Je t'aime moi non plus

Chapitre 2

2015 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/12/2023 15:39

Le lit King size est bien plus confortable que je m’imaginais, à peine m’étais-je allongée que j'ai plongé dans un profond sommeil. En regardant mon portable je constate qu’il est 18h, je n’ai dormi que 2 heures pourtant je me sens bien plus en forme que tous ces derniers jours réunis. Je jette les draps en soie sur le côté pour sortir du lit. J’observe ma chambre avec un œil nouveau. Le grand lit prend une grande partie de la pièce, il est entouré de bibliothèques doubles remplies d'ouvrages allant des romans aux livres historiques, j’aperçois même quelques autobiographies d’auteur que je ne connais pas. En face du lit se trouve une coiffeuse à gauche du dressing avec plusieurs rangements. Elle me serait très utile si j’avais plus de bijoux que les alliances doubles de mes parents et du maquillage. Enfin à droite du lit et face à la porte de la chambre se trouve une double porte vitrée menant sur le balcon. Les rayons orangés m'indiquent que le soleil est sur le point de se coucher.

Je me dirige vers le balcon en ouvrant grand les portes fenêtres, Un parfum fleuri flotte dans l’air, le vent léger caresse mes joues. Je ferme les yeux et prends une grande inspiration pour apprécier ce moment. Après avoir rouvert les yeux j’avance au bout du balcon pour observer le jardin. Et quel jardin ! Je suis ébahie par sa splendeur. Ce que je prenais pour un jardin devant le manoir n’est rien en comparaison. La pelouse tondue à ras m’indique qu’il doit faire plusieurs hectares. Il contient bon nombre de buissons fleuris, d'arbres, haies taillées, chemins de promenades entouré de bancs de fleurs à plusieurs couleurs. C’est tout simplement splendide. Le soleil couchant fait ressortir les couleurs des nombreuses fleurs. Je pense avec amertume que mes parents auraient adoré ce paysage.

Je reste apprécier le paysage jusqu’à ce que le soleil se couche. Il commence à faire froid dès l’instant où le soleil disparaît à l’horizon, je retourne dans ma chambre pour déballer mes affaires. Je n’ai pas ramené grand-chose pour le moment, quelques vêtements, mes affaires de toilette et un cadre de mes parents que je pose sur la table de chevet. Je reste un moment à regarder leur sourire figé sur la photographie, une main sur le cœur pour canaliser la douleur qui me transperce.


Je descends dans le salon à 19h30 ne voulant pas paraître irrespectueuse à venir uniquement pour les heures de repas. J’ignore où est ma tante mais il y a un homme d’un certain âge assis sur le canapé d’angle. Il ne m’a pas encore aperçu, j’imagine que c’est monsieur Hatake le mari de ma tante. Ses yeux noirs sont fixés sur l’écran de son ordinateur portable, ses doigts tapant frénétiquement sur le clavier. Quelques mèches blanches lui retombent sur les yeux malgré sa queue de cheval. Je me manifeste avec un raclement de gorge.

-       Bonjour monsieur Hatake.

Ses yeux se tournent vers moi et il paraît surpris de ne pas m’avoir entendu arriver.

-       Tu dois être Sakura, la jeune nièce de ma femme. Je t’en prie, tu peux m’appeler Sakumo.

Il sourit chaleureusement, je me détends en me disant qu’il avait l’air plutôt gentil.

-       Je vous remercie de ce que vous faites pour moi en m'hébergeant ici.

-       Tu es ici chez toi dorénavant, c’est autant ta maison que la nôtre, ta tante et moi.

Il reprend avec un visage plus sombre :

-       Je suis désolé pour ce qui est arrivé à tes parents. J’imagine comment tu dois te sentir après cet évènement tragique. Si je peux faire quoi que ce soit pour apaiser ton mal et que tu te sentes mieux n’hésite pas à me demander n’importe quoi.

-       Je vous remercie, je réponds sous le coup de l’émotion.

-       N’hésite pas surtout, tu peux me considérer comme ton oncle, c’est vraiment un plaisir de t’avoir avec nous. Cette vieille maison est bien vide, mon fils ne revient qu'occasionnellement et ce n’est jamais pour trop longtemps.

Je vois dans ses yeux qu’il regrette de ne pas voir plus souvent son fils, il semble tout à coup bien seul. Je veux lui poser des questions sur son fils mais je suis stoppée par Tsunade qui rentre dans la pièce.

-       Parfait, vous êtes tous les deux-là. On va se mettre à table.

Monsieur Hatake se lève en grimaçant. Il semble avoir mal au dos quand j’observe sa démarche. Je ne comprends pas pourquoi il ne cherche pas à se soigner, il a pourtant l’argent nécessaire.

Je les suis tous les deux dans la salle à manger. Celle-ci est tout en longueur, la table imposante peut supporter au moins une trentaine de couverts. C’est bien trop grand pour nous trois.

Monsieur Hatake prend place en bout de table et ma tante à ses côtés, je m’assois sur la place restante face à elle. Je pense avoir la meilleure place, face à moi il y a plusieurs fenêtres montrant le sublime jardin assombri par la nuit. J’ai vraiment hâte de partir en exploration. Derrière moi se trouve la cuisine j’imagine car un homme en tablier blanc vient nous déposer des assiettes de crudités.

-       Sakura, je te présente Iruka notre chef cuisinier. Il est jeune mais très compétent.

Monsieur Hatake sourit à Iruka. Je ne lui donne pas 30 ans. Son teint bronzé fait ressortir une cicatrice sur sa joue. On dirait qu’il s’est pris une entaille de couteau, la marque est lisse sans irrégularité. Ses cheveux bruns sont attachés dans une queue de cheval stricte, il dégage pourtant beaucoup de chaleur et de sympathie.

-       C’est un honneur de travailler ici, j’ai beaucoup de chance. S'enthousiasme-t-il, une main sur le cœur.

-       Ton talent était gâché.

Monsieur Hatake poursuit en se tournant vers moi :

-       Iruka était cuisinier dans l’armée avant que je le recrute.

-       Mais comment vous êtes-vous connus ? Vous avez fait la guerre ? Dis-je avec hésitation.

-       Non, s’exclame-t-il en riant, j’étais seulement de passage pour le travail. Mais j’ai pu voir tous ces braves qui ont mis fin à la guerre, c’était déjà il y a cinq ans. D’ailleurs mon fils s'était engagé, heureusement tout était fini avant qu’il puisse se retrouver au front.

Monsieur Hatake rit fort mais j’entends surtout du soulagement dans sa voix. La guerre nous a tous touchés, malgré les différences de politiques de nos deux pays, ils étaient alliés et ont finalement gagné après six ans de longs combats.

-       Sakura, reprend Iruka, si tu as besoin de quoi que ce soit à n’importe quelle heure viens me demander directement, je vis également ici.

-       Merci c’est très gentil.

Monsieur Hatake commence à manger tandis qu’Iruka repart en cuisine. Je me tourne vers mon assiette et constate que Tsunade me dévisage sans toucher à son assiette. Après quelques secondes, elle remarque que je la fixe aussi et sourit.

-       On a plein de choses à voir cette semaine, commence-t-elle. Demain on ira faire les magasins. Tu pourras t’acheter tout le nécessaire pour l’école, les professeurs m’ont fait parvenir une liste comme tu intégreras en cours d’année.

-       Je ne peux pas reprendre simplement à la suite de ce que j’ai déjà ?

Tsunade secoue la tête par la négative.

-       Le programme ici est différent.

Je n’avais pas pensé que les cours soient différents, c’est pourtant logique j’ai changé de pays. En cours d’histoire on doit apprendre la monarchie du pays tout comme j’apprenais les différentes républiques du mien.

-       Je ne sais pas quel était le niveau de ton ancien lycée mais le proviseur est au courant de ta situation. Il a prévenu les professeurs, n’hésite pas à leur demander de l’aide si tu as des difficultés.

-       C’était une école publique, le niveau était partout le même, haussai-je les épaules.

-       Alors peut-être que le niveau sera trop élevé. C’est une école privée prestigieuse mais ne t’en fais pas cette année peut très bien ne pas compter. On comprendra s’il faut que tu redoubles ton année.

Ma tante regarde Monsieur Hatake pour qu’il affirme ces dires. Celui-ci mangeait silencieusement tout le long de notre conversation. Il relève enfin la tête, interloqué d’être invité dans notre discussion.

-       Bien sûr, ta tante a raison. Ne te met pas trop de pression cette année.

-       Je ne tiens pas à redoubler, je ferai de mon mieux.

Monsieur Hatake sourit en hochant la tête.

-       Belle mentalité Sakura, mais tu sais au moins qu’on ne t’en voudra pas.

Ma tante sourit et commence enfin à manger. Mon ventre gargouille en regardant mon assiette. Monsieur Hatake avait déjà fini la sienne, je dois me dépêcher avant qu’on vienne me l’enlever. En empoignant ma fourchette je constate que l’argenterie est tellement propre qu’elle brille, les assiettes en porcelaine sont aussi décorées finement. Les plats s'enchaînent et je ne peux m’arrêter de manger tellement ils sont délicieux. Arrivé au dessert on me dépose une crème brûlée qui me fait baver d’envie. Bien que je n’ai plus faim depuis les encornets, je prends ma cuillère et savoure, non sans difficulté, cette délicieuse crème brûlée.


Je retourne dans ma chambre après que ma tante m’ai fait visiter le manoir. J’ai été perdue de nombreuse fois, après avoir vue une bibliothèque, le boudoir de Monsieur Hatake, des ailes avec nombres de chambre et salles de bains, 3 salons -je ne me souviens que de celui proche de la salle à manger- je peux dire que retenir le trajet de ma chambre à l’entrée et à la salle à manger est un exploit. Pour le moment je m’en tiendrais à l’essentiel au risque de me perdre.

Après une douche bien chaude, j’enfile mon seul pyjama avec un trou dans la manche. En m’asseyant sur le lit je saisis le cadre avec la photo de mes parents, et pour la première fois de la journée je peux laisser sortir ma douleur en toute discrétion. 


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