Patrocle

Chapitre 33 : l'Amour

2055 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 03/02/2024 17:03

Patrocle était en paix, le soleil lui paraissait plus beau chaque jour, et le vent caressant sa peau plus doux que jamais. Son séjour à Mycènes l’avait aidé à oublier le massacre de Thèbes. Et la reine Clytemnestre s'était révélée être une présence apaisante dans sa vie tourmentée, la jeune femme l’invitait toujours a déjeuner avec elle, et même pour une promenade a cheval en dehors de la cité.

 

Curieusement elle savait aussi bien monter qu’une amazone, et Patrocle remarqua également sa belle musculature. D’aucun auraient trouvé cela très laid, mais Patrocle trouvait au contraire que le corps musclé de Clytemnestre ne manquait pas de charme, c’était une spartiate et les femmes de Sparte recevaient la même éducation martiale que les hommes, il devinait sans difficulté qu’elle devait savoir manier le bouclier à en juger par ses épaules et la taille de son buste.

 

Une fois dans les jardins, il se surpris à lui raconter un combat de lutte durant les jeux de Corinthe. La reine avait écouté avec attention, mais elle secoua la tête lorsqu’il avait terminé son récit.

 

— Je ne suis pas d’accord, pour moi le coup de coude était irrégulier, le juge devait arrêter le combat et disqualifier cet imbécile.

 

— Dois-je vous rappeler, majesté qu’il s’agissait du prince Antiloque fils de Nestor ? dit Patrocle amusé.

 

— Raison de plus, renchérit-elle vivement. Les lois doivent s’appliquer a tout le monde.

 

— Parfois ce n’est pas le cas, dit-il en poussant un soupire.

 

— J’aurais aimé que les femmes participent, dit-elle en laissant planer une lueur de nostalgie dans son regard.

 

Patrocle sourit, appréciant la perspective d'un dialogue plus léger.

 

— Il est vrai que certaines femmes auraient pu donner du fil à retordre aux meilleurs lutteurs. Imaginez la reine Clytemnestre elle-même sur le terrain, renversant ses adversaires avec grâce et puissance.

 

Clytemnestre esquissa un sourire complice.

 

— Certains hommes auraient trouvé cela insupportable, je le crains. Mais j'aurais adoré voir l'étonnement dans leurs yeux.

 

— Croyez-le ou non mais j’ai déjà combattu des femmes guerrières, et j’ai faillis perdre la vie.

— Penthésilée était vraiment si terrible à Qadesh ?

 

— C’était une furie, dit Patrocle avec un petit sourire. Et j’espère ne plus la recroiser un jour.

 

— Une femme qui laisse un souvenir perturbant à l’Hoplite Sanglant, dit-elle plus amusée que jamais. J’aimerai laisser un souvenir pareil !

 

— Et comment allez-vous faire cela ? demanda Patrocle avec un sourire.

 

Elle se pencha vers lui et le regarda dans les yeux.

 

— Un petit combat de lutte entre toi et moi, rien que nous deux, loin des regards, avec les dieux comme juges.

 

— Majesté, je ne peux décemment pas m'engager dans un combat de lutte avec la reine de Mycènes. Ce serait contraire à toutes les lois et traditions.

 

Clytemnestre éclata de rire, sa voix résonnant dans les jardins paisibles.

 

— Voyons, Patrocle, où est passée ta bravoure légendaire ? Ou as-tu peur qu'une femme te mette à terre ?

 

Patrocle, bien conscient de l'enjeu, répondit avec un sourire taquin.

 

— Soit, si c'est votre souhait, majesté. Mais que les dieux soient nos témoins, et que la victoire revienne à celle ou celui qui le mérite.

 

La reine se leva du banc avec une grâce impressionnante, révélant une agilité surprenante malgré sa stature royale. Patrocle, se levant à son tour, se prépara à l'épreuve inhabituelle qui les attendait. Le soleil projetait une lumière douce sur le jardin, créant une scène inattendue de lutte entre la reine et l'Hoplite Sanglant.

 

La reine enleva sa son chiton, et Patrocle détourna les yeux, plus amusée que jamais, elle le déchira en deux, noua le premier autour de sa poitrine et le second autour de sa taille comme un pagne. Leurs regards se croisèrent, chacun déterminé à ne pas céder facilement.

 

Dans un mouvement rapide, elle bondit vers lui. Il leva les bras au moment où elle lui rentra dedans, le percutant de plein fouet. Il tomba, le souffle coupé. En moins d’une seconde, elle l'avait cloué au sol. Nouant ses puissantes cuisses autour de sa taille, elle enserra son cou avec son avant-bras. Il tenta de se dégager, mais ne pouvait pas bouger.

 

Elle avait une force prodigieuse, et Patrocle se demanda d’où pouvait-elle générer cette vigueur effroyable. La souveraine sourit amusée, il était à sa merci, mais Patrocle cambra son dos et se retourna d’un coup sec. Clytemnestre fut projetée sur sa gauche, poussant un petit cri de surprise. Patrocle plongea sur elle et tenta une clé de bras qui échoua. La jeune femme savait déjouer ce genre de piège, pire, elle contre-attaqua en enroulant ses jambes autour de son bras, le faisant tomber au sol avec elle. Cependant, son instinct prit le dessus, et Patrocle fit un roulé sur la droite pour échapper à la prise.

 

Mais Clytemnestre, telle un serpent ondulant, resserra ses bras autour de sa taille, l'empêchant de ramper. Patrocle serra les dents et essaya de rouler pour échapper à sa prise, mais rien n'y fit. La lutte entre eux atteignait une intensité croissante. Avec un effort surhumain, Patrocle gigota jusqu’à se retrouver au-dessus d’elle, son visage à quelques centimètres du sien. Elle le regarda intensément, puis pencha son visage vers lui et l’embrassa goulûment, et Patrocle lui rendit son baiser.

 

Clytemnestre arracha ses tissus et se lova contre Patrocle en poussant un gémissement presque animal, ce dernier sentit ses seins et ses cuisses contre son corps. Les corps dénudés luisaient dans l’obscurité des arbres fruitiers, tandis qu’elle se frottait contre lui, son souffle brûlant de passion, et Patrocle répondait dans un mélange exalté de besoin et de douleur. Toute pensée s’évanouit dans l’intensité de l’émotion… Il sentit ses doigts labourer son dos et glisser dans ses cheveux en désordre.

 

Clytemnestre se mordit la lèvre et se laissa envahir, elle gémit tout doucement mais ne pouvait retenir ses cris d’extases, elle se donna comme jamais elle s’était donnée, et se rendit compte qu’elle ne pourrait jamais ressentir cela avec quelqu’un d’autre, elle découvrit l’amour, et d’après le regard de son amant, ce dernier l’aimait aussi. Il accentua sa pression contre le bassin de la jeune femme, contractant son membre pour le faire grossir encore, il accéléra ses va-et-vient en un mouvement ascendant qu’il savait décisif.

 

Elle jouit en se mordant le poing, saisie de tremblements spasmodiques. Alors seulement, Patrocle laissa libre cours à son propre oubli. Il se cambra en arrière et se libéra de son feu sur elle. Jamais il ne lui avait semblé jouir aussi longuement de sentir son amant s’abandonner ainsi attendrit la jeune femme et l’excita tout à la fois, provoquant une nouvelle explosion de plaisir. Elle le rejoignit dans la jouissance.

 

Patrocle attendit de retrouver sa respiration pour se retirer d’elle doucement, et se laissa retomber à ses côtés. Émerveillé, béat de ce qui venait de se produire. Clytemnestre, pour sa part, resta alanguie, sans pouvoir bouger, les yeux flous. Sans pouvoir parler. Une main posée sur son cœur chaviré, l’autre en travers de son front.

 

— Je… Je… douce Héra… c’était merveilleux.

 

*

 

Ils étaient là tout nus enlacés, et Patrocle la tenait contre lui adosser contre l’arbre fruitier, lui caressant sa chevelure rousse, et elle regardant le vide lui caressait son avant-bras. Il lui mordilla l’oreille et elle éclata de rire plus amusée que jamais.

 

— Je voudrais que cette journée ne s’arrête pas, murmura-t-elle d’une voix douce.

 

Patrocle la regarda, une émotion profonde brillant dans ses yeux.

 

— Parfois, les moments qui semblent les plus parfaits sont aussi les plus éphémères. Ils laissent une empreinte dans nos cœurs, mais ils ne peuvent pas durer éternellement.

 

Clytemnestre sourit tristement, comme si elle comprenait la vérité derrière ces paroles.

 

— C'est vrai, Patrocle. Mais même si le temps doit nous séparer, je veux me souvenir de cet instant, de cette douceur, de cette passion.

 

Elle se tourna vers lui et l’embrassa puis le regarda dans les yeux.

 

— Je t’aime mon aimé.

 

— Je t’aime aussi, reine de mon cœur.

 

Elle poussa un soupire et s’abandonna dans ses bras.

 

Ils restèrent là, dans l'étreinte l'un de l'autre, savourant chaque instant. Les murmures du vent à travers les feuilles des arbres fruitiers semblaient chanter une mélodie douce et mélancolique. Le temps s'écoulait comme du sable entre leurs doigts, mais dans cet instant fugace, ils trouvèrent un refuge, un endroit où l'amour et la passion pouvaient fleurir sans entraves.

 

Les étoiles au-dessus d'eux brillaient comme des témoins silencieux de cet amour qui s'épanouissait dans l'obscurité de la nuit. Clytemnestre posa sa tête sur le torse de Patrocle, écoutant le battement régulier de son cœur, une musique apaisante qui semblait harmoniser avec l'univers.

 

— Restons ici encore un moment, murmura-t-elle, comme si le simple fait de le dire pouvait conjurer le passage du temps.

 

Patrocle embrassa tendrement le sommet de sa tête, acceptant le doux défi de défier l'éphémère.

 

— Patrocle ! Murmura-t-elle. Restes ici à Mycènes ! Tu pourrais seconder mon époux, et s’il est tué dans une de ses guerres stupides, toi et moi seront enfin ensemble, maintenant que je t’ai trouvé plus question que je te laisse t’en aller.

 

— Je ne sais pas, dit-il gravement. Te partager avec ton époux est au-dessus de mes forces.

 

Clytemnestre releva la tête, cherchant les yeux de Patrocle dans l'obscurité.

 

— Patrocle, Agamemnon et moi, c'est une alliance politique, rien de plus. De plus le lien qui nous unit est aussi fragile que du verre. Ne me laisse pas seule ici.

 

Patrocle caressa doucement son visage.

 

— Mon cœur est tien, Clytemnestre. Mais les dieux savent que les voies de la vie sont souvent tortueuses. Je ne puis me lier à Mycènes comme tu le souhaites, pas maintenant.

 

Elle abaissa les yeux, comprenant la vérité dans les paroles de Patrocle. Leur amour était un jardin secret, mais les barrières du destin semblaient infranchissables. Clytemnestre savait que son époux, malgré les apparences, était un homme puissant et influent.

 

— Alors, promets-moi de revenir, même si ce n'est qu'une fois, implora-t-elle.

 

Patrocle pressa ses lèvres contre les siennes.

 

— Je te le promets, Clytemnestre par Zeus et Artémis. Où que me mènent les vents de la destinée, je reviendrai vers toi.

 

Elle lui sourit tendrement puis pressa son nez taquine.

 

— Jure aussi que tu n’en n’aimeras pas une autre.

 

Il l’embrassa a nouveau et lui répondit avec un sourire qui chavira le cœur de la souveraine.

 

— C’est toi et toi seule que j’aime, mon amour.

 

Elle se blottit contre lui et ne répondit pas, car elle le croyait. Elle l’aimait aussi tendrement qu’une femme pouvait aimer un homme, il était sa moitié, il était son chêne, et il était à cet instant tout pour elle. Leurs silhouettes s'estompèrent dans la douce obscurité des jardins, leurs rires et murmures se mêlant aux bruits discrets de la nature. La nuit de Mycènes garda le secret de leur étreinte passionnée, et le destin se préparait à tisser les fils d'une histoire complexe, où l'amour et la tragédie se mêleraient dans une danse inévitable.Haut du formulaire

 

 

 

 

 

 


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