L'histoire d'amour de Kakashi Hatake [En réécriture]
Chapitre 89 : Aveu
Elle finit par décroiser les bras et poser les mains sur mon ventre en se laissant masser les jambes, elle adore ça et elle ferme même les yeux. On progresse un peu.
- Rinko m’a dit qu’Hinari avait eu le cœur brisé suite à notre « annonce », commence-je.
Elle rouvre les yeux, l’air furieuse et se retend en un claquement de doigts :
- Mais tu te moques de moi ce soir Kakashi ?! s’offusque-t-elle.
- Bien sûr que non ! m’écrie-je.
- Alors pourquoi tu me reparles d’elle ?!
Elle n’est plus simplement furieuse, elle est même un peu inquiète, sa voix déraille dans les aiguës. Il vaut mieux être honnête :
- Si je te parle d’elle, c’est parce que j’ai quelque chose à t’avouer, dis-je prudemment.
- Je te demande pardon ?
Ses yeux s’ouvrent en grand sous la surprise, et elle se penche en arrière, comme pour s’éloigner de moi au maximum malgré sa position assise sur mon bassin. Elle dégage même mes mains de ses cuisses, les yeux ronds d’appréhension et mon cœur accélère :
- Oui en fait, on en a parlé avec Rinko et je me sentais tellement mal de l’avoir fait souffrir comme ça que je suis allé la voir à l’hôpital et…
Elle me coupe en expirant bruyamment le souffle qu’elle retenait, s’avachissant sur moi, relâchant la tension dans son corps :
- J’ai eu peur … j’ai cru que tu t’étais … rapproché d’elle ou quelque chose comme ça… je suis stupide, je sais bien que je peux te faire confiance, dit-elle en reprenant son souffle, le cœur battant à cent à l’heure.
Elle a un petit rire nerveux, et pose une main sur son front. Elle est tellement à fleur de peau, je n’en reviens pas d’avoir à lui avouer ce que j’ai à lui avouer, je crois que ça va très mal se passer, bien pire que ce que je ne pensais :
- Je… En fait je l’ai … je…, bafouille-je, absolument honteux.
Elle saute alors sur ses pieds hors du lit avec un air horrifié, comme si elle remettait toute sa vie en question. Elle recule, les deux mains plaquées sur sa bouche jusqu’à ce que le mur l’arrête. Je me redresse, assis dans le lit, ne sachant absolument pas ce que je dois faire, j’hésite entre aller la prendre dans mes bras et ne pas bouger.
- Tu l’as embrassé ? demande-t-elle tandis que des larmes roulent déjà sur ses joues.
- Non ! m’exclame-je.
Elle ferme les yeux et respire à nouveau, soulagée. Elle est en train de faire les montagnes russes, autant lui dire immédiatement le problème, ce sera fait :
- Je l’ai prise dans mes bras, avoue-je.
Je suis incapable de la regarder, je fixe le sol lâchement et j’entends presque le bruit assourdissant de sa déception à mon égard. Son cœur accélère de plus en plus, battant plus vite qu’un cheval au galop.
- Prise dans tes bras comme « elle avait besoin d’aide » ou prise dans tes bras comme un vrai câlin ? souffle-t-elle d’une petite voix fébrile.
Mon cœur se déchire, elle s’accroche encore à sa confiance en moi, se disant qu’elle doit mal comprendre. J’entends son cœur torturé qui vole comme un oiseau dans sa cage thoracique et j’ai envie de mourir de honte :
- Comme un câlin, avoue-je dans un souffle sans pouvoir la regarder.
Le blanc qui accueille mes paroles est je pense le moment le plus terrifiant de mon existence si on élimine les fois où sa vie est mise en danger. Je redresse la tête et je croise son regard. Il est méconnaissable, je n’y ai jamais vu cette expression quand elle me regarde, son regard est froid, vide et profondément dégouté par ma personne. Elle ne bouge pas, ne parle pas, et moi non plus. Je suis absolument tétanisé par ce que je lis dans ses yeux d’ordinaire si aimants.
Elle m’a toujours regardé avec tellement d’amour, dès le premier jour. Je n’ai jamais vu ça, pas même quand je l’ai quitté et où je lisais de la colère et de la tristesse mais toujours de l’amour. Elle part alors de la pièce, comme un fantôme, les mains toujours sur ses lèvres et les larmes dévalant ses joues. Je me lève pour la suivre et elle sort de la maison pour se planter au bout de sa terrasse, les yeux rivés sur Konoha, toujours choquée. Je me glisse derrière elle, à deux bons mètres.
- Je n’aurais jamais pensé que tu pourrais me faire ça un jour…, dit-elle d’une voix blanche.
- Je suis sincèrement désolé Hanako, je ne sais pas ce qui m’a pris, je me suis douté que ça te ferait du mal.
Elle se tourne doucement pour me faire face :
- Tu t’es douté… que ça me ferait du mal ? Tu es sérieux là ? demande-t-elle lentement en haussant les sourcils.
- Oui, je te le jure, je savais que c’était une connerie…, geins-je.
- Tu savais que c’était une connerie… ? souffle-t-elle.
Je me tais sous l’intensité de son regard qui se modifie, elle est en train de reprendre du poil de la bête et à vitesse grand v. Le dégout est toujours présent mais la colère, la rage même, remplace le choc.
Elle se met à hurler :
- Mais heureusement que tu t’es douté que ça me ferait du mal et que c’était une connerie ! J’espère bien que tu n’es pas con au point de te dire que ça ne me ferait rien !
Je recule d’un pas sous la virulence de ses cris :
- Hanako je suis désolé ! Profondément désolé ! Crois-moi !
- Tu crois que j’en ai quelque chose à faire que tu sois désolé ?! Tu n’avais qu’à pas le faire si tu étais si désolé que ça ! vocifère-t-elle avant que sa voix ne se brise.
Elle explose alors en sanglot, et lorsque je fais un pas dans sa direction elle m’arrête directement en m’étourdissant avec force, me faisant tomber à genoux.
- Ne m’approche pas je te préviens ! crie-t-elle.
- Hanako je t’en supplie pardonne-moi, je ne le referai plus jamais, j’ai compris maintenant ! supplie-je.
- Mais c’est hors de question Kakashi ! Il est hors de question que je te pardonne simplement ! Pourquoi as-tu fait ça ?! Je te faisais confiance, une confiance aveugle, comment peux-tu câliner une autre fille alors que nous sommes ensemble ?! Je ne peux même pas y croire, je ne peux pas croire que tu aies fait ça ! Tu n’as pas fait ça ?! déraille-t-elle dans les aiguës.
Je la regarde sans savoir quoi dire, je me sens tellement mal, je ne sais pas comment la calmer alors que je suis coupable. Ses petites mains délicates tremblent comme des feuilles sur ses lèvres, ses yeux s’écarquillent toujours plus et ses sourcils se crispent tant son visage est torturé :
- Kakashi je t’en supplie, dis-moi que tu ne l’as pas fait, explique-moi…, chuchote-t-elle en pleurant.
- Je suis désolé mon amour…, réponds-je d’une voix dégoutée par moi-même.
- Ne m’appelle pas comme ça ! Ne m’appelle plus jamais comme ça ! Ce n’est pas ça aimer ! En tout cas ce n’est pas comme ça que moi je t’aimais ! s’exclame-t-elle.
Quand elle parle au passé, je vrille complétement sous la panique et je saute sur mes pieds. Je ne peux pas croire une seconde qu’elle soit en train de me dire qu’elle ne m’aime plus parce que j’ai fait la connerie monumentale d’accepter de prendre Hinari dans mes bras alors que je n’en avais même pas envie. Mes mains aussi commencent à trembler sous je ne sais quelle émotion, mais elle est terrible.
Hanako pleure toujours à chaudes larmes mais me lance un regard noir de haine :
- Mais comment as-tu pu me faire une chose pareille après tout ce que tu m’as déjà dit ?! Tu as réellement câliné une autre femme dans mon dos ? Mais pourquoi ?! Tu me donnes envie de vomir Kakashi, je ne sais même plus qui tu es ! s’égosille-t-elle.
Cette fois je ne panique plus, c’est la terreur qui m’envahit directement alors je lui saute dessus pour la prendre dans mes bras, bien décidé à ne pas la lâcher tant qu’elle ne me pardonne pas puisque je sais que je suis incapable de vivre sans elle. Je suis rapide et elle n’a donc pas le temps de se soustraire à mon étreinte mais elle se débat comme un diable :
- Ne me touche pas ! N’ose même pas me toucher avec les bras qui l’ont serrée contre toi ! rage-t-elle.
Je ne la lâche pas alors elle m’envoie une onde de choc d’une puissance ahurissante mais je m’y attendais et je tiens bon :
- Hanako je t’en prie ! Ce n’était rien ! crie-je complétement sourd, aveugle et nauséeux mais je me concentre de toutes mes forces sur mes bras pour ne pas la lâcher.
Sa deuxième attaque est encore plus puissante, tellement forte que non seulement je la lâche mais en plus je ne me sens vraiment pas bien. Pas « très étourdi », non, pas bien pas bien. Je m’écroule encore à quatre pattes et je sens une goutte de sang couler de mon nez. Lorsque ma vue revient plus ou moins, je l’essuie du bout des doigts avec un air ahuri tandis que mon cerveau n’arrive encore pas à fonctionner correctement. Je mets un temps fou à revenir à moi, je suis à deux doigts de m’évanouir, un bourdonnement résonne dans mes oreilles et tout tourne autour de moi.
Hanako ne fait pas cas de moi, elle pleure à torrent, les doigts posés sur ses yeux et s’étrangle dans ses sanglots :
- Je veux que tu partes Kakashi… je ne veux plus te voir…, articule-t-elle.
Je me relève difficilement, tanguant sur mes jambes faibles. Mais qu’est-ce qu’il se passe ? Comment peut-on en arriver là pour ça ? Il y a forcément quelque chose que je ne comprends pas ou bien que j’aurais dû dire différemment… Je rate quelque chose, ce n’est pas possible.
Elle ne peut pas être en train de me quitter réellement ? Si ?
- Hanako je t’en prie, dis-moi que tu n’es pas en train de me quitter ? gémis-je en essayant de tenir debout tandis qu’une nouvelle goutte de sang s’échappe de mon nez.
Je fais un pas chancelant dans sa direction et ses yeux s’enflamment :
- Pars, tout de suite, ou j’augmente encore la dose ! me prévient-elle froidement.
Je suis tellement sonné par sa deuxième attaque que je me demande bien comment je pourrais encaisser une plus haute dose mais peu m’importe, je fais encore un pas vers elle en essayant de ne pas tomber :
- Hanako si tu es en train de me quitter, tu peux tout aussi bien me tuer tout de suite ! Je ne partirai pas, je t’ai déjà dit que je ne partirai plus jamais, m’obstine-je.
Elle me fixe un moment, les larmes roulant toujours sur ses joues. Je reprends mon souffle et enfin, le paysage arrête de danser autour de moi. Mes sens reviennent timidement à la normale et mon cœur ralenti, mais alors que je pensais qu’elle se calmait, elle secoue la tête lentement, résignée :
- Kakashi je ne veux plus être avec toi. Je ne peux tout simplement pas. Toute notre relation était bâtie sur une confiance aveugle, j’ai vraiment cru à tout ce que tu m’as dit, je pensais vraiment que tu n’aimais que moi, plus fort que tout et que tu n’aimerais que moi toute notre vie…, commence-t-elle.
- Mais je n’aime que toi ! Je n’ai jamais aimé que toi et je n’aimerai toujours que toi ! crie-je avec désespoir.
Je lis un peu d’hésitation sur ses traits, juste un poil mais je m’engouffre dans la brèche que je viens de réussir à créer :
- Je ne ressens rien pour elle ! Il n’y a que toi bordel ! hurle-je.
Mais elle ne veut plus se laisser berner, la confiance est brisée :
- Je ne peux pas te croire ! Je ne te fais plus confiance ! Arrête d’essayer de m’embrouiller la tête et dégage d’ici Kakashi ! Retourne dans ton appartement pourri, vivre ta vie pourrie, c’est tout ce que tu mérites parce que tu viens de gâcher la mienne !! C’est fini ! crie-t-elle en partant en direction de sa porte.
Je m’écroule alors par terre devant elle pour lui barrer la route, me prosternant pour implorer son pardon et j’éclate en sanglots, le front posé sur sa terrasse.
Je ne peux pas entendre ce qu’elle vient de me dire, tout ça pour un truc aussi con, pour un câlin sans importance de quelques secondes maximum. C’est impossible, c’est juste impossible, elle ne peut pas me quitter vraiment, je ne pourrai pas endurer une telle souffrance, je ne peux pas vivre sans elle.
Je suis transi de peur, des pieds à la tête, j’ai l’impression que mon sang est de glace, je suis complétement secoué par mes pleurs, je m’étrangle dans mes sanglots violents tandis que des images absolument effroyables pullulent dans ma tête. Je vois mon avenir, mon avenir sans elle et je me mets à trembler si fort de tous mes membres que je les qualifierais de spasmes :
- Ne me laisse pas ! Je t’en prie !! hurle-je dans un cri presque animal.
Je ne sais pas comment agir à part m’étrangler dans mes larmes à ses pieds, je ne sais pas quoi dire de plus, je n’arrive juste pas à gérer l’émotion insoutenable qui m’oppresse, à envisager qu’elle me quitte, à devoir vivre sans elle. Les quelques jours dans mon appartement me reviennent en pleine tête et je ne peux pas vivre comme ça, j’ai réussi à accepter ma vie douloureuse parce que je n’avais pas connu un bonheur aussi intense qu’actuellement, mais maintenant que je l’ai vécu, je ne pourrais jamais revenir à ma vie d’avant. J’ai déjà mis quinze ans à me remettre de la mort de mes équipiers, je ne pourrai jamais supporter de perdre mon âme-sœur avec laquelle je partage tout depuis un an.
Alors je me mets à envisager très sérieusement mes options, mes funèbres options, lorsque sa main se pose sur mon dos. Ce simple contact me bouleverse jusqu’au creux du ventre, c’est comme un élan de vitalité, comme si la mort m’avait déjà enveloppée dans ses bras et que la lumière d’Hanako me ramenait dans le présent.
Je me redresse à peine et je la vois à travers mes larmes, elle est assise à genoux devant moi, elle est dévastée mais elle ne supporte pas de me voir dans cet état, elle ne me laisse pas tomber entièrement.
Je pose mon front sur ses cuisses, agrippant le côté de ses jambes tandis que mes sanglots redoublent sous l’émotion qu’elle ne m’ait pas laissé dans cet état mais c’est un jeu dangereux car l’espoir se rallume au fond de mon cœur :
- Je ne peux pas vivre sans toi Hanako, je ne peux pas, je t’en prie tue-moi tout de suite si tu comptes vraiment me quitter, m’étrangle-je.
- Kakashi…, dit-elle doucement, d’une voix lasse.
- Reprends-moi je t’en prie, je t’en supplie. Je t’en conjure ! Je dormirai devant ta porte s’il le faut, laisse-moi le temps de me faire pardonner. Ce n’était rien, ce n’était absolument rien, je n’aime que toi, je n’aimerai que toi, c’est bien ce que je me suis tué à lui dire, ce que je me tue à dire à tout le monde ! Comment peux-tu croire que je ne suis pas sincère avec toi Hanako ? Tu me connais, tu me connais mieux que personne, tu me connais même mieux que moi-même, supplie-je en serrant mes mains sur ses jambes de peur qu’elle s’en aille.
Elle reste silencieuse une minute mais mon cœur s’arrête encore lorsqu’elle reprend d’une voix calme mais résignée :
- Je ne peux plus te croire Kakashi. Je suis sincèrement désolée de te mettre dans cet état mais je ne peux pas faire comme si de rien n’était, je ne comprends même pas ce qu’il t’a pris, je ne comprends pas pourquoi tu as eu cette envie, ce que je ne t’ai pas apporté… Je ne comprends rien à cette histoire… mais tu viens de me briser le cœur et j’ai besoin que tu t’en ailles.
Elle se relève malgré mes doigts serrés sur ses jambes et la panique me fauche une fois de plus alors que j’espérais que les choses s’arrangent. Mais ses mots me font enfin réaliser que oui, elle n’a même pas le contexte, forcément qu’elle ne peut pas comprendre et c’est un nouveau choc électrique dans ma pauvre tête d’idiot :
- Je t’en prie ne me laisse pas ! Laisse-moi t’expliquer toute l’histoire, je suis sûr que tu me pardonneras ! m’écrie-je alors qu’elle à déjà fait un pas vers sa porte.
Elle se retourne vivement en croisant les bras :
- Tu te moques de moi Kakashi ?! C’est seulement maintenant que tu constates que je te quitte vraiment que tu cherches enfin à t’expliquer alors que je te supplie de le faire depuis que tu me l’as dit ? Tu me prends vraiment pour une idiote ? demande-t-elle en plissant les yeux.
- Non je ne me moque pas de toi ! S’il-te-plait, écoute toute l’histoire ! Tu prendras ta décision après, je t’en prie, supplie-je.
- Je ne te fais plus confiance ! répond-elle.
Mais je sens la pointe d’hésitation dans sa voix alors je me lance dans mes explications, à toute vitesse, en espérant que ça aide :
- C’est elle qui m’a forcé ! Enfin pas forcé non, là j’exagère carrément parce que je panique, mais elle me l’a demandé et j’ai eu pitié après lui avoir dit tout le repas que je n’aimerais que toi quoi qu’il arrive…, commence-je.
- Le repas ?! me coupe-t-elle en fronçant les sourcils, visiblement encore plus perdue.
- Mais oui, nous étions au restaurant, je voulais qu’elle m’engueule et …
- Au restaurant ?! Tu étais au restaurant avec Hinari ? Je croyais que vous étiez à l’hôpital ! s’agace-t-elle en comprenant de moins en moins.
Cette fois je l’ai complétement perdue, on dirait que je mens et que je raconte n’importe quoi, tout est tellement confus, il faut que je me calme. J’aurais dû lui raconter dans l’ordre, pas commencer par le pire, je suis vraiment trop con.
- Je suis allé l’inviter à manger au restaurant…, commence-je avec hésitation.
Ses yeux se plissent de rage et elle tourne les talons pour rentrer chez elle. Je me taperais la tête contre les murs de lui avoir dit une chose pareille comme si j’avais eu envie d’un tête à tête avec Hinari pendant l’absence d’Hanako. Je ne sais pas comment je me débrouille pour être aussi peu clair, mais mon cœur se brise, le désespoir me transperce parce que quoi que je fasse, j’ai l’impression d’empirer la situation et je ne peux que comprendre qu’elle me ferme sa porte au nez puisqu’elle n’est pas capable de voir dans ma tête.
Oh bordel de merde.
- Regarde dans ma tête Hanako !! Je t’en prie ! hurle-je en sautant sur mes pieds.
Elle se fige et se retourne doucement, le regard hostile, mais je m’agenouille encore à ses pieds en prenant ses mains dans les miennes avec ma tête la plus suppliante :
- Je t’en supplie regarde dans ma tête ! Tu verras que je ne te mens pas et à quel point je t’aime, tu verras tout ce que tu représentes pour moi et à quel point je me fiche d’elle.
Elle hésite :
- Même si j’y voyais que tu m’aimes et que tu te fiches d’elle, j’y verrais quand même que c’est arrivé… et je ne suis vraiment pas sûre de vouloir voir ça, souffle-t-elle d’une voix blanche.
- Mais tu comprendras j’en suis sûr Hanako, si tu prends le temps de regarder tout le contexte je suis certain que tu me pardonneras, je ne t’ai pas trompé, pas une seconde, je ne peux même pas l’envisager, tu me connais bon sang, tu sais comme je suis, constate simplement ce qu’il s’est passé je t’en supplie et prends ta décision après.
- Tu estimes ne pas m’avoir trompé… ? s’étonne-t-elle, de plus en plus confuse et hésitante.
- Mais bien sûr que non ! Comment peux-tu penser une chose pareille de moi ? Je t’en prie regarde dans ma tête, chuchote-je avec aplomb.
- Pourquoi tu n’as pas commencé par me dire ça ? demande-t-elle en se décomposant.
- Parce que je suis con, terriblement con bordel, tu le sais bien, j’ai paniqué. Je t’en prie, regarde.
Je vois avec le plus grand soulagement ses yeux s’illuminer et je concentre toutes mes pensées pour rejouer la scène dans ma tête.
Je vois ses sourcils se froncer tandis qu’elle découvre la vraie version de l’histoire dans ma tête. Je commence par la veille chez Rinko, quand j’ai été heurté d’apprendre à quel point nous lui avions fait du mal, entrainant en partie la dissolution de leur groupe. Elle s’apaise carrément quand je repasse toute ma conversation avec Hinari au restaurant, je ne sais pas exactement ce qu’elle capte mais vu son apaisement, c’est qu’elle arrive à saisir l’essentiel. Elle pince les lèvres quand je pense à la deuxième partie du repas ou Hinari m’a posé pleins de questions personnelles, et lorsque j’arrive sur le câlin, elle n’a plus de réaction du tout.
Je me concentre sur ce que j’ai ressenti, à quel point j’avais envie de dire non par respect pour elle, puis la pitié qui m’a transpercé, le câlin en lui-même, à quel point c’était différent d’avec elle, à quel point Hinari apparait comme un corps étranger dans mes bras et surtout à quel point je me contrefiche de ce câlin.
Comme j’ai fini mais qu’elle a toujours les yeux brillants, je me laisse envahir par tout ce que je ressens pour elle, tout l’amour inconditionnel que je lui témoigne, je passe dans ma tête toutes les images d’elle que je préfère, quand elle me sourit, quand elle m’embrasse, quand elle rit aux éclats. Elle rougit sous la puissance de ce qu’elle capte dans mon esprit et ses yeux s’éteignent doucement.
Elle lâche mes mains et colle les siennes sur ses yeux tandis qu’elle tombe à genoux en pleurant à chaudes larmes. Quitte à encore me faire exploser la tête, je la reprends dans mes bras, prêt à encaisser le choc, mais elle me laisse faire alors je resserre ma prise autour de son petit corps malheureux et je la serre contre moi.
- J’ai eu tellement peur…, sanglote-t-elle.
- Je suis désolé, je suis terriblement désolé, je t’aime tellement, insiste-je.
Elle pleure un moment dans mes bras mais elle ouvre les yeux d’un coup, brûlante de colère, se relevant brusquement pour filer chez elle d’une démarche enragée. Je la suis automatiquement, complétement penaud mais lorsqu’elle passe sa porte en l’ouvrant en grand violemment, elle me jette un regard noir :
- Tu n’as pas intérêt à entrer ! vocifère-t-elle.
Je me fige sur son seuil et elle part sur le canapé, s’enroulant dans un plaid en séchant ses larmes tandis que sa jambe s’agite toute seule. Je m’apprête à entrer pour aller la réconforter mais elle couine :
- Tu n’entre pas Kakashi !
Je reste donc où je suis docilement sans trop comprendre ce qu’il se passe mais puisqu’elle a laissé la porte ouverte, j’en déduis que ça va. Elle est plongée dans ses pensées et secoue la tête toutes les deux secondes avec les yeux écarquillés, sans doute en train de réaliser à quel point je me suis mal exprimé.
- J’en ai marre que tu sois si con Kakashi !! vocifère-t-elle depuis le canapé.
- Moi aussi, réponds-je tout de suite.
Je vois une toute petite lueur d’amusement passer dans ses yeux lorsqu’elle me jette un regard en coin et mon cœur saute de joie.
- Tu ne pouvais pas juste me dire l’histoire dans l’ordre, j’aurais eu tout le contexte ! râle-t-elle en agitant ses petites mains.
- Je voulais t’avouer immédiatement le pire, me défends-je pitoyablement.
- J’ai cru que tu m’avais trompé Kakashi ! Que pour une raison x ou y tu avais eu envie de lui faire un vrai câlin, un câlin tendre quoi, je ne comprenais rien ! Ça ne te ressemblait tellement pas !
- Mais je t’ai dit que je n’aimais que toi !
Elle lève les yeux au ciel :
- Mais je me disais que peut-être qu’avec mon absence tu avais eu envie de contact humain, d’une relation sans sentiment avant de te raviser, je n’en sais rien ! Tu étais tellement étrange, tellement honteux ! Bon sang Kakashi rends-toi compte !
- Hanako comment peux-tu penser ça de moi…, murmure-je, blessé.
Elle me fusille du regard :
- Mais tu me jette ça à la figure sans contexte ! Je te dis dix fois que je ne peux pas y croire, que je ne te crois pas capable de me faire ça et tu me regardes honteusement sans t’expliquer. Au bout d’un moment Kakashi tu conviendras qu’il n’est pas simple d’être avec toi dans ces moments-là ! De toute façon quand tu paniques, tu ne sais plus réfléchir intelligemment ! m’accuse-t-elle avec colère.
- Je suis désolé d’être un idiot, mais j’ai réagi honteusement parce que c’est honteux, je ne peux même pas imaginer te tromper un jour, alors le maximum du honteux pour moi c’est d’avoir accepté sa demande de câlin… Elle voulait me dire au revoir et refermer la page…
Elle souffle bruyamment, pestant dans sa barbe et je pose un pied prudent à l’intérieur. Elle me regarde avec un petit air mi-agacé mi-doux, alors je traverse rapidement la pièce pour la câliner et je respire enfin correctement lorsqu’elle passe ses petits bras autour de ma nuque pour me serrer contre elle. Son cœur bat encore un peu rapidement après toutes ces émotions mais elle relève le nez, les yeux fermés, me demandant un baiser silencieusement. Je fonds sur ses lèvres sans me faire prier et je revis littéralement lorsqu’elle me serre de toutes ses forces en m’embrassant bien que quelques larmes glissent encore sur ses joues, sans doute la pression qui redescend.
Après notre baiser, nous posons nos fronts l’un contre l’autre :
- J’ai eu tellement peur Kakashi, je crois que je n’ai jamais eu aussi mal au cœur de ma vie… Je me suis sentie tellement trahie, tellement naïve, tellement brisée…
Sa voix se casse et elle pleure encore.
- Je ne t’aurais jamais fait ça Hanako, jamais, assure-je en plantant mes yeux dans les siens.
- C’est ce que j’ai cru…, renifle-t-elle tristement.
- Et c’est de ma faute, j’aurais dû être plus clair, plus rassurant, je suis désolé mais j’étais pétrifié par ton regard froid, me justifie-je à voix basse.
Elle me regarde intensément, glissant ses yeux sur mon visage comme si elle tentait de se rassurer.
- Comment as-tu pu envisager une chose pareille mon ange ? Tu peux me faire une confiance aveugle, je te le promets. Si je fais des conneries de ce genre ce sera uniquement parce que je n’ai pas compris comment agir sur le moment mais jamais parce que j’en ai eu envie, insiste-je en caressant ses joues.
Elle me sourit entre ses larmes, enfin rassurée :
- Si ça devait recommencer un jour, que tu refasses une bêtise dans ce genre-là… je t’en prie Kakashi ne me la jette pas au visage comme ça, explique moi tout, si tu m’avais tout raconté depuis le début je t’aurais cru et pardonné immédiatement. Même si je t’aurais peut-être fait une petite scène…
- Je te le promets. Alors j’ai bien fait une bêtise malgré tout ? demande-je, peu fier de moi.
- Oui. Je ne suis pas contente, c’est carrément rien comparé à ce que je viens de ressentir, j’atterris encore, mais je ne suis pas contente, ronchonne-t-elle.
- Pardon mon amour, dis-je du bout des lèvres.
Elle soupire et nous retournons dans la chambre où je m’allonge, enfin serein. Quel bonheur que ce soit terminé, j’en ai froid dans le dos de repenser au moment où j’ai cru que je la perdais vraiment pour une connerie pareille. Mais bon, j’apprends, c’est déjà ça.
Elle est toujours en colère, elle tourne comme un lion en cage dans la chambre et j’ai envie de tenter de l’apaiser :
- Viens sur moi, ordonne-je gentiment en lui tendant une main.
Elle la saisit et grimpe sur mon bassin, comme plus tôt, croisant ses bras sur sa poitrine, comme plus tôt.
- Ça va … ? demande-je.
- Je ne peux pas la supporter !! hurle-t-elle alors.
Je ris doucement, bien content que sa colère ne soit plus dirigée contre moi. Elle est remontée comme un coucou, tendue des pieds à la tête, probablement à deux doigts de tordre le cou d’Hinari :
- Non mais vraiment Kakashi ! Tu te rends compte comme la situation est lunaire ?! Elle te tourne autour depuis des années, elle ne s’en cache même plus mais elle demande à être mon apprentie, à moi, parmi tous les excellents médecins disponibles ! Tu réalises ce que je te dis ?! Je suis désolée mais je me pose des questions… à sa place je raserais les murs en me croisant ! Je ne saurais plus ou me mettre ! C’est la base du respect, et elle veut être collée à moi toute la journée ?! Je ne peux pas m’empêcher de me dire que c’est pour être proche de toi d’une façon malsaine ! Et toi, tu l’emmènes au restaurant quand elle fait une petite crise de nerf parce que tu ne l’aimes pas ! C’est lunaire là encore, tu as quand même le droit de ne pas être amoureux d’elle ! fulmine-t-elle.
Je ne réponds pas car ce qu’elle me dit là me parait tout à fait juste, je n’y avais pas réfléchi mais c’est vrai que c’est étrange.
- Tu te rends compte ?! reprend-elle. Tu vas la trouver pour l’emmener au restaurant parce qu’elle a fait un caprice à Rinko, tu l’invites en tête à tête parce que tu ne veux pas que la pauvre petite Hinari souffre, et elle se retrouve là, en rendez-vous avec toi… Dans son esprit, la seule fois où je quitte le village sans toi, tu lui sautes tout de suite dessus ! Ça me rend dingue ! Si ça se trouve elle veut être mon apprentie pour pouvoir surveiller mes déplacements et savoir quand venir faire la malheureuse vers toi !
- Mon ange je pense que tu exagères un peu là…, tempère-je.
Elle me fixe de ses yeux les plus noirs :
- Parce que tu aurais vraiment dit qu’elle oserait te demander un câlin un jour Kakashi ? Vraiment ? Elle cache bien son jeu bon sang.
- Non c’est vrai, je n’y aurais jamais cru, admets-je.
- Elle n’avait pas à te demander ça alors que tu as quelqu’un Kakashi, c’est le respect ! Et en plus elle sait comme tu es maladroit dans les relations ! Elle te demande un câlin le jour où tu viens ramper devant elle, honteux de l’avoir blessée, il ne faut pas être un génie pour deviner que tu n’allais pas réussir à lui refuser, c’est de la manipulation !
J’hausse un sourcil, un peu perturbé par ce qu’elle me dit.
- Et toi tu n’aurais jamais dû accepter ! râle-t-elle.
- Je le sais maintenant, je suis désolé, répété-je.
- Ce n’est rien…, ronchonne-t-elle avec une moue boudeuse. Je sais que tu voulais juste bien faire… mais il faut que tu comprennes qu’il y a des filles que tu peux prendre dans tes bras comme Sakura ou Saori et d’autres dont tu ne dois pas t’approcher pas sous peine de mort, comme cette saleté d’Hinari !
- Peux-tu me faire la liste des femmes que je n’approche pas sous peine de mort ? Ça m’aiderait, plaisante-je en coinçant une mèche derrière son oreille.
Elle sourit et me regarde avec douceur, passant une main sur ma joue avant de se pencher en avant pour m’embrasser avec tendresse. Elle s’allonge sur moi avant de nous faire rouler pour que je me retrouve au-dessus d’elle et je lui souris à mon tour, me perdant dans ses beaux yeux soulagés.
- J’ai eu tellement peur…, murmure-t-elle.
- Moi aussi, j’ai failli en mourir quand j’ai cru que tu me quittais pour de bon, avoue-je.
Elle resserre sa prise derrière ma nuque pour que je l’embrasse encore et je sens qu’elle s’abandonne totalement à notre baiser, profitant de chaque instant. Elle pose l’une de ses mains sur ma joue et s’y accroche comme pour être sûre que je suis bien là et que tout ça est derrière nous.
- Je suis tellement désolé mon amour, dis-je encore.
- Ne t’inquiète pas, ce n’est pas si grave en fin de compte…, répond-elle.
- Si, je suis désolé que tu aies cru une chose pareille, de t’avoir laissé imaginer que je t’avais trahi. Je n’arrivais pas à réfléchir, je suis navré que tu aies eu aussi mal au cœur. Je ne supporte pas de te voir souffrir et c’est entièrement ma faute.
- Tout ce qui compte c’est maintenant, et je … je suis tellement soulagée Kakashi, je peinais à y croire, je priais de toutes mes forces pour que ce soit un malentendu, je voulais juste effacer tout ça, me jeter dans tes bras et que tu me rassures, et c’est ce qu’il s’est passé… Peu importe ce que j’ai cru, au bout du compte, tu es bel et bien cet homme formidable, en qui je peux avoir confiance… Si tu savais comme je t’aime, comme notre relation est la chose la plus importante pour moi, tu es le centre de mon univers Kakashi, je pèse mes mots.
- Et toi tu es le mien Hanako, je ne te tromperai jamais, jamais. Les autres femmes n’existent pas pour moi, il n’y a que toi, il n’y a toujours eu que toi, murmure-je.
Son cœur accélère légèrement et elle m’embrasse, glissant sa langue doucement contre mes lèvres, faisant pulser le sang dans mes veines. Je sens alors la peau de ses joues chauffer, et lorsque je recule la tête, elle est effectivement rouge pivoine. Je l’interroge du regard, ne comprenant pas sa timidité soudaine.
- Tu veux bien… tu sais… me faire un câlin… d’amoureux… ? demande-t-elle tout doucement et timidement.
J’ouvre sans doute des yeux ronds :
- Mais enfin, bien sûr, depuis quand demandes-tu ? m’étonne-je.
- Je ne sais pas, c’est bizarre après t’avoir hurlé dessus et dit des méchancetés pareilles…, répond-elle, toujours cramoisie.
- Oh mon amour…, dis-je avec tendresse en riant doucement.
Elle sourit avec satisfaction tandis que je me glisse au creux de son cou pour l’embrasser plus ardemment, impatient de reconnecter avec elle moi aussi après tout ce cirque.