L'histoire d'amour de Kakashi Hatake [En réécriture]
Chapitre 5 : Premier rapprochement
Le temps semble ralenti, je la vois se tourner vers moi, les yeux écarquillés et la bouche s’entrouvrant légèrement. Je tourne les talons et je fonce dans le couloir, je veux m’isoler pour réfléchir, je ne suis pas capable de réfléchir lorsqu’elle est là !
Quelques ninjas sont déjà dans la salle de bain, je les entends parler bruyamment et gaiement des futurs accords de paix et de la fin des hostilités, alors je tourne dans la petite pièce au fond du couloir et je me retrouve seul.
La pièce est si petite qu’il y a à peine la place de chaque côté de la minuscule fenêtre pour s’assoir. Je me laisse glisser contre le mur de droite, pour regarder le ciel étoilé par l’ouverture sans vitre et je sens le souffle frais de la nuit m’effleurer.
Comment est-il possible qu’Hanako soit le ninja ressource déterminant de cette mission ?
On m’a envoyé la surveiller dans les bois de Konoha bon sang ! Elle travaille à l’hôpital, je l’ai assez espionné là-bas pour être absolument certain que ce n’était pas une supercherie…
Maintenant que j’y réfléchis calmement, tout cela est cohérent. Les ninjas ressources ne sont pas des combattants extraordinaires, ce sont plutôt des « consultants » sur certaines missions, avec des jutsu trop importants pour rester dans l’ombre. Il n’est donc pas exclu, et même très courant, qu’ils aient une activité à côté et en l’occurrence une activité de médecin. Ça expliquerait pourquoi j’ai dû la surveiller dans les bois : sa vie est trop précieuse pour la laisser sans protection à l’extérieur du village… tout simplement.
Je regarde la lune au loin tandis que les pièces s’assemblent dans ma tête.
Mais quel est donc son si précieux ninjutsu ? Je n’ai jamais entendu parler du clan Toba, il ne doit pas être particulièrement connu…
Je repense avec stupeur à ma première intuition en sa compagnie, je ne m’étais pas trompé, j’avais eu l’impression d’être face à une redoutable adversaire, alors certes elle était une alliée, mais j’avais déjà capté sa puissance… J’aurais dû m’en douter, je me trompe rarement.
La porte de la pièce s’entrouvre légèrement et je la vois se glisser dans l’ouverture. Je ne dis rien, je l’observe tandis qu’elle vient s’asseoir le long du mur en face de moi. Elle prend ses jambes dans ses bras et me regarde gentiment. Nos pieds se touchent presque, mais je ne me laisse pas distraire.
- Salut, dit-elle doucement.
Je ne réponds pas, restant de glace. Je ne saurais expliquer pourquoi, mais je me sens presque trahi. Par elle et par Minato senseï d’ailleurs. Je me sens ridicule d’être allé la protéger dans les bois comme s’il s’agissait d’une femme innocente et fragile pour me retrouver trois semaines après avec l’élite de Konoha en mission avec elle.
Tout le trouble m’ayant agité par le passé a disparu. J’ai fermé mon esprit à cette fille, je la rejette en bloc.
Elle ne dit rien, elle regarde simplement par la fenêtre, comme moi, et nous restons ainsi un long moment dans le silence. Je me demande tout de même vaguement pourquoi elle est venue ici me rejoindre.
La lune s’est légèrement déplacée dans le ciel lorsqu’elle parle enfin :
- J’ai la capacité de voir dans les esprits.
J’ai un violent mouvement de recul lorsqu’elle m’annonce ça comme si elle me disait bonjour et ma tête heurte le mur tandis qu’elle s’explique vivement :
- Non, ça n’est pas aussi simple Kakashi. Un troisième œil s’ouvre sur mon front et je peux alors percevoir les lignes de pensées des gens qui m’entourent, ce n’est pas très clair mais j’ai appris à interpréter ce que j’en captais avec le temps. Je peux aussi brouiller les esprits pour une courte durée, quelques secondes, mais ces secondes sont précieuses si je dois fuir ou me battre. Quand mon troisième œil est fermé, je suis plutôt une fille normale.
Elle reste silencieuse pendant que je digère ces nouvelles informations. La lune peint des rivières argentées dans ses cheveux et j’en parcours les méandres du regard malgré moi jusqu’à ce que le rouge lui monte aux joues et qu’elle reprenne en chuchotant presque :
- J’ai adoré nos moments passés dans la forêt, ta compagnie était d’une douceur sans égale. Je te remercie encore. Je sens que tu t’es fermé à moi, je comprends, Minato m’a beaucoup parlé de toi et de ton tempérament.
Elle me sourit en se relevant, puis quitte la pièce sans un mot de plus ni un regard. J’essaie de me convaincre que je me fiche de ce qu’elle vient de me dire, mais la vérité, c’est que je suis encore une fois scotché sur place par cette fille. J’ai l’impression d’avoir rencontré mon opposé. Elle a une telle facilité à ouvrir son cœur et dire ce qu’elle ressent alors même que je l’ignore froidement.
Je décide d’enterrer au fond de moi ce qu’elle vient de me dire, fermant davantage mon esprit à elle, je ne veux plus me laisser influencer par Hanako.
Je reste encore quelques temps tout seul ici, jusqu’à ce que la salle de bain se libère. Il est déjà tard lorsque je rentre dans la petite pièce pleine de buée, je retire ma veste, mon haut puis mon bandeau et je me fixe dans le petit miroir fendu accroché au mur de roche brute. Je ne m’étais jamais posé de question sur mon allure, mais pour une raison obscure, je regarde fixement la grande cicatrice de mon œil gauche qui me défigure.
Je réalise alors que je n'ai pas pris mes affaires, et je me dirige vers notre salle commune pour les récupérer. Tout le monde vaque à ses occupations, certains lisent à la lumière des torches, d’autres jouent à des jeux ou bien discutent avec animation.
Je fouille dans mon sac lorsque j’entends des pas que je connais bien m’approcher.
- Ça va Kakashi ? me demande Minato.
- Ça va.
- Pas trop perturbé ? insiste-t-il.
Je le regarde en haussant un sourcil :
- Je devrais être perturbé senseï ? demande-je.
Il me sourit paternellement :
- Disons que je l’espérais…
Je ne comprends rien, et je l’interroge du regard jusqu’à ce qu’il reprenne :
- On a tant perdu toi et moi. J’ai trouvé une paix lorsque Naruto est né, et j’ai été comblé lorsque tu es devenu à ton tour le senseï de mon fils, je n’aurais pu espérer mieux. J’aimerais du plus profond de mon cœur que tu connaisses cet apaisement, bien que ton équipe sept ait déjà bien aidée.
Je souris en pensant à mes trois imbéciles de Konoha. Il est vrai qu’ils m’ont beaucoup aidés, ils ont été le phare me sortant de la brume, ma nouvelle équipe, mes nouvelles responsabilités, mes nouveaux êtres chers.
Mais je ne comprends toujours pas où veut en venir Minato, alors j’attends qu’il s’explique mais la suite n’est pas plus parlante que le reste :
- J’imaginais que ton tour était venu, va savoir pourquoi. J’ai dû me tromper … Ce qui n’arrive pas souvent entre nous. Je te souhaite une bonne nuit Kakashi, les vrais négociations commencent demain alors repose-toi.
- Bonne nuit senseï, réponds-je lentement.
Je retourne en direction de la salle de bain en méditant ses étranges paroles, essayant de comprendre ce qu’il sous-entendait, mais mes pensées sont interrompues lorsque je passe la porte et que je tombe sur Hanako, en serviette de bain.
Mon être tout entier se fige face à cette vision et je réalise que si j’étais arrivé quelques minutes plus tôt, j’aurais alors peut-être surpris un spectacle bien plus embarrassant. Une petite part au fond de moi ne peut s’empêcher d’être déçue et je remets en question l’influence des écrits de maître Jiraya.
Mes yeux glissent le long de ses épaules nues où ses cheveux mouillés accrochent à sa peau parfaite, puis sur le contour voluptueux de sa poitrine et ma bouche s’assèche tandis que mon cœur accélère.
Je me ressaisis en un instant et me jure de brûler les livres de maître Jiraya – tout en sachant pertinemment que je ne le ferai jamais – afin de plonger mon regard dans le sien. Elle a l’air aussi gênée que moi alors qu’elle se met à parler :
- Je ne pensais pas que tu aurais encore besoin de la salle de bain, j’ai attendu que tout le monde ait fini je suis désolée, commence-t-elle rapidement.
- Non c’est moi, j’ai tardé. Je suis désolé Hanako, je n’avais pas réfléchi au fait que tu préfèrerais attendre que nous ayons tous terminé pour y aller, ça parait évident maintenant. Je te laisse finir, réponds-je.
- Non tu peux rester, je vais simplement me coiffer et me sécher, précise-t-elle gentiment.
J’aime la façon dont ses yeux se ferment presque lorsqu’elle sourit. Cette fille sourit tout le temps, elle a toujours l’air heureuse et pleine de vie, contrairement à moi.
Je m’arrache à sa contemplation pour me diriger vers le fond de la pièce. Le grand bain et les douches se situent dans un renfoncement dans la roche, à l’abri des yeux. Je prends donc rapidement une petite douche, passe une serviette autour de ma taille et m’enfonce dans l’eau chaude pour me détendre.
Je l’entends toujours s’affairer dans la petite salle de bain, trop proche et trop loin de moi à la fois et je constate avec frustration que les murs que j’ai érigés contre elle sont déjà drôlement fissurés…
Je passe en boucle dans ma tête les cinq dernières minutes, me remémorant sa personne dans les moindres détails, revoyant chaque parcelle de sa peau de pêche et le trouble s’empare encore de moi plus violemment que d’habitude. Mon cœur est plus rapide, il volète dans ma cage thoracique comme un oiseau et je sens une tension dévorante qui nait au fond de moi, me perturbant au centuple.
J’abandonne totalement mon essai ridicule de la rejeter, n’y pensant même plus une seconde. J’ai envie de l’appeler, de lui poser une question et je sais pertinemment qu’elle pourrait tout à fait attendre que nous soyons habillés et dans la salle commune… mais au fond de moi je pense que je veux juste qu’elle se rapproche de moi, qu’elle me parle, que je puisse la revoir de près, j’aime être seul avec elle…
Ce n’est pas possible je suis obsédé par cette femme.
- Hanako ? chuchote-je presque.
- Oui ? s’étonne-t-elle en arrêtant ses mouvements.
- Tu peux venir s’il te plaît ? souffle-je.
Je l’entends approcher à petit pas et chaque poil sur ma peau se dresse, je me demande ce qu’il m’a pris de lui demander une chose pareille. C’est comme si mon corps agissait sans passer par mon esprit, comme si je l’avais déjà dans la peau alors que je cherche à l’ignorer.
Elle passe le petit coin de mur et m’interroge du regard, sans oser approcher. Elle porte toujours sa serviette blanche et mon cœur galope un peu plus vite dans ma poitrine à cette vision tandis que je lui pose ma question, ou plutôt mon excuse pour la faire venir :
- Je peux te demander ce qu’il se passe réellement ici ? Avec le pays des ronces ? demande-je.
Son regard s’assombrit et elle vient s’assoir sur le rebord en pierre noire du bain, juste à côté de moi. Mon épaule touche presque sa cuisse, ce qui me rend bien plus heureux que ça ne le devrait, et je plonge tête la première dans ses yeux lorsqu’elle baisse le regard sur moi pour me répondre :
- Malheureusement, tout n’est pas aussi rose que Minato le prétend. Alors certes, à l’heure actuelle nous ne courons pas de danger. Mais je perçois que leur décision est susceptible de changer, c’est comme si je sentais que la moindre erreur de notre part pouvait tout changer et retourner la situation contre nous. Pour l’instant, je conseille à Minato d’aller dans leur sens car c’est ce qui ancre le plus leur décision de nous laisser la vie sauve, et c’est une mine d’information pour nous de découvrir comment fonctionne ce pays. Malheureusement, dans les prochains jours, nous serons obligés de leur donner nos conditions, et je ne suis pas sûre qu’elles leurs plairont. Ils ont pour l’instant clairement l’impression qu’ils vont réussir à annexer toute une partie de notre territoire, ce qui n’arrivera jamais. A terme, Minato veut leur proposer quelques terres désertes en pure acte de paix mais…
- Mais ça ne leur suffira pas, finis-je à sa place.
- Oui.
Je comprends que l’issue de cette mission ne sera pas brillante :
- Hanako, au moment où Minato senseï leur annoncera nos conditions… vous serez seuls dans cette salle avec eux… Vous serez en grand danger…, dis-je lentement en le réalisant.
- Je sais, murmure-t-elle tristement.
Je me rends alors compte que je ne peux pas tolérer qu’il lui arrive quelque chose. Ça m’est insupportable, je la prends immédiatement sous mon aile, comme si c’était la chose la plus naturelle qui soit, enterrant définitivement l’envie de l’ignorer, me demandant même comment j’ai pu l’envisager. La savoir en danger règle tous mes problèmes de ces dernières semaines, tous mes questionnements, parce qu’à cet instant, je réalise que je ne suis plus capable de m’éloigner d’elle ou de laisser qui que ce soit lui faire du mal.
Je ne sais pas pourquoi, mais je sais que je ne laisserai rien lui arriver, jamais.
- Tu sais Hanako, je ne reviens pas sur ce que je t’ai dit dans ces bois quand nous nous sommes rencontrés, murmure-je. Tant que tu es avec moi, il ne t’arrivera rien.
Elle écarquille légèrement les yeux et lorsque ses joues se colorent furieusement, elle détourne vivement la tête pour cacher son trouble. J’en profite pour détailler ses épaules en toute impunité, suivant les contours de ses clavicules, glissant mon regard plus bas sans pouvoir m’en empêcher.
Elle est si proche, si belle, si… mon dieu. Le plus gros coup de chaud de ma vie me percute de plein fouet, comme jamais ça ne m’est arrivé. Je suis tellement perturbé par ce qu’il m’arrive que je me redresse du bain pour m’assoir sur le bord, histoire de me refroidir, et je me retrouve à côté d’elle, nos corps se touchant presque, bien que mes jambes soient toujours dans l’eau, et les siennes sur le sol.
Surprise par ma sortie soudaine de l’eau, elle retourne la tête vers moi et je me prends une deuxième claque en réalisant à quel point nos visages sont désormais proches, à une quinzaine de centimètres maximum. Mon estomac fait un looping et mon cœur s’emballe un peu plus tandis que nous nous dévisageons, aussi figés l’un que l’autre.
Je sens une drôle de tension qui s’installe entre nous, de plus en plus palpable, je la ressens jusqu’au fond de mon ventre tandis que nos yeux s’ancrent si forts les uns dans les autres que j’ai l’impression que nous ne pourrons plus jamais détourner le regard. Je suis véritablement hypnotisé, plus électrisé que jamais, je suis dans l’instant à deux cents pour cent et je me félicite sincèrement de lui avoir demandé de venir simplement pour vivre ce moment.
Sa main se lève soudain et s’approche de mon œil gauche, mais elle la garde suspendue, ses doigts à quelques centimètres de ma peau :
- Cet œil… Je suppose qu’il a une histoire chargée d’émotions… mais tu as un regard absolument magnifique Kakashi, murmure-t-elle.
Ses doigts se posent sur ma pommette gauche et je sens mon cœur battre dans ma cage thoracique si fort qu’il m’assourdit, mon souffle devient si rapide que j’entrouvre les lèvres pour respirer correctement, je suis complétement chamboulé par ce que je ressens.
Mon visage se rapproche instinctivement du sien, tout doucement, et pour une fois je ne réfléchis à rien. Je la ressens simplement, je me délecte de la vision de ses joues qui rosissent, de la sensation de sa main sur moi, qui me brûle et me soulage en même temps, de mon envie de m’approcher d’elle un peu plus.
Elle glisse ses doigts frais jusqu’à la lisière de mon masque et je rougis à mon tour, aussi excité que fébrile, le souffle plus court que jamais, me rapprochant toujours un peu plus d’elle.
Ses petits doigts agrippent alors le rebord de mon masque et commencent à le baisser lentement, faisant exploser un véritable feu d’artifice dans mon corps. Je suis tendu comme un arc, tendu comme jamais je ne l’ai été dans ma vie, je la veux plus près encore, plus vite, je veux qu’elle retire mon masque, j’ai besoin qu’elle retire mon masque.