Miyuki ( d'Après le manga de Mitsuru Adachi, 1980)

Chapitre 3 : La compétition sportive de cet hiver

4290 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 13/02/2015 19:03

Les épreuves éliminatoires ont débuté. Ceux qui avaient décidé de se porter volontaire s’entrainaient déjà ardemment sur le terrain. L’épaisseur de neige qui le recouvrait la veille avait été dégagée tôt ce matin pour l’occasion. Ils y mettaient une volonté si grande que même moi qui restait ouvertement désintéressé par cette compétition, je ne pouvais m’empêcher de ressentir de la compassion pour eux, mais aussi de l’admiration. Je me sentirais sûrement fier de moi si je faisais preuve ne serait-ce qu’une fois d’un tel cran.

 

Les épreuves de course, de basket, de relais et de volley se déroulaient entre les classes, à chaque fois entre les élèves de même âge et de même sexe. Tout était parfaitement organisé.

Ceux qui avaient postulé pour la course se disputaient la place de représentant de l’école dans la matière en étant le plus rapide sur le terrain. Le fonctionnement était le même pour les autres sports. Des matchs de basket pour le basket, de volley pour le volley.

 

C’était impératif, il fallait les plus forts. Il s’agissait de résister aux élèves représentants les autres écoles ce qui n’allait pas être de la tarte. Mais le lycée Seika a déjà gagné quelques coupes, quelques médailles qui témoignent que nous comportons aussi une poignée de bons éléments. Miyuki-chan par exemple, a déjà gagné certaines épreuves.

N’allez pas croire que mes sentiments amoureux interviennent dans ce que je vais dire, mais elle était vraiment douée en sport. C’est surtout dans la course et le relais qu’elle prospèrait le mieux. Elle a toujours couru avec une rapidité que peu d’élèves du même âge sont capables d’égaler et chaque année, elle a donné du fil à retordre aux filles des autres écoles. Comme tous les ans, elle a voulu participer et sa candidature fut acclamée par l’assemblée générale. Du côté des garçons, les noms Keisuke Ichijou, Kosaka Kenji, Sanka Akihito furent retenus. J’ai failli mourir étouffé par le biscuit que je n’avais pas eu le temps de manger à la maison lorsque j’ai appris que Masaki Ryuichi figuraient aussi sur la liste. Il m’arrivait souvent de déguster mon déjeuner dans la salle avant le début des cours.

 

« BUUH !! C’est une blague ?? »

 

-Pas du tout, me répondit Muraki qui avait l’air aussi estomaqué que moi. Son nom est inscrit sur les affiches des candidats à l’entrée pour l’épreuve de relais. Tu peux même aller le voir, il s’en vante.

 

-Pfff…Non merci. Ca me tue ! Je le vois plus participer à un combat de karaté ou de boxe plutôt qu’à une simple épreuve d’endurance !

 

-Bah on panique comme des cons pour pas grand-chose si çà se trouve. Rien ne dit qu’il sera sélectionné.

 

-Ce qui m’inquiète, ce n’est pas qu’il participe, c’est pourquoi…

 

-Peut-être pour la même raison que tout le monde, il veut avoir un prix.

 

-A mon avis, c’est plutôt pour se faire voir. Et je mettrais ma main au feu qu’il est encore question de ma petite sœur.

 

-Tu as vu juste, Onii-san !

 

Je me suis vivement retourné pour voir le visage illuminé de Ryuichi a quelques centimètres du mien. J’ai sursauté. Ce gars ne sait pas apparaître normalement…

Nous le regardions d’un air totalement passif en train de voler la chaise d’un des élèves et de s’y installer tout près de nous.

 

-Qu’est ce que tu me veux ?

 

-Rien, je vous écoutais. Ca a l’air de vous étonner que je participe à cette compétition !

 

Ce type avait fini par complètement me blaser de tout.

 

-Tout bien réfléchi, çà n’a rien d’étonnant en fait.

 

-Masato-kun, me dit-il d’une voix excessivement mielleuse tout en m’attirant contre lui. D’après toi, qu’est ce qu’une femme apprécie le plus chez un homme ?

 

-Je ne sais pas, mais lâche moi.

 

La situation devenait gênante. Muraki avait une peur bleue de Ryuichi, donc je ne m’attendais pas à recevoir un quelconque secours. Ryuichi s’est contenté de poursuivre tout en ignorant ma réponse, serrant son étreinte de plus belle.

 

-C’est le courage, la force, la détermination ! Un type qui est dépourvu de ses trois atouts est bon pour la poubelle. Il peut attendre toute sa vie qu’une gonzesse vienne frapper à sa porte, moi je vous le dis ! Et je veux participer pour montrer que je ne suis pas de leur bord, à ces mecs là !

 

-Eeeeh….

 

-Je sais que si je gagne cette épreuve, Miyuki-chan finira par me voir autrement. Je réveillerai son intérêt, un jour elle comprendra l’homme exceptionnel que je suis et elle me tombera dans les bras !

 

-Si tu t’imagines que Miyuki est du genre à craquer aussi facilement pour un mec, tu commets une grossière erreur.

 

-Tu penses certainement que je délire n’est ce pas ? Et bien j’ai de bonnes raisons de croire que ce que je pré visualise deviendra probablement une réalité. Ta petite sœur et moi, nous nous rapprochons de jour en jour. D’ailleurs je ne tarderai pas à lui proposer un rendez-vous. Elle ne refusera sûrement pas ! Et lorsque la séance ciné commencera, je lui prendrai la main…et alors….

 

Plus il s’emportait dans ses visions, plus le bras avec lequel il m’entourait le cou m’étouffait. Cette fois ci, c’était la goutte d’eau. J’ai senti que la colère me gagnait ; elle montait, montait, puis empourprait mes joues. Une fureur que j’avais rarement ressentie s’emparait de moi ; une grosse poussée d’adrénaline m’envahit alors et me permit de me libérer de son étreinte. Avec toute la force que je possédais, j’avais réussi à le repousser.

 

-Fous lui la paix à ma sœur, tu veux ?!

 

     J’avais hurlé. La rogne dans laquelle il m’avait mis était telle que je ne me rendais même pas compte que tous les regards des élèves étaient braqués sur nous. Je n’ais pas non plus tenu compte de l’expression de terreur de Muraki, qui m’aurait certainement fait rire en temps normal.

 

-Wakamatsu, tu vas te faire éclater ! a-t-il crié de sa bouche tremblante en me fixant avec des yeux ronds.

 

Je m’en foutais. Je ne comptais pas les fois ou je rentrais à la maison défiguré après avoir subi des coups. Il est clair que je ne fais pas le poids face à Ryuichi, peu de garçons sont assez durs pour lui tenir tête. Pour lui je suis un microbe, il le sait et il s’en amuse. Tant pis s’il devait me casser la figure, ce ne serait qu’une fois de plus encore.

 

Mais la brute n’en fit rien. Il se contenta de me lancer un sourire benêt puis de me dire :

 

«  Onii-san, est ce que ta sœur t’empêche de flirter avec Kashima-chan ? »

 

 

« …. »

 

 

- Je comprends ce que tu ressens onii-san, me dit-il en posant une main sur mon épaule. Moi aussi je serais méfiant si un gars approchait ma chère sœurette de trop près sans que je sache vraiment s’il est digne d’elle. Mais nous sommes de vieilles connaissances maintenant. Tu ne devrais pas autant t’inquiéter.

 

Oui, je te connais depuis longtemps Ryuichi. C’est bien ce qui m’embête, je sais comment tu fonctionnes et ce qui te motive. Tes intentions sont loin d’être pures…

-Laisse-la s’intéresser à d’autres garçons. Reste le gentil grand frère qui regarde sa sœur de loin sans broncher, sans fourrer son nez dans ses affaires.

 

 Cette fois-ci, il avait prononcé ces paroles avec un regard si intense, un air grave qui ne lui ressemblait pas et qui me laissa dans l’incapacité de répliquer. J’avais beau maintenir une expression de colère sur le visage, je sentais mes jambes trembloter légèrement. Une fois encore, j’agissais comme un lâche.

 

-T’inquiète, je vais te prouver que je peux rendre Miyuki-chan heureuse et lui montrer que je suis un chouette type. Je vais gagner ces épreuves, ce sera déjà un début. Ensuite tu verras que je peux être un bon frère pour toi.

 

 

Et c’est d’un pas traînant qu’il s’en est retourné auprès de sa classe dans la salle voisine. La confrontation que j’avais eu avec lui m’avait laissé muet, perdu dans une profonde réflexion. Je me remettais en question. Je finissais par penser que j’étais trop protecteur envers Miyuki. Un frère doit bien évidemment surveiller sa sœur, mais peut-être que j’en faisais trop.

 

En tout cas ça me gênait que le déclic me provienne d’une prise de bec avec cet abruti.

 

 Quoiqu’il dise quoiqu’il fasse, je savais que ce n’était pas un garçon bien et qu’il ne serait certainement pas en mesure de me prouver le contraire.

Pour dire la vérité, je ne connaissais aucun type assez bien pour elle. Aucun ne pouvait décidément faire l’affaire. Etrangement, çà me soulageait.

 

-Quel pauvre type, s’est exclamé Muraki une fois que Ryuichi eut quitté son champ de vision. Je n’ais jamais vu un mec aussi sûr de lui. Il ne se prend pas pour n’importe qui. Mon pote, je suis désolé qu’il en soit après ta frangine.

 

Je ne pris pas la peine de lui répondre. A dire vrai, je ne l’avais même pas entendu. Je songeais toujours aux dernières paroles de Ryuichi. Je me mordais sévèrement la lèvre de ne pas l’avoir affronté jusqu’au bout.

 

Une fois l’heure de la pause, on nous autorisait à assister à l’entraînement sur le stade. Comme Miyuki et Miyuki-chan y participaient, je voulais voir comment se déroulaient les épreuves.

 

Après un arrêt aux toilettes puis avoir justifié une absence datant de la semaine passée, je me suis incrusté avec les autres spectateurs sur le terrain. Les sélections de notre classe avaient déjà été faites et je voyais Miyuki Kashima aux côtés des heureux élus. J’étais heureux mais pas surpris du tout. Le contraire m’aurait plutôt inquiété. J’ai décidé de faire volte-face aux sièges des gradins pour aller à sa rencontre. Je me suis timidement avancé vers elle.

 

-Félicitations Miyuki-chan !

 

-…Oh ! Merci Wakamatsu-kun.

 

Elle m’a répondu avec la même gêne que celle avec laquelle je l’avais abordé.

 

-Tu n’as pas voulu te porter volontaire pour la compétition ? me demanda t-elle comme pour rompre le blanc qui s’installait.

 

-Non, je préfère me concentrer sur le prochain examen. Et puis j’aurais beau faire, je ne serai jamais aussi sportif que toi.

 

-Toujours aussi injuste envers toi-même…

 

-Oh mais je ne nie pas que j’ai d’autres capacités ! me suis-je rattrapé.

 

-Il y a eu une année ou tu as participé à l’épreuve de relais. Nous étions dans la même équipe et nous avons gagné. Tu t’en souviens ?

 

-Oui je m’en souviens un petit peu.

 

 

En réalité, je me souviens encore de chaque instant de cette course. Des bons comme des mauvais. Cette année là, l’épreuve sportive se passait en plein été. La chaleur cuisante ne démotivait pas pour autant les élèves qui comme toujours, s’impliquaient à fond dans cette compétition.

 

Hors mis le fait que je crevais de chaud et que la migraine me guettait, je débordais de joie de faire équipe avec Miyuki-chan. Au sein d’une véritable équipe, je me sentais fort, utile, même déterminé.

Je me trouvais sur le stade, à mon point de base ; je l’attendais. C’est éblouissante comme un éclair que je la vis arriver sur moi devant nos concurrents. Lorsque ma main a rencontré la sienne pour saisir le relais, j’ai ressenti une force que je ne me connaissais pas m’envahir, comme si elle m’avait transmise toute l’énergie qui carburait en elle ; ma minute de gloire passée, j’avais pu constater que je pouvais dominer le Masato minable et mou que je maintenais prisonnier dans mon enveloppe charnelle et à quel point çà me rendait heureux.

 

-Je ne suis pas la seule personne à avoir fait gagner notre équipe. Tout le monde y a été pour quelque chose, et je sais que tu es un bon coureur, Wakamatsu-kun. Ton seul vrai handicap, c’est que tu te vois constamment comme un incapable. Je ne t’ais jamais entendu dire une seule fois du bien de toi. Pourquoi tu te vois toujours d’une manière aussi négative ?

 

      J’ai haussé les épaules.

 

-Si je le savais...

 

   Je suis un garçon pessimiste. Je pensais pourtant que mes misérables tentatives d’approches sur elle qui se soldaient à chaque fois par un échec et qui m’avaient juste fait passé pour un coureur de jupons auprès de la gente féminine auraient été suffisantes pour lui faire comprendre… Je ne lui avais pas répondu ainsi parce que cette tentative de remise en question me laissait indifférent. Mais je sentais qu’elle allait finir par toucher un point sensible, qu’à un moment de la conversation j’allais me retrouver impuissant. J’ai préféré changer de sujet.

 

 

-Je te souhaite bon courage pour cet après midi.

 

 

-J’en souhaite tout autant pour ta sœur.

 

 

-Elle a été prise ?! Les épreuves de sa classe sont déjà passées ?

 

Bon sang mais combien de temps j’ai passé aux toilettes ?!

 

 

-Oui, avant les nôtres. Elle a terminé première chez les filles, même devant Yatabe Akiko, c’est dire ! Tu as une petite sœur très douée Wakamatsu-kun.

 

Elle m’a souri. Elle devait penser m’avoir flatté avec ce compliment sur ma sœur. Il en résultait juste que je me sentais encore plus mal d’être aussi peu doué par rapport à elle. Dans une fratrie, il y en a toujours un qui est plus doué que l’autre. Les chances pour que les deux individus soient totalement différents sont nombreuses, surtout s’ils ne sont pas liés par le sang…

Oui, chose que je n’ais jamais révélé à personne, ma sœur et moi n’avons aucun lien sanguin. Lorsque mon père s’est remarié avec ma seconde maman, Miyuki était déjà de ce monde. L’unique enfant de ma belle mère, celui de sa première union.

Quand deux familles brisées décident de ne faire qu’une, des enfants de deux et quatre ans n’ont rien à redire. Je me souviens avoir beaucoup pleuré à la mort de ma mère biologique. Je n’avais pas bien compris ce qui se passait, je savais juste que je ne la reverrais plus et qu’à ce moment là je devais compter avec mon père pour seul parent.

Cependant, je me suis très vite attaché à la seconde épouse de papa, car elle était très douce. Je n’avais aucun problème à l’appeler maman, pour moi c’était vite devenu naturel. Si l’on parvient à essuyer les larmes du passé pour étreindre un nouveau bonheur, pourquoi se poser des questions ? J’étais heureux de retrouver une mère, heureux d’avoir une petite sœur. Je me sentais bien dans mon nouveau rôle ; l’idée d’avoir quelqu’un à protéger me plaisait.

 

La majeure partie de notre enfance, nous l’avons passé ensemble. Pour moi, c’était vraiment une sœur. Je ne la voyais pas autrement, il n’a jamais été question du contraire. Quoiqu’il en soit, notre lien de parenté est bel et bien inscrit sur le registre de notre famille. Raah ce foutu papier !! Je voudrais le déchirer, le mâchouiller, l’avaler qu’il n’en reste plus aucune trace !

Nous avons beau ne pas être du même sang, nous n’en restons pas moins frère et sœur.

 

C’est un secret que seuls papa et moi connaissons.

 

Avec du recul, je me dis qu’à mon égal, papa aurait du la mettre au courant. Pas à la petite fille qu’elle était au début bien sûr, mais ne serait-ce qu’à son entrée au collège ou cette année. J’ai beau dire cependant, je ne me permettrais pas de le juger pour lui avoir dissimulé la vérité depuis tout ce temps. Je doute pour ma part que j’aurais pu avoir le courage de lui avouer l’inavouable. Lui dire que dans le fond, le jour ou ma seconde maman est décédée, elle venait de perdre le dernier véritable membre de sa famille. Elle aurait certainement le cœur brisé, sans savoir quoi faire ni penser. Je suppose qu’elle se sentirait perdue, qu’elle éprouverait un sentiment pénible et lourd, une indescriptible solitude. Le jour ou elle deviendra une adulte sera peut-être plus adéquat pour ce genre de révélation. Pour le moment, ce dont elle a besoin c’est d’une vraie famille, de moi, son grand frère.

 

 

 

 

-Tiens justement ! Elle vient vers nous !

 

 

En effet, je voyais Miyuki s’approcher de nous en agitant la main. Elle tenait une serviette dans l’autre et son maillot de sport était trempé. Ce n’est que lorsqu’elle arriva à notre niveau que Miyuki-chan et moi avions pu constater qu’elle était totalement décoiffée mais qu’elle ne s’en souciait guère.

 

Je fixais avec entêtement son t-shirt tout mouillé, non pas pour tenter de voir au travers –je vous vois venir- mais pour me répéter à quel point j’étais heureux de ne pas avoir participé à cette épreuve de forcenés.

 

-Regarde ton maillot, tu es toute en sueur, lui dis-je d’un ton un peu râleur. Le but n’est pas non plus de te tuer sur le terrain.

 

-Je suis juste passée au vestiaire pour aller boire, idiot.

 

 

-Félicitations pour ta sélection aux épreuves finales Miyuki-chan.

 

-Toi aussi Kashima-san. Nous allons représenter notre école sur le terrain, il faudra nous surpasser !

 

 

       Sur ces paroles pleines d’enthousiasme, les deux filles se serrèrent la main.

 

 

-Onii-chan, tu viendras nous regarder n’est ce pas ?

 

-A moins que quelque chose m’en empêche, oui.

 

-je dis çà parce que je te connais ! Tu serais capable de rentrer à la maison dès la fin des cours.

 

Elle me dévisageait avec insistance comme si elle voulait percer mes intentions à jour. Sans doute voulait-elle me mettre mal à l’aise, chose qu’elle arrivait à faire sans peine, évidemment. Ma sœur connait tous mes points faibles…

 

-Pas du tout ! J’ai envie de voir Miyuki-chan à l’action, tu penses bien !

 

-Wakamatsu-kun, tu es aussi là pour encourager ta sœur avant tout, m’a lancé Miyuki-chan, presque avec un air de reproche.

 

-Mais oui mais oui…Je ne fais aucune différence entre vous deux.

 

      Soudainement, l’horloge de l’école a sonné les midis presque en même temps que le gargouillis de mon estomac. C’est en charmante compagnie que je me suis dirigé vers la cour. Plus tard pendant le repas, j’ai appris que Ryuichi avait loupé les épreuves éliminatoires. Une nouvelle qui m’a mis en appétit !

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