Jardin de cendres

Chapitre 7 : Communication

2274 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 28/04/2022 22:26

Bonjour à tous ! Et dire que j'ai manqué d'oublier de poster ce chapitre ! De mon côté j'ai fini le 21 ème... la fanfiction touche à sa fin pour moi, mais pour vous, c'est le début... N'hésitez pas à commenter.



— Il y a quelques mois que je ne vous ai pas vu Shoto.

— Oui, je suis désolé. C’était les vacances d’été.

— C’est à dire ?

— Il y a eu le camp d’été et après je suis resté avec mon père. Je suis aussi retourné voir ma mère de temps en temps et puis les cours ont repris et je n’ai pas vraiment trouvé le temps. En fait je suis revenu parce que All Might et Eraser m’ont plus ou moins fait comprendre que c’était la condition pour que je puisse rester à l’école. Ils étaient assez furieux quand ils ont su que je ne venais plus vous voir.

Shoto baisse les yeux.

— J’aurais pu un peu m’en douter cela dit. En fait les professeurs commencent à penser que ces crises ne sont pas un problème seulement pour moi.

— Vous avez fait beaucoup de crises depuis notre dernière rencontre ?

— Beaucoup pendant le camp d’été oui et une seule à l’école.

— Pourquoi les professeurs pensent que c’est un problème pas seulement pour vous ?

— Cet été, entre le camp et les entraînements avec mon père, mes alters ont beaucoup gagné en force. J’ai accidentellement déclenché deux incendies. Aucune victime, seulement quelques arbres et… un poteau électrique.

Shoto baisse les yeux encore.

— Je vois…

— Je suis désolé, je sais que je n’aurais pas du interrompre nos séances.

— J’aimerais essayer de mieux comprendre pourquoi vous l’avez fait ?

— Je vous ais dit que je ne trouvais plus le temps.

— Je vais être direct avec vous Shoto, j’ai un peu de mal à vous croire. Il me semblait que vous aviez trouvé un bénéfice dans nos rencontres même si les crises se poursuivaient.

— Oui… mais après je suis parti en camp et j’ai pensé que je n’en avais plus besoin.

— Vraiment ? Pourtant vous disiez que vous aviez fait de très nombreuses crises.

— Bon d’accord.

Shoto se lève pour aller se mettre face à la fenêtre.

— Déjà mon père, je dois dire qu’il ne vous aime pas trop.

— Je ne crois pas l’avoir déjà rencontré pourtant.

— Il n’aime pas cette démarche. Je crois qu’il a aussi peur de ce que je pourrais raconter sur lui ici et qui pourrait ternir son image.

— Votre père vous a interdit de venir ?

— Plus ou moins, oui. Mais maintenant que les profs exigent ça pour que je puisse continuer mon cursus, il s’y est plié même s’il était en colère. Il a fait toute une série de commentaire sur All Might surtout.

— Donc finalement si je vous suis, vous ne vivez pas vraiment le fait de venir ici comme une contrainte.

— Non, en revanche, je suis inquiet parce que cette histoire de crises, ça pourrait bien mettre en danger ma carrière. Et si j’échoue alors qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire ? Vous voyez, c’est aussi pour ça que je ne venais plus. J’ai appris des choses en parlant avec vous, mais souvent c’est assez difficile. Je voulais arrêter de penser je crois. Mais bon… ça ne fonctionne pas mieux. Enfin, je suis là… je veux vous raconter quelque chose qui s’est passé au camp d’été.


L’entraînement était aussi difficile que les professeurs l’avaient annoncé et comme l’année dernière, il était requis pour les élèves de préparer leurs repas seuls. Les deux classes de première avait été réunies pour l’occasion. La plupart du temps était consacré au renforcement de la force physique et des alters. Mais cet après-midi, les professeurs avaient concoctés un exercice de sauvetage dont ils étaient les victimes. La critique était tombée, à l’issue de l’exercice toujours la même.

— C’est bien, tu es réfléchis, efficace, tu ne perds pas de temps mais tu analyse assez la situation. Par contre, tu comprends pourquoi j’ai fait le choix de m’enfuir ? demanda All Might à Shoto après l’entraînement.

— Oui, vous aviez dit que dans cette situation, les victimes seraient confuses quand à la question de savoir qui était là pour les aider et qui était là pour leur faire du mal. Et j’ai oublié de parler.

— Exactement. C’est tout à fait ça. Du coup tu as perdu beaucoup de temps à me poursuivre dans les bois. Ce n’est pas la première fois que tu fais cette erreur Shoto.

Le souvenir de Aika se débattant dans ses bras l’envahit soudain. Il soupira.

— Oui je sais. Mais je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas comment faire. Peut-être il faudrait que je trouve une petite phrase un peu comme vous ?

All Might lui sourit.

— Tu pourrais oui, mais je pense que ça ne règlerait pas le problème de fond. C’est la même raison qui fait que tu as de mauvaises notes en cours de communication, Shoto. Tu dois apprendre à te détendre et à te mettre dans la tête de la personne à qui tu veux parler, pour mieux la comprendre.

Shoto serra le poing et se força à regarder l’ancien héros face à lui. All Might ne faisait qu’essayer de lui apprendre quelque chose. L’adolescent le prenait mal pourtant sans qu’il puisse s’expliquer vraiment pourquoi.

— D’accord, je vais y réfléchir, répondit-il.

— Ne désespère pas, tu vas finir par y arriver, Shoto.

All Might lui adressa un dernier sourire avant de s’éloigner. Et Shoto se mit à penser. Comment trouvait-il toujours les mots ? Ceux qui chassaient toujours un peu le noir dans sa tête. Il se mit en devoir de rejoindre les autres dont certains avaient commencé la préparation du repas. Comme souvent, on leur demanda à lui et à Katsuki d’aller les feux pour faire cuire le riz. Il s’exécuta tranquillement et en silence au milieu des conversations tranquilles. Beaucoup se plaignaient d’avoir encore de violentes courbatures de la veille et lui-même se sentait assez épuisé. Un peu à l’écart Aika les observait. Elle, Eri et Mirio avaient été invités à passer ce moment avec eux. La jeune femme avait quelques progrès, ils lui avaient découvert un goût pour le dessin. Cependant, elle ne disait encore que quelques mots. Quand leurs regards se croisaient, Shoto détournait en général les yeux.

— Tu as l’air pensif, commença Ochako tout près de lui.

Il ne l’avait pas entendu arriver.

— Tu penses à Aika, poursuivit la jeune femme, elle ne serait pas là si tu ne l’avais pas trouvée.

— Je n’aurais pas pu là tirer de là tout seul, répondit Shoto.

 Il essaya de sourire mais les muscles de son visages restèrent résolument bloqués.

— Ne soit pas si dur avec toi-même, Shoto.

— C’est un fait, répondit-il.

Puis il pensa aux remarques d’All Might un peu plus tôt.

— Ochako, est-ce que je peux te poser une question ?

Au loin, Aika s’était détournée pour se concentrer sur sa feuille de papier. Alors Shoto put l’observer de nouveau.

— Oui, bien sûr, répondit la jeune héroïne.

— Comment fais-tu pour parler avec les victimes ? All Might dit que je dois progresser sur ce point, mais je ne sais pas comment faire.

Ochako se mis immédiatement à rougir et Shoto se demanda pourquoi avant de se rendre compte qu’il venait en fait de lui faire un sacré compliment en s’adressant à elle avec cette question là.

— Oh euh…en fait c’est assez difficile à expliquer. Je ne me suis jamais vraiment posé la question… je dirais qu’il faut leur parler avec le coeur.

— Avec le coeur ?

La jeune femme eut un rire qui vexa un peu Shoto. Mais il n’en dit rien.

— Oui, c’est vrai… tu as du mal avec les métaphores.

Shoto se souvenait d’une des épreuves concoctées pour le rattrapage du permis temporaire, celle où il avait fallut séduire les enfants pour les pousser à travailler ensemble. C’était sûrement quelque chose un peu comme ça. Mais les enfants étaient turbulents, ils n’avaient pas peur. Et puis ce jour-là aussi, il ne serait sans doute pas arrivé à grand chose tout seul. Près de lui, Ochako cherchait ses mots en se tordant les mains.

— Je dirais qu’il faut que tu sois sûr de toi et ce que tu fais, reprit-elle au bout d’un moment.

— En général je sais ce que je fais, déclara Shoto.

Un état de fait là encore.

— Oui bien sûr… mais c’est plus que ça… C’est un ressenti que tu peux transmettre.

Il l’observa, attendant qu’elle poursuive. Mais son regard finit par se détourner.

— Je suis désolée Shoto, je ne pense pas pouvoir t’aider plus. Peut-être que tu pourrais parler à Mirio, il était bon pour ça, ou poser d’autres questions à All Might ?


— Pourquoi parle-t-on de cela aujourd’hui ?

— Parce que je pense que vous pouvez m’aider mieux qu’Ochako à comprendre. Vous pensez que j’ai un… problème de communication, comme a dit All Might ?

— Je ne dirais pas ça comme ça, mais je comprends ce qu’il veut dire. D’une manière générale, vous semblez plutôt apprécié de vos pairs et vous n’êtes en conflit avec personne sans raison. Il est même très possible que beaucoup d’entre eux vous fasse confiance.

Shoto baisse les yeux.

— Ça vous gêne que je vous dise ça ?

— Oui, un peu.

— Pourquoi ?

— Je ne sais pas.

Puis il semble se reprendre.

— Ce n’est pas logique, vous dites que vous voyez ce que All Might veut dire et juste après vous faites des compliments sur ma manière d’être.

— Alors je vais aller au bout de mon raisonnement. Vous savez établir une communication assez harmonieuse, vous savez ne pas faire de vagues. Ce qui est difficile pour vous je pense, c’est d’être plus authentique d’être capable de dire ou montrer quelque chose de vous.

— Je ne comprends pas ce que vous voulez dire.

— Vous donnez une image lisse de vous-même. Vous êtes dans votre tête la plupart du temps, à analyser, comme All Might l’a dit. Je ne suis pas une experte mais j’imagine qu’une victime à besoin de sentir la personne que vous êtes. Ce que vous avez dans le ventre, pour faire une autre métaphore.

Shoto prend le temps de réfléchir à ce qu’elle vient de dire.

— Plus j’y pense… et moins je sais.

— Vous voulez que je réessaie, avec d’autres mots ?

— Non, je crois que j’ai compris. Je veux dire, plus j’y pense et moins je sais… ce que j’ai dans le ventre ? Ou alors je n’aime pas ça.

— Vous n’aimez pas… la personne que vous êtes ?

— Pour l’instant, j’ai fait plus de victimes que ce que je n’ai sauvé de gens.

— Vous pensez que c’est un calcul comme celui-là qui détermine votre valeur ?

— Non, évidemment… je pensais à ma mère surtout. Je retourne la voir parfois mais c’est vraiment dur.

— Pourquoi ?

— Nous nous sommes mis d’accord sur une distance de sécurité à laquelle je dois me tenir. Je vois bien que ça fait souffrir Fuyumi de voir ça. Et Natsu, je crois qu’il est en colère contre elle depuis ce qui s’est passé, alors que ça n’est pas de faute. J’ai été vraiment stupide ce soir-là de vouloir… Et même mon père, je fais ce qu’il me demande dans la mesure du possible. Mais j’ai l’impression que plus le temps passe et plus il est malheureux.

— Voilà que vous vous souciez de lui aussi tout à coup ?

— Non, il peut crever. Mais je pensais au moins qu’il serait tranquille maintenant que j’ai repris ses entraînements. Lui aussi, il est toujours déçu et pas seulement parce que je refuse de lui parler. Et puis… peut-être que je ne devrais pas parler comme ça de mon père. Je ne devrais pas penser ça non plus. Izuku a dit que je serais assez fort pour lui pardonner, mais je ne crois pas.

— Je ne pense pas qu’Izuku connaisse toute la réalité de votre situation.

— Non… mais quand-même…

— Shoto… ce n’est pas stupide d’avoir espéré que votre mère serait capable de vous serrer dans ses bras, comme votre frère et comme votre soeur. Et je ne crois pas que vous soyez responsable de tout ce qui va de travers dans cette famille. Vous pensez que vous pourriez… essayer d’être un peu plus gentil avec vous-même d’ici la prochaine fois ?


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