des regards indiscrets.


- « C'est magnifique. » Déclare-t-il quand je nous hisse sur le toit du Louvre. « Merci, ma... Ladybug. »


« Ma Ladybug » ? J'ai dû mal entendre, mais je ne peux m'empêcher de rougir.


- « Tu n'as pas trop froid ? » Me demande-t-il.


Etrange, c'est lui qui grelotte et me pose cette question. Je réponds non de la tête et affiche un sourire sincère. Pour peu, j'en oublierai presque que son cœur n'est plus à prendre.


- « Tout va bien avec Chat Noir ? J'ai cru entendre qu'il y avait des tensions entre vous. »


Sa remarque me provoque un frisson désagréable. Comment est-il au courant des dissonances entre Chat Noir et moi ? Se pourrait-il que Paris en sache bien plus que je ne le redoutais ? Ma gorge se serre quand je me décide à libérer le poids qui m'étreint la poitrine.


- « Ce n'est qu'une mauvaise passe. On a tous des disputes avec les gens qu'on aime, pas vrai ? »


- C'est dommage, vous semblez si proches et fusionnels. » Commente Adrien, le regard perdu à l'horizon.


De la buée s'échappe de sa bouche et se dissipe aussitôt. Fusionnels ? Ce n'est pas le terme que j'aurais employé pour définir ma relation avec Chat Noir.


- « Qu'est-ce qui te fait dire ça ? »


Ses perles émeraudes abandonnent le panorama pour me faire face.


- « Une intuition. »


L'assurance dans sa voix me décontenance. Adrien parait toujours si confiant que, même sous forme Ladybug, je peine à rester naturelle.


- « Et toi ? Aux dernières nouvelles, tu es proche de... »


Je m'interromps, remarquant subitement que je m'engage dans une voie sans issue. Adrien écarquille les yeux et ouvre la bouche.


- « Kagami ? Comment tu sais ?


- L-Les rumeurs ! Tu es si connu que même moi je suis au courant ! »


Paniquée, je triture mes doigts et reporte mon attention sur un groupe de touriste en contrebas. Le beau mannequin se recule légèrement et pousse un long soupir.


- « A-Adrien ?


- Je pensais qu'elle m'aiderait à l'oublier...


- L'oublier ? »


Un voile de tristesse assombrit son visage pourtant si parfait. Je patiente nerveusement dans l'attente d'une explication de sa part.


- « Tu sais... Il y a une fille dont je suis amoureux depuis très longtemps. »


Mon cœur se soulève. Encore une autre ? A moins qu'il ne parle de Kagami, auquel cas je suis complètement perdue.


- « A chaque fois que je la vois, j'oublie tous mes tracas. En sa présence, tout devient plus clair, lumineux, agréable. »


Je l'écoute attentivement et opine à chacune de ses paroles.


- « Mais...


- Mais ? » Je poursuis, un peu précipitée.


Ma réaction accroit son sourire. Je bredouille des excuses et l'invite à continuer.


- « Mais elle n'a pas l'air de me voir autrement que comme un simple garçon. »


Le volume de sa voix baisse au fur et à mesure, au point où je devine ses derniers mots. Je saisis finalement qu'il n'est pas question de Kagami, ni de moi.


- « Et... Comment tu le sais ? »


Adrien me toise d'un air surpris.


- « Comment sais-tu qu'elle ne te voit pas autrement ? »


Il pouffe du nez et contemple la vue. Mince, est-ce que j'ai dit une bêtise ?


- « Elle ne me regarde pas comme je la regarde. C'est évident. »


Au fond, je comprends son sentiment, c'est le même que j'ai ressenti lorsqu'il a tenu la main de Kagami pour m'annoncer leur choix de se mettre en couple.


- « Et toi ? » Je demande, légèrement distraite par sa beauté. « Tu la regardes comment ? »


Ma question parait l'amuser. Il se replace correctement sur le toit, les jambes dans le vide et encre son regard dans le mien. Mon coeur tambourine à tout rompre dans ma poitrine. Ma respiration se bloque. J'en oublie de cligner des yeux.


- « Comme ça. »


Son timbre s'aggrave, je déglutis. Mon regard est irrémédiablement attiré par ses fines lèvres entrouvertes. Et, avant de pouvoir m'en détacher, il se penche et franchit la faible distance qui nous séparait. Sa bouche se pose sur la mienne, me provoquant un violent frisson.


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