Jardin de cendres

Chapitre 21 : Je viens pour vous

2605 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 16/06/2022 23:10

Bonjour à tous !


Plus qu'un chapitre après celui-là et l'intrigue principale sera terminée. Ensuite il ne restera que les bonus.


A dimanche donc pour la fin de l'histoire


N'hésitez pas à commenter !




Une scène des plus étranges attendait Shoto lorsqu’il arriva au lycée ce jour-là. Katsuki tenait Ochako dans ses bras. La jeune femme pleurait toutes les larmes de son corps et son vis à vis semblait bien en peine de savoir comment la consoler. Dès qu’elle vit le jeune homme arriver elle se tourna vers lui, bras en avant. Heureusement ce genre de situation effrayait moins Shoto à présent. Sans hésiter il la serra à son tour.

— Ochako, qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-il calmement.

Les pires scénarios défilèrent dans son esprit. Comme les mots étaient trop difficiles à trouver elle sortit son téléphone de sa poche. Izuku apparut à l’écran immédiatement. Ligoté et bâillonné dans un obscur sous sol. C’était exactement ce que Shoto avait imaginé et pour autant chacun de ses muscles se crispa. Il n’avait pas l’air d’être blessé, juste complètement épuisé. Il monta le son, parce qu’il voulait tout bien entendre.

— Et là, tout le monde se demande pourquoi Izuku Midoria, dont certains connaissent les exploits j’en suis sûr, n’utilise pas son alter impressionnant ? La réponse est simple : vous pensiez que les seringues qui privent les héros de leurs alters avaient disparu et que la paix était de retour pour de bon ? Eh bien non, elles ont juste changé de camp ! Mais pour la bonne cause, j’en ai volé quelques unes aux forces de polices qui les gardent en imaginant que ce n’est pas mal en soi, parce qu’ils sont du bon côté du bien et du mal, n’est-ce pas ?

Shoto pensa que ce vilain lui rappelait Stain. Il était de ceux qui défendent un idéal. Discréditer les forces de l’ordre en révélant leurs secrets, cela aurait pu être une de ses idées. Cependant ce vilain-là n’avait pas la même voix.

 — À votre avis, quelle bonne cause justifie de kidnappé un lycéen ? reprit-il. La vérité, chers spectateurs tout simplement. C’était Média, le vilain qui révèle la vérité. Bientôt sur vos écrans les petits et les grands, la suite des aventures de Deku, un futur héros pas comme les autres…

Dès que l’image disparu, les pleurs d’Ochako redoublèrent. Katsuki se taisait pour une fois pas beaucoup plus fier qu’elle. Shoto songea qu’il n’allait pas tarder à en savoir plus sur le lien qui unissait All Might et Izuku.

— Au moins, on sait qu’il est vivant. Quique ce soit ce… Média… il n’a pas l’air de vouloir le blesser. Plus d’avoir quelque chose à dire, dit-il.

— Mais sa voix… pour lui… tout ça n’est qu’un jeu, sanglota la jeune femme.

— Ils vont le trouver… poursuivit l’aspirant héros qui commençait lui aussi à se sentir démuni.

— Il est venu pour moi, lâcha soudain Katsuki, et là je ne peux rien faire.

— Oui…

Malgré tout, il fallut bien retourner en cours quand Ochako se fut un peu calmée. Se résoudre à se concentrer sur les mathématiques était difficile. Cela semblait si futile, alors que leur ami était prisonnier, quelque part, à souffrir. La classe fut calme mais peu attentive ce qui ne manqua pas d’énerver leur professeur. À midi, il fallut bien se forcer à avaler quelque chose. Les tentatives de faire une conversation habituelle n’aboutirent pas vraiment.

Shoto fut surpris de trouver All Might sur son chemin, alors qu’il se rendait au vestiaire pour les entraînements de l’après-midi.

— Je voudrais te parler, déclara-t-il sans autre introduction.

Le vieux héros semblait avoir pris encore dix ans. Shoto espéra que ça n’était pas encore à propos de ses problèmes de familles. Il fut conduit dans la salle des professeurs où l’attendaient le proviseur, Mr Aizawa mais aussi le chef de la police dont Shoto savait qu’il était un grand ami d’All Might. Cela n’augurait rien de bon.

— Nous voulons te parler de l’enquête en cours, pour retrouver ton ami Izuku, commença le proviseur en sautant de la petite chaise où il était assis.

— Comment je peux vous aider ? demanda immédiatement Shoto.

— Attends, Shoto, nous avons quelque chose à te proposer, mais c’est important que tu prennes le temps d’y réfléchir d’accord ? le reprit All Might en s’asseyant près de lui. Shoto n’avait pas besoin de réfléchir, il savait qu’il ferait tout ce qu’il pourrait pour aider Izuku.

— Nous avons des raisons de penser que tu es une autre des cibles de Média, parce que tu es le fils d’Endeavor, expliqua le chef des forces de l’ordre.

Pour la première fois de sa vie, il était heureux d’être le fils de son père à ce moment précis.

— Média utilise des fléchettes pour priver ses victimes de leurs alters, mais grâce à Eri, nous pouvons mettre au point un antidote que tu pourrais prendre en prévention. On laisserait aussi sur toi un traceur pour qu’on puisse te repérer.

— Vous voulez que je me fasse enlever, conclut Shoto.

— Mais tu peux prendre le temps d’y réfléchir… coupa All Might.

— C’est tout réfléchis. Je suis d’accord.

Le héros à la retraite soupira.

— Je me doutais que tu dirais ça. Mais à tout moment, tu peux décider de faire demi-tour d’accord ?

— Dans tous les cas, ne parle de ça à tes camarades de classes, compléta Mr Aizawa, je ne voudrais pas qu’ils tentent quelque chose de stupide comme ils ont l’habitude de le faire. Nous ne parlons pas non plus de ce plan sur aucun appareil électronique, puisqu’on ne connaît pas l’étendue de l’alter de Média.

— D’accord.


— Alors vous allez vraiment servir d’appât pour la police ?

— Oui, dès qu’ils auront trouvé comment faire l’antidote avec l’alter d’Eri.

— Et vous êtes sûr de vous ?

— Oui… pour une fois que mon père se rend vraiment utile. Ce qui m’inquiète ce n’est pas Média. Je ne pense pas qu’il veuille vraiment tuer qui que ce soit. Il veut juste porter atteinte à la vie privée et s’il nous prive de nos alters, c’est qu’il n’est pas très fort avec le sien. Par contre, je me demande ce qu’il sait sur mon père et sur moi qu’il a envie de dire à la face du monde.

— Quelle serait la pire chose qu’il pourrait dire ?

— Je sais pas… il y a l’embarras du choix non ?

— Qu’est-ce qui serait le pire pour vous, vraiment ?

— Je suppose que… je pourrais supporter qu’on sache que ma mère était à l’hôpital toutes ces années par exemple… ou que.. je viens vous voir même… mais… ce que m’a raconté mon frère plus récemment, c’est encore difficile. La plupart du temps, j’essaye de ne pas y penser.

— Et quand vous y pensez, qu’est ce que ça vous fait ?

— J’ai envie de vomir et de disparaître.

— Je sais que c’est difficile, mais il faut essayer de vous souvenir que vous n’êtes pour rien dans tout ça.

— Je sais bien… il faut que je les laisse se débrouiller…


Shoto essayait vainement de pousser Eri à cuisiner sans que toute la pièce soit constellée de tâches, le soir venu, lorsque la télévision s’alluma. Il cru rêver lorsque le visage d’Izuku s’afficha. Il pouvait voir qu’il faisait un effort pour maintenir un calme apparent. Une certaine forme de désespoir perçait à travers ses traits.

— Oh, mais comment fait-il ça ? C’est la question que vous vous posez n’est-ce pas ? demanda la voix off sur ce même ton ironique insupportable. C’est simple. Mon alter se nourrit de la popularité et ma petite vidéo d’hier soir a déjà fait tellement, tellement de vues. Vous m’avez nourri, par votre curiosité alors je vous dis merci. Grâce à vous je contrôle toutes les télévisions de la ville, je m’infiltre dans les réseaux, partout. Ah ah… c’est incroyable, ce qu’on apprend, incroyable… mais revenons à nos moutons… ou devrais-je dire, à mon mouton vert. J’ai récemment appris quelque chose qui m’a littéralement défrisé cher amis. Quelque chose sur All Might. Bien sûr tout le monde se souvient de lui, et tout le monde lui a pardonné d’avoir caché à quel point il était devenu faible sur la fin. Mais il y a pire, bien pire chers spectateurs.

Sur l’écran, le visage d’Izuku se déforme. On voit qu’il hésite à prendre la parole mais finalement, il ne le fait pas.

— Toshinori, puisque c’est son prénom, est né sans alter. Vous m’avez bien entendu. Sans alter. Cette force colossale lui a été transmise par sa mentor de l’époque. Notre Symbole de la Paix n’était rien d’autre qu’une fabrication. Et maintenant, il fabrique une nouvelle poupée dans l’usine des héros. Cette poupée se tient sur cette chaise, misérable, privée de cet alter qui n’est pas le sien.

Brusquemen,t la lumière se fit dans l’esprit de Shoto. C’était donc ça le secret entre All Might et Izuku. Un alter transmis. Après tout Aika pouvait transmettre une partie du sien alors il n’y avait là rien d’impossible.

— Alors, Izuku Midoryia, héritier d’All Might, appelé à devenir le nouveau Symbole de la Paix… Dis aux gens qui nous regardent. Est-ce que tout ce que je viens de dire est vrai ? Est-ce qu’All Might a menti, tout ce temps ? questionna Média, en zoomant sur le visage de sa victime.

Izuku sembla hésiter l’espace d’un instant. Puis l’expression d’angoisse qui avait tendu son visage disparu progressivement pour laisser place à une sorte de sourire paradoxalement sérieux. Pour la première fois, il regarda la caméra de front.

— Oui, tout ce que viens de dire Média est vrai. Je suis désolé All Might, je ne peux plus protéger votre secret. Oui, All Might était un sans alter à qui on a transmis le One for All, l’alter que je porte actuellement. Avant lui, il y en a eu plusieurs autres. C’est un alter né de la soif de justice qui a été forgé, cultivé, amélioré par plusieurs générations de héros. All Might a menti parce qu’il pensait que les gens avaient besoin de croire qu’il était né avec son alter pour adhérer au mythe qu’il voulait fonder. Il a fait ce qu’il estimait le mieux, dans l’intérêt de tous. Et ça a marché puisque pendant sa carrière, le taux de criminalité n’a jamais été aussi bas. Mais vous avez raison, je suis son héritier et aujourd’hui, je peux décider de ne pas suivre la même voix que lui. Pour moi, le One for All est parfait juste comme il est. C’est un Symbole de la Paix encore plus fort. Moi aussi, je suis un sans alter et j’allais abandonner mon rêve de devenir un héros quand soudain, All Might a vu quelque chose en moi et à décidé de me laisser une chance. Si j’en suis là aujourd’hui, c’est parce que beaucoup de gens ont cru en moi, m’ont soutenu et m’on transmis un idéal que je veux défendre. All Might a créé le Symbole de la Paix et il n’est pas mort avec la fin de sa carrière parce que c’est une idée qui existe dans le coeur des gens. Si je meurs aujourd’hui, le One for All et l’idéal qu’il représente ne meurent pas avec moi. Cet idéal, c’est quelque chose que les vilains ne pourront jamais détruire, jamais vaincre, même s’ils détruisent encore et encore les héros les plus forts qui se présentent à eux.

Média se taisait pour l’écouter. L’émotion monta dans la voix d’Izuku comme il poursuivit. Shoto s’assit sur le canapé, soufflé par son courage.

— All Might a voulu montrer l’image d’un héros fort, invincible qui ne doute jamais, qui n’a jamais peur. La vérité c’est que nous les héros nous sommes juste des êtres humains comme vous, à qui la nature à confié des alters qui nous dépassent. Nous avons des doutes, des peurs, nous sommes traversés par toute sortes de sentiments. All Might est devenu All Might parce qu’il a été soutenu et encouragé par des tas de gens. Je suis là où je suis aujourd’hui, parce que j’ai été soutenu par ma mère, des professeurs, des amis formidables. Et là, je suis dans une mauvaise passe, et je sais que beaucoup de gens se démènent à cette seconde pour m’aider et me trouver. Je sais que quelqu’un va venir pour moi. Vous tous qui me regardez qui êtes seuls, désespérés, ou perdus, je vous le dis : quelqu’un va venir pour vous. Peut-être un héros, si la situation l’exige. Peut-être un parent, un professeur, un médecin, un policier, un ami… Les héros professionnels ne sont pas les seuls à porter cet idéal, après tout, il serait bon de s’en souvenir. Nous n’avons pas tous des alters puissants, mais nous pouvons tous être là pour quelqu’un, un jour ou l’autre. Nous pouvons tous être le Symbole de la Paix.

Il marqua une courte pause comme deux larmes roulaient sur ses joues.

— Je sais ce que je dirais, à mon prochain sauvetage à toutes les victimes qui seront là « Je viens pour vous » ça sera ça, ma phrase à moi. C’est ça l’idéal du symbole de la paix et du One for All.

Soudain, la peur pris le dessus à nouveau.

— Et là, si quelqu’un pouvait venir pour moi ? Quelqu’un avec un alter adapté ? Je n’ai vraiment pas prévu de mourir aujourd’hui ? S’il vous plaît ?

Son visage se mouilla de larmes à nouveau. Lorsqu’il reprit la parole, Média avait quand-même perdu une bonne moitié de sa superbe.

— Un héros qui appelle à l’aide, c’est un comble, lança-t-il mais sa pique tomba à plat.

Shoto regarda Izuku qui souriait à la caméra et il décida qu’il n’était plus la peine d’avoir peur pour lui.

— Je viens pour toi, souffla-t-il pour lui-même.

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