Une annonce de paternité

Chapitre XIII

Vêtue de sa seule combinaison de soie crème, Sakura jeta un pull dans la valise ouverte sur son lit. Voyons... qu'avait-elle encore oublié ? se demanda-t-elle, prise de panique. Ses mules ! Impossible de partir en voyage de noces sans ses mules. Pieds nus, elle courut vers l'armoire, en proie à un affolement grandissant. C'était pourtant une habitude chez elle de préparer ses bagages à la dernière minute ! Pourquoi ne parvenait-elle donc pas à se concenter cette fois-ci ?

La sonnerie du téléphone la prit tellement au dépourvu, qu'elle poussa un petit cri et laissa tomber sa pantoufle en satin avant de se précipiter vers l'appareil.

- Allô ? Ah, c'est toi, maman... ! Oui, oui, je suis prête. Enfin, presque... ! Oui, je comprends, tu es déjà arrivée...

Le combiné calé entre menton et épaule, Sakura arrachait les épingles de ses cheveux, tout en cherchant désespérément à atteindre sa brosse, au bord de la coiffeuse.

- Ecoute, Miki, si je ne raccroche pas dans la seconde qui suit, je vais être en retard... ! Moi, nerveuse ? Tu veux rire ! A tout à l'heure, Miki.

Sakura soupira, se força à compter jusqu'à dix puis courut enfiler ses escarpins, sans cesser de se débattre avec les boutons. Zut ! Ma jupe... Elle retira de nouveau ses chaussures pour passer le vêtement fin et blanc. Evitant de justesse de se prendre les pieds dans son déshabillé tombé à terre, elle se précipita vers la salle de bains pour prendre son collier de perles.

Lorsqu'elle rencontra ses yeux hagards dans le miroir, la jeune femme s'arrêta net.

- Ressaisis-toi, Sakura ! intima-t-elle sèchement à son image dans la glace.

Combien de fois devrait-elle se répéter qu'il ne s'agissait pas réellement du jour le plus important de sa vie ? Elle n'allait tout de même pas se mettre dans tous ses états pour quelques papiers à signer ! La sonnerie de l'entrée vint mettre un terme à ces exhortations. Un livreur en uniforme lui tendit avec un sourire un plant de trèfle emballé comme le plus somptueux des bouquets.

Interloquée, Sakura remercia, referma la porte et retourna le carton d'une main impatiente : "" En guise de porte-bonheur. Détends-toi ! Ton amie, Ino. "" Ino ! Sakura avait demandé à son associée de ne pas assister au mariage, refusant qu'elle gâche une partie de son week-end pour une cérémonie somme toute dépourvue de signification.

Et pourtant, Ino avait pensé à elle, songea Sakura, attendrie. Mieux même, elle semblait avoir deviné qu'elle céderait à la panique ! Son amie avait vu plus clair qu'elle et son conseil tombait à point nommé. Il faut absolument que je parvienne à me détendre, en effet... Mon collant ! se rappela-t-elle brusquement lorsque l'ourlet de sa jupe effleura sa jambe nue. Au pas de course, elle retourna dans sa chambre et s'effondra sur son lit. Si elle continuait à perdre son temps ainsi, Sasuke finirait en désespoir de cause par épouser la seule femme présente : Miki !

A quatre pattes, Sasuke glissa la main sous la commode, explorant centimètre par centimètre l'épaisse moquette grise.

- Ou as-tu bien pu passer, maudite chose ?

C'était tout de même incroyable ! Un bouton de manchette ne pouvait pas disparaître ainsi ! La sonnerie de l'entrée retentit deux fois avec insistance avant qu'il se résigne à aller ouvrir.

- Oui, oui ! pesta-t-il. Un peu de patience, j'arrive !

Impassible, Shikamaru saisit entre deux doigts la manche défaite de son ami.

- Il me semble que tu as oublié un détail.

- Le bouton de manchette ? Justement, je viens de le laisser tomber. Essaie de le trouver, veux-tu, pendant que je ferme ma valise.

Shikamaru sourit, les bras croisés sur sa poitrine.

- Suis-je ton avocat ou ton valet de chambre ?

- Ni l'un ni l'autre, mais mon témoin pour aujourd'hui ! En vertu de quoi tu es supposé m'assister avec dévouement et bonne volonté ! Tiens, il doit être là-bas sous ce meuble. Dépêche-toi, par pitié !

- Eh bien... à t'entendre, on a vraiment l'impression qu'il s'agit du grand jour, marmonna Shikamaru en se baissant. Je croyais que ce mariage n'était qu'un moyen commode de contourner les dispositions que ton père a incluses dans les statuts !

- Je n'ai jamais affirmé le contraire !

- Alors pourquoi es-tu si nerveux ? s'enquit Shikamaru avec désinvolture, après avoir repéré au premier coup d'oeil le fameux bouton de manchette.

- Nerveux, moi ? Ne sois pas ridicule, mon vieux !

Le visage de Sasuke s'assombrit. Il aurait préféré que son ami ne pose pas tant de questions ! Si au moins il avait su lui-même pourquoi il était aussi agité, il lui aurait répondu volontiers...

- Alors ? Es-tu bien certain de n'avoir rien oublié ?

- Voyons... mon permis de conduire, les réservations à l'hôtel, l'alliance... Ah oui, elle est dans l'autre poche... !

- L'alliance ?

- Eh bien oui ! La bague rituelle fait partie intégrante du cérémonial, n'est-ce pas ?

Choqué, Shikamaru secoua la tête.

- Seigneur ! Un objet aussi symbolique pour un simulacre de mariage destiné à durer six mois ! As-tu également prévu un bouquet de mariée ?

Le ton de son ami était lourd de sarcasme mais Sasuke ne s'en aperçut même pas.

- Un bouquet ? Zut ! L'idée ne m'était même pas venue à l'esprit.

Il consulta sa montre.

- Il nous reste une heure ! s'exclama-t-il en saisissant son ami par le bras. Juste le temps de trouver un fleuriste qui nous en composera un sur-le-champs !