Jardin de cendres

Chapitre 9 : On s'entraîne c'est tout

2222 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 05/05/2022 22:14

Bonjour à tous ! Alors? Des idées autour de comment Shoto va se sortir de cette situation? De mon côté j'ai fini cette fanfiction et j'ai presque fini d'écrire deux chapitres bonus sur d'autres personnages... En espérant que ça vous plaise !


Bonne lecture !



— Est-ce que je peux te parler ?

Endeavor s’était redressé imperceptiblement. Shoto aussi oubliait parfois de dire bonjour mais le premier des héros n’en prit pas ombrage. Un large sourire s’afficha sur son visage. L’adolescent compris que cela serait sans doute plus compliqué que prévu, d’expliquer les choses à son père. Il s’était sincèrement sentit confiant en sortant de sa dernière séance, mais là encore, sa détermination fondait. Quel genre de héros ferait-il s’il était incapable d’avoir une simple conversation ? Il alla s’asseoir à table, prenant son courage à deux mains.

— Je sais que tu as fait des efforts pour notre famille, commença Shoto.

Évidement le sourire de son père s’élargit encore d’un cran. Pour une fois, il le laissait parler sans l’interrompre mais Shoto savait que c’était parce que pour l’instant, il allait dans son sens.

— Ces derniers temps par contre, j’ai l’impression que tu reviens en arrière.

Immédiatement le visage de son père changea. Il frappa de son gros poing sur la table qui menaça de s’enflammer.

— Pourquoi tu dis ça ? Je n’ai pas dénoncé ta mère comme je voulais le faire, j’ai laissé tes frères et soeurs tranquilles ! Tu sais à quel point c’est douloureux pour moi d’être loin de ma famille.

Shoto soupira, pour éviter de perdre son sang froid.

— Oui c’est vrai, je sais tu as raison. Mais moi, je vis là avec toi.

— Et ce n’est pas ma faute.

L’adolescent voulu répondre que si sa mère ne supportait pas sa présence plus de quelques heures c’était de sa faute, mais mieux valait ne pas relancer ce débat là à ce moment précis.

— Admettons dit-il, mais au lycée, et quand je vais à mes rendez-vous à l’hôpital, on commence à me regarder de travers.

Endeavor se calma quelque peu. Il ne semblait pas vraiment comprendre.

— Qu’est-ce que tu veux dire ?

— Ma thérapeute s’inquiète parce que je perds du poids et que j’ai l’air fatigué.

— Elle ne sait pas ce que ça exige de devenir le premier des héros, répondit Endeavor d’un ton sans appel. Je t’autorise à aller la voir seulement parce que les professeurs l’exigent mais si tu veux mon avis, ça ne te serviras à rien.

Il voulu répondre que non, il ne voulait pas l’avis de son père et qu’il trouvait ses rendez-vous utiles, mais là encore, ça n’était pas la question. S’il voulait que son père le comprenne il faudrait mettre sa fierté de côté.

— Elle n’est pas la seule. Recovery Girl était en colère quand elle a soigné mes bras.

— Je t’avais dit de ne pas aller la voir pour un oui ou pour un non.

Shoto soupira. Il voulait se mettre en colère, répondre que deux bras cassé ça n’était pas « un oui ou un non » mais là encore, il fallait se montrer patient.

— Je n’ai pas vraiment eu le choix. C’est une camarade de classe qui m’y a accompagné. Après ça, les professeurs m’ont aussi fait savoir qu’ils n’étaient pas contents de mon attitude.

Endeavor se leva, sur ses épaules les flammes grandissaient.

— Bon, Shoto, je ne comprends pas où tu veux en venir, pourquoi tu ne me dis pas tout simplement ce que tu penses plutôt que de me parler de ce que disent tes professeurs ?

— Je pense que les entraînements vont trop loin. Je veux bien faire des efforts pour progresser mais là, c’est trop.

Endeavor éclata d’un rire sonore et Shoto sut que c’était peine perdue.

— Trop ? C’est trop ? Tu veux devenir le plus grand héros de ta génération ou non ? Tu pensais que cela se ferait sans quelques sacrifices ?

Le jeune homme recula d’un pas. Il s’efforça de rester calme.

— Tu ne comprends pas, la question ça n’est plus si je vais devenir le plus grand héros de ma génération. C’est de savoir si je vais pouvoir être un héros tout court. Je fais des crises, je perds le contrôle de mon alter. J’ai besoin d’essayer de résoudre des problèmes, des problèmes… qui sont… d’un autre ordre si déjà je veux finir le lycée. Je suis assez fort pour un lycéen mais je… il y a pleins de choses que je ne comprends pas comme… comment on parle aux journalistes, aux victimes, comment on noue des relations avec les autres.

À nouveau, le héros de feu éclata de rire.

— Tu dis n’importe quoi Shoto. Au début je pensais que je devais faire comme All Might, sourire et trouver une phrase idiote. Il s’avère que la seule chose qui compte, c’est que mon taux de résolution est le plus élevé de tous. Le reste suit ! Les gens finissent par voir ce qui a vraiment de la valeur. Je ne sais pas qui te mets toutes ces idées dans la tête. Si je pouvais, je t’entraînerais moi-même de bout en bout ! Grandis un peu tu veux ?

La voix de Shoto trembla légèrement.

— Je pensais que tu avais changé et que je pourrais parler avec toi.

Cette fois aucune parole ne lui répondit. La table du déjeuner vola par la fenêtre qui se brisa aussi sec. Le coeur de Shoto frappa dans sa poitrine et son souffle se coupa alors qu’il regardait son père et sa poitrine qui montait et descendait, ses poings qui s’ouvraient et se fermaient. Il pensa à la question de sa thérapeute. « Est-ce qu’il vous arrive d’avoir peur de votre père ? » Il lui sembla que le temps s’était arrêté, mais finalement Endeavor s’échappa par la porte fenêtre en disant :

— Retrouve-moi à l’entraînement.

L’adolescent du poser ses mains sur ses genoux pour reprendre son souffle qui était resté bloqué dans sa gorge. Il fila droit jusqu’à sa chambre pour se changer et il revint avec l’espoir d’avaler quelque chose avant de commencer. Mais aussitôt la tête de son père passa par l’embrasure.

— Ne traîne pas.

Il ne servait à rien de discuter alors Shoto se résolu à aller affronter les quelques prochaines heures qui promettaient d’être difficiles.


— Alors, est-ce qu’il vous semble que votre père a compris ce que vous vouliez dire ?

— En partie… au moins il ne me force plus à pratiquer ma nouvelle technique sans être protégé.

— Vous avez pu vous reposer un petit peu ?

— Pour être honnête, pas vraiment… Mais j’espère que les choses vont s’améliorer… ou alors qu’il va y avoir une attaque de vilains.

— Vous espérez une attaque de vilains ?

— Oui et le retour de l’internat. Entraînement ou pas, c’est très fatiguant de vivre avec mon père. Je ne suis pas tranquille, je dois toujours éviter de lui parler. En plus au lycée, ils commencent à se poser des questions.


Dans les vestiaires des garçons Minoru avait fait des trous dans les parois. Shoto avait eu droit toute une leçon de Aizawa sur les manières possibles de maîtriser sa nouvelle capacité, aussi il était un peu seul dans les vestiaires des garçons. Personne d’autre que Minoru n’utilisait le trou dans le mur pour observer les filles, mais ce petit espace participait sans doute du fait qu’il était possible pour lui d’entendre ce que disait les filles de l’autre côté, dans le silence autour de lui.

— Tu as vu Tsuyu, la tête de Shoto en ce moment ?

C’était la voix d’Ochako.

— Oui, il à l’air à bout de nerfs.

— Pas que de nerfs d’ailleurs… Je me fais du souci pour lui.

— Excusez moi, les filles, j’ai entendu votre conversation et…

Momo. Shoto pria pour qu’elle tienne sa langue.

— Oui, Momo ?

— Moi aussi je suis très inquiète pour Shoto. La semaine dernière, je l’ai vu arriver avec ses blessures au bras. Je l’ai accompagné chez Recovry Girl. Si je n’avais pas été là, je suis pas sûr qu’il y serait allé. Mais quand elle a enlevé les bandages… il avait les deux bras cassés.

Shoto s’assit sur un des bancs, désespéré. Fichu, il était fichu.

— Izuku s’est cassé les bras pleins de fois, ne tirons pas de conclusion hâtives, intervint Tsuyu. Mais malheureusement, Ochako n’était pas de cet avis.

— Ce n’est pas pareil. Izuku s’est cassé les bras pendant le tournoi où il y avait quand-même un gros enjeu ou pendant des attaques de vilains. Shoto s’est fait ça chez lui, tout seul. Soit il a eu un accident soit…

Cette phrase resta quelque peu en suspend.

— Ochako, tu sais s’il vit chez sa mère ou son père en ce moment ? J’ai vaguement cru comprendre qu’ils n’étaient pas tous ensemble… demanda Momo.

— Aucune idée, peut-être qu’Izuku sait. Il m’en a parlé l’autre jour, il s’inquiète aussi… Momo.. Tsuyu… vous pensez que peut-être on devrait parler de tout ça aux profs ?

L’héroïne grenouille hésita.

— Ça ne me semble pas très correct de faire ça dans son dos. Peut-être qu’on pourrait déjà lui parler nous ? S’y mettre à plusieurs pour essayer de lui demander ce qui se passe ?

Momo soupira.

— On peut essayer, mais il n’est pas exactement du genre bavard. Il ne doit pas avoir envie d’expliquer toute sa vie de famille.

— Mais on ne peut pas rester sans rien faire, insista Ochako. Je ne sais pas quoi mais quelque chose va clairement mal.


— Vos amis du lycée semblent s’inquiéter pour vous aussi donc. Elles sont venus vous parler finalement ?

— Pas encore.

— Et si elles le font, que pensez-vous dire ?

— Il faut que je pense à un mensonge…

— Pourquoi mentir Shoto ? Pourquoi ne pas leur dire que votre père vous pousse trop loin ?

— Je… j’aimerais éviter que tout le monde se mette à avoir une mauvaise image du nouveau symbole de la paix, vous comprenez ? Endeavor est très respecté dans la classe.

— Est-ce que vous avez peur qu’on ne vous croit pas, si jamais vous dites la vérité ?

— Un peu oui…

— Est-ce que je la connais, moi, la vérité ?

— Non, pour être honnête non. Je ne suis pas sûr moi-même de ce que je pourrais avoir à dire.

— Ce que je crois Shoto, c’est que votre père fait preuve d’une certaine forme de violence envers vous et que nous n’avons plus vraiment le temps de le laisser réaliser qu’il commet encore une erreur.

Shoto se lève.

— Non ! Mon père n’est pas violent avec moi ! On s’entraîne c’est tout !

Il serre et desserre ses poings et se force à respirer. La thérapeute attends qu’il se calme.

— Peut-être que c’est une frontière mince, entre pousser quelqu’un à dépasser ses limites et le maltraiter.

Shoto reste silencieux et va se tenir comme souvent près de la fenêtre. Un silence s’écoule entre eux.

— Je ne sais pas quoi penser.

— Alors faites-moi confiance.

— Vous ne savez pas ce que c’est que d’essayer de devenir un héros.

— Non c’est vrai, mais je sais ce que c’est que quelqu’un qui souffre parce que c’est mon travail. Et je sais aussi que dans certains cas, on ne s’en sort pas seul. Je pense que je ne vais pas avoir le choix.

Il se tourne vers elle à nouveau, le visage fermé.

— Vous n’avez aucune idée de…

— Non vous avez raison je n’ai aucune idée de rien, puisque vous avez décidé de ne pas tout me dire. Dans le doute, je me dois d’intervenir. Prévenir les professeurs, ça me semble moins pire que de prévenir les services sociaux pour qu’ils aillent vérifier que tout se passe bien chez le symbole de paix comme vous dites.

Shoto lâche juste.

— Faites ce que vous avez à faire, mais vous ne me reverrez pas.

Puis, il prend la porte.


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