Chat noir

Chapitre 8 : Retrouvailles

2364 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 22:33

Mikoto Uchiwa rangea les vivres dans le garde-manger et poussa un long soupir. Fukagu avait rejoint plus tôt le département de police, Sasuke était à l'académie et Itachi, à peine rentré de mission, avait gagné le terrain d'entraînement avec Orino et Shisui.

Mikoto sourit à l'idée que son fils aîné se soit enfin trouvé une copine et qui plus était la plus jolie fille du clan. Orino Uchiwa était une jeune fille tout à fait délicieuse, de très bonnes mœurs et au grand cœur. Elle avait un talent culinaire indéniable et l'aidait à la cuisine toutes les fois qu'elle venait leur rendre visite. Elle allait ensuite s'installer sous le porche à côté d'Itachi et ils restaient là, jusqu'au soir, à discuter tranquillement. Mikoto se délectait dans les amours de ses enfants et aimait surprendre leurs timides baisers. Cela lui rappelait sa rencontre avec Fugaku.

Sasuke aurait aussi beaucoup de succès auprès de ses petites camarades.

Elle passa un torchon plié en deux sur la table de la salle à manger et se figea lorsqu'on frappa à la porte.

Les enfants étaient-ils déjà de retour ?

Elle se se dirigea en sifflotant jusqu'à l'entrée et fit glisser le verrous.

Kiku se débarrassa de son chapeau de paille et esquissa un grand sourire.

Mikoto Uchiwa adressa un regard interrogateur à la solide fille qui se tenait à l'encadrement. Ses yeux clairs et son teint hâlé la trahissaient : ce n'était pas une Uchiwa.

« Je peux vous aider ? » Se risqua-t-elle.

Fukagu lui avait recommandé de se montrer prudente. Ces derniers temps, les velléités des autorités du village avaient poussé les Uchiwa à placer une garde rapprochée à chacune des entrées du domaine. S'ils ne pouvaient pas fermer le quartier aux locaux, ils estimaient avoir le droit de surveiller leurs entrées et sorties.

La grande fille acquiesça vivement :

« Vous ne me reconnaissez pas Mme Uchiwa ? C'est moi, Kiku Hojo ! »

Mikoto eut l'air embarrassé. Non, elle ne se souvenait pas de ce nom, là...

« Je complétais l'équipe n°4. » Ajouta l'adolescente en réprimant un rire.

La mère d'Itachi ouvrit alors de grands yeux. Kiku se détendit.

Bah, les trous de mémoires ça pouvait arriver à tout le monde...

« Oh, oui ! Tu étais la petite coéquipière d'Itachi ! »

Kiku hocha de nouveau la tête.

« Ça alors, s'extasia-t-elle, comme le temps passe ! Tu as bien grandit ! »

« Je m'excuse si je ne suis pas passée plus tôt. »

Mikoto Uchiwa secoua la tête :

« Nous étions tous occupés, ne t'en fais pas pour ça, elle réfléchit un instant puis reprit, le visage illuminé : si tu cherches Itachi, il est au terrain d'entraînement. »

 

Kiku s'était, à vrai dire, sentie un peu éconduite.

Elle était, il fallait le reconnaître, en terrain ennemi depuis que les Uchiwa avaient réarmé leurs « frontières ». Les rivalités prenaient des proportions ridicules : on appelait déjà à la guerre civile dans les cercles les plus réactionnaires.

« Ce sont des habitants de Konoha comme tous les autres. » Persistait-elle avec son père, envers et contre tous.

Il lui arrivait de gagner, comme au bon vieux temps, la boulangerie des grands-parents d'Itachi parce qu'on y faisait les meilleurs petits fours du village mais ne s'était plus aventurée plus loin depuis que Sasuke avait fêté sa quatrième année. Les chûnins aux yeux rouges la jaugeait avec suspicion mais la laissaient passer comme elle ne portait pas de bandeau frontal.

 

Elles ralentit le pas en gloussant. Le terrain d'entraînement des Uchiwa était complètement nu : une simple étendue d'herbe verte sur laquelle trois silhouettes se dessinaient à contre-jour. Elle ajusta son chapeau de paille devant ses yeux et s'approcha.

Itachi nota immédiatement sa présence, se retourna et lâcha son kunaï.

Kiku qui se tenait debout de l'autre côté de la haie et s'apprêtait à leur faire signe quand elle entendit le son strident de la lame fouettant l'air. Elle plongea derrière la clôture et évita de justesse un coup fatal.

Shisui interrompit de court son attaque et dérapa sur le côté, prêt à riposter. Orino se redressa, les mains posées sur sa taille.

Kiku se releva doucement, une main ouverte en signe d'apaisement.

Shisui laissa échapper une exclamation de surprise en la reconnaissant.

Kiku leur parut plus grande dans son chaperon vert. Elle se hissa par-dessus la clôture, retomba lourdement et courut à leur rencontre. Elle ouvrit les bras et enlaça les deux garçons de toutes ses forces.

« Bon sang, vous avez failli me tuer ! » S'exclama-t-elle en relâchant son étreinte.

Itachi eut d'abord l'air un peu surpris mais finit par rire volontiers avec Shisui de son entrain. Qu'est-ce qui lui prenait tout à coup ?

Kiku se tourna vers la jeune fille aux cheveux de jais et s'attarda sur l'emblème rouge et blanc qui ornait son gilet.

« Bonjour. » Lâcha Orino.

Kiku se tourna vers ses coéquipiers, sans se défaire de son sourire :

« Vous me présentez votre amie, dites ? »

Itachi s'éclaircit la voix :

« Orino, voici Kiku Hojo. Nous étions dans la même formation genin. Kiku, Orino Uchiwa. »

Il n'eut pas besoin d'en dire plus. Kiku écarquilla les yeux avant de se jeter sur Orino.

« Les amis de mes amis sont mes amis ! » Débita-t-elle en la serrant très fort dans ses bras.

Orino se laissa poliment enlacée avant de faire quelques pas en arrière. Elle avait entendu parler du bras cassé qui s'était entraîné avec Shisui et Itachi dans leurs premières années ninja. Si elle ne portait plus son bandeau ninja, elle avait pourtant esquivé avec une facilité déconcertante le lancé d'Itachi. Elle jeta un coup d’œil à son petit ami qui écoutait la nouvelle arrivée, en arborant le sourire de façade qu'elle lui connaissait si bien.

Itachi ne manquait jamais sa cible.

Elle reporta son attention sur Kiku : grande, les joues roses, la chevelure fournie, une cambrure naissante se dessinait sous sa cape. Elle avait tout l'air de la fille de potier qui finirait ses jours dans l'ombre.

Anodin et trompeur.

« … tu peux aussi venir, Orino-chan ! »

Orino cligna des yeux, arrachée brutalement à ses considérations. Shisui lui expliqua que Kiku leur proposait d'aller manger des nouilles chez Ichiraku.

Kiku semblait attendre une réponse. Orino serra les poings, ses yeux coulèrent de Shisui à Itachi. Le clan avait été mis en alerte rouge pour prévenir toute infiltration, ils n'avaient pas le temps de s'amuser, à quoi jouaient-ils ?

« Très bien. » Se résigna-t-elle.

Elle glissa son bras sous celui d'Itachi et leur emboîta le pas sans quitter des yeux Kiku qui ouvrait la marche aux côtés de Shisui.

 

Kiku rit très fort aux plaisanteries bancales de Shisui et invita avec insistance ses camarades tout au long du trajet à partager sa joie de vivre.

« Surtout les mettre à l'aise. » Se sermonna-t-elle en tirant la langue aux passants qui les jaugeaient avec suspicion.

Itachi fit pleurer un petit garçon qui avait perdu son ballon de leur côté quand il voulut le lui remettre. Kiku poursuivit son bavardage mine de rien.

Mais qu'est-ce qu'ils avaient tous avec les Uchiwa ces derniers temps ?

Elle ne put toutefois s'empêcher de remarquer la proximité entre Itachi et Orino. Elle esquissa un sourire discret lorsque Shisui acquiesça à ses interrogations silencieuses.

Les mauvaises langues allaient encore jaser : Itachi Uchiwa n'était plus libre ! Et l'heureuse élue n'était autre... qu'une Uchiwa ! Les Uchiwa entretenaient donc bien un entre-soi pour préserver leur sang... les plus gaillards auraient pourtant parié sur la petite Hojo : quoi de plus romantique qu'un amour interdit?

Orino prit place à côté d'Itachi et jeta un nouveau coup d’œil à leur hôtesse.

« Quatre bols de ramen, Teuchi-sama ! » Cria Kiku au comptoir.

Elle donna une tape sur la main de Shisui qui cherchait déjà sa bourse dans sa poche.

« C'est moi qui invite ! » Déclara-t-elle pour mettre fin à ses protestations.

Elle compta les pièces dans son porte-monnaie puis suivit d'un air pensif les mouvements de Teshui au-dessus du grill. Le compte n'était pas bon. Elle se tourna vers Shisui :

« Si tu insistes, on peut faire moitié-moitié... »

Orino ne put s'empêcher de manifester son incrédulité mais Itachi et Shisui semblaient plutôt amusés par sa maladresse. Elle se détendit. Kiku souffla sur son bol de nouilles brûlant et trempa ses baguettes dans la sauce épicée.

Elle l'avait peut-être jugée un peu trop vite...

« Le village va bientôt célébré son centenaire, commença Kiku en s'essuyant le coin des lèvres, qu'est-ce que le clan Uchiwa a préparé pour la parade ? »

Orino haussa les sourcils en chipotant dans son assiette. Quelle question déplacée ! Rien évidemment puisqu'ils étaient mis à l'écart de tous les grands événements.

« Rien de spécial. » Avoua Itachi.

Son interlocutrice hocha la tête comme si elle comprenait.

« Le clan Aburame va encore nous lâcher son essaim de moustiques sur la tête. » Reprit-elle sur le même ton détaché.

Shisui faillit s'étouffer en voulant rire. Kiku tapota mollement sur son dos alors qu'Itachi lui tendait une serviette en papier.

« Et vos missions ? On vous croise tellement peu que l'on croirait que l'on ne vous laisse jamais voir le jour. » Poursuivit-elle en cherchant dans les yeux d'Orino son approbation.

Orino se révolta en silence : les missions d'Itachi étaient scrupuleusement tenues secrètes, ça ne nourrissait pas les potins du voisinnage.

Kiku but la sauce qui restait au fond de son bol et le déposa sur le comptoir. Elle regarda ensuite ses compagnons finir leurs plats en silence.

Shisui échangeait de temps à autre des réflexions sur le temps qui passait, Orino lui jetait des regards courroucés alors qu'Itachi gardait le sourire calme qu'il avait depuis le début.

Kiku était, à vrai dire, venue pour se réconcilier avec elle-même.

Elle avait le sentiment étrange de leur devoir des excuses. Elle ressentait le besoin de leur montrer que les soupçons qui pesaient sur eux n'étaient pas le fait de tout le monde, qu'elle, les soutenait.

Il fallait aussi admettre qu'elle avait cherché, malgré elle, dans leurs regards, les signes d'une culpabilité. Elle avait tellement été assommée de discours récalcitrants à leur sujet ces derniers temps qu'elle y avait presque cru. Mais elle aurait dû clouer le bec aux colporteurs ; Itachi et Shisui avaient reçu pour héritage un amour inconditionné pour leur village, ils avaient été imprégné depuis leur petite enfance de hautes valeurs morales. Honneur, respect et équité guidaient chacune de leur action lorsque, eux, vivaient égoïstement leur petite existence tranquille.

Ils luttaient pour le bien de leur communauté lorsqu'elle se laissait aller dans la pénombre rassurante de son atelier.

Elle serra la main de Shisui sous la table qui lui jeta un regard surpris, le visage légèrement empourpré.

Elle se détestait d'avoir perdu un seul instant foi en ses amis.

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