Jardin de cendres

Chapitre 8 : Deux fractures bien nettes

2320 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 01/05/2022 09:53

Bonjour ! Les choses se corsent encore un peu pour Shoto dans ce chapitre... N'hésitez pas à commenter.

Bonne lecture à vous !





— Comment allez-vous Shoto ?

— Je suis fatigué et un peu découragé.

— Cela se voit que vous êtes à bout de forces. Que vous arrive-t-il ?

— Rien de spécial, j’ai juste découvert que je peux utiliser le feu et la glace en même temps, mais c’est difficile et… assez douloureux. Mon père était fou de joie quand il m’a vu le faire pour la première fois.

— Ce n’est pas ce que vous faites habituellement ?

— Non d’ordinaire je les utilise l’un après l’autre mais l’autre jour, sur les conseils de Mr Aizawa J’ai essayé en même temps, vraiment juste au même moment. Ça produit une sorte de courant d’air très violent, un peu comme une explosion. Quand j’arriverais à maîtriser, je pourrais me déplacer rapidement sans avoir à semer de la glace partout derrière moi et sans prendre le risque de brûler quelque chose. Par contre, pour le moment le souffle est beaucoup trop fort alors je suis ballotté un peu partout et en général je m’écrase. Du coup, les profs m’ont fait concevoir une espèce d’armure pour éviter que je me blesse, en attendant. Je la porte à l’école, mais pas chez mon père. Du coup, ce matin je me suis fait reprendre par Recovry Girl.


— Écoute papa, j’ai fait tout ce que tu m’as demandé ou presque. Mais les profs ne veulent pas que je m’exerce à ça tout seul.

Endeavor se leva de table.

— Tu n’es pas tout seul je suis là. Je te rattraperais si tu tombes.

— All Might a dit que…

— Je me fous de ce qu’à dit All Might, Shoto. Tu es mon fils pas le sien ne l’oublie pas.

Shoto songea qu’il ne risquait pas de l’oublier en effet. Il déglutit douloureusement. L’adolescent alla lui aussi ranger son assiette et commença la vaisselle en espérant vainement que dans l’intervalle de silence son père aurait changé d’avis. Lorsqu’il monta dans sa chambre, son père l’interpela.

— Ne crois pas t’en tirer comme ça. Allez, sois courageux pour une fois on y va.

Sans rien dire, il suivit son père dans la nuit, sur le vaste terrain derrière leur maison. Il y avait eu autrefois des arbres et un petit étang dans leur grand jardin. À présent, l’ensemble n’était plus qu’une vaste étendue de cendres. C’était là que son père testait ses techniques les plus dévastatrices.

— Allez ! Fais-moi voir ! exigea Endeavor placé face à lui.

— Non. Tu veux qu’on s’entraîne, très bien. On n’à qu’à faire du corps à corps ou ce que tu veux.

Shoto vit son regard tourner noir juste à temps. Un mur de glace maladroit le protégea de l’assaut brûlant. Habitué aux méthodes de son père, il commença à se déplacer pour éviter que son père n’ait trop de temps pour une nouvelle attaque.

— Très bien, je vais t’y forcer.

Shoto était fort mais pas autant que son père lorsqu’il se battait vraiment. Rapidement, il fut débordé par les attaques de feu malgré toute son ingéniosité. Bientôt, l’air autour de lui ne fut que fournaise et son bras droit se figea à cause des engelures. Il le savait pour avoir déjà essayé, riposter avec ses propres flammes ne servait à rien. La lune était haute et la fatigue de la journée le mordait. Surtout, il était à bout d’espoir. Vaincre son père était une tâche impossible.

— Arrête ! Je ne veux pas me battre avec toi !

— C’est trop facile, de tenir ce discours juste parce que tu perds ! Allez Shoto ! Tu as une nouvelle arme à ta disposition ! Sert-en !

Shoto résista encore quelques dizaines de minutes, parce qu’il était fatigué que son père obtienne toujours ce qu’il voulait, mais ni l’espoir ni le coeur n’y était. Tout ce qu’il voulait au fond était rejoindre son lit, dormir un peu, ou du moins essayer. Il était plus facile de céder.

Cette fois, il n’avait plus vraiment le choix de toute façon, il n’avait pas eu le temps de se relever et son père fondait sur lui, poing enflammé. Il savait qu’il retiendrait son coup, il savait aussi que ce serait douloureux alors Shoto joignit ses mains.

Le souffle projeta son père en arrière, loin de lui. Mais la pression était trop forte et le sol empêcha son corps d’accuser le recul. Il ne put pas retenir un cri de douleur, lorsque ses deux avants bras cédèrent en même temps. Cassés net.

— C’est bien ! C’est bien ! se réjouit son père depuis l’autre bout du terrain, ça va t’être très utile. Je n’aurais jamais pensé que tu sois capable d’une chose pareille !

Shoto espéra malgré tout qu’il avait pu amortir sa propre chute avec son alter. L’adolescent se releva tant bien que mal.

— Mes bras sont cassés, déclara-t-il en espérant que sa voix ne tremblerait pas trop. Je t’avais dit que c’était dangereux.

La douleur était vive et le monde vacillait autour de lui. Malgré lui, Shoto tomba assis dans la cendre.

— Relève-toi ! Ne reste pas par terre !

L’adolescent s’exécuta mais son estomac protesta et il rendit son dîner sur les chaussures de son père.

— Tu n’as pas changé, tu n’as pas du tout changé, lâcha Endeavor.

Shoto sursauta lorsqu’il attrapa son cou pour le remettre sur ses pieds. Le jeune héros oscilla entre conscience et obscurité jusqu’à ce que son père l’assaille sur le canapé où il repris un peu ses esprits. Il eut une pensée pour Izuku et ses doigts cassés au tournoi. Son père avait raison, il avait des progrès à faire. Une partie de lui voulait demander d’aller à l’hôpital, ou appeler les professeurs. Au lieu de cela, il se laissa faire lorsque son père banda ses bras l’un après l’autre en silence. Après cela, se laver fut très difficile avec ses bras emballés dans des sacs. Il lui restait un peu de temps avant de devoir aller à l’école alors il s’étala sur son lit. Il savait qu’il devait essayer de réviser, mais il resta là, les yeux rivés sur le plafond, sans bouger, le souffle coupé. Comment allait-il supporter cela encore un autre jour ? C’était la même question qu’il se posait enfant. L’angoisse fichée dans son ventre l’empêcha de se reposer. Il songea qu’autrefois, il courrait pleurer dans les bras de sa mère. Il essaya de se souvenir quand exactement ça n’avait plus été possible. La bouilloire, évidemment. Il se tourna pour essayer de chasser cet épisode encore si vif de son esprit. Il irait voir Recovry Gril quand le jour serait levé. Il n’avait pas le choix. Il ne pouvait pas affronter les cours du lendemain avec les deux bras cassés. Son père dirait ce qu’il dirait mais de toute façon, il serait devant le fait accomplit.


— Je ne comprends pas Shoto, comment vous êtes vous blessé ? Vous avez utilisé cette capacité chez vous ? Sachant que c’était dangereux ?

— Oui, c’est ça.

— Qu’est-ce qui vous a poussé à faire ça ?

— Je pensais que ça irait.


Momo fut la première à l’apercevoir lorsqu’il arriva sur le parvis de l’école.

— Shoto ! Qu’est-ce qui est arrivé à tes bras ?

— J’ai fait une erreur, répondit-il simplement.

— Ça va aller ? demanda-t-elle encore.

— Oui ce n’est rien, essaya-t-il pour éluder la conversation.

— Attends ! On a encore un peu de temps avant le début des cours, pourquoi tu vas pas voir Recovry Girl ?

Shoto réalisa que sa détermination avait fondu comme neige au soleil. Mais Momo ne lui laissait pas vraiment le choix.

— Elle va sûrement se mettre en colère, essaya-t-il.

— Oui mais si tu arrives à l’entraînement de cet après-midi avec ça, c’est Mr Aizawa qui va se mettre en colère, répondit la jeune femme. Le choix est vite fait.

Shoto ne trouva rien à répondre, alors il la suivit.


— Vous n’étiez pas sûr de vouloir aller la voir ?

— Non, ce n’était pas grand chose.

— Vous aviez quel genre de blessure ?

— Juste mes bras qui avaient pris le choc, rien de grave.


— Je vous avais pourtant prévenu jeune homme ! commença la vieille infirmière dès qu’elle le vit.

— Je sais, j’ai eu tord, répondit Shoto sans chercher à négocier.

Il aurait voulu que Momo s’en aille avant qu’elle n’ouvre les bandes que son père avait installées. La peau était bleue et l’ensemble était enflé.

— Ça c’est deux fractures complètes Mr Todoroki, bien nettes. Ça ne va pas du tout, pas du tout du tout. Je peux vous réparer ça pour l’après-midi mais vous allez très, très fatigué, d’accord ?

— D’accord, répondit Shoto en essayant d’éviter le regard scandalisé de Momo.

— Je vais prevenir Mr Aizawa et All Might de vous ménager un peu.

— Non, ce n’est pas nécessaire, je connais mes limites.

— Pas du tout de toute évidence.

Il tomba dans le silence parce qu’il fallut supporter le contact lorsqu’elle soigna ses deux bras. Momo n’osa rien dire, visiblement mal à l’aise. Elle attendit le moment où ils étaient presque en classe pour lui lâcher.

— Tu ne peux pas venir en cours avec les deux bras cassés, Shoto.

Il n’eut pas le temps de lui répondre. Il fallut se composer une façade. Éviter les questions sur pourquoi ses bras étaient emballés par les bandes de l’infirmerie. Momo sembla garder le secret et il l’en remercia silencieusement.


— Shoto, je peux vous poser une question ?

— Oui bien sûr.

— Est-ce qu’il vous arrive d’avoir peur de votre père, parfois ?

L’adolescent étouffe un rire.

— Non, pas du tout. Il s’en prend à ma mère pas à moi.

— J’ai le sentiment que vous ne m’avez pas dit toute la vérité sur ce qui est vous est arrivé ce matin, comme vous ne m’aviez pas dit toute la vérité sur pourquoi vous aviez interrompu nos séances.

— Et que voulez-vous que je vous dise ? J’ai été idiot c’est tout. Il faut croire que cela m’arrive de temps à autres. J’ai eu droit à un savon de la part de Recovry Gril, et puis All Might et Mr Aizawa, je n’ai pas besoin du vôtre.

— Je ne cherche pas à vous réprimander Shoto, juste à comprendre comment les choses se passent avec votre père.

— Les choses se passent mal avec mon père, vous le savez. On ne se parle pas. Il veut que je m’entraîne alors je m’entraîne pour qu’il me laisse tranquille.

— Il s’occupe de vos entraînements parfois ?

— Oui, parfois et alors ?

— Vous m’aviez dit que vous vomissiez souvent enfant pendant les entraînements, cela arrive toujours ?

— Oui cela arrive, mais c’est comme ça que je suis devenu fort.

— Je commence à être vraiment inquiète pour vous, Shoto.

— Pourquoi ? À cause de mes crises ?

— Non, je m’inquiète des conditions dans lesquelles vous vivez. Je me demande si je ne devrais pas… alerter quelqu’un.

— Qui par exemple  ?

— Le lycée peut-être, je pourrais leur dire qu’il serait meilleur pour vous d’être accueilli à l’internat comme avant ?

— All Might a dit que c’était impossible, vous vous souvenez ?

— All Might ne connait pas la situation chez votre père et d’ailleurs moi non plus, je ne peux pas dire que je la connaisse vraiment. Mais la réalité c’est que vous avez l’air de plus en plus fatigué et que vous évoquez des récits sur des blessures qui arrivent lorsque vous êtes à la maison… Je pourrais appuyer votre demande, si vous me laissez faire. Je ne raconterais rien sur nos rencontres. Juste qu’étant donné la relation que vous avez avec votre père, je pense que votre rétablissement serait facilité à l’internat. Qu’est-ce que vous en pensez ?

— J’ai une autre idée.

— Laquelle.

— Je vais essayer de parler à mon père. Je vais le confronter et lui dire que je ne peux pas continuer comme ça toute l’année scolaire. Il a dit qu’il voulait se remettre en question pour le bien de notre famille non ? Il s’est excusé auprès de nous tous. Et puis, maintenant que je ne suis plus en stage à l’agence, je ne serais pas obligé de le supporter la journée en plus.

— D’accord, mais promettez-moi que si les choses devaient tourner au vinaigre, vous appellerez les professeurs sans tarder.

— Au vinaigre ?

— Si les choses devaient mal se passer.

— Ah… D’accord.

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