Jardin de cendres

Chapitre 19 : Tu es devenu fou

2035 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/06/2022 08:58

Bonjour à tous !


Je poste aujourd'hui car hier très très grosse journée impossible de prendre le temps de le faire.

Vous aurez le chapitre 20 dès Dimanche. Pour rappel cette fanfiction compte 22 chapitres plus deux bonus.


N'hésitez pas à commenter. C'est presque la fin et il se pourrait bien que cette fanfiction soit jetée sur internet, telle une bouteille à la mer jamais ouverte...


Bonne lecture !


— J’ai fait ce que vous m’avez conseillé…

— C’est à dire ?

— J’ai dirigé ma colère contre les personnes concernées.


Fuyumi n’avait de cesse d’insister. Leur père lui demandait sans arrêt des nouvelles de lui, et demandait à sa soeur quand est-ce qu’il accepterait de lui parler à nouveau. Ce matin-là, Shoto avait résolu pour la centième fois de parler à Aika. Pour la centième fois, il avait renoncé en la voyant raser les murs et fixer le parquet. Une partie de lui aurait voulu la serrer dans ses bras lui dire que ça n’était pas grave, qu’il tenait à elle dans tous les cas. Chaque fois, il l’imaginait se débattre et il savait très bien pourquoi. Souvent, il repensait à la manière dont elle se tenait si près de lui. Il interprétait ses gestes, ses regards différemment. Il s’était senti bien auprès d’elle et une partie de lui regrettait de ne pas avoir répondu positivement, d’une façon ou d’une autre. Lui aussi à présent regardait Aika autrement.

Ce matin-là, il reçu un énième message de Fuyumi juste avant les cours qui disait encore et toujours « Tu devrais parler à papa. Il se fait un sang d’encre pour toi, au moins appelle-le c’est la moindre des choses. » Sans hésiter une seconde, il avait répondu.

« D’accord, tu as gagné, je vais parler à papa, mais il ne va pas aimer ce que j’ai à lui dire ».

Sa soeur était restée silencieuse. Natsu avait désapprouvé. Shoto n’en avait cure, il se sentait glacé à l’intérieur. Durant les cours théoriques du matin, il se sentait parfaitement concentré. L’après-midi, il s’acharna sur sa nouvelle technique. À un moment, le feu et glace basculèrent en lui.

— Oh Shoto c’est très bien ça ! C’est très bien, le félicita Mr Aizawa.

Surpris, il regarda sa main gauche devenir glacée. Il pensa aux « deux Shoto » il se sentait unifié à présent, comme une personne et pas comme un mélange impossible à harmoniser tout à fait.

Le soir, sa détermination n’avait pas faibli d’un pouce lorsqu’il frappa à la porte de son père. La vision austère de son ancienne maison confirmait sa certitude. Plus jamais il ne vivrait ici, sous le même toit que lui. Il n’avait pas peur, il avait fini de se sentir petit, fatigué, faible, de vomir. Son père lui avait appris à être fort, à être froid. Il allait le regretter. Lorsqu’il lui ouvrit le visage de son père s’alluma et s’éteignit immédiatement après. Shoto devina que son expression trahissait ses intentions.

— Entre, proposa Endeavor.

— Non, je n’entrerais plus jamais dans cette maison. Je ne reste pas longtemps. Fuyumi insiste pour que je te parle. Elle dit que tu lui mets la pression.

— Ce n’est pas vrai. J’ai le droit de demander des nouvelles de…

— Tais-toi et écoute moi pour une fois.

Shoto s’autorisa une inspiration, face à son père au visage de plus en plus fermé. À son grand étonnement, Endeavor n’ajouta rien.

— Je suis venu te dire que je te ne pardonnerais pas, que je ne veux plus avoir à faire à toi. Je voulais te regarder en face pour que tu comprennes bien, déclara-t-il.

— J’ai le droit te de demander pourquoi, au moins, rétorqua son père.

— Natsu m’a raconté comment je suis né.

— Mais de quoi tu parles ? Qu’est-ce que ça a voir avec…

Shoto eut comme un rire et là encore, son père s’interrompit, à cause de la surprise sans doute.

— Tu n’as aucune idée de ce dont je parle ? Tu ne sais pas pourquoi maman peut à peine me regarder ?

— Ta mère est folle, Shoto. C’est pour ça qu’elle a passé tout ce temps à l’hôpital et…

— Non, coupa Shoto pour la troisième fois. Je ne peux pas te laisser dire ça. Maman est malade oui mais elle n’est pas folle. J’ai compris maintenant. Tu dis que tu es un héros, le Symbole de la Paix. Mais en réalité, tu es un vilain. Tu transgresse la loi. Tu utilise ta force dans ton intérêt et pour faire mal. Tu es devenu le numéro 1 des héros dans ton intérêt aussi. Voilà pourquoi je ne veux rien avoir à faire avec toi.

Shoto regarda son père, bien en face une dernière fois, profitant du fait qu’il restait silencieux. Puis, il fit demi-tour. L’espace d’une seconde, il crut qu’il avait gagné la partie et l’horizon s’élargit devant lui. Il se referma brusquement lorsque la main de son père serra son poignet à lui faire mal.

— Attends.

— Lâche-moi, demanda Shoto calmement. Je ne changerais pas d’avis.

Mais l’épaisse main d’Endeavor ne relâchait pas sa pression. Le fils releva les yeux vers son père pour découvrir son visage tendu comme il ne l’avait jamais été. Comme les doigts serraient de plus en plus fort, Shoto se dégagea d’un geste leste qui prit son père par surprise. Par delà la colère qu’il ressentait, la peur faisait peu à peu son chemin. Il recula, prêt à se défendre.

L’attaque d’Endeavor l’aurait pris par surprise s’ils ne s’étaient pas entraînés ensemble encore et encore alors construire ce mur de glace fut comme un réflexe de survie. Le cri de rage qu’il entendit derrière lui glaça le sang et il se mit à courir entre les imposantes bâtisses du quartier. Il chercha des yeux d’éventuels témoins, mais la rue était déserte. Endeavor hurlait derrière lui des choses qu’il ne comprenait pas. Glacé par la crainte, il se retourna pour parer un deuxième assaut beaucoup plus fort que le précédent. Dans la rue, les vitres de maison volèrent en éclat sous l’impact.

Cela eut le mérite d’attirer l’attention.


— Et vous avez été blessé ? demande la thérapeute anxieusement.

— Non. Les héros sont arrivés.


— Endeavor ! Tu es devenu fou ! hurla soudain la voix de Mount Lady. Shoto était au sol, à bout de souffle. L’espoir regonfla dans son coeur si fort que cela lui fit presque mal. Immédiatement, la colère du héros se calma. Il chercha maladroitement une explication. Shoto se releva alors que le Dieu Sylvestre lui demandait si tout allait bien. Sonné, il peina à répondre. Chaque fois, il redécouvrait de quoi son père était capable. Chaque fois, c’était comme si le sol se dérobait sous ses pieds.


— Comment ça s’est terminé ?

— Les héros ont gardé le secret, mais ils ont demandé à mon père de se tenir loin de moi.

— Et comment vous avez vécu tout cela, vous ?

— J’aurais cru que je serais un peu triste, mais en fait, ça m’a fait vraiment plaisir. Mount Lady a dit « Tu es devenu fou » et j’ai pensé que moi, je ne suis pas fou. Je n’ai pas rêvé. J’ai eu raison. Et en ce moment, je me sens très fatigué, mais plus calme. Je repense souvent à All Might qui dit que tout est fini. Maintenant, ça ne peut plus devenir pire, non ?

— Je crois en effet que vous êtes en bonne voie pour mettre tout cela derrière vous.

— Mais je ne dois pas pardonner ? Même si je ne veux plus lui parler ?

— Je crois qu’il y a certaines choses qu’on ne peut pas pardonner.


Lorsqu’il franchit la porte de l’internat, Shoto se sentait épuisé et à bout de force. Il avait refusé d’être accompagné mais durant tout le trajet, tout son corps lui donnait le sentiment de vibrer, usant ses dernières forces. Il voulait juste un peu réconfort.

Aika disparut dès qu’elle le vit. Mais ce soir, il ne pouvait pas supporter cela plus longtemps.

— Aika, attends. Je voudrais te parler.

Il cru qu’elle allait refuser, ou s’enfoncer dans sa chambre et fermer la porte, mais elle osa un pas timide dans sa direction, les yeux baissés. Shoto fit de son mieux pour chasser la rougeur de ses joues. Elle consentit à le suivre jusqu’à sa chambre et même à ce qu’il ferme la porte derrière elle.

Elle s’assit sur le lit, les yeux toujours baissés, visiblement au bords des larmes. Il chercha ses mots quelques secondes.

— Ce qui s’est passé, la dernière fois, ce n’est pas grave, essaya-t-il. Enfin… tu as du mal le prendre. Mais ce n’est pas contre toi enfin je… Je n’étais pas sûr de comprendre.

Sous ses cheveux sauvages, elle releva vers lui deux yeux bleus pleins d’espoir. Alors il trouva un peu de force pour ajouter.

— Je t’apprécie beaucoup Aika. J’aime passer du temps avec toi. Ça me fait beaucoup de peine que tu m’évites, même si je comprends pourquoi.

Très doucement, il vint s’asseoir juste à côté d’elle et attendit qu’elle s’exprime à son tour, de manière qu’elle choisirait. La jeune femme se décala sur le lit, jusqu’à ce que leurs bras se touchent et posa sa tête sur son épaule. Shoto passa son bras derrière elle et expira profondément. Ce contact lui fit l’effet d’une douche chaude après des heures dans le froid. Son corps se relâcha peu à peu.

— Écoute, poursuivit-il, je ne connais rien à l’amour non plus alors je ne suis personne pour te juger, Aika. Ce que je sais, c’est qu’aujourd’hui, j’ai vraiment cru que j’allais mourir. Et d’une manière ou d’une autre dès que tu es là, je me sens mieux. Ton petit Kitsune est la seule chose qui m’aide à dormir. Je ne sais pas si c’est de l’amour mais tu es une sorte de petit miracle Aika.

Elle le prit par les épaules comme pour mieux le voir. Shoto fit un effort pour soutenir ce regard et lui sourire un peu. Puis elle le poussa doucement sur le lit. Il se laissa faire et ne protesta pas davantage lorsqu’elle attrapa ses pieds, lui retira ses chaussures pour les ranger à leur place, près de la porte. Il resta là sans bouger quand elle disparut avec un dernier sourire. Lorsqu’elle revint, elle tenait par la main le petit ours rose qu’il lui avait offert un peu par accident. Il réalisa qu’il n’avait pas pris la mesure de ce que cela allait représenter pour elle. Sans un mot, elle s’installa à côté de lui, se lova comme le ferait un petit animal. Très doucement, il passa ses bras autour d’elle et ferma les yeux.

Cette nuit là, il n’eut pas besoin du petit renard pour s’endormir.


— C’est quelque chose de très fort à dire à quelqu’un, Shoto, non ?

— Oui, je suppose…

— Ce que je veux dire, c’est que je crois que vous prenez conscience de l’importance que vous avez pour les autres et que c’est ça qui va vous aider maintenant.

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