Une annonce de paternité

Chapitre 5 : Chapitre V

Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 07:43

Chapitre V

 

 

 

 

 

Toute la semaine, Sasuke fut retenu en ville par ses affaires et il dut attendre le week-end avant de se rendre à sa maison de bord de mer tout près. Il n'eut pas sitôt posé son sac de voyage dans sa chambre et enfilé une tenue décontractée qu'il ressortait pour une visite à son voison le plus proche : son ami, Shikamaru Nara. Il n'avait qu'une hâte depuis qu'il avait reçu le contrat envoyé par Sakura : formuler à l'aide de son avocat la fameuse clause ayant trait au mariage. Les mains dans les poches de son jean, il longea la plage en sifflotant, le regard rivé sur les mouettes au-dessus de la masse houleuse de l'océan.

Quel dommage que Mikoto, le plus jeune fils de Shikamaru, ait contracté la varicelle ! songea-t-il en aspirant à pleins poumons l'air tiède chauffé par un pâle soleil automnal. Il s'était tellement réjoui à l'idée de partir à la pêche avec Shikamaru ! Mais le jeune avocat n'avait pu sortir de chez lui depuis une éternité, absorbé qu'il était par les soins à prodiguer à son petit dernier.

Non, la vie de Shikamaru n'avait pas été simple depuis le départ d'Hinata, songea-t-il en secouant la tête. C'était une lourde responsabilité d'élever seul deux enfants. A fortiori lorsqu'on avait un travail aussi prenant que le sien. Sasuke n'avait jamais su déterminer avec exactitude à quel stade les relations s'étaient détériorées au sein du couple. Ils avaient toujours paru tellement amoureux, l'un et l'autre ! Et pourtant, si Hinata s'était mise à boire, c'est que le ver devait déjà être dans le fruit...

- Sasu ! Sasu ! hurla une voix enfantine au-dessus de lui.

Il s'immobilisa, prêt à intercepter le garçonnet qui se ruait à sa rencontre.

- Mikoto a la varicelle, annonça Taiyo en pouffant dès que Sasuke l'eut reposé sur le sable. Si tu voyais sa tête ! Mais dis-moi, tu as apporté ma moto, au moins ?

- Et comment !

Remerciant le ciel de ne pas avoir oublié, Sasuke sortit le jouet de sa poche. Il le remit au petit garçon d'un air solennel.

- Je compte sur toi pour la tester à fond, Taiyo. J'espère qu'elle sera plus résistante que l'ancien modèle.

Très sérieux, l'enfant croisa les bras.

- Je te le ferai savoir en temps voulu, Sasu. Et maintenant viens vite voir Mikoto. Mais il ne faudra pas rire, tu sais. C'est papa qui l'a dit !

Ils trouvèrent Shikamaru à la cuisine penché au-dessus de ses fourneaux et ses cheveux en bataille.

( ** Moi, j'imagine très bien Shikamaru faire la cuisine et les travaux ménagers ! Pas vous ? Ah, eh bien, on peut dire que c'est une petite leçon que je lui fait ! Il n'y a pas juste les femmes qui sont bonnes à faire le ménage ! Désoler, là je délire... ^ ^" )

- Sasuke ! Tu arrives juste à temps pour le déjeuner !

Le cuisinier amateur s'essuya le front. La compagnie d'un adulte était vraiment la bienvenue. Il commençait à comprendre un peu mieux pourquoi Hinata s'était tant plainte, à l'époque...

Taiyo fronça le nez en soulevant le couvercle de la marmite.

- Pouah ! Encore des spaghettis ! C'est la troisième fois cette semaine, gémit-il avant de prendre la fuite, sa moto serrée contre lui.

Sasuke tapota l'épaule de son ami.

- J'ai l'impression que ta semaine n'a pas été de tout repos, mon pauvre Shika.

- Voilà un doux euphémisme... Ma précieuse Mme Triha refuse de mettre un pied dans la maison tant que Mikoto n'est pas guéri de sa varicelle. Elle est terrorisée à l'idée d'avoir un zona. Et j'avoue que sans elle, la maisonnée entière part plus ou moins à la dérive.

- Ce n'est vraiment pas de chance ! Je comprends mieux à présent pourquoi tu n'as pu venir en ville, ces jours-ci.

Sasuke considéra la cuisine en désordre d'un air pensif. Sakura avait-elle mesuré à quel point les parents-célibataires-actifs étaient dépendants de leur gouvernante ? Se rendait-elle vraiment compte de ce qu'impliquait sa décision ? Il fut interrompu dans ces considérations par Mikoto qui le tirait par la manche.

- Tu es venu pour te moquer de moi ? s'enquit-il d'une voix étouffée.

Avec un sourire amusé, Sasuke s'agenouilla près de la petite silhouette dissimulée sous une couverture. Puis il dégagea gentiment la tête de l'enfant.

- Pourquoi veux-tu que je me moque de toi, Miko ? Je suis simplement passé vous dire bonjour à tous les trois.

- Alors pourquoi me regardes-tu ainsi ? insista le garçonnet avec une mimique boudeuse.

Sasuke lui ébouriffa les cheveux d'un geste plein de tendresse. Taiyo n'avait pas menti : le petit dernier de la famille était réellement comique avec son visage couvert de croûtes !

- Si je te regarde, c'est que je ne veux pas manquer ta réaction lorsque je t'aurai donné ta nouvelle voiture ! le rassura-t-il.

Sans se départir de son air méfiant, Mikoto se saisit du jouet.

- Veux-tu que je la teste, Sasu ?

- Naturellement, quelle question ! Ne compte pas sur moi pour t'accorder un congé de maladie, mon petit bonhomme.

- Très bien, je m'en occupe. J'espère qu'elle sera plus solide que celle que tu m'as apportée la dernière fois.

Très fier de son rôle, l'enfant se couvrit de nouveau la tête et s'éloigna en direction de l'escalier.

- Hé ! Une seconde. Prends ton déjeuner avec toi, s'exclama Shikamaru en lui tendant une assiette de spaghettis... Puis-je t'en offrir aussi, Sasu ?

- Non merci, j'ai déjà mangé. En revanche, j'aurais besoin de tes compétences juridiques, Shika. Du moins, si tu as quelques minutes à me consacrer !

- Aucun problème. Cela me changera un peu les idées après cette semaine de maternage intensif !

Sasuke suivit son ami dans son bureau, ravi qu'il consente à l'aider. Il ne pouvait décemment téléphoner à Sakura avant d'avoir préparé sa propre version du contrat. Or, il brûlait d'impatience de la revoir !

Le jeune homme contourna juste à temps un jeu de construction abandonné par Mikoto au beau milieu de la pièce. Il ne pouvait s'empêcher de sourire chaque fois qu'il pénétrait dans le cabinet de travail de Shikamaru. Du temps d'Hinata, l'endroit avait toujours été le domaine privé de l'avocat, avec ses longues rangées de livres, son odeur de cuir, de tabac et de bois ciré. Mais depuis un an qu'elle était partie, le parquet était jonché de jouets et les dessins des enfants étaient collés un peu partout. Les mains dans les poches, Sasuke s'approcha de la photo d'Hinata demeurée en évidence sur le secrétaire.

- As-tu eu des nouvelles d'elle, récemment ?

- Pas depuis plusieurs mois.

Shikamaru ne précisa pas qu'il avait cherché à la contacter sans réussir à retrouver sa trace. Après une année entière de séparation, il aurait peut-être été plus sage de l'oublier, mais il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter à son sujet.

- Pourquoi n'enlèves-tu pas ce portrait ? s'enquit Sasuke. Ce serait plus facile pour toi.

- Les enfants s'en étonneraient. Il continuent à espérer qu'elle reviendra.

- Et toi ? demanda Sasuke du but en blanc.

Son ami s'effondra dans un fauteuil et se passa la main sur les yeux.

- Je ne suis même pas sûr de connaître moi-même la réponse à cette question. Sa tendance à boire rendait la vie commune impossible, c'est certain. Mais il ne faut pas exclure l'hypothèse ou elle se déciderait enfin à se soigner. Dans ce cas... Non, franchement, je ne sais pas...

Détournant les yeux du visage souriant d'Hinata, Shikamaru changea délibérément de sujet.

- Alors ? Que puis-je faire pour toi, Sasu ?

Le jeune homme se pencha pour ramasser une boîte de crayons de couleur et réussit à libérer une chaise pour s'asseoir.

- J'aimerais que tu me rédiges un accord.

- Encore des ennuis avec les brevets ?

- Pas vraiment... Te souviens-tu de cette annonce dans le City Magazine Express ?

Shikamaru se prit la tête entre les mains.

- Quoi ? Ne me dis pas que tu as donné suite à ce projet insensé ! Tu as donc rencontré cette créature en quête d'un géniteur ?

- Il n'est pas exclu que tu aies déjà vu la créature en question, mon vieux Shika. Il s'agit de Sakura Haruno, ce nom t'est peut-être familier ?

- Sakura Haruno ! Tu veux parler de l'avocate spécialisée dans les affaires de divorce ?

- Elle-même, mon cher.

Shikamaru le regarda d'un air de profonde commisération.

- Ecoute, Sasu, je ne suis pas un de ses intimes, mais je la connais de vue et cela suffit. Une femme comme elle n'a pas besoin de passer par les journaux pour trouver un compagnon, un amant ou tout ce que tu voudras. Elle doit opérer pour le compte d'une quelconque...

- Faux ! le coupa Sasuke en souriant. Comme tu peux l'imaginer, je l'ai déjà interrogée à ce sujet. Elle est fermement décidée à avoir un enfant sans s'encombrer d'un mari. On peut trouver sa méthode discutable, mais elle a l'avantage de la simplicité.

- Eh bien... j'avoue que tout cela me laisse rêveur. Mais elle ne te sera pas du moindre secours si elle refuse de se marier ! s'exclama-t-il, sourcils froncés.

Avec un haussement d'épaules, Sasuke sortit le contrat de sa poche.

- Cela dépendra à la fois de mes dons de persuasion et de tes talents de juristes. Tiens, jette un coup d'oeil à ceci, s'il te plaît. C'est le contrat qu'elle m'a envoyé.

Pendant que Shikamaru parcourait les feuillets, Mikoto se glissa en silence dans la pièce et, sans lâcher sa couverture, se cala sur les genoux de son père. Shikamaru caressa distraitement les cheveux de son fils. Une expression de plus en plus incrédule se peignait sur ses traits à mesure qu'il progressait dans sa lecture.

- Inimaginable, marmonna-t-il. Si je ne l'avais pas lu de mes propres yeux, j'aurais cru à une plaisanterie. Qu'une femme décide d'avoir un enfant de cette façon...

- Que veux-tu ? C'est quelqu'un qui a à la fois de la suite dans les idées et une formation juridique... Pour ma part, j'aimerais simplement que tu gardes le contrat tel qu'il est. Tu ajouteras simplement qu'en contrepartie, j'exige un mariage d'une durée de six mois, résiliable par chacune des parties sur simple demande à partir de la date d'expiration convenue.

Shikamaru se renversa contre son dossier.

- C'est ingénieux, en effet. Mais tu oublies quelques détails...

- Comme ?

- Ce genre d'accord n'a aucune valeur légale.

Soulagé, Sasuke sourit.

- Cela ne pose pas de problème puisque Sakura abhorre le mariage ! Ce n'est pas elle qui se fera prier pour le dissoudre.

- Un point pour toi, admit Shikamaru en drapant la couverture autour de l'enfant endormi. Passons à ma seconde objection : et si tu tombais amoureux d'elle ? Nous avons connaissance de son identité, à présent, et Sakura Haruno est une femme très attirante. Or elle se refuse apparemment à vivre des relations affectives normales. Sauras-tu accepter qu'elle te repousse ?

Pris au dépourvu, Sasuke se tut un instant. Puis il esquissa un geste évasif de la main.

- Le monde regorge de belles femmes, Shika. Si je devais tomber amoureux aussi facilement, je serais déjà un homme marié et le problème ne se poserait même pas ! Allons, ne me regarde donc pas de cet air sceptique ! Nous sommes deux adultes raisonnables procédant en toute bonne foi à un échange de services. Pourquoi veux-tu qu'il y ait la moindre complication ?

Comme il se levait pour partir, son ami se mit sur pied à son tour, Mikoto toujours serré contre lui.

- Je vais t'aider à rédiger cette clause puisque tu me le demandes. Mais j'espère sincèrement pour toi que tu ne commets pas une grave erreur, Sasu. Le prix à payer pourrait être plus élevé que tu ne le penses...

 

 

 

Le lundi matin, Sasuke reçut à son bureau une lettre dépêchée par porteur spécial. L'adresse de Shikamaru figurait au dos de l'enveloppe. Les mains tremblantes d'impatience, il ouvrit le courrier et en sortit le contrat ainsi qu'un petit mot accroché par un trombone : "" Pour le plus entêté des hommes ! Bonne chance, quand même. Shika. ""

Avec un sourire en coin, Sasuke s'empara du téléphone. Enfin, il allait pouvoir fixer un rendez-vous à Sakura...

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