Jardin de cendres

Chapitre 23 : Bonus Katsuki

2361 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 23/06/2022 22:02

Bonjour à tous !


Voici comme convenu à la suite les deux dernières chapitres, en bonus !


J'aurais aimé pouvoir faire connaissance avec vous...


Bonne lecture à tous !


— Alors Katsuki, pourquoi êtes vous venu me voir ?

Il croise les bras et refuse visiblement de s’asseoir sur le fauteuil en face de la thérapeute.

— C’est les profs qui veulent que vienne. S’ils croient que je vais venir pleurnicher comme Todoroki, ils se fourrent le doigts dans l’oeil. On peut pas tous se faire un nom parce qu’on vient d’une famille de tarés hein…

— Et il y aurait une raison de pleurnicher ?

— Non. Je suis normal. Ma famille est normale.

— Dans ce cas, pourquoi les professeurs vous envoient ?

— Ils pensent que j’ai des problèmes de communication mais ils ont tort ! C’est juste tous une bandes mauviettes ! C’est juste ma façon de parler ! Je comprends pas pourquoi tout le monde en fait tout un foin à la fin ! Oui je suis un sanguin et alors ? Il y a pas de quoi fouetter un chat.

— Puisque vous êtes-là, nous allons essayer de trouver un chat à fouetter, vous voulez bien ? Comme ça je n’aurais pas perdu mon temps et vous non plus ?

— Puisque je vous dis qu’il y a aucun chat, d’accord ? Vous pensez que je suis une tafiole ? Je ne suis pas comme Shoto et encore moins comme ce débile d’Izuku qui chouine à la télé devant tout le monde.

— Non, cependant je crois qu’une partie de vous a envie de savoir pourquoi les professeurs vous envoient. Après tout, vous voulez devenir un héros non ? Vous n’êtes pas fier au point d’ignorer leurs conseils ? Quel est le risque à vous asseoir et à parler un peu de vous ?

Katsuki prend cette remarque comme un défi alors il s’assoit, sa bouche s’ouvre et se ferme puis il finit par dire.

— Je m’appelle Katsuki Bakugo et je veux devenir le premier des héros.

— Dites-moi quelque chose que je ne sais pas déjà.

— Vous me faites chier avec vos questions.

— J’ai l’impression que toute cette situation fait que vous vous sentez très menacé, j’aimerais bien comprendre pourquoi.

Il se lève à nouveau.

— Menacé ! Je me sens pas menacé du tout ! Ça me fait chier c’est tout ! Ça me fait chier que les profs pensent que j’ai besoin de…

— De quoi ?

— Ils pensent que j’ai besoin d’aide que je suis un pauvre fragile ça me pète les burnes !

— Donc, si je comprends bien, ce qui vous dérange c’est l’idée que les professeurs puissent imaginer que vous avez en quelques sortes besoin d’aide, c’est ça ?

— Bah oui ! C’est n’importe quoi ! Je crois que j’ai prouvé que je pouvais me démerder non ?

— Est-ce que en général, vous vous mettez en colère quand on pense que vous avez besoin de dépendre de quelqu’un d’autre ?

— Oui ! Évidement ! C’est des conneries !

— Admettons. Admettons que vraiment vous n’avez pas besoin d’aide et pas besoin de moi. Pourquoi il y a lieu de se mettre tellement hors de soi ?

Katsuki se met à crier.

 — Je suis pas hors de moi ! Je vous explique ! C’est pareil ! Les profs ils comprennent pas que c’est juste ma manière de parler !

— C’est une manière de parler assez atypique alors.

Il se rassoit.

— Si vous voulez.

— Comment on parle dans votre famille ? Est-ce que tout le monde parle comme vous ?

Il se lève et se met en colère à nouveau.

— Quoi ! Vous pensez que j’ai une famille à problèmes vous aussi ?

— Pourquoi « moi aussi » qui d’autre pense ça ?

— All Might et les putains de profs. J’ai entendu All Might le dire quand il est parti de chez moi l’autre fois !

— L’autre fois ?

— Oui, quand ils ont mis en place l’internat !

— Alors ça remonte, ça a du vraiment vous blesser qu’il dise ça, même si pas en face de vous.

— Mais n’importe quoi ! C’est juste que c’est pas vrai ! Ma famille n’est pas une famille à problème ! Et non, je ne suis pas choqué d’avoir été enlevé l’année dernière ! Y’a pas mort d’homme aussi hein ! C’est bon ? On a fini ? Je peux me barrer ?

— Je n’en ai pas exactement fini avec vous Katsuki, mais vous êtes libre de partir quand vous voulez.

Il se rassoit, croise les bras.

— Alors posez vos questions qu’on en finisse.

— Juste comme ça ?

— Ouais.

— Est-ce que vous avez déjà expérimenté des situations graves où vous avez eu besoin d’aide et où vous n’en avez pas obtenu ?

— Non. Je vous ai dit. Ma famille est pas une famille à problèmes. Mes parents sont des bons parents, fin du débat.

— D’accord, fin du débat. Autre question. Est-ce que vous parents parlent comme vous ?

— Ma mère oui. Mon père non. Ça change quoi ?

— Votre mère parle comme vous donc ?

— Oui elle me crie dessus souvent et alors ? C’est la manière dont on parle.

— J’aimerais qu’on se revoit, Kastsuki et qu’on invite vos parents. Vous seriez d’accord ?

Il se lève à nouveau.

— Mais non putain ! Je vous ais dit que j’avais pas une famille à problèmes !

— Dans ce cas, on ne perds pas grand chose à faire venir vos parents, non ? À moins que ça vous fasse peur ? On essayera de parler de cette question d’avoir besoin d’aide et de dépendre.

— D’accord. J’ai pas peur.


La thérapeute arrange les chaises pour le rendez-vous. Dans le couloir, elle entend que la famille Bakugo est déjà en train de se disputer. Elle constate qu’en effet, la mère de Katsuki parle exactement comme lui. Elle n’entend pas le père en revanche. Lorsqu’elle arrive pour les accueillir il est bien là cependant, essayant vainement de les inciter au calme.

Une fois tout le monde installé dans le petit bureau, c’est la mère qui prend la parole en premier.

— Qu’est-ce que vous nous voulez hein ? Vous allez pas me dire comment élever mon fils si ? Vous en savez quoi de la vie de notre famille ?

— A peu près rien, c’est pour ça que vous êtes là.

Le père lève les yeux au ciel parce qu’il voit que sa femme prend la parole à nouveau.

— Katsuki ! Tu ne lui as rien dit ! Tu te rends compte qu’elle sert à ça ? Hein ? ! Tu ne veux plus être un héros ? Pourquoi il faut toujours que tu…

— J’ai rien à dire maman ! J’y peux rien si les profs pensent que…

La suite de la conversation est inintelligible pour tout le monde. Mr Bakugo, regarde la thérapeute avec un air désespéré.

— Assez ! elle dit.

Katsuki et sa mère font silence, pas parce qu’elle les impressionne, mais sans doute parce qu’ils prennent soudain conscience de l’image qu’ils renvoient.

— Personne n’a dit que vous êtes une famille à problème et je me garderais bien de juger quiconque dans son rôle de parent. Je veux juste comprendre certaines choses si vous voulez bien ? Pour ça, j’ai besoin que vous puissiez tous vous parler tranquillement.

Katsuki et sa mère croisent les bras, dans le même geste, au même moment.

— Bien. J’ai une question à vous poser Mr et Mme Bakugo. Il semblerait qu’il existe une idée très forte chez Katsuki qu’on pourrait résumer comme cela : Je ne dois pas dépendre d’autrui. Bien sûr, tous les adolescents doivent s’émanciper et… commencer de ne plus dépendre de leurs parents. Pourtant, cette idée à l’air d’être très importante pour lui et…

— Ah ! S’énerve la mère, je sais pourquoi nous sommes là ! C’est à cause de Deku euh.. Izuku c’est ça ? Je te l’ai dit milles fois Katsuki. Laisse ce gamin tranquille !

— Je ne vous ai pas fait venir pour parler d’Izuku. Mais d’une certaine manière ça à l’air lié à ma question, non ?

— Je n’ai besoin de personne. Izuku passe son temps à pleurer. Donc j’ai passé pas mal de temps à l’emmerder alors qu’il me suivait comme une grosse victime. Après j’ai gagné en maturité. Fin de l’histoire, résume Katsuki.

— Alors, Izuku passe son temps à pleurer et c’est pour cela que vous l’avez emmerdé. Ce qui nous amène à une deuxième règle de vie : il ne faut pas pleurer et ceux qui pleurent méritent d’être maltraités. Ça vous évoque quelque chose ?

— Maltraité c’est un mot de chochotte ça ! Katsuki n’est pas un brute, répondit immédiatement la mère sur la défensive. Il est juste un peu… enfin il est fort et…

Le père de Katsuki prend la parole pour la première fois et étonnamment, mère et fils font silence pour l’écouter.

— Je pense que tu devrais parler de ta mère… et de comment ton père est mort, lâche-t-il.

La mère est clouée sur place par la surprise. Katsuki réagit par la colère.

— Quoi ? De quoi tu parles papa ? Mes grands parents sont morts, ça arrive, c’est quoi le problème ?

— Monsieur, reprend la thérapeute… quel lien vous faites entre l’idée de dépendre, pleurnicher et les parents de votre femme ?

Monsieur continue de s’adresser à sa femme qui se recroqueville sur sa chaise, passant de la colère à la terreur. Cela a pour effet de calmer Katsuki également.

— Tu m’as raconté… certaines choses.. sur ta mère ? Je pense que ça aiderait si tu…

La mère se tourne vers son fils.

— Katsuki… je sais que je le dis pas beaucoup mais je t’aime hein tu sais ça ? Tes parents t’aiment.

Cela a pour effet de faire exploser Katsuki de nouveau.

— Mais quoi ? Pourquoi tu dis ça ! Bien sur que je le sais ! On crie mais c’est juste notre manière de parler ! C’est quoi l’histoire sur mes grands parents ! Pourquoi tu dis rien !

— Katsuki, reprend la thérapeute, on va essayer de laisser votre mère parler si vous voulez bien ? On dirait qu’il y a des choses qui sont difficiles à dire.

— Tu ne t’es jamais demandé pourquoi on allait jamais voir ta grand-mère quand tu étais petit ?

Katsuki hausse les épaules.

— Elle était morte déjà non ?

— Non, tu avais dix ans quand elle est morte.

— Hein ? ! Mais pourquoi…

— Katsuki, interrompt la thérapeute qui voit qu’il commence à s’énerver à nouveau.

— Tu peux lui dire, il est grand maintenant, l’encourage le père.

Un silence se fait et la thérapeute attend.

La mère baisse les yeux et puis elle explose à nouveau.

— Ta grand-mère était une connasse voilà la vérité ! Elle faisait que hurler à longueur de temps ! Autour d’elle tout le monde se sentait comme une pauvre merde ! Elle était tellement horrible que ton grand-père s’est suicidé. J’avais 16 ans alors je me suis barrée et…

Elle se tait brusquement, au milieu de sa phrase en serrant les poings.

Katsuki ne trouve visiblement rien à répondre à ça.

— Et vous avez appris à vous débrouiller seule et qu’il ne fallait pas pleurer, conclut la thérapeute.

La mère hoche la tête et puis elle ajoute, d’une petite voix.

— Vous pensez que je suis une mauvaise mère c’est ça ? Que je suis comme elle ?

— Pas du tout. Vous avez voulu protéger votre fils de certaines choses que vous avez vécues en le rendant fort et indépendant au cas où plus personne ne pourrait prendre soin de lui. Votre fils ne s’est pas trompé d’ailleurs, il a dit clairement que les cris, c’est juste votre manière de parler, celle que vous avez apprise en somme. Il s’est mis en colère quand vous questionné le fait qu’il sache l’amour que vous lui portez. Katsuki, qu’est-ce que vous pensez de ce que votre mère vient de dire ?

— Euh je… je sais pas trop… c’est nul que… qu’elle se soit retrouvée toute seule à 16 ans. Je n’aime pas penser à ça.

— Moi non plus, ajoute la mère.

— L’important à retenir Katsuki, c’est que ce que vous a appris votre mère était pertinent au moment où elle s’est retrouvée en difficulté. Ça n’est pas pertinent pour vous, maintenant. Vous avez le droit de dépendre, vous avez le droit de pleurer, vous avez le droit de vous sentir comme une merde comme cela arrive de temps à autre dans la vie.

— Je dépends de personne, réponds Katsuki en croisant les bras sur la poitrine.

— D’accord, très bien. Mais ça devait arriver ça ne serait pas un drame, d’accord ?

— Évidement, il lâche entre ses dents.

Lorsqu’ils sortent du bureau, ils ne se disputent pas et la thérapeute se demande combien de temps cela va durer. 

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