Je suis sourde et alors ?
Chapitre 3
Cela fait maintenant une semaine que j’ai emménagé ici. Nous sommes un samedi, le 9 octobre pour être précise et il est 7h30, quelle ironie quand on pense que je n’arrive pas à me lever à l’heure les jours de semaine. Plus que deux semaines avant les vacances d’Halloween. Emi ne parle que de ça, elle dit qu’elle veut se déguiser en vampire, cela me fait rire. Personne n’a découvert que j’étais sourde, bien que je sois sure que Shikamaru se doute de quelque chose. Ils se méfient tous de moi bien qu’ils m’accueillent parmi eux. Normal, puisqu’ils ne savent rien de moi, je devrais peut être leur en dire plus à mon sujet mais…
J’en sais un peu plus sur chaque membre du groupe. Grâce à notre professeur de japonais qui nous avait demandé de faire une rédaction sur ce qu’on voulait faire plus tard, ainsi que quelques lignes sur notre caractère, puis on devait la lire devant toute la classe. Hinata veut devenir une grande styliste, je ne m’étais pas tromper c’est une fille très douce et gentille. J’ai remarqué qu’elle bégaye souvent en présence de Naruto. Ce dernier a un tempérament très joyeux et impulsif, d’après ce que j’ai compris il veut ouvrir son propre restaurant dont la spécialité sera des ramen. De l’autre côté nous avons Temari qui elle n’a pas sa langue dans sa poche, elle n’a pas peur de dire ce qu’elle pense. D’un tempérament assez explosif, elle est également la féministe du groupe. Son rêve est de travailler dans l’armée -- de Terre et de diriger les troupes. Son passe-temps favori est de frapper -- ce pauvre Shikamaru qui lui est tout son contraire: il est d’un calme impressionnant, cela fait même peur à voir je trouve. Il donne toujours l’air d’être dans la lune, pourtant il est loin d’être idiot. Il ne sait pas encore ce qu’il veut faire mais du moment que ça ne lui demande pas trop d’effort physique il est d’accord pour n’importe quel emploi. Je pense que si jamais il venait à trouver un emploi où il pourrait être payé à dormir, il l’accepterait d’office. Puis nous avons Ino, une vraie victime de la mode, elle est jolie et pleine de vie, toujours le sourire aux lèvres bien qu’elle aussi ait un caractère plutôt bien trempé. Quand elle a une idée en tête, elle ne l’a pas ailleurs, aussi peut-elle se montrer très têtue, et bien qu’elle ait la taille d’un mannequin elle ne veut pas travailler là-dedans mais dans le droit. Pour être plus précise, elle veut devenir avocate. C’est pour cette raison qu’au mois de juillet de l’année prochaine elle passe le test d’admission pour entrer dans un prestigieux lycée en Angleterre. Je n’ai aucune inquiétude pour elle. Kiba a le même caractère que Naruto, bien qu’il soit beaucoup plus sérieux. Il hésite encore entre reprendre la boutique de son père et donc devenir comme lui vétérinaire, et entre construire son chenil qui je pense lui ressemblerais ressemblerait mieux. Tenten est quelqu’un de posé mais qui sait se faire respecter. Elle est une experte dans le domaine des arts martiaux. De nature très curieuse et voulant toujours tout savoir, elle veut devenir journaliste pour un grand journal dans la rubrique aventurier, je crois. Neji a un caractère très difficile à cerner et de se fait il reste un véritable mystère pour moi tout comme Sasuke. Neji veut reprendre le dôjo de son oncle et donner des cours d’art martiaux. Et enfin Sasuke c’est un mystère complet, il ne sourit jamais sauf quand Naruto fait le pitre. Aux premiers abords il a l’air froid, distant et solitaire, on dirait que rien ne l’atteint mais comme je dis toujours il ne faut pas se fier à l’apparence. Dans sa rédaction, il n’a pas parlé de son caractère, ni de ce qu’il voulait faire. En fait, il a clairement dit à Kakashi-sensei que ça ne le regardait pas et que s’il ne voulait pas y faire ce n’est pas lui qui allait le forcer. Suite à cela il y a eu un gros blanc. Je pense qu’il a employé un ton plutôt froid. Quand ça a été mon tour, j’ai fait une description de mon caractère de manière brève puis j’ai dit que je ne savais pas ce que je voulais faire. Ce qui n’est pas faux, mais pour le moment j’ai autre chose à penser qu’à ce que je vais faire dans trente ans.
J’ai mis la table et le petit déjeuner. À neuf heures j’emmènerais Emi chez mon frère. Le weekend je travaille dans un restaurant très réputé, il se nomme : les saveurs des mille et une nuit. Cela va faire quelque mois, je suis une des cuisinières, c’est plutôt cool. J’ai commencé à travailler ici les weekends car l’emploi que j’avais n’était pas suffisant pour couvrir les soins d’Emi et comme je venais régulièrement ici pour rendre visite à Sasori et à Emilie j’ai décidé de travailler là le weekend. Heureusement que je suis boursière car sinon je ne sais pas comment je ferais. Je n’irai sûrement pas au lycée et travaillerais tous les jours de la semaine sans doute. Je ne travaille que le weekend et de jour de neuf heurs trente à dix-neuf heurs. Je vais réveiller Emi, elle est aussi paresseuse que son oncle. Au bout de très longues minutes j’arrive enfin à la réveiller. Une fois habillée, lavée, coiffée, je lui fais prendre son petit déjeuner en même temps que le mien puis on part directement chez Sasori. Arrivée devant chez lui je le vois qui nous attend. Je lui dis bonjour rapidement et lui confie ma fille ainsi que Blanca, les animaux étant interdits dans tout restaurant qui se respecte celui dans lequel je travaille ne fait pas exception. Puis je pars en direction de mon lieu de travail, il faut vraiment que je me rachète une voiture, je sais que le sport c’est bon pour la santé mais faut pas abuser surtout par un temps pareil. Ah c’est bien ma veine voilà qu’il pleut comme si le froid ne suffisait pas. Et bien sûr je n’ai pas de parapluie, je hais l’automne, c’est décidé. Je me mets à courir pour pouvoir arriver le plus vite possible au restaurant bien que je sache que je vais cramer là-bas une fois sur place mais c’est sois je me mets à fondre comme de la glace sois je deviens de la glace et bien qu’aucune de ces deux perspectives ne m’enchantent je préfère crever de chaud que de froid. Je commence à apercevoir l’enseigne ouf il était temps! Je passe par une petite ruelle car elle conduit à la porte du personnel. Une fois devant celle-ci je tourne la poignée pour rentrer mais celle-ci ne s’ouvre pas, pourquoi ? Ah non ne me dites pas que le directeur a décidé de fermer le restaurant, il m’aurait prévenu tout de même! Je sors mon portable de ma poche, heureusement que j’ai pensé à l’emmener pour une fois, il affiche neuf heurs vingt. C’est bien ma chance encore dix minutes à attendre sous cette pluie battante et c’est qu’elle n’est pas chaude, j’ai beau porter un gros manteau ça ne m’empêche pas de la recevoir dans la figure quelle idée aussi d’acheter un blouson sans capuche? Ah je sais, c’est la coupe qui m’a séduite. Bon, il ne devrait plus tarder maintenant, attendez une minute je vois quelqu’un avancer dans ma direction, la silhouette est floue mais je peux la reconnaître entre mille c’est celle de la chef, Ah là là je n’ai jamais été aussi heureuse de la voir qu’aujourd’hui, aller grouille-toi bordel! Elle arrive enfin et sort avec une lenteur démesurée la clef d’une de ses poches, la met dans la serrure et la tourne très lentement, maintenant c’est sûr c’est pour me faire chier qu’elle fait ça. N’en pouvant plus je lui prends la clef des mains, finit de faire tourner la clef, ouvre et m’engouffre telle une fusée dans la pièce. Je me précipite pour allumer toutes les cheminées du restaurant, dans les pièces des clients mais également dans la notre. Le restaurant a été décoré de telle façon que quand les gens viennent manger ici, ils aient l’impression de manger dans un chalet, chaque table ayant une cheminée, un tapis au coin du feu. Cela donne au restaurant un sentiment de réconfort et nous donne l’impression de manger en famille, dans une ambiance chaleureuse et familiale. Une fois changée je mets mes vêtements et surtout mon manteau près du feu pour le réchauffer, je me lave les mains puis prépare mon plan de travail, laissant les serveurs s’occuper de mettre les tables en ordre et d’ouvrir le restaurant. A dix heures des clients commencent à arriver.
19h enfin je n’en pouvais plus ! Il y a eu pas mal de commandes, heureusement que je ne faisais que les plats et qu’on a une machine pour toute cette vaisselle. Je me change et remets mon blouson, celui-ci est tout chaud un vrai bonheur ! Puis je sors, le contraste entre dedans et dehors se fait tout de suite. Jamais auparavant je n’avais connu un automne comme celui-ci .Je commence à marcher, arrivée à la fin de la ruelle je stoppe. Mes yeux sont posés sur une voiture grise, une BMW et si je ne me trompe pas c’est la mienne ou plutôt celle de mon frère maintenant. Je m’approche un peu plus et vois une touffe violette sortir de la voiture et courir vers moi. Je tends les bras pour la recevoir, ma petite Emi, je la fait tourner un moment dans les airs. Bientôt je ne pourrais plus le faire car elle sera devenue trop grande.
-Alors raconte moi comment s’est passée ta journée avec tonton Sasori, Emilie et ton cousin Kyo ?
-C’était trop bien je me suis bien amusée! On a joué au gendarme et au voleur tonton, Kyo et moi. Emilie, elle faisait la cuisine, c’était très bon, pas aussi bon que toi mais très bon quand même.
Un sourire apparait sur mes lèvres, la voir aussi heureuse me fait chaud au cœur. J’espère que tout se passera bien et que les médecins là-bas se sont trompés pourtant plus le temps passe et plus je vois qu’ils ont raison, j’ai l’impression que c’est de famille de ne pas être dans la normalité. Ma fille de trois ans et demie à la taille d’une enfant de cinq ans, l’âge de Kyo. Les médecins de là-bas, m’ont dit qu’il s’agissait d’une maladie rare : la maladie du vieillissement. Peu d’enfants l’attrapent, la maladie consiste à ce que le corps vieillisse mais la mentalité sera la même que son âge réel. Ma fille, bien qu’elle ait la taille d’une enfant de cinq ans, agit comme une enfant de trois ans et demie .Ils m’ont alors dit que les scientifiques du Japon avaient trouvé un remède contre cette maladie. J’espère qu’ils ont raison. Ils ont envoyé le dossier il y a un an, je n’ai été contactée que très récemment, il leur avait fallu un an pour traiter mon dossier et pour faire les tests. Pourtant je n’ai toujours pas de date, ni de rendez vous, rien, le néant, mais je ne perds pas espoir, un jour tout retournera à la normale je le sais. Je prends la main d’Emi et ensemble nous marchons jusqu'à la voiture de Sasori. Vous ai-je déjà parlé de lui ? Non je ne crois pas. Sasori est de sept ans mon aîné, il a les cheveux rouges, courts, lui aussi c’est naturel, on aime bien avoir des couleurs de cheveux qui sortent de l’ordinaire dans la famille. Il a les yeux marron allant parfois aux rouge, il est grand et musclé et surtout contrairement a moi il adore le froid, là en ce moment il porte un simple tee-shirt blanc avec un jean bleu délavé et des baskets blanches, il me donne froid rien qu’en le regardant.
-Alors comment ça va Nii-san ? Lui demandé-je.
-Bien et toi comment tu t’en sors avec les cours ?
- Ca va, personne n’est au courant pour moi et pour Emi. J’ai réussi à rattraper la moitié de mes cours ce qui en soi consiste un exploit, surtout pour moi.
-En effet, toi qui d’habitude est super longue pour faire quelque chose, me dit-il avec un sourire en coin.
-Très très drôle, sinon comment vont ta femme et Kyo ?
-Bien très bien, bon Kyo est juste un peu jaloux d’Emi car elle le dépasse et Emilie elle se porte comme un charme.
-Je suis contente alors.
- Dis-moi tu ne forces pas un peu trop?
-Je ne te cacherai pas que toujours devoir lire sur les lèvres me fatigue, mais j’ai promis à maman que j’irai dans un lycée normal et que j’irai jusqu’au bout, je tiendrai ma promesse. De plus grâce à toi je n’ai pas à payer de loyer.
En effet la maison dans laquelle je vis est en réalité la deuxième maison de Sasori et il me la prête le temps que mes problèmes partent. J’avais au début refusé mais à la fin j’ai fini par accepter.
-Tu sais Sakura tu ne devrais pas leur cacher la vérité, me dit-il. Elle fait partie de toi. Si tu ne dis rien à personne tu risques un jour d’avoir mal et de souffrir plus qu’il ne devrait.
-Ce n’est pas grave du moment où je suis la seule à souffrir.
Après ma réplique il y eut un silence. Pour moi je le suis en permanence mais vu qu’il ne parle pas et moi non plus…
-Aller viens petit monstre je te ramène, fini-t-il par dire.
Quand on monte à la voiture, je remarque que Blanca est couchée à l’arrière, nous attendant. J’installe Emi dans son siège puis monte devant. Nous arrivons devant chez nous, il nous dépose, je descend de sa voiture avec Emi et Blanca. Il nous salue et repart. Sasori est un véritable courant d’air, il ne tient pas en place, je me demande comment fait Emilie pour le supporter depuis tout ce temps, cela va bientôt faire 5 ans maintenant qu’ils sont mariés. Je pousse un soupir puis on rentre à l’intérieur. Emi ne perd pas de temps pour s’installer devant la télévision. Moi je mets la table et prépare le repas. Une fois nos ventres pleins. Emi et moi prenons notre douche. Une fois propre, je mets Emi dans son lit.
-Maman, me dit-elle en me tenant une manche de mon pull.
-Oui, chérie ?
-Tu peux chanter une chanson à toi ?! Me demande-t-elle avec des yeux pleins d’espoir.
-D’accord, lui dis-je. Après tout je ne pouvais rien lui refuser.
J’allais mettre le CD d’une berceuse que je connais sur le bout des doigts dans la chaîne Hi-fi, puis je commence à la chanter dans le langage des signes. Elle s’endort.
Le lendemain s’est passé comme la journée précédente, sauf qu’Emilie a impérativement voulu nous inviter à dîner chez elle. Heureusement pour moi, j’ai pris de l’avance sur mes devoirs.