Miraculeux Décembre

Chapitre 26 : Mercredi 25 Décembre | Joyeux Noël partie 1

2211 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 25/12/2019 09:13

Après le décompte, Paris s'éteint à minuit pile. Pas de lumière, pas de feux d'artifices, pas de cri de joie. Les souhaits ont été remplacés par le silence et la peur.

- « Ce n'est peut-être rien qu'un petit retard. » Relativise ma mère, le bras enroulé autour de celui de mon père.

Celui-ci approuve pour apaiser l'atmosphère tendue du salon. Non, ce n'est pas possible. Un frisson désagréable me parcourt l'échine. Sans une once d'hésitation, je m'extirpe du canapé et me dirige vers la porte d'entrée.

- « Marinette ? Où est-ce que tu vas ? »

Je me fige, la main sur la poignée. Il faut que je découvre ce qu'il se trame derrière ce silence. Le visage penché au-dessus de mon épaule, j'adresse un sourire à mes parents et brandit mon téléphone. Papa, maman, je pars sauver Paris, une fois encore.

- « Alya m'a envoyé un message, elle veut absolument que je la retrouve devant le lycée. Je reviens dès que possible ! »

Evidemment, je n'attends pas une quelconque réaction de leur part et déverrouille la porte avant de m'enfuir. Dans les escaliers menant à la boulangerie, j'ouvre le fermoir de ma bourse et libère Tikki.

- « Je crois que le Papillon a encore frappé !

- Nous devons récupérer les Miraculous avant qu'il ne s'en empare !

- Tu as raison, ne perdons pas de temps ; Tikki, transforme-moi ! »

Lorsque la cloche de l'entrée teinte sous mon passage, j'arbore déjà mon costume de coccinelle, prête à en découdre.

Devant l'absence des feux d'artifices, quelques habitants curieux ont quitté leur nid pour se rejoindre sur les trottoirs. Certains m'interpellent quand ils croisent mon regard, mais je ne m'y attarde pas. Tout est silencieux. Contrairement aux autres attaques d'akumatisé, aucun cri ne me permet de m'orienter. Ainsi, je choisis de me rendre aux différents points à partir desquels les fusées auraient dû décoller.

- « Chat Noir ? Si tu reçois ce message, rejoins-moi à la mairie. Il y a quelque chose qui cloche ! »

Mes doigts se referment sur le clapet de mon yo-yo avant de le projeter sur un toit voisin.

- « Ladybug ! »

Cet appel parvient à me stopper dans ma course. Chat Noir ? Je scrute l'horizon, parsemé de flocons de neige, mais ne trouve pas de traces de mon chaton.

- « Ladybug, ici ! »

La voix provient d'en bas. Je me glisse le long d'une charpente et sonde la rue, jusqu'à ce qu'une silhouette en particulier entre dans mon champ de vision. Adrien ? Il n'est vêtu que de son t-shirt noir et de sa chemise blanche aux courtes manches ainsi que d'un jean. Il se protège du froid tant bien que mal, mais je perçois d'ici les soubresauts de son corps. Affolée, je descends précipitamment de mon perchoir et le rejoints à grandes enjambées.

- « Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu vas mourir de froid ! »

Ses lèvres tremblent et ses dents claquent. Adrien agrippe nerveusement mes épaules pour me forcer à le regarder dans les yeux.

- « C'est terrible, Chat Noir est en danger Ladybug ! »

En dépit de notre proximité, sa nouvelle me percute violemment.

- « Co-Comment ça ?

- Je... Je l'ai croisé tout à l'heure, il y avait plein de petites créatures avec lui, mais il s'est fait attaquer par un méchant. »

Chat Noir n'est donc pas le seul en danger, mais tous les autres kwamis aussi. Ce que je redoutais le plus est en train d'arriver : le Papillon a mis la main sur d'autres Miraculous. Je baisse les yeux pour réfléchir.

Sur le coup, je ne ressens pas de colère envers mon partenaire, mais plutôt de la frustration contre ma propre personne. Les doigts sur mes épaules se resserrent.

- « Ladybug, je ne sais pas ce qu'il se passe, mais tu dois absolument nous sauver. Je t'aiderai. »

Perplexe, je lui lance un regard contrit. Comment veut-il m'aider à combattre le Papillon alors que je n'ai aucune idée d'où il se trouve ?

- « Tu devrais te mettre à l'abris. » Je réponds d'un ton plus grave que d'habitude. « Je vais m'occuper de tout ça. Je ne sais pas encore comment, mais je vais le faire. »

Pourtant, l'expression de son visage s'adoucit quand je tente de me dégager de son emprise. Adrien se penche vers moi et dépose un baiser sur mon front.

- « Je n'en doute pas, tu es incroyable Ladybug. Mais je vais t'aider. »

Son geste fuse en moi une chaleur insoutenable. Cependant, lorsqu'il s'écarte de moi pour s'enfuir dans le sens opposé, un froid désagréable me traverse les membres. Je secoue vivement la tête. On n'a pas le temps, je dois me charger du Papillon. Mais avant tout...

Armée de mon yo-yo, je me hisse sur le toit le plus proche et dégaine ma messagerie. Il faut que j'envoie un message aux parisiens pour leur éviter de se mettre inutilement en danger. Une profonde inspiration remplit mes poumons d'air frais, je ferme les yeux pour me vider l'esprit puis appuie sur l'enregistrement.

- « Peuple de Paris, ici Ladybug. Je sais que bon nombre d'entre vous ont remarqué l'absence de feux d'artifices pour célébrer ce Noël. Chat Noir et moi allons éclaircir ce mystère. En attendant, je demanderais à tout le monde de rester chez soi afin de garantir la sécurité de tous. Joyeux Noël. »

Les joues en feu, j'envoie le message vidéo à Alya, certaine de sa réactivité. Et maintenant ? Je n'ai aucune fichue idée d'où se trouve le Papillon, et encore moins Chat Noir. J'espère qu'il ne lui est rien arrivé de grave. Mais rester sur place ne sert à rien. Sous l'avalanche de neige envahissant les rues de la capitale, je décide de parcourir les moindres recoins de Paris, peu importe le temps que cela me prendra.

En dépit de mon avertissement, des formes se détachent en bas, des curieux sortent, munis de leurs téléphones et autres appareils photos. Certains me hèlent, sourds à mes ordres. De ce fait, lorsqu'un amas de gens semble hurler en ma direction, je m'arrête subitement pour leur faire face.

- « Rentrez immédiatement chez vous ! » Je m'égosille.

- « Derrière-toi ! »

Soudain, une force herculéenne me projette une vingtaine de mètres en avant, jusqu'à ce qu'une cheminée n'interrompe ma course. Je m'écroule contre des tuiles glacées, les membres endoloris par le choc. Ma vision se brouille, je tourne légèrement le visage, gémissant de douleur.

- « Qu'est-ce que c'était... ? »

A l'endroit où je me tenais précédemment, je discerne une forme animale aux couleurs violacées. Elle s'approche lentement, si bien qu'à une dizaine de mètres, je distingue un buffle au museau percé.

- « ... Cet anneau, c'est... »

Un Miraculous. Celui de Stompp, le Miraculous du buffle. Comme s'il avait pris conscience que je venais de découvrir son identité, le buffle à taille réelle grogne bruyamment et frotte ses sabots contre les tuiles.

Une poussée d'adrénaline m'aide à me redresser sur mes jambes. L'estomac retourné, je m'enfuis à l'autre bout du quartier. J'ai peut-être rêvé. Peut-être s'agit-il simplement d'un animal akumatisé, ce ne serait pas si étonnant que ça au vu des pouvoirs du Papillon. Il a tout de même akumatisé un bébé !

- « Bon, au moins, je sais où est l'akuma. »

L'anneau, le seul endroit où pourrait se loger un papillon maléfique. Du coin de l'œil, je garde précautionneusement le buffle dans mon champ de vision quand un grognement s'élève à ma droite.

- « Qu'est-ce que... »

Puis un hurlement de bête féroce m'éclate aux oreilles. Je parviens à me décaler in-extremis pour échapper à une griffe acérée. Celle-ci se plante dans une cheminée tandis que je recule pour observer la bête. C'est un tigre fuchsia aux crocs pointus.

- « Roarr ?! »

Mon attention se porte sur le bijou indien ornant sa patte gauche : le Miraculous du tigre. Dans mon dos, je perçois les grognements du buffle, il se rapproche dangereusement. Plus de doute, il s'agit bien des kwamis sous une forme menaçante. Et si Roarr et Stompp ont été changés en ces horribles créatures, alors les autres ne doivent pas être bien loin. Dans un cri assourdissant, le tigre dégage sa griffe de la cheminée.

- « Roarr, c'est moi, Ladybug ! Calme-toi ! »

Mais ses yeux expriment une colère impossible à apaiser. J'évite de justesse une nouvelle offensive tandis que Stompp se prépare à charger. Seule, je ne parviendrais jamais à les calmer. L'unique solution qui m'apparait est la fuite.

- « Je vais vous ramener à la normale, je vous promets. »

Du moins, je l'espère. A coups de yo-yo, je me déplace sans réel but. Le silence des rues a été remplacés par des cris d'animaux. Alors que je fends les airs à la recherche d'un moyen de ramener la paix dans Paris, mon esprit dérive vers Adrien.

« Tu es incroyable Ladybug. Mais je vais t'aider. »

J'aurais dû le retenir et le mettre à l'abris. Je prie de tout mon être pour qu'il ne lui arrive rien. Instinctivement, mes pas me guident au pied de la majestueuse Tour Eiffel, dont les lampes ont été éteintes sans raison apparente. Elle paraît endormie, dénudée de vie. Décontenancée, je lève le menton en direction du sommet, où une silhouette semble m'observer.

- « Mayura ? »

Les couleurs du paon m'apparaissent comme une évidence. Des sentimonstres ! C'était donc ça. Les kwamis n'ont pas été akumatisés, mais transformés en sentimonstres. Dans quel but ? Il ne m'en faut pas plus pour accrocher mon yo-yo aux différents étages de la tour de fer et grimper à son sommet.

- « Mayura ! Arrête ça tout de suite ! »

Le vilain se contente de me fixer, le visage à moitié masqué par l'éventail de plumes. La structure commence à trembler sous mes pieds. En bas, Barkk, le kwami chien creuse un trou autour de la bâtisse pendant que Ziggy assène des coups de tête.

- « Où est Chat Noir ? Et le Papillon ?

- Nulle part, Ladybug. Tu as perdu. Nous sommes en possession de tous les Miraculous, il ne manque plus que le tien. »

Mayura me tend sa main, dans l'attente que je renonce à mes boucles d'oreilles.

Tous les Miraculous ? Je n'y crois pas un traitre mot. Il reste la moitié des kwamis qui n'ont pas été transformés en sentimonstres. Tant que je ne verrai aucun d'entre eux, alors un espoir subsistera. Prête à me battre, j'envoie mon yo-yo en direction de Mayura qui l'esquive difficilement. Elle n'a jamais été très douée pour riposter seule. Ainsi, je la traque à travers la structure de métal jusqu'à ce qu'elle se planque dans un des premiers étages de la tour.

- « Sors de ta cachette, je n'ai pas dit mon dernier mot ! »

Méfiante, je tourne mon yo-yo en guise de bouclier.

- « Chat Noir a été vaincu, Ladybug. »

Ce n'est pas la voix de Mayura. De l'ombre surgit notre ennemi de toujours, le Papillon. Mon cœur se soulève, mes doigts se resserrent sur le fil de mon yo-yo. Il est là, juste devant moi, à portée de main.

- « Tu mens ! Chat Noir ne se laisserait jamais attraper par toi ! Il est plus fort que tout ! »

Le sourire plaqué sur ses lèvres me provoque un intense frisson. J'esquisse un mouvement de recul lorsqu'il sort de son dos une bague argentée. Le Miraculous de Chat Noir. Je secoue vivement la tête.

- « C'est un faux ! »

Après tout, ce n'est pas la première fois qu'il se joue d'illusions avec moi. Chat Noir est mal en point quelque part, mais pas défait. C'est impossible.

- « Vraiment ? » Rétorque-t-il, l'air faussement surpris. « Alors il ne se passera rien si je... »

Sa phrase se perd dans le vent quand il insère la bague à l'un de ses doigts gantés. Une créature noire en jaillit, voilé de tristesse. Plagg.

- « Ladybug...

- Plagg, où est Chat Noir ? »

Sa petite patte noire s'étend vers moi. Le Papillon dévoile alors un fin collier autour de son cou ; celui de Mullo. Au loin, j'entends des vrombissements en provenance de la tour. Paniquée, je constate un nombre incalculable de Papillon postés aux quatre coins du monument.

- « Noroo, Mullo, amalgame. »

Q-Quoi ?

- « Plagg, Mullo, amalgame. »

Le Papillon devant moi, manifestement le vrai, s'empare des pouvoirs de la bague. Mes entrailles se tordent lorsqu'il brandit sa main et s'exclame :

- « Cataclysme !

- Non ! »

Je n'ai pas le temps de contrer son attaque. Le Papillon abat la sphère noire à ses pieds. Une étrange sensation de déjà-vu me frappe. La terre se met à trembler, toute la structure métallique oscille dans un grincement assourdissant. En bas, le bitume se fissure. Un véritable cataclysme. Le poids de mon corps glisse lentement vers le bas. Impossible d'utiliser mon Lucky-Charm, c'est trop tard.


A suivre ...


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