Jardin de cendres

Chapitre 10 : Un éclair vert

2658 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/05/2022 10:00

Bonjour ! J'espère que vous appréciez toujours votre lecture ! Cette fois ça y est, l'écriture est terminée chapitres bonus compris !


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Bonne lecture !



La thérapeute prend son courage à deux mains parce qu’elle déteste faire ce genre de choses. Dans ce cas précis en plus, elle passe par des moyens très peu conventionnels. Elle sait qu’elle aura peut-être a affronter les conséquences de cet acte, plus tard. Mais son patient est parti, alors elle n’a plus grand chose à perdre. Aussi, elle se sent un peu anxieuse à l’idée de tomber sur All Might, cette figure célèbre. Elle se calme, en se disant que c’est un être humain comme les autres.

Finalement c’est la secrétaire qui décroche.

— Oui secrétariat de UA que puis-je faire pour vous ?

— Bonjour, je travaille pour l’hôpital, j’aimerais parler à All Might, Mr Aizawa, ou le directeur de l’établissement, s’il vous plaît ? C’est une affaire assez urgente et sérieuse.

— Monsieur le directeur ne sera pas joignable ce matin et Mr Aizawa donne un cours mais je vais voir si je peux trouver All Might pour vous, veuillez patienter.

Lé téléphone se mit à raisonner d’un morceau de musique classique auquel le son de l’appareil ne rendait aucunement justice. Au fond, c’était pour le mieux, d’après ce qu’elle comprenait, All Might était celui qui connaissait le mieux la situation de Shoto.

— La cavalerie est là que puis-je faire pour vous ? répondit la voix chaleureuse de l’ancien héros. Elle chassa du mieux qu’elle put l’émotion que provoquait le fait d’entendre en vrai cette petite phrase qui avait bercé son enfance. All Might saurait quoi faire, elle pouvait lui faire confiance alors elle prit son courage à deux mains.

— Bonjour, je m’appelle Yumi Oriona, je travaille pour l’hôpital, je m’occupe de Shoto Todoroki depuis quelques temps, un de vos élèves ?

— Ah oui, Shoto, nous l’avons poussé à reprendre les soins, il fait toujours des crises c’est assez inquiétant, vous pensez qu’il va se remettre ?

— Oui, je sais, mais ce n’est pas pour parler des crises que je vous appelle aujourd’hui. Je m’inquiète pour lui, d’une façon plus générale. Je crois qu’il n’est pas bien là où il se trouve actuellement. Vous avez peut-être remarqué des changements dans son comportement ?

— Oui, la semaine dernière, il est arrivé à l’école avec les deux bras cassés. Il se pousse trop loin et nous avons beaucoup de mal à le raisonner. Il vous en parle un peu ?

Les deux bras cassés, c’était donc le pas grand chose qu’évoquait Shoto à leur dernière rencontre. Elle pense qu’elle a bien fait de s’alarmer. De toute évidence, les professeurs n’ont pas conscience du dilemme dans lequel l’adolescent se trouve.

— Ecoutez, All Might. Je pense que cela à beaucoup à voir avec l’environnement dans lequel Shoto évolue actuellement.

— Vous pensez que Shoto doit quitter le lycée ?

Cette idée surpris la thérapeute, puis elle se souvint que Shoto lui même redoutait que cela se produise.

— Non, au contraire, je pense qu’il serait souhaitable que Shoto puisse réintégrer l’internat.

— En ce moment, il est toujours chez son père, n’est-ce pas ? reprit All Might.

— Oui… et je crois que vous n’êtes pas sans savoir que leurs relations sont très compliquées. Je pense que c’est ça qui pousse Shoto à se faire mal et qui retarde la résolution de son problème de crise.

All Might marque un silence. Et elle attends, se préparant à refuser quelque chose au plus grand héros de tous les temps.

— Il vous a dit quelque chose ?

— J’aimerais ne pas trahir davantage le secret professionnel, réponds-elle. Il va falloir me faire confiance sur ce coup-là.

— C’est à dire que l’internat est fermé actuellement… mais nous accueillons bien quelques enfants en ce moment… Écoutez, nous allons en parler entre professeurs et puis nous demanderons son avis à Shoto aussi, c’est le premier concerné. Après, nous ne pouvons pas non plus forcer Endeavor à nous remettre son fils.

— Non c’est sûr, mais peut-être que vous saurez lui parler de ce qui est le mieux pour lui ? De mon côté, j’ai prévenu Shoto de ce que j’allais faire, alors il s’attendra à avoir une réponse de votre part, je pense. Est-ce que vous pouvez me tenir informée des décisions qui auront été prises s’il vous plaît ?

— Bien sûr, je peux vous joindre à ce numéro ?

Après les salutations d’usage elle raccroche le coeur battant. Peut-être qu’elle vient de faire exactement ce qu’il fallait, peut-être qu’elle vient de déclencher une autre catastrophe ? À ce moment précis, elle n’en sait rien.


— Izuku, ton plan c’est de la folie. Je te rappelle qu’avec le permis temporaire c’est seulement en cas d’urgence qu’on peut intervenir.

— Qui a parlé d’utiliser nos alters  ? Disons qu’on n’est pas des héros dans cette situation mais juste… des amis inquiets d’accord ? Et alors il se peut qu’il nous prenne l’envie d’escalader un mur, juste pour voir. Par chance, il s’avère qu’on est doués pour grimper, c’est tout.

Ida soupira

— Bon bon bon d’accord, je viens. C’est pas vrai, chaque fois c’est pareil. Je viens mais pour vous surveiller d’accord ?

— Bon très bien, conclut Izuku un grand sourire aux lèvres. On se retrouve demain vers 5h à une rue de là. On verra bien. Aussi bien on s’inquiète pour rien et alors on aura qu’à faire demi-tour et oublier tout ce qu’on a vu, non ? On a fait des choses plus illégales et dangereuses que ça depuis qu’on est arrivés à UA l’année dernière.

Ce dernier constat acheva de convaincre tout le monde. Le petit groupe composé de Ochako, Momo, Tsuyu, Ida et Izuku se dispersa. Le soleil se couchait déjà. Shoto passa tout près d’eux, la mine sombre, marchant à grands pas, sans leur adresser un regard. Ils échangèrent des oeillades entendus.


Le lendemain tout le monde était au rendez-vous.

— Merci d’être venue Tsuyu, commença Izuku.

Il savait qu’elle avait en horreur ce genre d’opérations improvisées.

—Tant que ne fait qu’observer et prévenir les profs si besoin, ça me va, déclara-t-elle.

— Bon alors allons-y.

Très vite, la petite équipe fut alertée par les bruits d’explosions et les cris en provenance de la propriété des Todoroki. Ils se mirent tous à courir le plus discrètement possible.


— Encore, Shoto.

L’adolescent se mit en garde. Endeavor chargea, toutes flammes dehors. L’attaque s’écrasa sur un mur de glace qui céda aussitôt, faisant pleuvoir sur le jardin de cendre une multitudes de petits pics acérés.

— Tu peux faire plus épais, je suis sûr.

Son bras était déjà presque glacé, et ses jambes ne le tenaient plus vraiment. Shoto peinait à se souvenir s’il avait ou non eu le temps de prendre un petit déjeuner avant que son père ne l’interpèle ce matin-là. Les matins se confondaient de toute façon à l’infinie. Son champ de vision et de conscience se réduisait dans la douleur, dans l’attente que la corvée prenne fin et qu’enfin, il puisse se rendre en classe. Était-ce déjà comme cela lorsqu’il était enfant ? Où est-ce que son père avait redoublé d’efforts depuis qu’il avait pris la décision de rester éloigné du reste de la famille ? Au milieu de toute cette peine, il était difficile de se souvenir de avant ou de se projeter dans après. Se mettre en garde c’était déjà bien. Se mettre en garde et regarder si le soleil montait ou non dans le ciel, alors que le temps semblait s’étirer.

Shoto ne voyait plus son père, seulement une épaisse boule de flammes foncer droit sur lui.

Plus de glace, il fallait plus de glace. Il forma son mur avec un cri de douleur, parce que ses muscles ne supportaient plus la pression du froid.

Le mur éclata si fort qu’il fut projeté un arrière, contre l’enceinte de la maison qui heurta son dos avec violence. Il crut voir un éclair vert mais sûrement son imagination lui jouait des tours. Il pensa à Izuku, au fait qu’il ne se découragerait pas à sa place alors Shoto se releva. Il fallait avancer en direction de son père et vite pour pouvoir avoir plus de recul en encaisser le prochain coup. L’idée le traversa qu’il pourrait esquiver mais alors, ça serait pire ensuite. Ce n’était pas l’exercice qu’Endeavor voulait qu’il accomplisse. Shoto frotta son bras qui ne répondrait bientôt plus.

— Allez, allez, allez dit-il pour lui-même.

Il alla rencontrer l’attaque son père en courant. Son mur était plus fin cette fois et la chaleur de son père lui brûla le visage. Son coup l’atteint au visage là où la peau avait été brûlée, il y avait tant d’année. Encore une fois, il fut projeté en arrière. Capituler, il fallait capituler.

— Attends, attends, attends, tu vois bien que je n’y arrives plus ! essaya-t-il.

— C’est dans ta tête Shoto ! Motive-toi un peu !

Son père fonçait sur lui à nouveau. Produire de la glace à ce moment précis relevait de la pure survie. Il vola sur plusieurs mètres avant de s’écraser dans la cendre.


— Ce n’est pas un entraînement, c’est un massacre, commenta Izuku à voix basse.

Le père de Shoto luisait à nouveau, près pour un nouvel assaut alors que son fils ne s’était pas relevé. Comme souvent, son corps réagit avant qu’il ne comprenne, il était prêt à pousser sur ses jambes pour emporter Shoto loin de cette attaque mais la langue visqueuse de Tsuyu le retint.

— Non Izuku ! Tu ne peux pas faire ça !

Le regard dur de Ida indiqua qu’il était d’accord.

— Il va lui casser quelque chose ! s’impatienta Ochako.

— Et si on allait sonner à la porte comme des gens distingués ? proposa Momo.

Cette idée rencontra l’approbation générale. Un nouveau cri de Shoto les informa qu’il se trouvait quelque part dans la masse rougeoyante et fumante sur le sol noir de cendre. L’équipe se mis en route au pas de course.

Devant la porte, ils se cachèrent tous plus ou moins derrière Momo qui affichait un large sourire.


Shoto allait essuyer une énième attaque lorsque la sonnerie de la porte d’entrée retentit. Endeavor avait fait en sorte qu’on puisse l’entendre depuis le jardin, où il passait le plus clair de son temps. Quique ce soit à la porte, Shoto remercia silencieusement cette personne. Il pria pour que son père soit demandé à son agence, ou qu’une affaire urgente l’occupe quelque peu. Assis dans la cendre, il en profita au moins pour reprendre son souffle et essayer de réchauffer son bras avec son autre main sans trop se brûler.

— Shoto ! appela la voix de son père, c’est pour toi.

Incrédule, il se releva et tituba quelque peu avant de retrouver son équilibre. Son père marchait dans l’autre direction. Il lui glissa à voix basse.

— Dis à tes amis de ne plus venir ici sans prévenir, tu n’as pas de temps à perdre vu ta performance de ce matin.

Une émotion indescriptible envahit Shoto lorsqu’il les vit tous face à lui.

— Bonjour, Shoto, commença Momo avec un grand sourire. On pensait faire un petit footing avant les cours ? On se demandait si tu voulais venir avec nous ?

Tout cela sembla à Shoto relativement improbable. Il se passait quelque chose. Il tourna un regard vers son père qui se tenait dans l’entrée derrière lui.

— Vas-y, lâcha-t-il, de toute façon on arrivera pas à mieux, non ?

Shoto monta chercher ses affaires de cours et de quoi se changer sans perdre une seconde, malgré la fatigue et la douleur. Tous attendirent devant la porte sans oser entrer. Le soulagement l’envahit lorsque la portail de la demeure se referma derrière lui.

Le sourire de Momo fondit dès l’angle de la rue passé. Personne en disait rien.

— Vous allez me dire ce que vous faites tous là ? s’impatienta Shoto au bout d’un moment.

— On s’inquiète, commença Izuku.

— Pourquoi ? demanda Shoto calmement.

— Parce que tu es arrivé au lycée avec les deux bras cassés, comme si c’était normal ! s’énerva Momo.

— Izuku se casse les bras sans arrêt, répondit Shoto qui sentait la colère lui monter au nez sans pouvoir s’expliquer pourquoi. Oui, il avait été soulagé d’échapper à l’entraînement, mais ça n’était pas une bonne chose.

— Ce n’est pas la même chose, expliqua Tsuyu posément. Et puis ce n’est pas seulement les fractures. Pour être honnête avec toi Shoto, nous étions en train de t’observer, depuis le mur d’enceinte. Je sais que ce n’est pas très noble de notre part et j’espère que tu nous pardonneras, mais quand on a vu ce qui se passait, on a décidé d’intervenir pour y mettre fin.

— Ce n’est pas très noble oui, conclut Shoto. Et il n’y a pas de quoi s’inquiéter, je m’entraîne avec mon père avant les cours. Il m’aide à repousser mes limites. En quoi c’est un problème pour vous ?

Izuku voulu intervenir, mais à ce moment précis, voir son visage inquiet, la compassion dans ses yeux n’inspira à Shoto qu’un sentiment de honte insupportable.

— Pourquoi tu ne peux pas te mêler de ce qui te regarde, Midoryia ?

Shoto voulu presser le pas, pour les laisser derrière eux, mais Ida utilisa son boost pour lui barrer la route.

— Shoto, ce que nous venons de voir est très préoccupant. Depuis quelques mois, on ne te reconnait plus. En temps que délégué, je suis obligé d’aller voir les professeurs.

L’adolescent aux cheveux bicolores passa de la colère au désespoir. Il ne parvint pas à chasser le tremblement de sa voix.

— Et tu vas leur dire quoi ? Que je n’y arrives plus ? Que je dois quitter le lycée ? Que je ne serais jamais un héros ? Alors va ! Va si tu penses que c’est la bonne chose à faire ! Vous me regardez tous comme si j’étais une victime, alors c’est déjà fichu non ?

À nouveau, il pressa le pas, cette fois personne ne chercha à le retenir.

— J’espère qu’on a pris la bonne décision, commenta Momo.

Aucun n’était plus sur de rien.

— Je ne l’ai jamais vu comme ça, perdre son calme, ajouta Tsuyu.


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