Jardin de cendres

Bonjour à tous ! J'espère que ce chapitre vous plaira ! Il est court, mais intense enfin j'espère.

Bonne lecture !

Face à Shoto se tenaient All Might, Mr Aizawa et le directeur avec ses petits pieds qui ne touchaient pas le sol, parce que sa chaise était trop haute. L’adolescent dégluti douloureusement.

— Je suis viré, c’est ça ? déclara-t-il avant de leur laisser l’opportunité de lui porter le coup de grâce. Dans son esprit se succédaient les entraînements de son père et les coups de casserole assourdissants de sa mère. Où allait-il aller maintenant ? Qu’allait-il faire ?

— Pas du tout, commença le directeur en se lustrant le poil. Mais nous avons à te parler. Assied-toi.

Shoto consentit à s’installer dans le petit canapé vert de la salle de repos. Aizawa écoutait d’un air distrait. All Might se pencha vers lui.

— Je peux te poser une question ? demanda-t-il.

L’adolescent hocha la tête. Il voulait rester au lycée, coûte que coûte.

— Comment ça se passe, avec ton père ?

— Mal, répondit Shoto en toute honnêteté. Vous savez qu’on est en conflit.

— J’ai entendu des choses à me faire dresser les poils sur le dos, poursuivit le directeur.

L’élève savait bien ce que le directeur allait dire, alors il attendit en serrant les dents. Il n’avait pas du tout envie d’entendre ce qui suivrait. Dans la bouche de quelqu’un d’autre, cela devenait réel.

— Déjà, Recovry Girl m’a parlé de tes fractures de la semaine dernière. Elle m’a dit que tu pensais que ça irait, avec ta nouvelle technique alors que le professeurs t’avaient mis en garde et que tu acceptes de porter l’armure en attendant de la maîtriser lorsque tu es en classe. Tu es beaucoup de choses, Shoto Todoroki mais tu n’es pas stupide, ni fier.

L’adolescent baissa les yeux. Pourquoi personne ne pouvait juste penser qu’il avait commis une erreur de jugement ? Il aurait voulu s’enfoncer dans le sol et disparaître.

— Ensuite, hier… la personne qui s’occupe de toi à l’hôpital a appelé. Elle ne nous a rien raconté de vos échanges, mais elle a dit qu’elle s’inquiétait de ton état de santé et nous a vivement recommandé de te faire réintégrer l’internat.

Une douleur vive s’installait dans sa poitrine. Finalement, il préférait l’entraînement à ce qui se passait à ce moment précis. Il aurait voulu se mettre en colère et répondre mais tout son corps était comme figé. À peine un filet d’air passait entre ses lèvres.

— Enfin, poursuivit le directeur, ce matin, quelques uns des élèves de la première A sont venus trouver leurs professeurs, eux aussi très inquiets. Ils ont avoué avoir espionné depuis le mur d’enceinte de ta maison. Évidement, je les ai vivement réprimandés pour cela, cependant je ne peux pas ignorer ce qu’ils m’ont raconté. Pendant qu’ils observaient, ils ont vu ton père t’attaquer de manière répétée. Ils l’ont vu continuer alors que tu lui demandais d’arrêter, ils l’ont vu t’attaquer alors que tu étais au sol avec une puissance suffisante pour te faire vraiment mal.

Visiblement, la petite assemblée attendait de Shoto qu’il réponde quelque chose. Non se répétait-il, ce n’est pas ce qui s’est passé. On ne faisait que s’entraîner, c’était cela qu’il voulait dire mais les mots restaient coincés dans sa gorge. Il serra les poings et les rouvrit plusieurs fois. Le silence s’éternisa sans qu’il ne puisse prononcer un seul mot.

— Aussi, ce n’est pas un reproche mais depuis quelques temps tes notes au cours théoriques ont beaucoup baissé, compléta Mr Aizawa. Aux entraînements de l’après-midi tout le monde voit bien que tu es complètement épuisé et que tu…

All Might leva la main pour faire taire son collègue.

— Je pense que tu as compris et je vois bien que tu ne peux rien dire du tout. Ce n’est pas grave puisque c’est nous qui allons te proposer quelque chose. Le soir où je t’ai récupéré, chez ta mère, tu m’as demandé de te conduire à l’internat tu te souviens ? On s’est réunis et on pense que tu pourrais loger avec Eri et Aika. Mirio a reprit les cours puisqu’Eri a fini par réussir à lui rendre son alter, alors il n’y a plus personne pour s’occuper d’elles deux. Tu pourrais te rendre utile de cette façon et tout le monde serait beaucoup plus rassuré, tu ne crois pas ?

Dire ces quelques mots coûta à Shoto des trésors de détermination qu’il ne se savait pas avoir.

— Mon père n’acceptera jamais.

— C’est notre affaire, répondit le directeur. Il est important que tu comprennes que ton père n’a pas le droit de te traiter comme il le fait. Tout ce qu’on te demande aujourd’hui c’est de nous dire si toi tu es d’accord pour vivre au lycée, c’est tout.

— Je suis d’accord, balbutia Shoto.

 Il attrapa son bras gauche soudain pris d’une vive douleur. La seconde d’après il s’embrasait. All Might recula juste à temps pour éviter la gerbe de flammes et Mr Aizawa ouvrit les yeux. Shoto resta assis, haletant sur le canapé à moitié calciné.

— Eh bien, ajouta le directeur, avec ton premier salaire de héros, tu offriras un canapé à cette école, Shoto.

— Tu es dispensé de cours pour l’après-midi ajouta le professeur principal qui n’avait toujours pas cligné des yeux. Évidemment, tu ne rentres pas chez toi, tu vas dormir quelques heures à l’infirmerie, d’accord ?

Shoto hocha la tête, n’osant pas lâcher son bras gauche malgré la pression de l’alter de son professeur qu’il sentait sur lui.

— C’est terminé Shoto d’accord ? C’est terminé, conclut All Might avec un léger sourire. Ce soir c’est promis, tu dors à l’internat.

Ces quelques mots achevèrent de briser le peu de volonté qui restait à Shoto. Il s’avança jusqu’à l’infirmerie, raide, le menton tremblant, un pas après l’autre dans le couloir qui lui sembla interminable. Dès qu’il arriva, il demanda à Recovry Girl de le laisser seul.

— Je serais tout près si tu as besoin de moi, répondit-elle.

Shoto ferma la porte de la petite chambre où il était sensé se reposer et le silence tomba sur lui. Très lentement, tremblant de tout son corps, il alla se rouler en boule sur le petit lit. Il attrapa l’oreiller qu’il serra contre lui. Le premier sanglot explosa dans sa gorge et il ne sut dire s’il se sentait triste, en colère, honteux, soulagé, désespéré. Shoto pleura jusqu’à s’endormir. Personne ne le dérangea. Lorsqu’il se réveilla, le soleil était déjà presque couché. Alors, il poussa la porte de la chambre.

Recovry Girl était toujours là, à faire un peu de rangement.

— Euh… est-ce que je pourrais avoir quelque chose à manger ? demanda-t-il.

— L’heure du dîner est passé, mais je devrais bien trouver quelque chose pour toi.

Shoto cru qu’il allait se remettre à pleurer lorsqu’elle arriva avec un petit sandwich. Ce n’était pas ce dont il avait l’habitude mais ça n’était pas important. Elle ne posa heureusement aucune question. Le soir, comme promis, All Might l’installa dans la chambre en face de celle de Aika et juste à côté de celle de Eri. Il avait pris avec lui un petit sac avec quelques affaires. Il n’arrivait pas encore à le comprendre. Il ne rentrerait pas chez son père.

— Tu te sens de venir en cours demain ? demanda juste l’ancien héros avant de repartir.

— Oui.

Et il fut seul à nouveau, dans le silence d’une chambre qui n’était pas la sienne. Il espéra que bientôt, il pourrait la faire à son image, comme la dernière fois. Il fut étonné de sentir qu’il était toujours épuisé, mais avant de dormir, il jugea utile d’envoyer un message à son frère et sa soeur sur leur groupe de discussion et un à sa mère, pour dire qu’à partir de maintenant, il vivait à UA de nouveau.