Jardin de cendres

Chapitre 5 : La fin de l'internat

2056 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 21/04/2022 19:22

Bonjour à tous ! Me voilà pour le chapitre 5 ! J'espère que cette lecture vous plaît jusqu'ici. Actuellement je suis en train d'écrire le chapitre 19 donc n'hésitez pas à me dire si le rythme de publication vous convient... Un petit commentaire ?


Bonne lecture !  




— J’étais surprise d’avoir votre appel pour avancer notre rendez-vous, Shoto. Est-ce que tout va bien ?

Shoto se détourna mais la thérapeute pu voir sa lèvre trembler légèrement.

— Vous avez dit, que je pouvais dire les choses comme elles me venaient, non ?

— Oui, tout à fait, prenez votre temps.

— Ça ne va pas du tout. Ça se voit sur mon visage non ? Avant-hier, les profs nous ont annoncé que l’internat c’était fini, comme ça d’un coup.

— Je me souviens que c’est là que vous trouviez votre place.

— Oui… Et là je n’ai plus de place du tout, nulle part.

— Vous avez dit avant-hier. Où est-ce que vous avez passé la nuit ?

— Je devais passer la nuit… chez ma mère… dans la nouvelle maison.

— Mais vous n’avez pas pu entrer ? Comme dans le rêve ?

— Si je me suis dit, allez soit un grand garçon il n’y a pas de quoi avoir peur. J’aurais dû rester sur le seuil.


Comme dans son rêve Shoto se tint sur le devant de la porte, avec son petit bagage. Il sonna et c’est sa soeur qui lui ouvrit. Il vit qu’elle voulait le prendre dans ses bras. Elle se retient de le faire finalement et ce qui d’habitude l’indifférait lui fit un peu mal. Mais dans la maison une bonne odeur de cuisine se répandait. Natsu était là aussi, il l’accueillit les mains dans les poches.

— On va être bien là, on dirait non ? commença Fuyumi.

— Ce n’est pas une maison traditionnelle, mais c’est très bien. C’est près de UA, de la fac et de ton école.

Natsu haussa les épaules et indiqua à Shoto sa chambre, tout en haut de l’escalier, sous les toits. Lui et sa soeur lui firent visiter les lieux. L’ensemble était chaleureux, ancien et possédait un petit jardin. La plomberie émettait d’étranges grincements. Cela ne ressemblait en rien à leur ancienne maison et ses immenses parquets, son dojo intégré.

— C’est papa qui a choisi ? demanda Shoto.

— Non c’est maman. Elle a aimé la barrière et les jardinières sous les fenêtres pour mettre des fleurs. Et puis plus petit ça lui fera moins de travail.

— Où est maman ?

— Partie faire quelques courses, mais elle sera là pour manger avec nous, le rassura Natsu.

Shoto se laissa installer au salon où sa soeur l’abreuva de récits sur les élèves de son école. Il l’écouta avec plaisir, ne l’interrompant que pour poser de respectueuses questions. Puis il les regarda se chamailler elle et Natsu. Cette indescriptible tristesse s’empara de lui lorsqu’ils entamèrent à ce qui ressemblait un guerre de chatouille. Il se força à respirer, mais aucune douleur soudaine ne vint l’aiguillonner, alors, il s’autorisa à rire.

Bientôt, sa mère rentra avec un dessert en provenance de chez le traiteur. Sa soeur fit semblant de se vexer, et il les regarda deviser tranquillement. Il aida à mettre la table alors que la tristesse fut peu à peu remplacée par un sentiment chaleureux qu’il ne connaissait pas. Il répondit honnêtement à son frère qui lui demanda s’il faisait toujours des crises.

— C’est assez inquiétant Shoto ça non ? demanda sa mère.

Il vit qu’elle voulait toucher son front, elle se retint juste à temps. Pour le repas, il s’assit en face d’elle, à une distance respectable. La regarder lui faisait du bien. Elle était devenue belle, elle était bien habillée, bien coiffée, elle sentait bon. Ensemble, ils parlèrent des études de Natsu et des siennes. Leur mère leur confia qu’elle envisageait de se mettre à la peinture, pour passer le temps, puisque de toute façon leur père pourvoyait à tous leurs besoins.

— Tu l’as revu ? demanda Natsu anxieusement.

— Non pas encore. Les médecins parlent d’organiser une rencontre lors d’une de mes visites à l’hôpital, mais je ne sais pas quoi en penser. Cela dit, votre père nous a offert cette maison, c’est déjà peut-être quelque chose ?

— C’est déjà mieux que ses stupides fleurs, commenta Natsu en croisant les bras sur la poitrine.

Personne d’autre n’ajouta rien à ce sujet. Et bientôt, mère et soeur s’employèrent à ce que la joie entoure le dessert puis le débarassage de la table. Shoto commençait à se sentir joyeux même s’il ne disait pas grand chose. Il avait eu peur que tout cela semble faux mais au contraire cela prenait de douloureux accents de vérité. Tout ce temps, c’était cela qu’ils auraient du vivre, ça ressemblait à ce que vivaient Izuku et sa mère.

Justement, les yeux de la sienne se remplissaient de larmes, alors qu’elle commençait la vaisselle.

— Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis heureuse, de vous voir tous les trois ici. Toya n’est pas là mais…

Évidement, elle ne put pas finir cette phrase. Elle se retourna, une casserole humide encore à la main qui gouttait sur le sol. Nastu la serra dans ses bras. Puis Fuyumi la serra à son tour. Shoto hésita, puis se résolu à poser le torchon qu’il tenait dans ses mains pour en faire autan. Un pas puis un autre, il tendit les bras, le coeur battant la chamade.

La casserole le percuta et le projeta au sol avant qu’il ne comprenne. La seconde d’après, le regard noir, sa mère était sur lui et elle le frappa, la joue, l’épaule, le front, l’épaule encore dans un série de bruits de ferrailles insupportables. Shoto, se couvrait de ses bras, maladroitement, incrédule. Nastu mis plusieurs coups encore à réagir avant de se mettre à hurler et d’attraper sa mère. Fuyumi pleurait, presque silencieusement, choquée, lorsque Shoto se releva. Alors commença la litanie qu’il connaissait bien.

— Je suis désolée Shoto, je suis désolée, je suis désolée je suis désolée.

À genoux, elle tenait toujours l’objet dans sa main, les jointures blanches. Nastu la ceinturait par derrière une expression blanche sur le visage.

— Je ne peux pas rester là, déclara simplement Shoto.

Son frère et sa soeur hochèrent la tête d’un même mouvement grave.

— Non, Shoto ne pars pas s’il te plaît, je ne le ferais plus, s’il te plaît ne pars pas.


— Attendez… je ne suis pas sûre de comprendre. Qu’est-ce que vous voulez dire quand vous dites, « ma mère a perdu son sang froid » ?

Shoto se lève avec nervosité pour aller regarder par la fenêtre, il ne réponds pas.

— Est-ce qu’il y a eu de la violence Shoto ?

— Oui.

— C’est à dire ?

Il se retourne vers la thérapeute pour lui crier.

— Vous avez vu les bleus sur mon visage non ? Vous voulez que je vous dise quoi ? Qu’ elle m’a frappé ? Elle m’a frappé avec la casserole qu’elle avait à la main dès que je me suis approché d’elle. Elle m’a frappé pour se défendre. Alors j’ai pris mon sac et je suis allé m’asseoir sur le trottoir d’en face pour appeler les profs. C’est suffisamment clair comme ça ?

— Shoto, asseyez-vous s’il vous plaît. Je vois bien que c’est difficile de parler de ça mais je pense que c’est important.

Il consent à se rassoir et soupire profondément. Il retrouve son calme presque instantanément.

— Pardon, je ne voulais pas m’emporter, je ressemble à mon père quand je m’emporte comme ça. Ce n’est pas de votre faute.

— Ce n’est pas grave si vous êtes en colère Shoto, c’est assez terrible ce que vous aviez à me dire aujourd’hui. Finalement où est-ce que vous avez dormi ?


— La cavalerie est là que puis-je faire pour toi Shoto ?

D’entendre cette petite phrase qu’il connaissait par coeur acheva de le faire craquer.

— All Might, articula-t-il douloureusement pour éviter de se mettre à pleurer, mes problèmes de famille, c’est pire que ce que je pensais.

— Tout va bien aller Shoto, calme-toi et explique-moi.

— Je suis devant chez moi. Je ne peux pas rester… chez ma mère…

— C’est ce qui était prévu pourtant non ? Vous vous êtes disputés ?

— Non, oui…je ne sais pas… Je ne peux pas rester là c’est tout.

Shoto entendit distinctement All Might soupirer à l’autre bout du fil. Cela lui fit l’effet d’une lame glacée dans le dos.

— Bon, reste où tu es, peut-être essaye de retourner discuter avec eux. J’arrive.

En attendant All Might, Shoto n’essaya pas de retourner à l’intérieur. De là où il se trouvait, il pouvait encore entendre les pleurs de sa mère. Il lui sembla que l’ancien héros mettait des heures à venir jusqu’à lui. Il avait froid, il avait oublié sa veste et il ne pouvait pas aller la chercher.

Le visage d’All Might se déforma lorsqu’il sortit de la voiture.

— Qu’est-ce qui est arrivé à ton visage, Shoto ? Tu es tombé ? Tu t’es fait mal ?

L’idée qu’il puisse se préoccuper qu’un futur héros soit simplement tombé le couvrit de honte alors Shoto se contenta de détourner les yeux et de ne rien dire. All Might sembla hésiter sur la conduite à tenir.

— On peut juste y aller, s’il vous plaît ? demanda Shoto les yeux rivés au sol.

— Non, je vais aller les voir et essayer de comprendre ce qui se passe dans cette maison.

La porte d’entrée s’ouvrit sur les cris de sa mère qui appelait son nom et se referma, laissant l’adolescent dans le silence à nouveau. All Might ne resta pas longtemps. Lorsqu’il ressortit il ne fit pas de commentaire au point que Shoto se sentit obligé de demander.

— Qu’est-ce qu’ils vous ont dit ?

— Ils ne m’ont pas expliqué ce qui s’est passé, mais ta mère a l’air bouleversée et ton frère et ta soeur sont d’accord avec toi pour dire que tu ne peux pas rester. Je t’emmène chez ton père.

Shoto s’étrangla presque.

— Chez mon père ? Est-ce que je ne peux pas retourner au lycée, avec Eri et Aika ? S’il vous plaît…

— Ton père sera content de te voir Shoto. Ne t’inquiète pas, je vais le prévenir et tout va bien aller.

L’adolescent renonça, la mort dans l’âme. Il se consola avec l’idée qu’il avait vécu chez son père jusqu’à l’internat. Il pouvait continuer. Il résolu simplement de ne pas lui parler. Il serra entre elles ses deux mains qui tremblaient.


— Vous avez expliqué à All Might la situation, ce que votre mère a fait ?

— Non, je ne voyais pas comment je pouvais expliquer cela.

— Et votre père, comment il a réagit ?

— C’est All Might qui avait raison. Il a essayé de faire semblant d’être désolé pour moi, mais il était très content. Juste en colère parce que ma mère s’en est pris à mon visage. Je ne sais pas pourquoi mais c’est important pour lui. J’imagine que le numéro un des super héros ferait mieux d’éviter d’avoir une tête à faire peur.

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