Jardin de cendres

Chapitre 22 : Ne pas avoir honte

2749 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 19/06/2022 11:47

Bonjour à tous !


Et voici donc le dernier chapitre !


Jeudi soir vous aurez les deux chapitres bonus et après eh bien, on se dira au revoir.


Bonne lecture !


Shoto n’aurait jamais cru qu’un jour, Mr Aizawa l’autoriserait à aller courir seul à quatre heures du matin. La consigne était même de le faire chaque soir et il s’y adonnait avec une discipline sans faille, rassuré par la présence du petit émetteur dissimulé dans ses vêtements et celle de l’antidote dans ses veines. Il était surpris de constater qu’il n’y prenait plus aucun plaisir. Une partie de lui aurait juste voulu être au lit et se reposer mais la vie d’Izuku était en jeu, alors il faisait son devoir, il courrait en regardant droit devant lui.

Il s’attendait à voir son agresseur arriver mais il semblait qu’il soit particulièrement discret. Il comprit que que le piège avait fonctionné seulement lorsqu’il sentit la piqûre dans son cou. Il se retourna pour regarder la nuit mais ne vit personne. La seconde d’après, une seconde fléchette l’atteignit au bras et le monde vacilla.

Instinctivement, il se débattit pour éviter de tomber mais sa tête s’écrasa sur les pavés du chemin sans qu’il y puisse rien.


Lorsqu’il se réveilla, Izuku le regardait, visiblement désespéré. Le jeune homme aux cheveux verts était toujours ligoté à sa chaise et Shoto ne tarda pas à se rendre compte qu’il en était de même pour lui. Il s’agita pour essaye de se libérer.

— Je suis content de voir, commença Izuku dont les yeux se remplissaient de larmes, enfin pas que tu sois ici mais…

— Ne t’inquiète pas, répondit Shoto j’ai un p…

— Chuuuuut…

Izuku lui montra d’un signe de tête les deux caméras dans les coins de la pièce au dessus des écrans. Shoto comprit qu’il avait été stupide.

— Tu es blessé ? demanda-t-il.

— Non, répondit Izuku, il me garde comme un animal de compagnie ! Et toi tu vas bien ?

— Oui, il m’a endormi avec quelque chose, mais l’effet s’est dissipé.

Discrètement, Shoto essaya de couvrir un de ses doigts avec de la glace, sans succès. Il espéra que l’antidote serait bien efficace comme prévu, sans quoi le plan n’aurait servit à rien. Cependant, Mr Aizawa lui avait dit que cela pourrait prendre un peu de temps. À ce moment précis, le jeune héros aurait aimé qu’il précise combien de temps exactement.

Izuku sembla soulagé par sa réponse.

— Il va revenir, expliqua-t-il, et après, il aura surement quelque chose de sale à dire sur toi, ou sur ton père…

— Je sais bien, coupa Shoto, j’ai compris quel était son but : salir nos réputations. Tu t’en es très bien tiré, tu sais ?

— Ah ? demanda Izuku la voix encore mouillée de larmes.

— Oui. Les journalistes ont beaucoup parlé de ton petit discours, en bien. Personne ou presque ne soutient Média pour le moment.

— Et All Might qu’est-ce qu’il a dit ?

— Qu’il était fier de toi, assura Shoto.

C’était pure vérité. Évidemment, l’ancien héros avait été invité à prendre la parole en public pour répondre des accusations de Média. Il avait avoué et soutenu son successeur dans sa démarche de rétablir la vérité. De nombreux mouvements avaient émergé sur les réseaux sociaux pour soutenir le futur héros aux cheveux verts et les professeurs, les enseignants, les médecins s’étaient vu associés à cet effort. Shoto avait pensé que les mots d’Izuku avait été plus forts que son alter ne l’aurait été dans cette situation.

Izuku redoubla de larmes et Shoto le laissa pleurer en silence. Les mains liées, il n’y avait rien qu’il puisse faire et il ne trouvait rien à dire.

— On va s’en sortir Izuku, essaya-t-il au bout d’un moment.

Son ami se mit à lui sourire à travers ses larmes. Mais l’alter de Shoto semblait toujours aussi absent. Il espérait juste que le traceur se révèlerait efficace et que dans le pire des cas, les professionnels viendraient les sortir de cette désastreuse situation. Ses épaules commençaient à lui faire mal et il n’osait pas imaginer l’état de ceux d’Izuku. Le temps s’étira, sans notion du jour ou de la nuit en raison de l’absence de fenêtre, dans le son de la neige qui se répercutait sur tout les écrans. Shoto s’efforçait de ne pas céder à la panique. Pour l’instant, rien n’indiquait que quoique ce soit allait de travers. Son alter mettait juste plus de temps que prévu à revenir.

Cette conviction fut difficile à maintenir lorsque la porte pivota sur ses gonds.

Izuku s’agita, se tordant le cou, mais Shoto avait tout le loisir de voir leur ennemi avancer vers eux, un grand sourire sur son visage confiant. Il retira son épais manteau et dévoila les câbles sur son costume.

— Shoto Todoroki, je suis très content de faire ta connaissance, commença-t-il.

— Que me veux-tu ? demanda-t-il.

— Que tu me parles de ton père… j’ai appris des choses à faire froid dans le dos récemment, tu sais ?

Le vilain passa derrière lui pour poser ses mains sur ses épaules.

— Je n’aimerais vraiment, vraiment pas être ta place, souffla-t-il juste dans son oreille.

— Laissez-le tranquille, s’offusqua Izuku, révéler le secret d’All Might c’est une chose mais là, on parle de la vie intime de quelqu’un !

Média rit juste dans l’autre oreille de Shoto.

— Tu sais des choses toi Izuku, non ?

Le héros aux cheveux verts tomba dans le silence. Média pivota pour faire face à Shoto à nouveau et posa ses mains sur les épaules de son otage.

— Je comprends ta colère Izuku… notre ami Shoto ici est présent est une sorte de dommage collatéral. C’est après son père que j’en ai. Celui qui se dit le Symbole de la Paix, le 1er héros. Mais je crois savoir que tu ne le portes de toute façon pas dans ton coeur, n’est-ce pas ?

Shoto décida de ne pas s’abaisser à répondre.

Média tira la chaise d’Izuku pour l’éloigner ce qui fit un vacarme de tous les diables. Puis il poussa un petit bureau face à Shoto. Dessus se trouvait tout un arsenal d’éclairage, ainsi qu’une caméra dernier cri.

— Oui tu as compris, c’est ton moment de gloire.

Cette fois, la panique commençait à obscurcir l’esprit de l’adolescent. Son alter ne répondait toujours pas présent, peu importait combien il voulait figer l’intégralité de cette pièce dans la glace. Média tendit les bras et les câbles se répandirent dans la pièce comme des serpents en direction des écrans et de toutes sortes d’appareils posés en désordre sur d’autres bureaux. Bientôt, Shoto était cerné par son propre visage répété des centaines de fois. Média se tenait juste derrière la caméra, près d’un micro, de sorte qu’on l’entende bien. Celui de la caméra en revanche se était pointé vers l’aspirant héros. Il ferma les yeux, espérant que lorsqu’il les rouvrirait, il verrait ses professeurs se bousculer par la porte que le vilain avait laissé ouverte. Il n’en fut rien.

— Oui, chers spectateurs, nous avons un deuxième invité ce soir… Peut-être certains d’entre vous le connaissent déjà. Shoto Todoriki, fils d’Endeavor. Ce héros là en revanche, tout le monde le connaît. Le Symbole de la Paix. Savez-vous chers spectateurs que la femme d’Endeavor a passé plusieurs années dans une institution psychiatrique d’où elle n’est sortie que très récemment ? Savez-vous que son fils ici présent est toujours soigné pour des troubles mentaux lui-même ?

Shoto se força à respirer c’était ce à quoi il s’attendait.

— Laissez-moi vous lire un extrait des notes de sa thérapeute.

Les yeux de Média virèrent de la neige d’écran au noir complet.

— « Ce jour, le patient semble toujours souffrir d’une image de soi dégradée en raison de nouveaux évènements survenus au sein de la famille. Deux crises depuis notre dernière rencontre. » Ah chers spectateurs, j’aurais voulu qu’elle soit plus précise dans ses notes.

Shoto serra les dents. Il ignorait qu’il restait une trace de tout ce qu’il racontait en séance.

— « Ce jour, ait pris la décision d’interpeler l’école afin que le patient puisse être restauré dans un milieu plus sécurisant que le domicile de son père… » mais que se passe-t-il dans cette famille…vous vous le demandez n’est-ce pas ? Moi aussi, je me le suis demandé durant longtemps… Shoto ? Tu veux déclarer quelque chose ? Tu as une chance de raconter ton histoire, comme tu l’as vécu.

Des milliers de mots se bousculèrent dans son esprit, tous mélangés. Il voulait dire que oui, son père était une ordure et que tout le monde devrait le savoir. Il voulait supplier Média de se taire. Finalement il garda le silence. Il fallait croire qu’il n’était pas encore aussi courageux qu’Izuku.

— « Apparemment, tu as demandé à maman ce que papa lui avait fait exactement c’est ça ? Et pourquoi elle avait peur de toi ? » lu Média.

Le sang de Shoto se glaça, entre milles il se souvenait de cette conversation. Sur son visage mille fois rediffusait, la terreur enflait peu à peu.

— Alors Shoto ? reprit Média, tu veux nous dire pourquoi ta mère a peur de toi ? Pourquoi tes parents ne vivent plus dans la même maison alors qu’ils ne sont pas divorcés ?

Il secoua la tête, incapable de dire un mot alors Média reprit sa lecture.

— « J’étais petit alors, à l’époque je ne savais pas exactement ce qu’il voulait faire, mais j’entendais souvent maman crier « arrête, arrête tu me brûles » et puis des bruits de chocs. Ça a duré des mois avant qu’elle ne soit enceinte de toi. »

Son ton avait été respectueux, pas caricatural, mais entendre cela à haute voix pour la première fois lui fit l’effet d’être soudain assommé.

— Je m’excuse pour tous les enfants qui nous regardent, poursuivit le vilain visiblement sincère mais certaines choses doivent être dites. Endeavor a fait un mariage d’alter, voilà la vérité. En plus de cela, il s’avère que notre Symbole de la Paix actuel à des tendances à la violence. Dis-moi Shoto ? Depuis quel âge ton père t’a-t-il entraîné ?

— Tu n’es pas obligé de répondre, Shoto, intervint Izuku toujours attaché un peu plus loin.

Toujours pas de feu, toujours pas de glace, il ne pouvait pas rester là sans rien dire. Mais son esprit était blanc.

— Pourquoi est-ce que tu dors à l’internat ? De quoi souffres-tu exactement ? questionna encore Média.

Shoto ferma les yeux encore une seconde, il essaye de se souvenir la voix d’All Might lui disait que tout était terminé, le discours d’Izuku, le Kitsune de Aika. Lorsqu’il les rouvrit, aucun héros ne se présenta à la porte laissée ouverte. Il se força à respirer.

— Mon père a fait beaucoup de mal en voulant devenir le numéro 1, c’était son obsession. Il a fait du mal à ma mère, à mon frère Toya et à moi, expliqua Shoto la voix tremblante.

Média l’encouragea du regard. Izuku aussi.

— Je ne connais qu’un seul Symbole de la paix, poursuivit-il, sentant qu’il prenait confiance et il s’appelle Izuku Midoriya !

— Oh ça pour une déclaration ! commenta le vilain qui retrouvait son ton moqueur. Il tira la chaise d’Izuku dont les joues ruisselaient de larmes.

— Vraiment ? Cette mauviette ?

— Oui, répondit Shoto sûr de lui. Il l’a dit, les héros ont des sentiments. Je serais son numéro deux, je le soutiendrais du mieux que je pourrais, c’est la meilleure chose que je puisse faire. Qui se soucie de savoir qui est le numéro un tant que les gens qui en ont besoin sont sauvés ? Je suis malade oui mais je vais beaucoup mieux. Je vais me soigner. Je vais devenir un héros et je vais l’aider jusqu’à ce qu’on oublie que je suis le fils de mon père !

À ce moment, l’alter de Shoto se manifesta et son doigt se glaça légèrement. Jamais il n’avait été si heureux de sentir la fraîcheur de la glace se répandre dans ses veines. Il opta pour le feu pour se libérer cependant. Média recula, lança vers lui ses câbles sans succès. Les écrans s’éteignirent et la seconde suivante, le vilain était figé dans la glace.


— Et alors, comment allez-vous depuis que tout cela a été révélé ?

— Je m’attendais à un déferlement de haine, mais ça n’est pas du tout ce qui s’est passé.

— Que s’est-il passé alors ?

— Déjà, la police est venue trouver mon père et ils l’ont arrêté. Et je n’aurais jamais cru qu’elle ferait ça, mais ma mère à décidé de porter plainte. Fuyumi était dévastée, mais elle a finit par comprendre. Ensuite, je me suis pas rendu compte de la portée de mes mots, mais les gens ont désigné Izuku comme le Symbole de la Paix. Notre professeur de communication nous a conseillé de commencer à apparaître plus sérieusement sur les réseaux sociaux et je reçois des centaines de messages par jour.

— Quel genre de messages ?

— Des témoignages de toutes sortes de gens qui vivent des choses difficiles, qui font des dépressions ou d’autres problèmes mentaux, mêmes des héros qui sont déjà en agence.

— Vous êtes devenu l’égérie de la souffrance psychique chez les héros.

— Oui… quelque chose comme ça. La plupart me demandent conseil.

— Et quel effet ça vous fait ?

— Au début ça me mettait un peu mal à l’aise et je ne savais pas quoi leur répondre.

— Et qu’est-ce que vous leur dites en général ?

— De ne pas avoir honte, d’en parler à leur entourage, d’aller voir quelqu’un comme vous pour essayer d’aller mieux. De parler à des adultes si ce sont des plus jeunes à qui leurs parents font du mal. Je n’avais pas idée qu’il y avait autant de gens qui souffrent, partout… Mais parfois certains m’écrivent pour me dire qu’ils ont osé en parler, et que les choses s’améliorent pour eux alors je suis content.

— Et dans votre vie personnelle, comment allez-vous ?

— Bien… maintenant au moins je suis certain de finir ma scolarité à l’internat. J’ai réalisé récemment qu’il y avait longtemps que je n’ai pas fait de crise. Izuku et moi sommes devenus assez proches et… je crois bien que Aika et moi sommes un couple maintenant.

La thérapeute lui sourit.

— Vous avez toujours du mal à dormir ? Des images douloureuses qui vous viennent pendant les entraînements ?

— Non, rien de tout ça.

— Bien alors, je crois que notre travail touche à sa fin, non ?

— Cela me semble logique de le penser.

— Je vous revois dans un mois, pour faire le point et si tout va bien, nous nous dirons au revoir à ce moment-là, d’accord ?

— D’accord.


Laisser un commentaire ?