Je t'aime moi non plus
Le reste de la semaine s’était déroulé lentement. Je me suis beaucoup sentie seule, ne croisant personne en dehors des repas. J’ai passé beaucoup de temps à courir ou flâner dans le jardin, maudissant de ne pas avoir placer au moins un livre dans ma valise. J’espérais d’ailleurs que ma tante pourrait bientôt se libérer pour qu’on puisse aller chercher le reste de mes affaires. C’est surprenant d’être heureuse de retourner en cours, je pourrais enfin m’occuper l’esprit.
En rentrant dans la voiture je suis déçue que ma tante n’ai pas pris le temps de venir me voir ce matin. Elle est décidément bien différente de ma mère pensai-je en jetant un dernier regard sur le manoir. Serait-ce tous les jours comme ça ? Même le chauffeur reste de marbre et ne parle pas. Avec un soupir de lassitude, je me fais la réflexion que ma solitude ne faisait que commencer.
Après un hochement de tête, le chauffeur referme la porte derrière moi. Les élèves portant un uniforme identique du miens montrent tous un enthousiasme à la reprise des cours. Beaucoup forment des groupes, heureux de se retrouver après les vacances de printemps.
Après une grande inspiration, j’avance tête haute vers la grande porte ouverte. Le lycée dans lequel je rentre est bien plus propre et luxueux que celui que je fréquentais. En regardant les élèves de plus près, je constate que beaucoup ont une apparence très soignée, les différences avec moi sont flagrantes malgré les uniformes, c’est un lycée ou les familles sont friquées. Après un regard dans le reflet de la porte vitrée, je peux clairement voir ma simplicité face à eux. Mes cheveux sont lâchés tout juste brosser et sans accessoires, je ne porte ni faux ongles ni vernis sans parler des bijoux. Mon maquillage est simple avec du crayon noir sur les yeux et du mascara premier prix. Je grimace à la réflexion que je me ferai forcément remarquer. J’espère que tout se passera bien.
En consultant mon emploi du temps je cherche en parallèle la salle de mon cours de science sur la carte. Les classes de science se trouvent dans le bâtiment en face au 1er étage. La cour est bondée alors je préfère monter le premier escalier que je trouve et rejoindre ma salle en traversant les couloirs. Il est facile de s’y retrouver, les couloirs sont quasiment vides hormis un groupe de garçons qui vient de tourner à l’angle au bout du couloir.
Les 3 garçons se dirigent vers moi en discutant calmement. Mon regard s’accroche à celui du milieu. Je m’arrête net en fixant ses yeux noirs. Je pensais ne jamais revoir ses yeux sombres et envoûtant. A la seconde où le brun que j’ai insulté il y a quelques jours me reconnait, je fais demi-tour en courant.
- Hé, toi !
Je cours à en avoir mal aux jambes dans la direction opposée. La sonnerie retentit et l’abondance de vestons rouges montant les escaliers stoppent ma course. Je me glisse en plein milieu de la foule, certains élèves me regardent bizarrement. Il y a tellement de monde que je n’arrive pas à regarder tous les visages, cherchant celui du brun. Les couloirs finissent par se vider et je ne reconnais pas les numéros sur les portes. Je me suis perdue, bien joué Sakura. Le plan ne m’aide pas à retrouver mon chemin. J’essaie de ne pas paniquer même si le retard s’amorçait. Après avoir pris 2 tournants, je trouve un escalier. En revenant dans la cour je pourrais retrouver mon chemin.
L’air de dehors me refroidit les joues. J’ai à peine fait quelques pas dehors que je me fais tirer en arrière. La personne qui m’a saisi le bras me plaque contre le mur à côté de la porte.
- Enfin je te tiens !
Un hoquet de stupeur sort de ma bouche devant le visage souriant du brun. Je tente de me détourner mais il plaque ses mains de chaque côté de ma tête se rapprochant par ce fait. Je rougis face à notre soudaine proximité.
- Cette fois tu ne vas pas m’échapper.
La menace gronde dans sa voix, la buée sortant de sa bouche m’atteint au visage.
- Crétin, c’est bien comme ça que tu m’as appelé ?
Oups, cette fois je suis cuite. Il perd son sourire et son regard froid me donne la chair de poule.
- Tu ferais mieux de faire attention à qui tu portes des insultes, des accidents peuvent vite arriver.
Mes yeux s’écarquillent et j’essaie en vain de trouver une échappatoire. Je n’ai jamais autant regretté ce que j’ai dit qu’à cet instant. Le brun arque un sourcil avant de reprendre.
- On ne vous a pas appris à parler chez les pauvres ?
Je n’ai pas le temps de répliquer à sa pique car les deux garçons qui l’accompagnaient nous rejoigne accompagnés de deux autres filles.
- Sasuke tu fous quoi ? Demande sceptiquement un brun avec une queue de cheval.
- Je sèche, répond-il avec un sourire sec.
Il ne me lâche pas du regard. Je me demande s’il réfléchit à quelle sauce il compte me manger quand une blonde se jette à son bras.
- Sasuke je t’ai cherché partout, minaude-t-elle.
La blonde aux yeux bleus me fixe durement et je profite du moment d’inattention du brun pour m’échapper. Je cours jusqu’au bâtiment en face et constate, à bout de souffle, que le Sasuke en question ne me poursuit pas. Après avoir passé la porte je me risque à regarder en arrière. Sasuke me regarde avec la blonde toujours accroché à son bras. Je détourne vite le regard en montant l’escalier. Mon cœur tambourine à mille à l’heure lorsque je toque à la porte de ma salle de science. Une voix grave et féminine me répondit :
- Entrez !
Le cœur battant à tout rompre, j’ouvre doucement la porte en regardant la vieille professeure de science. Je me ratatine sur place face à son regard dur.
- Mademoiselle, vous avez 15 minutes de retard !
- Je suis désolée, bégayai-je, je me suis perdue.
J’entends quelques pouffements dans la salle mais je refuse de regarder les élèves. Le poids de tous les regards sur moi me donne envie d’aller me cacher très loin. La prof arque un sourcil avant de reprendre :
- Vous êtes la nouvelle arrivante ? Mlle Haruno c’est bien ça ?
J’acquiesce en triturant le bas de ma chemise.
- C’est votre premier jour alors ça ira pour cette fois mais je vous préviens, n’en faites pas une habitude.
- Oui madame.
Elle me regarde de haut en bas avant d’ajouter :
- Vous n’avez pas votre blouse ?
Décidément tout se déroule mal aujourd’hui.
- Je n’étais pas au courant qu’il fallait une blouse je m’excuse.
- Vous ferez sans aujourd’hui, mais veuillez l’avoir à partir de la semaine prochaine Mlle Haruno. La blouse est obligatoire dans mon cours.
J’ose enfin la regarder. Je prends note que sous ses airs durs elle peut se montrer conciliante.
- Mlle Mitashi sera votre binôme, aujourd’hui elle manipulera pendant que vous allez l’observer étant donné que vous n’avez pas de blouse.
Elle me montre la paillasse au fond de la classe où une brune est seule assise. Je n’attends pas la permission pour aller rejoindre ma place, tous les élèves me fixant du regard. J’essaie de m’installer le plus silencieusement possible à côté de ma partenaire de laboratoire. Celle-ci me sourit chaleureusement, illuminant son visage simple et dépourvu de maquillage.
- On peut dire que tu sais te faire remarquer dès le premier jour.
Je rigole doucement, relâchant enfin la pression. La fille brune à mes côtés ne semble pas se moquer de moi. Je ne vois que de la sincérité dans ses yeux marrons.
- Tout va de travers depuis que je suis arrivée, sans doute un signe que j’aurai dû rester sous ma couette.
- C’est toujours dur d’être le nouveau. Un conseil, ne prête pas trop d’attention à ce que les autres peuvent penser.
- Tu es aussi arrivée en cours d’année ?
- Je suis là depuis le début, mais je peux te dire que la plupart des élèves ici se comportent comme des hyènes affamées.
Sur ces mots, elle fusille quelques regards indiscrets. Ces personnes détournent instantanément le regard dés qu’ils fussent aperçu par ma voisine. La prof racle la gorge pour essayer de capter l’attention. On rive tous nos regards sur elle pendant qu’elle explique de quelle manière nous devrons appréhender la manipulation. Je ne croise le regard de ma voisine que lorsque la prof nous donne le feu vert pour manipuler.
- T’as pas l’air comme tous ces imbéciles, je me trompe ?
Mes yeux s’écarquillent légèrement à sa question. J’adore son audace.
- Je pense être tout le contraire.
- Génial, je n’aurai pas supporter d’avoir quelqu’un d’aussi superficiel comme camarade de labo.
- Ne t’inquiète pas pour ça, j’ai vécu humblement jusqu’ici.
J’entends quelques chuchotements et constate que le binôme devant nous épie notre conversation. Ma voisine et moi les fusillons du regard de manière synchronisé. Ils détournent vivement la tête et ma camarade de paillasse sourit, satisfaite. Je lui rends son sourire en voyant la lueur d’une amitié naissante.
- Au fait, je m’appelle Tenten et toi ?
- Sakura.
Elle ajoute après un regard en coin :
- Je te souhaite bienvenue dans la lice, Sakura.