Miraculeux Décembre

Chapitre 14 : Vendredi 13 décembre | Chat Noir

1266 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 13/12/2019 16:42

✲ Cher journal,


[...] ✲


Allongée sur mon lit, je caresse mes lèvres du bout des doigts. Le souvenir de la bouche d'Adrien sur la mienne me transporte dans cet instant que je désirais éternel. Après m'avoir embrassée, il s'est confondu en excuses, mais je n'avais pas réagi, beaucoup trop choquée. Adrien Agreste m'a embrassée, moi, Mari... Ladybug !


- « Tu as l'air vraiment heureuse, Marinette. »


Tikki me tapote le front tandis que je consulte distraitement mes derniers messages. Alya me redirige vers son blog où son article sur les super-héros vient de paraître. Depuis l'apparition de Ladybug et Chat Noir en ville, il était devenu coutume de fêter nos exploits tous les vendredis 13 de l'année. A chaque fois que cette date symbolique tombe dans le calendrier, nous savons tous les deux que notre présence est requise en ville. Le dernier remonte au mois de septembre. Des chars à notre effigie avaient défilé dans la capitale et les habitants de pavanaient dans des costumes spécialement créés pour l'occasion.


- « Bon, il est temps d'aller profiter de la journée en l'honneur de Ladybug et Chat Noir ! Tikki, transforme-moi ! »


Malgré le mercure frôlant le zéro, les parisiens ont répondu à l'appel. Les rues sont noires de monde et des étals de nourritures et boissons chaudes pullulent dans chaque quartier. Comme à mon habitude, je descends à certains endroits pour prendre des photos, discuter avec quelques personnes et prendre la température. Etrangement, personne ne mentionne les tensions entre Chat Noir et moi, contrairement à ce qu'insinuait Adrien la veille. En parlant de Chat Noir, j'interroge les gens aux alentours. Il aurait été aperçu sur les champs Elysées. Je prends donc congé pour l'y rejoindre.


- « Regardez qui voilà ! »


A peine ai-je posé un pied au sol qu'il entoure mes épaules de son bras. Je me fige devant tant de familiarité. Il n'est plus en colère contre moi ? Mes yeux le fixent avec étonnement.


- « La meilleure super-héroïne et gardienne de Miraculous que la Terre ait connu ! »


Les flashs des appareils photos m'éblouissent, j'affiche un sourire un peu forcé et tapote le dos de mon partenaire.


- « C'est notre journée, alors profitons-en un maximum, ma Lady. »


Ses propos me soulagent, je déteste être fâchée avec Chat Noir. Je suis sur le point d'acquiescer et de le complimenter à mon tour quand une voix nasillarde s'élève au milieu de la foule.


- « Ladybug ne mérite pas toute cette attention ! C'est d'un ridicule ! »


Munie d'un haut-parleur tiré d'on-ne-sait-où, Chloé Bourgeois se dégage de la mare de touriste pour s'approcher des barrières, protection contre de potentiels débordements.


- « Chloé ?


- Il n'y a pas de « Chloé » qui tienne, Ladybug. Je suis Queen Bee ! »


La fille du maire balaie d'un revers sa queue de cheval. Je ne remarque qu'à ce moment-là qu'une barrette sous forme d'abeille orne sa chevelure blonde. C'est une réplique du Miraculous, sans les super-pouvoirs bien entendus.


- « Sois maudite Ladybug ! »


Chat Noir et moi nous jaugeons du regard. Aucun d'entre nous ne semble décidés à lui répondre. Je n'éprouve aucune compassion envers cette fille depuis qu'elle a failli nous mener à notre perte, à la perte de notre gardien Maître Fû. Toute ma rancœur me prend à la gorge, je me prépare à l'afficher devant tout Paris quand la griffe de Chat Noir s'abat sur mon épaule et me tire légèrement en arrière.


- « Doucement ma Lady. » Chuchote-t-il au creux de mon oreille. « Même si elle n'a pas été correcte, elle peut encore être akumatisée. On n'a pas envie de gâcher cette journée en notre honneur, pas vrai ? »


Les ongles plantés dans mon costume, je grogne dans l'espoir d'évacuer ma colère, en vain. Chat Noir a raison, mais je nourris le désir de la remettre à sa place, pour la première fois. Après tout, Chloé est un personnage public et sa popularité semble être son unique but. En la privant du Miraculous de l'abeille, je l'empêche d'accomplir son destin. Une piètre récompense, mais cela suffit à m'apaiser pour le moment.


- « Allons fêter nos victoires, chaton. »


Il plisse les yeux sous un sourire qui me réchauffe le cœur. Lui, par contre, j'étais prête à le pardonner.



- "Comment ça se fait que tu sois de si bonne humeur ? » Je demande avant d'engloutir un énorme croustillon en provenance d'une offrande locale.


Après avoir rempli notre boulot de célébrité, Chat Noir avons trouvé refuge sur un toit plat, à l'abri du vent glacial. Le froid y règne toujours en maître, mais grâce à nos costumes, c'est supportable.


- « Tu t'rouves que che chui heureux ? »


La bouche pleine, il mastique sans me quitter de ses grands yeux noirs, brillant dans l'obscurité. Sa bouille m'arrache un pouffement.


- « Je pensais que tu m'en voudrais pour l'autre bataille. »


Cette fois, il avale bruyamment sa bouchée et se rapproche de ma position.


- « C'était le cas. Mais je n'ai pas envie d'être en froid avec toi. »


Un silence s'installe.


- « Tu as compris ? Un froid, parce qu'il fait caillant ici.


- J'avais compris.


- Ne te retiens pas de rire, je sais que cette blague est hilarante. »


Je porte mes yeux vers le ciel pour lui intimer tout mon mépris, puis éclate de rire quand il gémit de désespoir.


- « Toi aussi, tu as l'air plus heureuse. » Ajoute-t-il d'un ton plus doux.


- « C'est l'effet de Noël qui arrive. »


Et des lèvres d'Adrien Agreste, mais je garde précieusement cette information pour mon journal intime. Chat Noir reporte son attention au loin. Je me rappelle notre dernier Noël : Adrien avait disparu et un akuma s'était emparé du père Noël. Il offrait des cadeaux maléfiques aux gens et s'introduisait chez eux pour danser et effectuer des dabs. J'en frissonne rien que d'y songer.


- « Dis, est-ce que tu accepterais qu'on passe Noël ensemble ? »


Sa question reste suspendue pendant de longues secondes. Il me l'a demandé sur un ton presque suppliant. Depuis longtemps, je pressentais une certaine solitude auprès de mon partenaire de toujours. Sans vouloir m'adonner à de la psychologie de comptoir, je me demandais si ses blagues à outrance et son besoin de capter mon attention ne dissimulait pas un mal-être qu'il n'osait pas exprimer d'une autre manière. Je songe alors à ma famille, chez qui je passe les fêtes. Puis à la sienne. Que peut-il bien se produire dans sa maison pour qu'il souhaite s'en détacher pour moi ?

Vu que je ne réponds pas favorablement à sa demande, Chat Noir baisse la tête.


- « Laisse tomber, je dis n'importe quoi. »


Par pure compassion, je pose une main sur son épaule et essaie de sourire en retour.


- « Je vais voir ce que je peux faire, d'accord ? »


Et, sans crier gare, il se jette dans mes bras et me serre fort contre lui. D'abord choquée, je réponds timidement à son étreinte.


- « Merci, Buguinette.


- Ne m'appelle pas Buguinette. » Je me plains.


- « Tout ce que tu voudras, ma Lady. »


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