Jardin de cendres

Chapitre 18 : Fête foraine

2347 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 05/06/2022 10:48

Bonjour à tous !


Encore un long week-end pour lire plein de fanfiction !


N'hésitez pas à commenter !


— Alors, comment allez-vous depuis la semaine dernière ?

— J’ai du mal à savoir si je suis mieux ou moins bien.

— Alors…

— Alors je dors mieux, je suis devenu plus fort. Tout se passe comme si le feu et la glace s’accordaient mieux dans mon corps. Du coup je ne me fais plus mal avec ma nouvelle technique, je tolère mieux le froid et la chaleur. Katsuki a voulu m’affronter de nouveau. Il a regretté.

— Ah bon ?

— Oui, il ne faisait pas le poids du tout.

— Qu’est-ce qui vous fait dire que vous ne savez pas comment vous êtes alors ?

— Je suis très en colère, tout le temps. Je suis obligé de faire attention à ne pas mal parler aux gens. Je déteste être comme ça, parce que je ressemble à mon père. Mais j’ai réfléchis à ce que vous m’avez dit la dernière fois. Et vous avez raison. C’est très injuste ce qui m’est arrivé. Je me sens jaloux de mes amis alors qu’ils n’y sont pour rien. Ils n’arrêtent pas de faire des choses gentilles pour moi pourtant.


Shoto détestait le week-end. Lorsqu’il vivait encore chez son père, le samedi et le dimanche étaient évidemment occupés par toutes sortes d’entraînements. Pendant toute la période de l’internat, les élèves se motivaient souvent entre eux pour réviser et la maisonnée bruissait constamment d’une agitation légère. Quelqu’un avait toujours une idée pour occuper le temps. Shoto se rendait compte qu’il avait du mal à se débrouiller, ainsi livré à lui-même. Il voulait suivre les conseils des professeurs et éviter de se tuer à la tâche. En cette fin de samedi après-midi il avait déjà passé plusieurs heures à s’entraîner et encore quatre à réviser. Il songea qu’il ferait peut-être bien d’aller voir sa mère, mais il n’en avait aucune envie. La petite Eri ouvrit sa porte sans frapper.

— Shotooooo, je m’ennnuiiiiis, déclara-t-elle sans autre préambule.

— Tu as fait tes devoirs ? demanda-t-il.

Depuis quelques temps en effet, il avait été décidé qu’Eri réintègrerait l’école, puisque son alter était mieux stabilisé. Mais elle avait d’évidentes difficultés.

— Euh, non ? répondit-elle, surprise par la question de Shoto.

— Alors tu sais exactement quoi faire de ton temps, répondit-il plus durement que ce qu’il aurait voulu.

Elle resta planté là, dans l’encadrement de la porte encore un petit moment.

— Alors ? lui demanda-t-il.

— Mais j’y arrive paaaaas, se lamenta la petite fille encore.

Shoto serra les dents.


— J’ai manqué de me mettre à lui hurler dessus. Je voulais lui dire que si elle n’était pas capable de faire ses devoirs seule maintenant, elle n’allait pas s’en sortir dans la vie.

— C’est l’expérience de quelqu’un qui s’est construit sans soutien ça.

— Oui… mais bon, finalement ils sont arrivés.


Eri était en train de tirer Shoto par le bras jusqu’à son cahier d’école lorsqu’on frappa à la porte.

— Attends-moi ici, dit-il.

Lorsqu’on venait leur rendre visite, il avait toujours peur sans s’expliquer pourquoi que son père soit là, de l’autre côté et lui dise que cette fois, il le récupérait. Il se mit à sourire un peu lorsqu’il reconnu Izuku, Tsuyu, Momo, Ida et Ochako.

— Qu’est-ce que vous faites ici ? demanda-t-il.

Eri se jeta dans les bras d’Izuku sans poser davantage de questions. Aika se tenait derrière le canapé du salon, probablement curieuse de voir qui venait leur rendre visite.

— On allait partir à la fête foraine, et on se demandait si vous vouliez venir, proposa Ochako.

Izuku était trop occupé par les exclamations de la petite pour répondre. D’abord la proposition lui sembla futile et l’idée même le fatigua d’avance. Mais Aika s’avança vers lui et posa sa tête sur son épaule, l’air curieux. Visiblement, ses amis s’étonnèrent un peu de son attitude, mais ne firent aucun commentaires. Et puis, Shoto se souvint qu’il aurait aimé aller au cinéma avec eux il y avait quelques temps.

Eri lui tournait de toute façon autour en répétant :

— S’il te plait, s’il te plait, s’il te plait !

— Je vais voir avec Mr Aizawa.

En effet, si Shoto était libre de ses mouvements, les professeurs voulaient savoir à tout moment où se trouvait Eri. All Might leur recommanda simplement d’être prudents. Tout le monde se réjouit de leur présence. Aika n’avait pas l’habitude de sortir de l’internat aussi, tout le temps que dura le trajet en bus, elle s’accrocha au bras de Shoto. Il la surveillait du coin de l’oeil, mais elle souriait. La rumeur des conversations monta et l’aspirant héros se réjouit de ne pas être obligé de parler. Ses amis échangeaient à propos des cours, des examens qui se rapprochaient dangereusement, ils occupaient très bien à eux seuls l’espace de la discussion.

Sur place, la musique rappela à Shoto la grande fête du lycée et leur concert. Il était difficile de se défaire de ce sentiment de n’avoir rien à faire là. Mais Eri était si joyeuse, et même Aika regardait le décor avec curiosité, toujours cramponnée à lui. Il était trop tard pour reculer. L’enthousiasme d’Izuku était presque aussi intense que celui de la petite fille. Pendant ce temps Ida essayait d’inciter tout le monde à la prudence. Après tout ils étaient un groupe de héros dont certains bénéficiaient déjà d’une petite renommée, au milieu d’une foule de gens assez dense.

— Alors, par quoi on commence ? demanda Ochako elle aussi visiblement d’humeur joyeuse, tire à la carabine ? Manèges ?

Shoto leva les yeux vers l’immense mat tout près d’eux. Quelques adolescents anxieux attachés à une nacelle entamaient une ascension visiblement angoissante.

Heureusement, Ida eut la bonne idée de proposer autre chose. Shoto observa ses amis essayer en vain de faire s’écrouler des piles de vieille conserves avec de grosses balles de tennis. Il consentit à participer au tir à la carabine et gagna un énorme nounours rose. Se demandant ce qu’il allait faire de cet étrange animal, il le tendit à Aika. Elle le prit et le serra contre elle.

— M… m… essaya-t-elle sans succès.

Autour d’elle la petite troupe fit silence ce qui ne l’aida en rien, alors elle se tut, regardant le sol.

Après, Eri voulu gagner une licorne « Une copine pour la mienne ». Elle tira sur d’innombrables cordes, sans succès. Momo lui confectionna finalement elle-même la peluche de son choix, pour éviter qu’elle ne se mette à pleurer.

Plus le temps passait, plus Shoto se laissa gagner par la joie de ses amis réunis autour de lui. La musique, l’odeur de la barbe à papa aidait. Un peu plus détendue, Aika tenait sa main dans la sienne et dans l’autre la petite peluche. Comme le jour déclinait, ils décidèrent de prendre quelque chose à manger et de s’installer un peu à l’écart de la fête. Ils rirent et discutèrent un long moment tous ensemble et en regardant le ciel et les lumières qui pulsaient en contre bas, Shoto décida que finalement, il voulait toujours être un héros. L’idée que le premier vilain venu pouvait mettre fin à tant d’amusement lui était insupportable. Izuku et Ochako proposèrent d’aller finalement essayer les manèges à sensations fortes. La plupart d’entre eux passèrent leur tour. Shoto resta à discuter avec les autres.

— C’est bien de te voir sourire, commenta soudain Ida les yeux vers le ciel.

Shoto resta silencieux parce qu’il ne savait pas quoi dire.

— Oui, insista Momo, on s’est un peu inquiétés pour toi tu sais ?

Il haussa les épaules.

— Merci de m’avoir invité, finit-il par répondre, je n’étais jamais allé à une fête foraine.

Ida et Tsuyu s’étonnèrent. Momo confia qu’elle non plus, parce que ça n’était pas vraiment le genre de choses que l’on faisait dans sa famille. Shoto conclut finalement qu’il était moins bizarre que ce qu’il pensait. Lorsqu’ils revinrent Izuku et Ochako se tenaient par la main, les joues un peu rouges. Tous échangèrent quelques regards, mais personne ne fit de commentaire. Lorsqu’ils rentra à l’internat ce soir là, Shoto put garder avec lui un peu de la joie de la journée.


— Je m’accroche à cette idée. Je vais avoir le droit à tout ça moi aussi.

— Tout ça ?

— La joie, les amis. Ça m’aide à faire passer ma colère.

Shoto hésite.

— J’ai autre chose que je veux vous dire, mais je dois être sûr que ça reste vraiment entre nous.

— Oui, si personne n’est en danger c’est la règle oui.


Shoto avait prévu de réviser encore un peu avant de se coucher, mais Aika se faufila par la porte ouverte. Elle prit dans ses mains les épaules de Shoto, D’une légère pression, elle l’invita à se relever. Il se laissa faire, habitué à ce qu’elle cherche à communiquer avec lui de cette façon là, en le déplaçant ou en le tournant vers elle. Aika assit Shoto sur son lit.

— Tu veux quelque chose ? demanda-t-il.

L’anxiété le gagna, car son regard semblait avoir quelque chose de changé. Elle s’assit sur le sol, face à lui, les genoux repliés sous elle.

— Je…. j…. j…

Patiemment, il attendit qu’elle arrive au bout de cette phrase. Elle s’y reprit à plusieurs fois, soupira d’exaspération, secoua son épaisse crinière qui dégagea cette odeur sucrée qu’il avait appris à aimer. À un moment, elle renonça. Il crut qu’elle allait simplement s’en aller, comme cela arrivait parfois. Mais au lieu de cela, il l’observa prendre une grande inspiration.

Que lisait-il dans son regard ? Un mélange d’anxiété et aussi autre chose. Lentement, elle s’approcha de lui, jusqu’à ce que leurs visages soient à quelques centimètres l’un de l’autre. Shoto n’osa pas respirer ni observer la naissance de ses seins qu’il pouvait voir dans son décolleté depuis cette position particulière.

— Qu’est-ce que tu fais ? demanda-t-il.

Ne se laissant pas décourager, elle posa ses lèvres sur les siennes. Shoto sentit son cœur menacer d’exploser dans sa poitrine.

— Non, non, non, tu ne peux pas faire ça, souffla-t-il en la repoussant.

Cette fois, elle sembla comprendre. La tristesse qu’il lu dans ses yeux bleus lui fit mal. La seconde d’après elle avait disparu en courant.


— J’ai pensé que vous pourriez m’aider à comprendre pourquoi elle s’est sentie obligée de faire ça. Est-ce que c’est parce que je lui ai offert ce nounours ?

— Pourquoi pensez-vous qu’elle s’est sentie « obligée » de faire ça ?

— On ne sait pas ce qu’ils lui faisaient subir… avant…

— Oui c’est vrai, mais telle que vous la décrivez, vous semblez avoir subi cette situation beaucoup plus qu’elle, non ?

— Alors vous pensez qu’elle voulait, vraiment… ?

Il baisse les yeux et rougit.

— C’est possible non ? insiste la thérapeute.

— Improbable.

— Vous réfléchissez comme cela parce que vous avez une très mauvaise image de vous. Je ne peux pas être sûre, évidemment. Mais je dirais qu’elle essayait de dire quelque chose en faisant cela. Vous passez beaucoup de temps ensemble, vous dites vous-même que vous êtes proches, vous avez vécu des choses fortes ensemble, échangé des cadeaux lourds de sens. Vous êtes deux jeunes gens…eh bien… de plus en plus matures. Cela ne me semble pas fou d’imaginer qu’Aika puisse nourrir des sentiments romantiques à votre endroit, non ?

Il étouffe un rire.

— Ne riez pas, Shoto, je suis très sérieuse. Le problème c’est qu’Aika ne sait pas parler et qu’elle ignore tout des codes sociaux qui conduisent à ce type de relations. Pour autant, il ne faudrait pas croire qu’elle ne peut pas ressentir ou vouloir les mêmes choses qu’une personne avec une histoire plus normale.

— Je ne peux pas le croire.

— Comment se comporte-t-elle depuis ?

— Elle reste dans sa chambre, j’ai l’impression qu’elle m’évite. Peut-être que je lui fais peur à nouveau.

— Ou vous avez heurté ses sentiments en refusant ses avances ?

— Alors j’aurais dû.. l’embrasser ?

— Je me garderais bien de me prononcer sur ce que vous auriez dû faire ou non dans cette situation. Tout dépend de ce que vous ressentez, comment vous la percevez… Mais… peut-être que vous pourriez avoir disons… une conversation avec elle. Pour dissiper tout malentendu qui pourrait perdurer entre vous ?

— Je n’aurais aucune idée de quoi lui dire…

— Cela va mériter réflexion, c’est certain.

Un silence s’étire entre eux.

— C’est bientôt la fin de notre séance. Mais cette colère dont vous parliez tout à l’heure. Peut-être pourriez vous la diriger contre les personnes qui en sont responsables, plutôt que contre vous-même, ou les personnes avec qui vous avez de bonnes relations ?

— À cela aussi, je vais réfléchir…



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