Jardin de cendres

Chapitre 6 : J'aspire à autre chose

1693 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 24/04/2022 11:10

Bonjour à tous ! J'espère que vous allez bien en ce Dimanche. Qu'avez-vous pensé du dernier chapitre qui marque le début des vraies difficultés?

N'hésitez pas à commenter ! Bonne lecture !




— J’ai réfléchis Shoto et je crois qu’on devrait prévenir l’hôpital de ce qu’a fait ta mère.

L’adolescent venait de se lever. Dehors le jour pointait à peine. Il était rare pour l’un et l’autre de dormir plus de quelques heures dans cette maison. Parfois, l’internat avait semblé à Shoto comme d’étonnantes vacances. Il n’aimait pas que son père lui déclare cela si tôt dans la journée, avant même de lui avoir dit bonjour.

— Je pense qu’on devrait aussi leur dire ce que toi tu as fait alors. Laisse maman tranquille. Ce n’est pas de sa faute. C’est de la tienne. Elle leur parlera si elle veut.

— Tu lui as parlé toi ? demanda encore Endeavor à son fils.

Depuis la veille, le groupe de messagerie sur lequel la friterie se parlait explosait littéralement. Le numéro un des super héros n’était pas invité évidemment. Il avait aussi lu en diagonale la litanie d’excuses de sa mère et avait répondu très laconiquement aux inquiétudes de son frère et de sa soeur. Il était retourné vivre chez son père. Il n’y avait pas de quoi fouetter un chat. Shoto ne répondait pas non plus à son géniteur qui l’observait de plus en plus en colère alors finalement tous deux tombèrent dans le silence.

— Tu retourne voir ton médecin la semaine prochaine ?

Pour toute réponse, Shoto se leva et alla laver son assiette. Il pensait pouvoir s’éclipser mais évidemment, son père avait les yeux rivés sur lui.

— Où tu vas comme ça ?

— Dans ma chambre.

— Pour quoi faire ?

— Réviser.

— Tu les connais tes cours Shoto, ce dont tu as besoin c’est de t’entraîner. Tu es loin d’être assez fort, encore, je le vois bien.

— Tu peux me dire quoi faire à l’agence, mais je n’ai pas envie d’écouter tes conseils ici aussi. Je ne suis pas revenu vivre avec toi par choix.

— Et tu serais allé où alors ? demanda son père en se levant.

Shoto sentit chacun de ses muscles se crisper mais il s’efforça de ne pas reculer.

— J’ai demandé à All Might de me ramener à l’internat.

Les deux mains épaisses d’Endeavor tombèrent sur leur petite table dans cette grande pièce vide.

— Ta place est à la maison, avec ta famille. Pas avec… All Might.

Shoto pensait que son père s’était réconcilié avec le héros retraité. À tord visiblement. Ces deux derniers mots lui avaient coutés. Cette fois, l’adolescent recula malgré lui. Il avait beau être un héros, il se sentait tout sauf courageux à ce moment précis. Son père n’en avait pas fini avec lui.

— Ce n’est pas grâce à All Might si tu en es là aujourd’hui. C’est grâce à moi. Je sais que j’ai fait des erreurs et je le comprends maintenant. Mais tu es obligé de le reconnaître. L’éducation que je t’ai offerte, à la sueur de mon front a fait de toi un futur grand héros. Très probablement le futur numéro 1. J’aurais donné cher pour avoir quelqu’un qui croit en moi à ton âge. Arrête de discuter et va t’entraîner. Tant que tu seras sous mon toit, tu suivras mes règles.

Shoto resta là immobile un instant. Il pensa à tout ce qu’il aurait voulu répondre à son père. Il voulait lui dire que oui, certes il avait fait quelqu’un de fort mais aussi quelqu’un qui ne sait souvent pas quoi dire, qui ne peut pas être touché où consoler. Quand bien-même, le malheur de toute une famille était un prix trop élevé, oui il était fort, mais combien de vies avaient été détruites pour que la sienne prenne cette tournure là ? Il voulait demander à son père ce qu’il ferait s’il lui désobéissait, s’il oserait aller jusqu’à lever la main sur lui comme il le faisait avec sa mère à l’époque. Mais rapidement, la colère fut emportée par une vague de culpabilité. Natsu, Fuymi, sa mère et Toya… Tous avaient été sacrifiés dans un but bien précis. Shoto ne le faisait par pour son père mais pour eux. L’idée que tout cela ait pu être vain était plus insupportable encore.

— D’accord, lâcha-t-il, n’importe quoi pour te faire taire je n’en peux plus de t’entendre.

Au fond, il se comportait comme un enfant gâté.


— Et qu’est-ce que vous pensez, de tout ce que dis votre père à ce sujet.

Shoto reste silencieux un moment.

— Je suis ennuyé parce qu’il a un peu raison. Je suis bien obligé d’admettre que je ne serais pas aussi fort aujourd’hui sans toutes les épreuves qu’il m’impose.

— Qu’il m’impose ? Vous parlez au présent.

— Oui, parce qu’il semblerait que nous soyons repartis pour un tour lui et moi. Mais c’est moins pire parce que comme ça, personne d’autre n’en souffre.

— Personne d’autre ? Vous voulez dire que vous, vous souffrez de cette situation ?

— Non, pas vraiment, c’est ce dont j’ai l’habitude. Mais on dirait que depuis l’internat je me suis ramolli.

— Ramolli ?

— Oui, ça me semble plus dur qu’avant et parfois j’aspire à autre chose.


La classe se terminait dans un bruit respectueux. Ida faisait à Denki un résumé sur une notion de droit qu’il avait mal comprise. Il était environ 19h, vendredi soir. Les conversations bruissaient autour de Shoto avec toutes le même thème : comment allait-on dépenser ce premier week-end de liberté retrouvée. Il ne faisait pas très beau alors il se dessinait des projets de cinémas et de centre commercial. Avant le tournoi, Shoto n’était pas assez proche des élèves de la classe pour être invité à ce genre d’évènements. Après, il employait souvent la même excuse « Je vais voir ma mère ». Il avait échappé à son père seulement le jour de l’entraînement à la piscine. Le terme employé avait évidemment fait la différence. Mais Shoto n’avait pas parlé à ses amis des évènements récents. Izuku l’observait en coin de même que Tsuyu mais ils étaient trop respectueux pour poser des questions.

Alors Shoto rassembla ses affaires rapidement dans l’espoir d’échapper à ce qui suivrait inexorablement. Mais alors qu’il voulait franchir la porte de la classe Izuku se posta devant lui.

— Et toi Shoto ? Tu viens avec nous ?

— Je ne vais pas pouvoir, désolé.

Le jeune garçon aux cheveux verts était très mauvais pour cacher ses émotions et sa déception visible ne fit qu’accroître la peine de Shoto. Cependant, celui-ci ne tenait pas vraiment à ce que toute la classe sache qu’il était de retour chez son père.


— Vous n’avez pas songé à demander l’autorisation à votre père ?

— Non. Je sais qu’il aurait répondu. « Tu n’as pas de temps à perdre avec eux Shoto, tu n’es pas comme eux Shoto, vous n’être pas du même monde Shoto… »

— Ce sont des futurs héros pourtant eux aussi non ?

— Oui, mais mon père imagine que la distance qui me sépare d’eux, doit être celle qui le séparait d’All Might à l’époque. Pour lui, All Might, avait quelque chose d’incomparable que les autres n’avaient pas et que mon père, quoiqu’il fasse n’aura surement jamais.

— Vous pensez posséder cette qualité spéciale vous ?

— Non. Je pense que je suis comme mon père, un éternel numéro deux. Pour l’instant je suis le premier parce que j’ai pris beaucoup d’avance mais une fois qu’Izuku aura appris à maîtriser son alter, il sera vraiment parfait. Il sera extrêmement fort et il sera capable de parler aux gens qu’il sauve. Il aura le mental, la détermination… Lui et moi, nous sommes condamnés à répéter l’histoire.

— Pourtant, contrairement à votre père vous ne semblez pas détester votre rival.

— Non, je pense que c’est quelqu’un de bien mais parfois, je sens bien que je suis jaloux de lui. Surtout quand je vois tout le temps qu’il passe avec All Might. Au début, je pensais qu’il était son fils caché mais tous les deux, ils partagent un secret d’un autre ordre. 

— Pourquoi ne pas demander à All Might de l’aide pour vous entraîner ? Peut-être que ça serait l’occasion de nouer des liens pour vous-même aussi et d’être un peu plus proche d’Izuku ? 

Shoto rit.

— Je pourrais aussi bien annoncer à mon père que j’arrête mes études pour devenir saltimbanque.

Un silence s’installe.

— Est-ce qu’il vous arrive de vous sentir seul, Shoto ?

— Oui. Très souvent. Mais j’ai pensé à mes crises à nouveau. Je crois qu’elles arrivent quand quelqu’un, ou quelque chose fait que je me sens moins seul tout d’un coup. Peut-être que si ma mère ne m’avait pas frappé avec cette casserole, c’est ce qui se serait passé.

— C’est une hypothèse intéressante oui. Nous verrons si elle se vérifie. D’ailleurs, nous n’avons pas vraiment pris le temps de reparler de cette soirée…

— Je pense qu’il n’y a rien de plus à dire.


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