Kiara Covita et le dragon rouge

Chapitre 70 : Mes démons

6126 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 22/08/2021 14:59

Kiara fit des cauchemars pendant une semaine. Elle s'endormait très tard le soir sur le toit de la maison et se réveilla à peine une heure plus tard, en sueur. Son cœur battait vite et elle se sentait démuni. 

Kakashi-sensei vient la voir chaque nuit. Il ne parlait pas beaucoup mais seul sa présence réussissait à calmer Kiara. Amina l'accompagnait à chaque fois, la mine très inquiète. Elle semblait réellement se pré occuper de Kiara et cela commençait à affecter la jeune fille. 

Elle ne pouvait plus aussi bien repousser sa grande sœur. Elle était toujours sèche et le moins bavarde possible mais quelque chose en elle commençait à trouver que cet attitude avait assez duré. Seulement, elle n’était pas capable d’agir autrement. 

Une partie d’elle était toujours en colère contre Amina. En colère parce qu’elle était partie tout ce temps et n’avait jamais donné signe de vie. Aujourd’hui, elle voulait tout savoir de Kiara mais celle-ci ne pouvait pas s’empêcher de penser aux années perdues. 

Amina semblait épanouie dans ce grand village moderne. Elle parlait à tout le monde et tout le monde n’avait que des éloges à dire à son sujet.

De plus, Amina était vraiment une belle femme. Ses longs cheveux noirs encadraient son visage fin et pâle. Ses yeux bleus étaient foudroyants. Kiara n’avait pas vu plus belle femme qu’elle auparavant. 

Elle se demandait si Kakashi-sensei était indifférent à son égard. Le sensei avait eu beaucoup de prétendentes mais jamais il ne s’était laisser prendre. Kiara pensait qu’il refusait que quiconque entre dans sa vie par peur de souffrir. 

Kiara les voyait, quelques fois, ensemble et riant. Même si Kakashi-sensei n’était pas amoureux de Amina, il l’aimait bien, cela était sûr. 

Amina lui avait posé quelques questions sur lui, d’ailleurs. Elle voulait savoir pourquoi il portait un masque. Elle savait déjà que le ninja copieur possédait le sharingan. Elle n’avait pas osé questionner sa sœur sur le comment il l’avait eu. 

Kiara était retourné au précipice des âmes plusieurs fois. Discrètement, le soir, elle alla s’asseoir sur le bord de la falaise et écoutait les voix. Elle se sentait bien, malgré l’étrangeté de la chose. 

Elle n’avait plus recroisé Kenzo et son arrogance. Selon Amina, le garçon vivait des choses difficiles en ce moment. Kiara savait que ses parents étaient pauvres et qu’il volait des gens pour eux. Il avait volé le pendentif de Mishi sans aucun scrupule. Même s’il voulait aider ses parents, cela n’était pas une bonne façon. 

Mais Kiara n’était pas en position de le juger. Elle était dans une phase troublé de sa vie et elle savait que son propre comportement n’était pas toujours le bon. Kenzo ne savait pas quoi faire d’autre pour aider ses parents. 

Mishi et Manoki cherchaient toujours à parler avec Kiara. Celle-ci les appréciaient un peu, mais refusait de nouer des liens solides avec eux. Mishi semblait la trouver formidable depuis qu’elle lui avait redonné son pendentif, mais Kiara ne l’avait pas fait pour l’impressionner. 

Elle et Amina continuaient l’entraînement à presque tous les jours. Kiara ne parvenait pas encore à activer son œil spécial mais elle pouvait utiliser de plus en plus de glace. Kiara se gardait bien de le dire, mais Amina l’impressionnait. 

Un soir frisquet et calme, Kiara se trouvait encore au précipice. Tout le monde savait que la nouvelle au village, la sœur de Amina, allait fréquemment au précipice. Mishi avait essayé de la questionner mais Kiara restait muette à ce sujet. 

Kakashi-sensei n’était pas du tout d’accord avec le fait que Kiara se retrouve là-bas . Mais Kiara ne comprenait pas pourquoi lui-même ne s’y trouvait jamais. Kakashi-sensei semblait trouvé que cet endroit était absurde, vide d’intérêt. Pourtant, Kiara se sentait réconforté à écouter les chuchotements. 

Ce n’était toujours que des chuchotements incompréhensibles mais Kiara se laissait bercer par ceux-ci. Elle avait été effrayée au début mais s’était rapidement habitué. 


- Miro… murmura-t-elle. Je ne sais pas si tu m’entend… 


Elle se sentait un peu ridicule de parler au vide mais elle devait le faire. Si c’était réellement des âmes qui se trouvait là, Miro pourrait l’entendre… 


- Je ne sais pas ce que tu penserais de ma nouvelle vie… continua Kiara à voix basse. J’ai retrouvé ma grande sœur. Elle est… presque parfaite. Elle m’à raconté la vérité concernant son départ… je la crois, bien sûr, mais je ne suis pas capable de lui pardonner… j’arrête pas d’imaginer ce qu’aurait été ma vie si elle serait resté. J’aurais eu quelqu’un avec moi… 

- Tu parles aux morts, maintenant ? lança une voix derrière elle. 


Kiara jura et se retourna d’un bond. Kenzo se trouvait là, les mains dans les poches et il la regardait. Cependant, son air habituellement arrogant avait laissé sa place à un regard doux, compréhensif. 


- Laisse-moi tranquille, répondit Kiara. 

- Je ne veux pas t’achaler… lâcha Kenzo en s’approchant. En fait, je voulais juste qu’on fasse la paix. 

- La paix ? 

- Ouais… je ne veux pas être en guerre contre la sœur d’Amina. 

- J’en ai rien à faire de toi, lâcha Kiara. Sauf si tu voles encore les gens. 

- Ça va… soupira Kenzo. J’étais désespéré. 

- Tu savais que le pendentif venait de sa grand-mère qui est décédé ? lâcha Kiara. 

- Non… je n’ai pas pensé à ça. 

- Il faudrait penser, la prochaine fois. 

- Bon, ça va… je suis un con, je le sais. 


Kiara leva les yeux vers lui et aperçut qu’il était sincère. 


- On fait la paix jusqu’à la prochaine guerre, lâcha alors Kiara. 


Kenzo eut un sourire. Il vient s’assoir à côté d’elle. 


- Pourquoi tu viens toujours ici ? demanda-t’il. 

- C’est beau… répondit Kiara. 

- Je sais que ce n’est pas que ça. 

- Tu n’as perdu personne, toi ? demanda Kiara. 

- Non… 

- Tu ne peux pas comprendre, alors. 

- Je sais que ton sensei n’est pas d’accord que tu viennes ici, lâcha Kenzo. Je l’ai entendu, l’autre jour. 

- T’as pas intérêt à aller bavasser, lâcha Kiara, pleine de menace. 

- T’inquiètes, répondit Kenzo dans un rire. Je n’en parlerais pas, mais tu sais que tout le monde te voit… 

- Peu importe… 

- Qui tu entends, toi ? demanda Kenzo. 

- J’ai pas envie d’en parler. 

- Bon… tu veux que je te montre un autre endroit super ? 

- Hm ? fit Kiara, intéressé. 

- Mais il faut sortir du village… déclara Kenzo. 

- Ça me va. 


Kenzo se leva et tendit sa main pour aider Kiara à faire de même. Celle-ci le regarda bizarrement et se releva seule. Elle suivit Kenzo dans la forêt et ils se dirigèrent vers la sortie du village. 

Ils passèrent près des terrains d’entraînement et Kiara aperçut, non sans surprise, Kakashi-sensei et Amina s’entraîner ensemble. Elle s’arrêta subitement pour les regarder. 


- Tu fais quoi ? demanda Kenzo. 

- Rien, rien… répondit Kiara. 


Mais Kenzo suivit son regard et remarqua les deux adultes. 


- Ils s’entendent bien, tous les deux, déclara-t’il. 

- Ouais… 


Kiara reprit la marche. Kenzo l’amena hors du village et ils marchèrent quelques temps. La jeune fille n’avait pas encore confiance en Kenzo et elle se méfiait de lui. Cependant, elle se rendit compte qu’il avait dit vrai lorsqu’ils arrivèrent devant un grand étendu d’eau avec une cascade. 

Le souffle de Kiara fut coupé. Elle adorait l’eau. La cascade semblait jouer une mélodie apesante.


- Tu aimes ? demanda Kenzo avec un petit sourire. 

- Ouais… j’étais vraiment déçue en m’apercevant qu’il n’y avait pas de lac au village. 

- Mais il y en a un tout près… je viens souvent ici, moi. C’est moins lugubre que le précipice des âmes. 

- Effectivement. 

- Et tu sais ce que j’aime faire ici ? demanda Kenzo, l’air enjoué.


Kiara secoua la tête. Le garçon enleva alors son chandail et sauta directement dans l’eau. Il alla sous la cascade et ria. Kiara eut un sourire. 


- Allez, tu viens ? lança le garçon. 

- Tu vas essayer de me noyer, répliqua Kiara. 

- Mais non ! s’exclama Kenzo, vexé. On repart à zéro, tu as oublié ? Allez, viens ! 


Kiara enleva sa tunique noire sans aucune gêne et sauta dans l’eau. Elle rejoignit Kenzo sous la cascade et ils se regardèrent en riant. 


- Je ne t’avais jamais vu rire avant aujourd’hui, déclara Kenzo. 

- Tu n’étais pas drôle, c’est tout, répondit Kiara. 

- Je sais bien que tu as beaucoup de vécu, lâcha Kenzo. Personne ne savait que Amina avait une sœur. 

- Je l’ai su récemment, confia alors Kiara. 

- C’est bien, lâcha Kenzo. Et le sensei, Kakashi, tu le connais depuis longtemps ? 

- Ouais… au moins deux ans. C’est le jonin de mon équipe, à Konoha. 

- Il y a qui d’autres dans ton équipe ? 

- Naruto, Sakura et Sasuke… mais c’est compliqué. 

- D’accord… Ils sont tous aussi forts que toi ? 


Kiara eut un sourire. 


- Oui, sans aucun doute, répondit-elle. Et toi, alors, tu es ninja ? 

- Non… j’aide mes parents à arriver, tu vois. Je n’ai pas le temps pour ça… 

- Tu peux gagner de l’argent en faisait des missions, lâcha Kiara. 

- Je dois rester au village, dit sombrement Kenzo. Ma mère a besoin de moi… 

- D’accord… répondit Kiara. 


Ils s’amusèrent quelques temps dans l’eau, sous la cascade et sortirent finalement lorsque la lune fut bien haute. Kiara se rhabilla et ils s’assirent sur le sable fin. 


- Je t’ai donné une mauvaise impression de moi, la première fois, dit Kenzo, un peu honteux. 

- En effet, répondit Kiara.

- Mais tu m’as bien eu… tu m’as laissé geler tout seul pendant des heures. Mais je ne t’en veux pas. 


Kiara se contenta de sourire. 


- Je sais que tu n'es pas aussi méchante que tu veux le montrer, déclara Kenzo. Sinon, tu te serais bien foutu du pendentif de Mishi. 

- N’essaie pas de m’analyser… 

- D’accord… répondit Kenzo en riant. 

- Que ce soit clair ; nous ne sommes pas amis, lâcha alors Kiara. 

- D’accord, c’est clair. Kiara, le cœur de glace, n’a pas d’amis. 


Il souria en la regardant. 


- Je n’ai pas un cœur de glace, répliqua alors Kiara. 


Cela lui rappelait un peu trop les mots de Ichi à son égard. 


- Pourquoi tu rejettes tout le monde, alors ? demanda Kenzo. 

- Parce que je suis ici pour mon entraînement, répondit Kiara. Tu peux bien parler, toi… tu penses résoudre tes problèmes en tyrannisant les autres. 

- Ouais… soupira Kenzo, l’air penaud. Personne ne me comprend vraiment. 


Il y eut un instant de silence. Kiara se sentait elle aussi incomprise. 


- Amina ne pense pas que tu es mauvais, déclara alors Kiara. 

- Ah, bon… fit Kenzo, surpris.


Kiara ne dit rien de plus mais vit bien que cela avait touché le garçon. Ils parlèrent de tout et de rien puis vient le moment de rentrer. Ils retournèrent au village et se dirent aurevoir.

Kiara se sentait tout drôle. Elle n’avait pas rejeté le garçon garçon farouchement qu’elle aurait dû. Elle lui avait laissé une chance et cela lui avait fait du bien. Elle ne considérait pas Kenzo comme son ami, mais était capable de comprendre ses agissements. 

Kiara rentra à la maison d’Amina, encore toute trempée. Elle ouvrit la porte et à peine son pied l’eut franchi, Amina arriva en courant. 


- Kiara ! s’exclama-t’elle, inquiète. Où étais-tu ? Il est minuit passé. 

- Euh... j’étais dehors, répondit Kiara. 


Kakashi-sensei vient également à sa rencontre. 


- Pourquoi tu es toute mouillée ? demanda Amina. J’étais folle d’inquiétude ! 

- Je me suis baigné, déclara Kiara. Je n’es pas l’habitude d’être dans une maison… tu ne devrais pas t’inquiéter comme ça pour moi. 

- Je pensais qu’il t’étais arrivé quelque chose, lâcha Amina. 

- Kakashi-sensei sait que je suis toujours dehors, lâcha Kiara en regardant son sensei.

- Il serait bien que tu nous tiennes au courant de tes activités, déclara Kakashi-sensei. 

- Ce n’était pas prévu… soupira Kiara. 

- Il n’y a pas de lac au village, dit alors Amina. Tu es donc sorti et tu es allé à la cascade. 

- Perspicace, lâcha Kiara. 

- Qui te la montré ? demanda Amina. 

- Kenzo, répondit Kiara.

- Kenzo ? répéta Amina, alarmé. 

- Le garçon que tu voulais tuer l’autre jour ? fit Kakashi-sensei. 

- Ouais, lui, répondit Kiara dans un rire. Tout va bien, d’accord ? 

- D’accord… répondit Amina. 

- Je vais aller me changer et me coucher… 


Elle dépassa les deux adultes et monta les escaliers. Amina se tourna vers Kakashi. 


- Elle détestait ce garçon, lâcha-t’elle. 

- Ils ont du se réconcilier, répondit Kakashi-sensei. C’est tout de même une bonne chose. Elle commence à s’ouvrir aux autres. 

- Oui, dit Amina. Mais elle est si sécrète… 

- Ne t’inquiète pas pour elle, dit Kakashi. 


Amina lui sourit doucement.  


- Que voulait-elle dire quand elle a dit qu’elle n’était pas habitué à être dans une maison ? demanda-t’elle. 

- En fait, soupira Kakashi, Kiara vivait dans un hôtel. 

- Un hôtel ? s’étrangla Amina. 

- Oui. Elle n’à jamais aimé y être et préférait être à l’extérieur. 

- Je vois… fit Amina, perturbé. Pourquoi un enfant vivrait dans un hôtel ? 

- Tu devrais lui poser la question directement… je doute qu’elle soit ravie si c’est moi qui te raconte tout ça. 

- D’accord… je comprend. Elle a de la chance de t’avoir, tu sais. 


Kakashi sourit et hocha la tête. Il faisait de son mieux pour Kiara. 

La jeune fille s’installa à sa place habituelle sur le toit. Elle repensa à ce que Kenzo lui avait dit. Kiara au cœur de glace… était-elle vraiment devenue ce que Ichi avait prédit pour elle ? Non… Elle aimait toujours ses amis de Konoha, Kakashi-sensei… c’était tout ce nouveau monde qu’elle voulait repousser. 

S’attacher signifiait maintenant souffrir pour elle. Et elle trouvait qu’elle souffrait déjà assez comme ça. 

Elle s’endormit finalement, bercé par les étoiles du soir. Sauf que son sommeil fut de nouveau troublé. Elle rêva de Miro, de Konoha, de Sazora… puis vient le démon dragon. Il la poursuivait sur une route interminable et elle courait pour sa vie. Le dragon était en colère, il crachait du feu. Kiara avait mal partout, aux jambes, aux bras, aux yeux… 

Elle se réveilla en sursaut et respira difficilement. Elle sentait que quelque chose se passait. Elle regarda son ventre et aperçut le sceau du démon. Il était noir, brûlant et à vif. Paniqué, elle se leva et se rendit compte que son œil gauche chauffait. 

Elle entra dans la maison et se sentit coupable de devoir réveiller son sensei, mais elle le fit. Elle trouva sa chambre et approcha silencieusement. Kakashi-sensei ouvrit alors les yeux. 


- Kakashi-sensei ! chuchota Kiara. Je suis désolé de vous déranger…

- Que se passe-t-il, Kiara ? demanda le sensei en s’assoyant sur son lit. 

- J’ai fais encore des cauchemars… et le sceau est apparu. 


Elle releva son chandail et montra le sceau. Kakashi-sensei fronça les sourcils. Le sceau n’était pas apparu avant ce jour-là. Amina débarqua soudainement dans la chambre, alerté par le bruit. 


- Que se passe-t-il ? demanda-t’elle, toute endormie. 


C’est alors que Kiara sentit quelque chose en elle hurler de rage. Tout son corps se mit à trembler et lorsqu’elle tourna la tête vers Amina, elle vit rouge. 

Kiara bondit sur sa sœur sans prévenir et elles tombèrent au sol. Kakashi-sensei se leva rapidement pour tenter d’enlever l’adolescente de là. 


- Amina ! souffla Kiara d’une drôle de voix. Tu m’évites ? 

- Dakiri ? souffla à son tour Amina.


Kiara se sentit soulever et Amina se releva, alarmé. Kiara avait les yeux rouges et brillants. 


- Que se passe-t-il ? demanda Amina. 

- Le sceau est apparu, déclara Kakashi-sensei. Je pense que ta présence perturbe le démon. Kiara, viens ici. 


Kakashi-sensei fit signe à la jeune fille de s’étendre pour qu’il puisse faire disparaître le sceau, mais Kiara se tourna vers Amina, l’air étrange. 


- Tu ne t’attendais pas à nous revoir, dit-elle méchamment. Tu voulais qu’on disparaisse de ta vie pour de bon, n’est-ce pas ? 

- Non, répondit Amina, non, je ne voulais pas. 

- Pourtant, tu n’as jamais cherché à nous retrouver ! 

- Kiara… 

- Kiara est trop gentille pour te dire la vérité, souffla Kiara d’un air noir. Moi, je te hais du plus profond de mon âme. Tu m’avais promis… 

- Je suis désolé, Dakiri… répondit alors Amina. Je n’ai pas eu le choix. 

- On a toujours le choix, lâcha Kiara. 

- Non, claqua Amina. Si je restais, tu aurais tué ma petite sœur pour venir avec moi. 

- C’était notre plan… grogna Kiara.

- C’était ton plan, Dakiri. Jamais je n’ai voulu faire de mal à ma sœur. 

- Menteuse, souffla Kiara. Tu lui as fait du mal en la laissant toute seule dans ce village de fou. Où étais-tu quand elle a failli se faire tuer à cinq ans ? Où étais-tu lorsqu’elle pleurait tous les soirs dans sa misérable chambre d’hôtel ? Où étais-tu lorsqu’elle a découvert la vérité ? Lorsque l’hôtel a été bombardé ? Lorsque son meilleur ami a été tué sous ses yeux ? 

- Qui parle ? Kiara ? dit Amina, fébrile. 

- Kiara ou Dakiri, peu importe, vociférai Kiara. Tu nous as laissé seuls ! 

- Kiara… je suis tellement désolé… murmura Amina. 

- Tu t'en fichait bien toutes ces années.. dans ton jolie village… 


Amina ne savait plus quoi répondre. Son être tout entier voulait pleurer. Pleurer parce qu’elle se sentait misérable, stupide, égoïste… Kiara la regardait avec une telle haine. 


- Kiara… dit alors Kakashi-sensei. Il faut résorber le sceau, maintenant. 

- J’ai enfin la chance de lui parler… murmura Kiara d’un air démoniaque. Kiara me laisse faire. 

- Ça suffit, maintenant, dit Kakashi-sensei d’un air sérieux. 


Kiara se tourna néanmoins vers Amina. Elle serra les poings. 


- J’aurais dû te faire enfermer dans mon corps… lâcha alors Amina. J’aurais dû rester à Konoha. Mais on ne peut pas revenir en arrière. C’est trop tard. 

- Effectivement, c’est trop tard… répéta Kiara. Nous avons eu une vie de merde alors que toi, tu prenais du bon temps. 

- Ça n’a pas été facile pour moi non plus, lâcha Amina. 

- Laisse-moi rire… fit Kiara. 


Kakashi-sensei posa sa main sur l’épaule de Kiara. Elle était brûlante et il savait qu’il devait faire disparaître le sceau rapidement. Il la dirigea fermement vers son lit mais Kiara se débattait.


- Laisse-moi lui faire mal, cracha-t’elle rageusement.


Kiara ne l’avait jamais tutoyé auparavant et Kakashi savait que le démon prenait toute la place. Il la coucha brusquement sur le lit et commença le jutsu pour sceller le sceau. Kiara se débattait toujours mais Kakashi était plus fort qu’elle. Amina vient cependant l’aider et au moment où elle toucha Kiara, celle-ci se mit à hurler. 


- Kiara… murmura Amina. C’est moi, ta grande sœur… je ne te veux aucun mal. 

- Je te hais… lâcha Kiara. Je te hais tellement. 

- Kiara… murmura Amina, les larmes aux yeux. 


Kakashi-sensei posa ses mains sur le sceau et Kiara eut un soubresaut. Amina détestait voir sa sœur dans cet état. Le sceau finit par se résorber et Kiara se calma. Elle respirait difficilement mais ne se débattait plus. 


- Sensei… murmura-t-elle, paniqué. 

- Tu vas bien, Kiara ? demanda Kakashi-sensei. 

- Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda difficilement Kiara. 


Elle remarqua que Amina semblait dans tout ses états, au bord des larmes. 


- Dakiri s’est manifesté, répondit Kakashi-sensei. 

- Je… suis désolé, murmura l’adolescente. 

- C’est rien, Kiara, répondit Amina. Ce n’est pas grave. Tout va bien. 


Kiara hocha la tête. Elle n’arrivait plus à se souvenir de ce qu’elle avait fait. Tout ce qu'elle se souvenait, c’était d’être entré dans la chambre de Kakashi-sensei. 


- Il faut que tu dormes, maintenant, ordonna Kakashi-sensei. Tu peux rester ici. 


Kiara ferma les yeux, épuisé. Amina resta de longues minutes à la fixer, ébranlé. Elle suivit néanmoins Kakashi lorsqu’il sortit de la chambre. Ils allèrent s’assoir au salon. 

Amina prit sa tête entre ses mains et Kakashi vit qu’elle pleurait. Il posa une main dans son dos. 


- C’est ma faute… murmura Amina. Tout est de ma faute… 

- Tu as fait ce qu’il fallait que tu fasses, répondit Kakashi-sensei. 

- Mais elle a eu une vie misérable ! s’exclama Amina. Elle était seule, dans un satané hôtel, prise avec un démon. Quelqu’un a voulu la tuer. Je n’étais pas là… je me sens tellement mal… 

- Amina, dit Kakashi avec fermeté, tu ne pouvais pas contrôler ce qui arriverait. Tu as fais ce que le Hokage t’a dit de faire. Tu pensais que c’était la meilleure chose à faire. 

- Mais ce ne l’était pas… j’aurais dû revenir. Mais j’haïssai tellement Konoha. 

- On ne peut plus revenir en arrière, déclara Kakashi. Aujourd’hui, tu es là. 

- Mais elle m'en veut tellement… 

- C’était Dakiri qui parlait, répondit Kakashi. 

- Je sais bien que Kiara pense la même chose, souffla Amina. 

- Rien n’est perdu, lâcha Kakashi. Tout ce qu’elle veut, c’est que tu sois sa sœur. 


Amina se frotta les yeux, tentant de se reprendre. 


- Je vais lui parler demain, dit-elle. 

- Bonne idée, répondit Kakashi. 

- Merci, Kakashi… je ne sais pas ce que je ferais sans toi.

- Ce n’est rien, Amina… répondit Kakashi. 

- Et merci… de t’occuper de Kiara. 


Amina appuya sa tête contre son épaule et ferma les yeux. L’abcès était crevé, à présent. Kiara, ou Dakiri, lui avait dit tout ce qu’elle ressentait. Elle allait maintenant pouvoir se parler cœur à cœur. 

Mais pour l’instant, Amina se sentait mal, très mal. Elle attendit que le soleil se lève. Elle attendit que la noirceur de la nuit laisse sa place à la lumière du jour. Tout paraissait moins pire lorsque le soleil brillait au loin. 

Kiara descendit autour de huit heures. Elle se sentait un peu malade. Elle savait qu’elle avait été horrible cette nuit. Elle aperçut Amina qui se rongeait les ongles dans le salon. Kakashi-sensei semblait dormir à côté, son livre lui cachant le visage. 


- Kiara ! s’exclama Amina en se levant. Comment tu te sens ? 

- Bien… répondit la jeune fille. 


Elle se laissa tomber au côté de Kakashi, qui se réveilla en sursaut. 


- Je suis désolé pour cette nuit… murmura Kiara. 

- Tu n’as pas à t’excuser, répondit aussitôt Amina. 

- C’était horrible… je n’étais plus moi, lâcha Kiara. 

- Dakiri a prit toute la place, informa Kakashi. 

- Est-ce que tu te souviens de ce que tu as dit ? demanda Amina avec précaution. 

- Plus ou moins… répondit Kiara. Mais j’ai l’impression que je devrais m’excuser. 

- Non, Kiara, non, répondit Amina. Ne t’excuse pas pour ça. Tu as dit tout ce que tu ressentais au fond de toi. 


Kiara regarda sa sœur. Elle semblait encore secoué. Elle n’était pas habitué comme Kakashi-sensei à la voir dans cet état. 


- C’est moi qui dois s’excuser, poursuivit Amina. Je suis tellement désolé de la vie que tu as eu. 

- Ça va… dit Kiara. 

- Non, ça ne va pas, répliqua cependant Amina. Tu avais cinq ans quand quelqu’un a voulu te tuer… c’est tellement horrible. 


Kiara la fixait, bouche-bée. Elle lui avait donc parlé de cela… tout commençait à lui revenir, maintenant. Elle avait craché sa haine à Amina. 


- Le sang que tu as vu sur mon épée.. dit lentement Kiara. C’était son sang à lui. Je l’ai tué. 


Amina resta muette de stupeur. 


- Je l’ai tué parce qu’il avait tué mon meilleur ami, poursuivit Kiara. 


Amina mit une main devant sa bouche, horrifié. 


- Et… murmura Kiara. Ce n’était pas si horrible de vivre à l’hôtel… j’ai connu Miro à cet époque. Je n’étais pas vraiment seule… 

- Mais tu n’avais personne pour s’occuper de toi… dit Amina, triste. 


Kiara haussa les épaules. 


- Je veux être là pour toi, maintenant, Kiara, poursuivit Amina. Je ne te laisserais plus jamais. Je vais te protéger de tout et tout ira bien. 


Kiara ne savait pas quoi répondre. Sa sœur semblait sincère mais c’était trop pour elle soudainement. La jeune fille se leva. 


- Je vais aller faire un tour, dit-elle. 

- Attend… souffla Amina. 

- Je ne veux plus parler de ça, lâcha Kiara. 

- Mais est-ce que tu me crois ? demanda fébrilement Amina. 


Kiara ne répondit pas et sortit. Elle ne savait plus quoi penser. Elle avait envie de croire Amina, de vivre une nouvelle vie avec elle mais son cœur était trop amer pour oublier qu’elle était partie. La colère de Dakiri se mêlait à la sienne et elle n’était pas certaine de savoir comment pardonner. 

Kiara erra dans les rues du village, les mains dans les poches. Sa main droite serrait le bandeau de Miro inlassablement. 


- Kiara ! s’exclama alors Mishi en arrivant vers elle. Tu as une sale mine. 

- J’ai mal dormi, répondit Kiara sans s’arrêter. 


Mishi la suivit. Elles marchèrent en silence. Mishi savait que Kiara préférait le silence. Elle ne connaissait pas l’ancienne Kiara qui voulait toujours parler. Elle connaissait plutôt la nouvelle Kiara. La fille ténébreuse et assosciable qu’elle était devenue. 


- Hé, salut, les filles, lâcha Manoki en les rejoignant. Mishi, maman a besoin de toi. 

- Pourquoi ? s’étonna la jeune fille. 

- Pour l’aider au magasin, répondit Manoki. 


Mishi soupira et dit aurevoir à Kiara. Celle-ci continua sa marche et Manoki l’accompagna. 


- Alors, tu t’entend mieux avec ta sœur ? demanda le jeune homme. 


Kiara haussa les épaules. 


- Tu es la seule personne que je connaisse qui n’admire pas Amina, dit Manoki en riant. 

- Je ne la connais pas, répondit sèchement Kiara. 

- Pourquoi tu n’apprend pas à la connaître ? 

- Manoki l’enquêteur est de retour ? fit Kiara, agacé. 


Manoki ria et ne posa plus de question. Ils allèrent ensemble sur un terrain d’entraînement et se mirent à lancer des shuriken sur les arbres. 

La journée passa ainsi. Kiara ne retourna pas à la maison et le soir venu, elle alla s’installer au précipice des âmes. Cet endroit la fascinait de plus en plus. Lorsqu’il faisait noir, les voix semblaient plus distinctes. 

Elle ne savait plus depuis combien de temps elle était là lorsque Kakashi-sensei arriva. 


- Encore ici ? lâcha-t’il. 


Kiara haussa les épaules et baissa la tête. 


- Amina t’a attendu toute la journée, informa Kakashi-sensei. 

- Je ne lui ai rien demandé, répondit Kiara. 

- Elle veut arranger les choses, Kiara. Pourquoi tu ne lui laisse aucune chance ? 

- J’en ai assez de tout ça, souffla Kiara. 

- Tu préfères écouter des voix étranges plutôt que de parler avec ta sœur ? Ce qu’elle a dit te laisse vraiment indifférente ? 


Kiara lui lança un regard noir. 


- Elle peut bien dire ce qu’elle veut… Même si je lui parle, ça ne changera rien à ce qui s’est passé, dit-elle. 

- Non, mais l’avenir sera meilleur. 


Kiara poussa un long soupir. Elle replia ses jambes contre elle. Elle avait l’air au bord du désespoir. 


- J’aimerais que les voix m’amènent avec elles, murmura-t’elle. J’aimerais que Miro vienne me chercher et me fasse disparaître… 


Clac ! Kiara ressentit une vive douleur derrière la tête. Kakashi-sensei la regardait, en colère. 


- Aïe ! lâcha-t’elle, indigné. 

- Arrête de dire des bêtises pareilles, claqua Kakashi-sensei. 

- Mais c’est pas des bêtises ! rugit Kiara. 


Kakashi-sensei leva de nouveau sa main mais cette-fois, Kiara l’évita. Elle se leva brusquement et fit face à son sensei. 


- Vous ne pouvez pas comprendre, lâcha-t’elle. J’ai rêvé toute ma vie d’avoir quelqu’un de mon sang ! Je l’ai tellement voulu mais je me rend compte aujourd’hui que ça ne veut rien dire ! Amina a déjà sa vie, ses amis, son village ! Je n'ai pas ma place ici, moi. 

- Amina t'a fait une place dans sa maison dès qu’elle t’a vu, répondit Kakashi-sensei. Elle t’entraîne jours après jours. Elle a laissé son travail de côté pour toi. Tu ne te rend compte de rien, Kiara. 

- Mais elle est partie quand je suis née ! cria Kiara. 

- Pourquoi tu ne veux pas accepter les choses, Kiara ? dit Kakashi-sensei, irrité. Tu crois que tu es la seule à avoir eu une vie misérable ? 

- Je… 

- Amina n’a pas eu la vie facile non plus, déclara Kakashi-sensei. Si tu lui parlais, tu le saurais. Tu penses qu’on sort indemne d’une histoire pareille ? Amina a vu ses parents mourir sous ses yeux. Elle a été forcé de t’abandonner ensuite et de partir à des milliers de kilomètres. Tu crois que c’est ce qu’elle voulait ? 

- Non, mais… Elle aurait pu revenir… 

- Tu refuses de créer des nouveaux liens parce que tu ne veux pas souffrir, lâcha Kakashi-sensei. Amina était trop en colère contre Konoha pour y revenir. Elle pensait probablement que tu étais mieux sans elle. 

- Ce n’était pas le cas, claqua Kiara. 

- Elle ne pouvait pas le savoir. 


Kiara se détourna brusquement. Kakashi-sensei prenait la défense de Amina. Il semblait mieux la comprendre qu’elle-même. 


- Il faut que tu arrêtes de penser au passé, maintenant, dit calmement Kakashi-sensei. Regarde vers l’avant. 

- Vers l’avant ? répéta Kiara, en colère. Que va-t’il se passer, vous croyez ? Sasuke ne reviendra jamais, Miro non plus et Amina va rester ici lorsqu’on partira. 

- Tu prédis l’avenir, maintenant ? dit Kakashi-sensei. 

- Non, mais je suis réaliste. 

- Tu préfères toujours perdre tout ce temps à détester la vie ? demanda Kakashi-sensei. Tu dois te relever, Kiara. Je sais que tu es assez forte. Regarde autour de toi. Ta sœur veut prendre soin de toi. Elle veut se reprendre. 

- Dites-donc, lâcha Kiara, vous la défendez pas mal ! Vous êtes de son côté, maintenant ? 


Kakashi-sensei soupira mentalement. Kiara ne voulait rien comprendre du tout. Elle avait besoin d’être secoué pour pouvoir se reprendre. 


- Il ne s’agit pas de prendre un côté, Kiara, répliqua le sensei. Il s’agit de ton bien-être. 

- Mon bien-être… murmura Kiara. Je sais bien que vous l’aimez, lâcha-t’elle ensuite. Vous vous êtes vu ? Vous la supportez plus que moi, maintenant. 

- N’invente pas des choses. 


Kakashi-sensei commençait à être énervé par le comportement de son élève. Elle agissait de façon immature et semblait même jalouse. 


- Je n’invente rien… vous vous entraînez même avec elle. 

- Et alors ? dit Kakashi-sensei. 

- Alors, rien… lâcha Kiara.


Kiara évita son regard. Les chuchotements dans ses oreilles semblaient appuyer ses propos. Elle remarqua que Kakashi-sensei se tenait loin du bord. Il voulait sans doute éviter d’entendre les voix. 


- Viens te coucher, maintenant, ordonna Kakashi-sensei. 

- Je ne suis pas fatigué, rétorqua Kiara en fixant le vide. 

- Ce n’était pas une question, lâcha fermement Kakashi-sensei. 


Kiara n’eut pas d’autre choix que de le suivre jusqu’à chez Amina. Elle passa devant sa sœur sans dire un mot et claqua la porte de sa chambre. Elle était en colère. Continuellement en colère. Même si elle avait dit à Amina tout ce qu’elle ressentait, cela n’avait rien arrangé. 

Cependant, Kakashi-sensei la faisait réfléchir. Kiara pensait que Amina avait refait sa vie rapidement et qu’elle était heureuse ici, mais il était certain qu’elle était perturbé par la mort de leurs parents. Par son exil forcé de Konoha. Amina n’avait pas eu le choix de partir ainsi… 


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