Jardin de cendres

Chapitre 17 : Laissez les se débrouiller

1820 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 02/06/2022 23:03

Bonjour à tous !


Je publie tard en ce jeudi soir...


Prochain chapitre comme habituellement Dimanche.


Bonne lecture !



— Comment allez-vous cette…

— Je ne vous ai pas dit toute la vérité la dernière fois.

— D’accord, ce n’est pas grave. Cela prend parfois du temps de pouvoir parler de certaines choses, Shoto. Pourquoi avez-vous décidé de me parler aujourd’hui ?

— Parce que vous aviez raison, en fait, ça ne va pas. Je pensais que je pourrais juste oublier en quelques sorte. Je me suis bien trompé.

— Racontez-moi.


Katsuki lui faisait face dans le grand gymnase. Shoto pouvait voir qu’il bouillonnait déjà. Depuis sa victoire au tournoi, il ne lui avait pas vraiment pardonné de ne pas avoir utilisé ses flammes, chose qu’il avait prise comme une insulte personnelle. Le héros explosif était donc ravi de l’affronter à nouveau sous le regard des professeurs ce jour-là. Shoto savait déjà qu’il aurait besoin de toute sa force pour le vaincre. Katsuki avait progressé depuis. Lui aussi, mais il avait déjà derrière lui un duel avec Izuku et un avec Ida alors il sentait un début de fatigue le gagner. Katuski n’avait fait qu’une bouchée de Tsuyu et de Momo qui avait perdu son sang froid comme cela pouvait lui arriver de temps à autres.

— Alors, double face ! Tu es prêt cette fois à donner tout ce que t’as ? De toute façon je vais pas te laisser le choix !

Les professeurs avaient laissé à Shoto l’armure sur les avants-bras qui risquaient le plus d’être blessés par les chocs des explosions. Mais il parvenait à présent à utiliser sa nouvelle capacité sans s’envoler pour peu qu’il se concentre assez. Son idée était d’attendre que Katuski attaque le premier, gagné par l’excitation. Alors, il se décalerait et le prendrait à revers avec la glace. Il était prêt, il attendait. Le temps s’étira quelque peu pendant que contre le haut mur, Izuku assis prenait des notes.

Comme prévu, Katsuki chargea et Shoto utilisa une de ses explosions pour esquiver son attaque. La glace emprisonna son adversaire par derrière, massive, épaisse, montant jusqu’au plafond. L’espace d’un instant, il sembla au combattant qu’il avait vu un visage pris dans les reliefs aléatoire. Cela lui inspira un grand sentiment de terreur qu’il eut beaucoup de mal à chasser.

— Je ne suis pas surpris, vociféra Katsuki pris au piège. Ta glace je la connais c’est bon !

La seconde d’après il se libéra et Shoto fut pris de court car il estimait avoir davantage de temps devant lui pour se replier et réfléchir. Il protégea son visage des éclats de glace et Katsuki fonça sur lui, attaquant de front. L’image de son père se superposa à la sienne et Shoto reçu le choc sans pouvoir se défendre.

— Ne me dis pas que tu ne veux pas te battre ! hurla Katsuki. Comment je vais prouver que je suis devenu meilleur que toi, sinon ?

Une nouvelle explosion repoussa Katsuki sur quelques mètres, mais la douleur pulsa dans ses bras. Shoto se sentait soudain faible, petit, fatigué, incapable de mener à bien cet affrontement. Il fallait se relever malgré tout.

— Shoto qu’est-ce qui t’arrive ? demanda Mr Aizawa qui observait la scène. Ressaisi toi, réfléchis.

— Alors Shoto, tu as pas pu régler tes problèmes avec ton père c’est ça ? cracha Katsuki.

Mais il ne pouvait pas réfléchir alors il se contenta de monter un autre mur de glace qui en même temps qu’il le protégea de l’attaque de Katsuki lui barra la vue. Avec un cri de rage celui-ci ne manqua pas de tirer profit de cette erreur. Shoto reçu en plein visage la glace qui se brisa et l’explosion le projeta contre un des murs du gymnase. Effrayé sans s’expliquer pourquoi, il monta un autre mur translucide. Sa peau échauffée par l’alter de son opposant le piquait. Déjà Katsuki fonçait sur lui et il n’avait pas de recul.

— C’est bon, tu as le dessus Katsuki, interrompit le professeur.

Celui-ci explosa mais s’interrompit dans son geste malgré tout.

— Il le fait exprès Mr Aizawa, il le fait exprès ! Il ne veut pas prendre le risque de se battre vraiment contre moi et de perdre ! C’est un lâche ! Tu entends ? Tu es lâche double-face !

Shoto se releva. Il prit conscience que tout son corps tremblait.

— Excusez-moi, souffla-t-il, avant de courir hors du gymnase.

Des images indistinctes se superposaient dans son esprit. Son père. Toya qu’il imaginait comme Natsu l’avait décrit, statue de glace au bord de l’étang. Et sa mère. La nausée monta en lui d’un seul coup et il tituba jusqu’aux toilettes tant bien que mal.


— Vous étiez trop fatigué ?

— Non, je ne pense pas. Les professeurs ne nous poussent pas à ce point-là. J’étais juste… bouleversé.

— Pourquoi ?

— Parce que je le suis depuis des jours et je n’avais pas envie de me battre contre Katsuki à ce moment-là. Je me suis demandé pourquoi je continuais à vouloir être un héros.

— Vous avez envie de renoncer à ce projet ?

— Non pas vraiment, enfin je veux dire…

— Racontez-moi juste ce que vous vouliez me dire tout à l’heure.

— C’est difficile. Je voulais appeler mon frère pour qu’il m’explique mais il a dit qu’il ne pouvait pas raconter à voix haute. Et je comprends mieux pourquoi.

Il se passe un silence entre eux.

— Vous vous souvenez… quand vous disiez que ma mère m’avait sûrement fait du mal… à d’autres moments ?

— Oui je me souviens.


— Oh Soto, tu as l’air épuisé.

Il se souvenait pourtant l’air aimant sur son visage, que son inquiétude était réelle. Elle passa ses mains autour de lui, pour le soulever, malgré le fait qu’il grandissait de jour en jour. Sa mère le porta jusqu’à ce que son visage soit face au sien et il chassait les larmes du mieux qu’il pouvait, pour ne pas l’inquiéter. Brusquement elle le lâcha et il s’écrasa sur le sol.


— Je ne comprends pas, s’inquiète la thérapeute.

Il baisse les yeux et sa voix se casse.

— C’était toujours comme ça. Elle faisait semblant de ne pas faire exprès, que c’était un petit accident. J’y ai cru pendant longtemps. Jusqu’à ce que mon frère m’explique en fait.


Ce jour-là, elle coupait les légumes lorsqu’il s’avança. Elle le serra contre elle et caressa ses cheveux affectueusement, pendant que son autre main lui entaillait le flanc avec le couteau encore dégoulinant de jus de légumes.

— Oh non, Shoto, je suis désolée, attends je vais te soigner.

Il se souvenait qu’il ne voulait pas pleurer, pour ne pas que son père se mettre en colère contre elle encore.


— Et comment vous avez compris ?

— J’ai repensé à mon père ce fameux jour… le jour de la bouilloire, il lui a dit « C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. »

— Et vous compreniez ça à l’époque ?

— Non… mais hier je suis allé voir, parce que je me suis souvenu. J’ai compris que le vase c’était moi et les gouttes toutes les petites traces sur mon corps.

— C’est ça que vous aviez vu dans le miroir.

— Oui…

Shoto reste assis mais il garde les yeux fixés vers le sol.

— Et… votre frère… qu’est-ce qu’il a dit ?

— Je ne vais pas y arriver, il répond.

Il sort son téléphone de sa poche, cherche les messages et le lui tend.

La thérapeute lit en silence pendant qu’il se recroqueville dans son fauteuil comme s’il voulait y disparaître. Elle hésite sur quoi dire, ouvre la bouche et la ferme plusieurs fois sans trouver.

Finalement, il articule très douloureusement.

— Je le savais, je n’aurais pas dû vous montrer ça.

Elle réagit un peu vivement en agitant les mains.

— Si, si, si, si au contraire c’était très important, juste je… je veux dire… évidemment cela fait sens maintenant que…

Elle s’interrompt parce qu’il fond en larme brusquement, les épaules courbés, la tête en avant. Dans un geste précipité, elle lui tend un petit mouchoir.

— Je suis désolé, il dit à peine, les épaules tremblantes.

— Non, tout va bien…

Il se passe plusieurs minutes, dans les sanglots et elle attends en se tordant les doigts.

— Qu’est-ce que je vais faire ? Il demande au vide, mais qu’est-ce que je vais faire ?

La thérapeute prend une grande inspiration.

— Shoto, regardez-moi.

Il ne peut pas le faire, dans un premier temps.

— Regardez-moi, elle insiste.

Elle se penche en avant pour se rapprocher de lui et il finit par relever ses yeux bouffis de larmes vers elle.

— Vous n’allez rien faire du tout, Shoto. Rien du tout. Plutôt, vous allez faire exactement ce que vous voulez. Je sais que vous allez peut-être mettre beaucoup de temps à comprendre ce que je vais vous dire, alors je veux que vous m’écoutiez attentivement, d’accord ?

Il hoche la tête.

— Vous me parlez de choses qui ont eu lieu avant votre naissance. Vous n’y êtes pour rien. Vous êtes innocent, vous n’avez rien à voir avec tout cela. Vous avez passé votre vie jusqu’ici à essayer de réparer ça. Ça suffit. Vous voulez être un héros ? Devenez un héros. Vous voulez être autre chose ? Devenez autre chose. Laissez vos parents se débrouiller. Votre père qui veut faire de vous son pantin, votre mère qui vous aime et vous fait mal à la fois, laissez les se débrouiller, d’accord ?

Il ne peut rien répondre à cela, alors, elle attends encore un peu.

— Je voudrais… je voudrais… être une autre personne… il essaye d’ajouter.

— Oui… évidemment, je comprends ça. Mais cela ne va pas durer toujours, d’accord ?

A nouveau, il hoche la tête.

— Est-ce que ça va aller ? Je peux compter sur vous pour ne pas vous mettre en danger ?

— Oui…

— Alors vous pouvez y aller, si vous voulez.

Il redouble de larmes.

— Je peux rester un peu ?

— Bien sur. Prenez le temps qu’il faut.


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