My Lost Hero

Chapitre 3 : Dans le bureau de Nezu

1666 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 03/09/2024 20:32

Elle avait soif. Non, correction, elle était assoiffée. Sa gorge en devenait irritante, sa bouche restait sèche et elle ne parvenait pas à réfléchir correctement. Le bracelet qui serrait son poignet était humiliant, comme si elle allait utiliser son alter ! Elle devait sortir d'ici, elle n'avait pas le choix. Elle était sûre que son pressentiment sonnait juste. Pourtant, sans les deux professeurs, elle ne pourrait rien faire.

Assise sur un banc en attendant son verdict, Hitomi examina l'endroit dans lequel on l'avait déposé. Une petite cellule avec un lit et des toilettes. Les tic-tac d'une horloge suspendue parvenaient à ses oreilles et elle se retint de soupirer. Elle sentait la migraine arriver. Sa jambe tressautait nerveusement. Au bout de longues minutes, à bout, elle se leva et s'approcha des barreaux.

- Excusez-moi ? Il y a quelqu'un ?

Le gendarme chargé de garder les gardes à vue s'approcha.

- Qu'est-ce que tu veux ?

- Je peux avoir un verre d'eau ?

Il lui jeta un long regard avant de disparaître. Quelques secondes plus tard, il réapparut et tendit prudemment le verre à travers les barreaux. Sans même chercher à lui faire du mal, elle le prit et but le tout en deux secondes.

- Quelle heure est-il ?

Le gendarme allait rétorquer qu'elle n'avait qu'à regarder l'horloge avant de se rendre compte que, de là où elle se tenait, elle ne pouvait pas la voir.

- Quatorze heures quinze. Environ.

- Je peux ravoir à boire ?

Sans un mot, il récupéra le récipient, disparut de nouveau et le tendit à la jeune femme. Quand elle le rendit, elle retourna s'asseoir, bien qu'agitée. Peut-être qu'elle devrait le rappeler et tenter quelque chose ? Est-ce qu'elle pouvait vraiment attendre ici quelques heures de plus ? Pas sûr.

Un plan se mit en place dans son esprit. Après tout, on lui avait toujours dit qu'elle n'était pas mauvaise en attaque rapprochée. Elle était restée pendant presque une journée entière, elle ne pouvait plus rester. Elle rappela le gendarme.

- Quoi, encore ?

- Je... Je ne me sens pas bien du tout...

Coup classique. Son ton était plutôt convainquant, et il arriva. Elle fit semblant de prononcer des mots à voix basse pour qu'il se rapproche. Encore un peu... Il devait s'approcher encore de quelques centimètres...

Au même moment, quelqu'un entra au commissariat. Le gendarme hésita à venir à sa rencontre, mais la jeune femme s'était rassise et faisait semblant d'aller mieux. Vaguement rassuré, il rejoignit le visiteur. Hitomi se demandait si elle ne devait pas changer de plan quand elle reconnut la voix du professeur aux cheveux longs et à la barbe mal rasée.

- Je retire mes charges contre elle.

- Monsieur, sauf votre respect, vous êtes venu nous l'apporter pour...

- Je sais ce que j'ai fait. Je retire ce que j'ai dit. Faites-la sortir.

- ... Alors vous allez devoir signer un document.

Ils parlaient vraiment d'elle ? La jeune femme ne voyait rien d'ici, mais estima qu'il serait préférable pour elle de rester silencieuse et obéissante. Le gendarme revint quelques minutes plus tard. Il ouvrit la porte de la cellule et posa la main sur le bracelet qui émit un bref "bip" avant de s'enlever. Hitomi sortit doucement, suivi par l'homme visiblement mécontent. Par réflexe, elle se frotta l'endroit où le bracelet était serré et se retint de grimacer.

Elle l'aperçut enfin. Toujours blasé, les mains dans les poches, il n'eut aucune réaction en la voyant apparaître. Elle allait passer devant pour sortir, quand le gendarme la rappela et lui tendit son portable ainsi que plusieurs billets, qu'elle rangea soigneusement dans ses poches.

- Au fait, tu m'avais dit que tu ne te sentais pas bien ?

- Oh. Juste un léger vertige.

Il commença à fulminer en comprenant qu'il avait été berné, mais elle était déjà dehors. Le soleil lui brûla les yeux et la peau et elle cligna plusieurs fois des yeux pour s'y accommoder. Le professeur l'avait suivi.

- Suis-moi.

Ce furent les seules paroles qu'il prononça du trajet. Il n'expliqua pas son changement d'attitude ni même où ils se rendaient, même si la jeune femme s'en doutait. N'ayant plus l'habitude de marcher vite, elle fut essoufflée au bout de quelques minutes de marche, mais à aucun moment elle ne se plaignit. Lui, en revanche, restait imperturbable. Yuei apparut enfin devant leurs yeux, et elle sentit une pointe d'anxiété l'envahir. Elle détestait cet endroit, mais elle n'avait pas le choix. S'efforçant de se calmer, elle pénétra dans l'établissement et fit face à des élèves. Ils semblaient heureux d'avoir terminé leur journée. Certains en attendaient d'autres, et elle sentit plusieurs fois leurs yeux s'attarder sur elle. Ça faisait bien longtemps qu'elle ne s'était pas retrouvée dans ce couloir et commençait à se sentir vraiment mal, mais, heureusement, ils s'éloignèrent du brouhaha ambiant. À la place, ils arrivèrent devant le bureau du directeur. Le professeur frappa à la porte et attendit le "entrez" avant d'obéir à l'ordre. Hitomi suivit.

L'odeur, la pièce, son atmosphère et même l'attitude du directeur n'avaient pas changé depuis. En le voyant, l'anxiété monta en flèche et elle s'efforça de respirer. Le professeur expliqua la situation en une phrase, et Nezu sourit amicalement en se tournant vers elle.

- Hitomi, je suis content de te revoir. Avec les collègues, on se demandait ce que tu étais devenue.

- Vous vous souvenez de moi ?

- Bien sûr. Les professeurs me parlaient souvent de toi.

Pas toujours dans le bon sens, songea-t-elle.

- Je suis juste partie en France avec ma mère.

- Ah oui, bien sûr. J'avais oublié que tu étais bilingue.

- J'ai un fort accent, pourtant.

- C'est vrai.

Le professeur observait l'échange d'un air blasé. Nezu finit par se pencher légèrement en avant.

- M. Aizawa m'a dit que tu voulais accéder à la salle aux archives ? Puis-je savoir pourquoi ?

- Je pense que Yuei est en danger.

- Et pourquoi penses-tu cela ?

Elle reprit son souffle pour se forcer à se calmer. C'était maintenant ou jamais. Elle devait le convaincre, elle n'avait pas le choix. Elle ne voyait pas comment entrer par effraction dans l'école, autrement.

- Vous n'avez jamais trouvé étrange que les vilains savaient exactement où se trouvait mon père, quand ils... Quand ils l'ont tué ?

Sa voix se brisa à la fin, elle se força à tousser pour se reprendre.

- Tu ne penses pas que c'était un hasard ? Après tout, cette ruelle était peu fréquentée, ce n'était pas étonnant que des vilains décident de vous attaquer.

- Quand des vilains attaquent, c'est rare qu'ils soient aussi nombreux. Ils ont plutôt tendance à circuler en groupe de deux ou trois, en espérant tomber sur des gens imbéciles décidant de passer au même moment. C'était comme s'ils savaient que l'on allait passer par là. Et c'est bizarre que les bus aient soudainement un problème, ce jour-là.

- Que veux-tu dire, exactement ?

- Il y a un espion à Yuei.

Le dénommé Aizawa se retint de soupirer.

- Si c'était vraiment le cas, il y aurait eu d'autres attaques.

- Sauf s'ils préparaient quelque chose de bien plus grand, et qu'ils essayaient de brouiller les pistes.

Il allait de nouveau répliquer, quand Nezu leva la main pour lui intimer le silence. Il planta ses yeux dans ceux de la jeune femme tout en réfléchissant. Au bout de quelques secondes, il finit par reprendre la parole.

- Donc, selon toi, un espion communiquerait des informations à un groupe de vilains et prévoirait une attaque. En quoi la salle des archives te serait utile ?

- En six ans, du personnel a changé, d'autres non. J'ai besoin de vérifier qui était présent cette année et est resté. Il est probable qu'un très grand nombre soit concerné, mais je suis sûre que je pourrai trouver des informations pouvant m'aider.

- Pourquoi réagir que maintenant ? Je suis convaincu que tu t'en doutes depuis un long moment.

- Je ne pouvais pas revenir au Japon. Ma mère refusait et était gravement malade. Comme elle allait beaucoup mieux, je suis partie.

- Ecoute, je doute que tu trouves ce dont tu cherches, mais la salle est à toi. À une condition.

Plus déterminée que jamais, et sentant le soulagement l'envahir, elle attendit. C'était donc si facile ?

- Tu verras que la salle est dans un sacré bazar. Je te demanderai de tout ranger.

Impossible. C'était impossible, et il le savait. Alors pourquoi voulait-il le faire ? Pour la tester ? De toute façon, ce n'était pas comme si elle avait le choix.

- Très bien.

- Bien. Tu peux disposer. Tu pourras revenir demain dés 8h, Yuei sera ouvert.

Elle acquiesça et leur fit un bref signe de tête pour les saluer. Alors qu'elle allait quitter la pièce, Nezu la rappela. Il attendit qu'elle se tourne vers lui.

- Je suis content de te revoir.

Elle ne sut comment réagir et se contenta de le fixer quelques secondes avant de baisser la tête et de partir. Sentant le regard de Aizawa, il s'adressa à lui :

- Y a-t-il quelque chose dont tu voudrais me parler, Shota ?

- Vous croyez vraiment ce qu'elle avance ?

- J'ai quelques doutes sur ce qui s'est vraiment passé, donc je peux comprendre qu'elle soit troublée.

- Vous lui faîtes vraiment confiance pour qu'elle entre à Yuei ?

- Si tu l'avais vu comme moi, quand elle était élève ici, tu saurais qu'elle est incapable de faire du mal à qui que ce soit, peu importe ce qu'elle a vécu depuis.

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