Je t'aime moi non plus
En rangeant mes nouveaux achats dans le dressing, je pense avec déception que je n’ai pas pu m’acheter un seul livre à cause de ma rencontre avec le brun. J’ai la chair de poule en repensant à son expression devant la boutique des uniformes. Il avait l’air de dire qu'on n'en avait pas fini et pourtant il est parti et je ne l’ai pas recroisé à mon plus grand soulagement. Peu importe, je préfère oublier ce moment embarrassant.
J’ai quartier libre pour l’après-midi alors je décide de sortir pour courir. J’enfile mon legging de sport noir, qui accentue encore plus la finesse de mes jambes, ainsi que mes baskets. Mes écouteurs dans les oreilles, je pars explorer la ville au pas de course. Aucun commerce n’est aux alentours du manoir, je ne croise que des habitations ce qui en fait un quartier calme. Celui-ci a l’air riche, certaines habitations ressemblent à des châteaux et elles sont toutes aussi grandioses que le manoir des Hatake. Après seulement 20 minutes je franchis à nouveau le portail, préférant ne pas m’aventurer trop loin de peur de me perdre. Après avoir contourné le manoir de l’extérieur je m’avance dans le somptueux jardin. Je note plusieurs coins tranquilles pour faire de la lecture ci et là. Je m’assois contre un arbre et ferme les yeux, profitant de la douce brise du printemps.
Les couloirs s’enchainent et je passe devant plusieurs panneaux « interdiction de courir » en me précipitant dans la cage d’escalier. Je monte les marches 3 part 3 jusqu’au deuxième étage et cours jusqu’à la porte nommé « réanimation ». Celle-ci refuse de s’ouvrir sans un badge, je peste en appelant l’interphone. Une femme à la voie grave me répond.
- Bonsoir, pour quelle raison appelez-vous ?
- Je suis Sakura Haruno, mes parents ont été amené ici dans la journée.
- Je viens vous ouvrir.
Ma voix parait tellement paniquée que la femme ne relève pas mon manque de politesse. A peine quelques secondes plus tard la porte s’ouvre sur un bip. La femme d’âge mûre affiche une expression neutre et professionnelle.
- Veuillez me suivre.
Elle marche trop lentement pour moi alors que mon cœur menace de sortir de ma cage thoracique. Elle ouvre une porte et je constate avec frustration qu’il s’agit d’une salle d’attente.
- Attendez ici, le médecin va venir tout vous expliquer.
Je m’assois sur le canapé gris en serrant les dents. C’est auprès de mes parents que je devrais être, pas seule dans cette pièce qui sent le désinfectant. L’attente est interminable, mon genou droit tremble de nervosité et je ne peux m’empêcher de me ronger les ongles jusqu’au sang. La porte s’ouvre enfin sur un homme à lunette en blouse blanche.
- Vous êtes la fille de Mebuki et Kisashi Haruno ?
Il reste debout face à moi et porte son regard sur un paquet de feuilles reliées qu’il tient dans la main.
- Oui je suis leur fille, c’est moi qui ai appelé plus tôt.
Ma voix tremble et je parle beaucoup trop vite.
- Vos parents ont été admis en début d’après-midi, on vous a expliqué ce qui leur était arrivés ?
- J’ai tout de suite appelé l’ambulance en rentrant du lycée. Ils m’ont simplement dit qu’ils avaient été alertés par un témoin de l’accident et qu’ils étaient emmenés ici. Je n’ai pas eu plus de détails.
Le médecin hoche la tête en me regardant droit dans les yeux.
- Leur voiture a été emporté par un camion dans le fossé. D’après le témoin qui se trouvait derrière le camion, il se serait retourné dans le virage. Le camionneur ne s’en est pas sorti et les secours nous ont amenés vos parents. Ils sont arrivés tous deux inconscients, ils avaient déjà perdu beaucoup de sang.
Je me prends la tête dans les mains. La boule de stresse dans ma gorge m’étouffe et je me répète « tout, mais pas ça » en boucle espérant entendre enfin quelque chose de positif. Le regard du médecin m’angoisse et il prend beaucoup trop de temps pour m’annoncer la suite.
- Nous avons fait tous notre possible dés leur arrivé. Cela n’a pas suffi, ils nous ont quitté tous les deux il y a un peu plus d’une heure.
Un grognement aigu sort de ma bouche alors que ma vision se brouille. Après quelques secondes sans respirer je fini par hurler en m’écroulant par terre.
J’ouvre les yeux en sursautant, les joues trempées de larmes. Le ciel bleu au-dessus de moi me ramène à la réalité. J’avais encore rêvé de ce moment. Depuis leur mort, je revois ce souvenir presque toutes les nuits. Je pleure vivement, le visage entre les mains quand j’entends une voix bourrue m’interpeler.
- Mademoiselle… ? Vous avez mal quelque part ?
Je me redresse vivement en fuyant le jardinier jusqu’à la porte. Ne peut-on pas me laisser tranquille ? Je ne m’arrête de courir que lorsque je franchis la porte de ma chambre, la fermant à clef avant de me jeter sur mon lit. Mon oreiller, trempée de larmes, me donne froid et je tremble en me recroquevillant.