Eight Travelers - EN PAUSE

Chapitre 24 : La sorcière de la ville enneigée

4709 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 31/08/2019 19:20

Il faut toujours aussi froid. Les jambes des voyageurs s’enfoncent dans la neige. Plusieurs tremblent même. Ils sont tous recourbés. Pour essayer de marcher, malgré les millions de flocons qui tombent sur eux.

Mais ils sont tous souriants. Entre les flocons, malgré la tempête de neige leur couvrant une majeure partie des jambes, ils parviennent à distinguer plusieurs maisons bleues.

-C’est sans aucun doute Sourdeneige. N’est-ce pas, Thérion ? Demande H’aanit

-Oui... Dépêchons... Il affirme

Les derniers pas dans la neige se terminent. Ils respirent enfin, en arrivant devant le village. La neige est tassée, grâce aux très nombreux allers retours des habitants. Et la tempête est calmée, retenue par les hautes maisons de pierre. Plus loin, deux enfants, une fille et un garçon, fabriquent même un bonhomme de neige.

H’aanit soupire profondément. Heureuse d’avoir retrouvée un peu de calme. Elle se redresse, et s’exclame :

-Par les esprits, la neige recouvre tout dans cette région.

Linde, quant à elle, grogne de manière enjouée en courant de partout. Toujours aussi joyeuse.

-Certains ne semblent pas être gênés par ça... Souffle Tressa en regardant la panthère

-Je n’ai déjà pas l’habitude de la neige, mais une telle tempête... Marmonne Primrose

-Tu ne devrais pas... Mettre quelque chose ? Demande Cyrus d’un air hésitant. Peut-être que je pourrais te prêter ma cape ?

-Non, c’est bon, je te rassure. Reprend Primrose. Il me suffit de bouger. Mais je te remercie.

-Bien, ou devrions nous aller ? Demande Ophilia

H’aanit se tourne vers les autres.

-Nous avons deux missions ici. Trouver Susanna, et trouver l’aile gauche du corbeau.

La chasseuse se tourne vers la danseuse.

-Visitons la ville. Nous pourrons improviser. Cependant...

-Ne t’en fais pas, H’aanit.

Primrose se rapproche de la chasseuse.

-Commençons par Susanna. Affirme Primrose

-Comment as-tu... Tente H’aanit

-Ton visage hurle sous l’impatience. Tu veux te rassurer, et c’est parfaitement normal.

Primrose hoche la tête.

-J’ai attendue des années, je peux attendre encore une petite heure. Reprend la danseuse

H’aanit sourit.

-Je te remercie.

Elle se place un peu plus loin.

-Bon, allons voir cette fameuse Susanna du coup. Lance Thérion

Thérion s’avance.

-Nous devrions demander à des locaux.

-Evidemment. Souffle Olberic

Le groupe n’a même pas besoin d’avancer. Les deux enfants qui jouaient ensemble se rapprochent de Linde, toujours légèrement éloignée.

-Ca alors ! J’avais jamais vu une panthère des neiges aussi grosse. Lance le garçon

-E-elle ne mord pas, hein ? Demande la fille

-N’ayez crainte, les enfants. Linde est avec moi. Affirme H’aanit.

Les enfants se tournent vers elle.

-C’est une créature docile. Elle ne vous fera aucun mal. Reprend H’aanit

-Elle est à vous ? C’est pas courant comme animal de compagnie. Souffle la petite, prenant un air impressionné.

H’aanit secoue la tête.

-Linde n’est pas un animal de compagnie.

H’aanit marque une pause.

-C’est mon alliée... Mon amie.

-Vous êtes amies ? Comme nous, alors ! Lance le garçon

-Ouais ! Fais la petite

Les enfants se rapprochent alors de Linde, qui se laisse faire. Ils déposent doucement leurs mains sur le pelage de la panthère. Elle ronronne légèrement.

-Son poil est tout doux ! Affirme le garçon

-Et tout chaud ! Reprend la fille

H’aanit jette un regard vers les autres.

Ophilia s’approche de la chasseuse, et murmure :

-Linde semble avoir beaucoup de succès avec les enfants.

-Oui. Ceux de notre village jouaient souvent avec elle.

H’aanit lance un regard malicieux à son amie à quatre patte.

-Et j'ai bien l'impression qu'elle se prend au jeu.

-Rien ne réchauffe le cœur comme le sourire des enfants. Reprend Ophilia

-Linde est particulièrement fière de son pelage. Elle adore qu'on la caresse et qu’on la brosse.

-Je vois ça.

-Une panthère soigneuse alors... Marmonne Cyrus

-Très soigneuse. Reprend H’aanit. Bien entendu, les enfants prennent eux aussi grand plaisir à s'enfouir dans son épaisse fourrure.

Ophilia marque une pause.

-Euh... Elle finit par lancer

-Oui ? Qu'y a-t-il ? Demande H’aanit

-Crois-tu que Linde essaierait de me mordre si je la caressais ? Souffle Ophilia

H’aanit laisse s’échapper un semblant de rire.

-Bien sûr que non. Veux-tu essayer ?

-Avec joie ! S’exclame Ophilia. Quand les enfants auront terminé, bien sûr.

-Ne te gêne surtout pas. Affirme H’aanit

Elle souffle juste après :

-Dites-moi, les enfants. Savez-vous si une certaine Susanna habite par ici ?

-La vieille dame ? Lance la petite fille

-La vielle sorcière, tu veux dire ! Ouais, on la connait. Comme tout le monde ici. Reprend le garçon

-Fort bien. Pouvez-vous me dire où la trouver ? Demande H’aanit

Le garçon se tourne. Il montre du doigt une direction.

-Vous voyez cette maison au toit rouge, là-bas ?

-Je la vois très bien. Affirme Thérion

-Ah oui, je la vois. Reprend H’aanit

-C’est là qu’elle habite.

H’aanit sourit.

-Merci, les enfants.

-Y a pas de quoi ! Dites bonjour à la sorcière de notre part ! Fait le garçon

-Au revoir, Linde ! Souffle la petite

Les enfants font encore des signes à la sympathique panthère, qui lâche un petit grognement pour leur dire au revoir. Ils partent plus loin.

Linde se tourne ensuite vers H’aanit, qui sourit tendrement. Elle pose sa main sur la tête de la panthère, et caresse doucement.

-Ca n’a pas l’air de t’avoir déplu d’être au centre de l’attention.

Linde grogne légèrement. H’aanit rit légèrement.

-Tu ferais mieux de me suivre avant qu’ils ne ramènent d’autres amis.

-Effectivement, dépêchons. Reprend Olberic

-Je ne supporte plus ce froid... Marmonne Alfyn

Le groupe se met immédiatement en route vers le nord-est. Linde est en avant, toujours heureuse d’être sous la neige.

-On dirait réellement une autre panthère... Murmure Cyrus

-Je suis d’accord... Soupire Ophilia

-Je la comprends. Je suis surexcité devant quelque chose que j’aime, moi aussi. Affirme Alfyn

-Ne le serais tu pas tout le temps ? Demande Thérion

-Donne-moi des exemples, alors !

Thérion laisse s’échapper un sourire.

-Bref, finissons-en avec cette sorcière.

Le groupe marche encore un petit moment, cherchant des yeux des endroits intéressant. Ils remarquent une taverne plus loin, une auberge, même une petite église.

Mais évidemment, l’unique bâtiment réellement remarquable est cette immense demeure au toit rouge, abritant une sorcière. Cependant, un homme est devant la porte. Il ressemble plus à un ours qu’a un homme. Ses cheveux sont bruns et crépus, il est taillé comme un titan, et ses yeux noirs ne transmettent aucune émotion.

Cependant, plusieurs personnes sont devant lui. Au vu de leurs différentes teintes de peau, elles devaient venir de tous les coins du continent.  

-Hmm... Mais que font tous ces gens ici ? Souffle H’aanit

-J’ai déjà une petite idée. Répond Primrose

H’aanit fait quelques pas, puis se retourne vers sa panthère.

-Reste assise ici quelques secondes, s’il te plait.

Linde hoche sa tête féline, et s’assoit tranquillement. Olberic jette un regard à la chasseuse.

-Pourquoi lui avoir demandé de... Il commence

-Ces gens ont dû voir des semblables de Linde avant de venir ici. Je suppose que s’ils voient Linde, ils créeraient une panique générale.

-Des semblables ? Alors les panthères des neiges vivent par ici ?

Cyrus semble réfléchir.

-Mais comment vous êtes-vous rencontrés...

-Voilà une bien longue histoire pour un autre jour, Professeur. Répond H’aanit

-Je suis curieuse moi aussi. Affirme Tressa. J’espère entendre rapidement cette histoire !

-Vous l’entendrez, je vous en fais la promesse.

Le groupe s’avance alors pour rejoindre les hommes. L’un d’entre eux se rapproche de « l’ours ».  

-Ecoutez-moi, Madame Susanna ! J’ai parcouru des lieues pour que vous lisiez mon avenir ! Crie le guerrier errant. Je vous en conjure ! Ouvrez la porte !

Le guerrier commence à enrager. Le seul obstacle entre Susanna et lui se trouve être « l’ours ».

-Par les Dieux ! Hors de mon chemin !

Comme réponse, « l’ours » frappe violemment au ventre le guerrier.

-Argh !

Le guerrier relève la tête. L’autre ne bouge pas d’un cil.

-Sale fils de chien ! Excuse-toi sur-le-champ !

-Vous pouvez toujours courir pour entendre Alaic s’excuser. Il cause pas. Lance une personne semblant vivre dans les environs.

H’aanit se tourne vers lui, accompagnée du guerrier.

-Il a perdu sa langue ?

L’autre secoue la tête.

-Non, c’est juste que Susanna parle assez pour eux deux.

-Bah !

Ledit Alaic se replace tranquillement devant la porte, et se remet à regarder dans le vide. H’aanit s’approche de la personne locale, et lui demande :

-Qui est cet homme ?

-L’aide de Susanna. Répond l’autochtone. Il s’occupe d’elle et il empêche les gêneurs de la tarabuster, comme vous avez pu le voir.

-Il s’appelle Alaic. Elle l’a recueilli quand il était haut comme trois pommes et qu’il vivait dans la rue. Affirme un autre homme

-Autant dire qu’elle lui a sauvé la vie. Et depuis, il l’a plus quittée. Termine le premier

-Les femmes de son âge ont rarement besoin d’un garde du corps... Soupire H’aanit

-Sauf quand y a des gens qui rappliquent des quatre coins du royaume pour qu’on leur dise la bonne aventure. Elle qui préfère vivre tranquillement dans son coin, elle est pas très friande de toute cette attention.

-Ne me dites pas qu’elle fait congédier tous les visiteurs ?

-C’est un comble, pas vrai ? Une voyante qui peut lire l’avenir comme un lire, mais qui refuse d’offrir ses lumières à qui que ce soit.

-Alaic les envoie tous balader, et c’est pas leurs suppliques ou leurs jérémiades qui le feront changer d’avis. De temps en temps, y a un crétin qui essaie de rudoyer Alaic, mais tout ce qu’il y gagne, c’est de repartir avec le crâne fêlé.

H’aanit pousse un soupir profond.

-Quelle ironie... Murmure Thérion

-Je n’ai pas eu de mal à la trouver, mais lui parler risque d’être une gageure. Reprend H’aanit

(Il doit cependant avoir une faiblesse...)

Thérion s’approche de la chasseuse.

-Tu as une idée ? Quelque chose me dit qu'il ne se laissera pas amadouer facilement.

-A vrai dire, je ne sais pas quoi faire.

-Je me demande si ce cerbère à des faiblesses. Marmonne Thérion

H’aanit se tourne vers lui.

-Des faiblesses ?

-Tout le monde en a, après tout.

H’aanit hausse un sourcil et sourit.

-Même toi, Thérion ?

-Hein ? Pourquoi on parle de moi, d'un coup ? Proteste le voleur

-Aha ! Donc tu n'échappes pas à la règle.

-Quel serait sa faiblesse... Marmonne Alfyn

-L’argent ? Propose Olberic

-Primrose ? Lance Cyrus

-Excusez-moi, qu’est-ce que je viens faire là-dedans ! Proteste la danseuse

Thérion peste légèrement, et tourne la tête.

-Puisque c'est ça, tu peux demander à quelqu'un d'autre de t'aider. Il lance à la chasseuse

-Je m'excuse. Sourit H’aanit. Nous discutons du garde du corps.

Thérion roule des yeux, et se retourne vers la chasseuse

-Aussi absurde que ça puisse paraître, j’ai connu plus d'un dur à cuire qui prenait ses jambes à son coup à la vue de bêtes...

-A la vue de bêtes, tu dis ?

-Je ne garantis pas que ça marcheras sur celui-ci, mais ça vaut le coup d'essayer, tu ne crois pas ? Souffle Thérion

H’aanit sourit.

-Un bien curieux conseil... Mais j'en tiendrai compte. Restez ici, vous tous.

H’aanit se dirige alors vers Linde, toujours assise plus loin.

-Linde, veut tu me suivre ?

La panthère hoche la tête, et se relève. Les deux amies se dirigent vers Alaic. Celui-ci remarque H’aanit, mais pas encore Linde.

-J’aimerais voir Susanna.

-...

-Je m’y attendais.

H’aanit se tourne vers Linde. Elle fait quelques pas en avant. Alaic la remarque, et recule d’un pas.

(Effectivement. On dirait bien qu’il a peur des bêtes.) Pense H’aanit

-Chère amie, si tu l’aidais à parler ? Propose H’aanit

Linde grogne, et s’approche d’Alaic. Celui-ci recule encore. Il respire un peu plus fort.

Linde bondit sur lui. Il tente de la repousser. Mais ses bras semblent paralysés. Linde la griffe légèrement au visage. Au torse. Et sur les jambes. A de multiples endroits. Le pauvre Alaic est complètement paralysé.

Et le voilà déjà à terre. Entre la peur et la douleur des nombreuses blessures laissées par la panthère, qui elle, se lèche gracieusement les pattes.

-Argh... Gémit Alaic

Une vielle femme sort de la grande maison. H’aanit se tourne vers elle. La femme a de longs cheveux gris, porte un bâton classique en bois, une robe noire et un chapeau noir. Elle a beaucoup de rides, la rendant étrangement élégante.

-Ha ha ha ha ha ! Il a beau être adulte, il reste à la merci de ses peurs d’enfant. Elle lance de sa voix légèrement brisée par l’âge

La femme approche, et pointe H’aanit de son bâton.

-H’aanit, soit gentille et fais toi aider de Linde pour porter ce pauvre garçon à l’intérieur. Il va attraper la mort s’il reste allongé dans la neige.

H’aanit ouvre la bouche de surprise.

- « Comment connaissez-vous mon nom ? » C’est ce que tu veux me demander, n’est-ce pas ? Je suis une sorcière, l’aurais tu oublié ? Douée du pouvoir d’omniscience, à ce qu’on dit.

(Ainsi, c’est vrai, vous êtes bien divinatrice ! Vous allez pouvoir m’aider !) Pense H’aanit

-Ce pouvoir est tout simplement incroyable ! Je serais honoré de... Tente Cyrus

-Ha ha ha ! Ce n’est qu’un ramassis de balivernes et de racontars. Coupe la sorcière

Cyrus s’arrête, alors que le visage d’H’aanit s’assombrit.

-Des balivernes ? Elle insiste

La vielle femme se met à sourire.

-Une chasseuse venue des Sylve-terres, accompagnée d’une panthère des neiges. Ce n’est pas chose courante dans la région. Les échos des aventures du jeune Z’aanta nous parviennent jusque dans ces terres enneigées. Et son apprentie ne nous est pas étrangère non plus, H’aanit de Sombresylve.

H’aanit baisse légèrement les yeux.

-Ton âge, ta panthère, tes vêtements. Simple déduction, mon enfant. Le secret, c’est de dire ce que l’on sait, rien de plus, et de laisser les naïfs compléter le reste.

Elle se met à rire.

-Voilà la véritable nature du pouvoir d’omniscience de la sorcière. Alors ? Es-tu déçue d’apprendre que tout ceci n’est que charlatanerie ?

H’aanit secoue la tête, et laisse s’échapper un sourire.

-Au contraire. Je sais maintenant que je peux vous faire confiance.

Susanna prend un air légèrement intrigué. H’aanit continue :

-Après ce que vous venez de m’avouer, je doute que vous vous mettiez à mentir sur autre chose.

-Ha ha ha ha ha ! Ravie de voir que Z’aanta a élevé une apprentie qui a de la jugeote ! Maintenant, explique moi donc ce qui me vaut ta visite...

Alaic quant à lui éternue pour rappeler sa présence.

-Mais d’abord, allons-nous mettre au chaud, tu veux bien ? Demande Susanna

-Je pense que ce serait pour le mieux.

H’aanit s’empare d’un des bras d’Alaic, l’enroule autour de son cou, et le porte.

(Elle n’a visiblement pas besoin d’aide.) Pense Olberic. (Cette femme est forte. Très forte.)

H’aanit rentre la première dans la demeure de la sorcière. Le groupe suit rapidement.

-Enfin un peu de chaleur ! S’exclame Alfyn

-Quel endroit fascinant... Souffle Cyrus

Cette demeure était en effet bien singulière. Dès l’entrée, une immense table recouverte d’une nappe violette se faisait voir. Sur la droite, une cheminée chauffant l’intégralité de la pièce, accompagnée d’une table à nappe rouge soutenant fioles et balances. Sur la gauche, une bibliothèque, un lit sur lequel H’aanit vient de déposer Alaic, sans oublier quelques étagères de bois et leurs pot remplis de liquides et plantes étranges.

Cependant, si un détail retient bien l’œil, c’est l’immense boule de cristal au centre de la table mauve. Reposant sur un coussin rouge, cet orbe bleu mesure facilement la taille d’une tête. Susanna se place derrière, et souffle :

-Explique moi ce qu’il se trame.

H’aanit entreprend alors de tout lui expliquer. Sans omettre le moindre détail. Les autres se contentent de regarder un peu partout, ne sachant que dire.

Lorsque H’aanit termine enfin son récit, la première chose que Susanna fait, c’est pousser un long soupir.

-Eh bien, ton jeune maître a réussi à se fourrer dans un sacré pétrin.

H’aanit se rapproche de la table, et soupire :

-Madame Susanna... Pouvez-vous l’aider ?

Susanna reste en silence, et ce rapproche de la chasseuse.

-Il existe une solution.

-Est-ce la vérité ?! S’exclame H’aanit

-Un tel remède existe ? Reprend Ophilia

-La vérité ? Ah, en voilà un mot lourd de sens. Je croyais que tu me faisais confiance ? Reprend Susanna

-S’il y a la moindre chance de rompre ce sort, j’accorderai ma confiance à quiconque pourra m’aider.

Susanna aborde un sourire malicieux, et s’approche de H’aanit. Elle commence alors à placer ses mains autour des bras de la jeune femme... Afin de tâter les muscles. H’aanit n’a pas le temps d’esquiver, que Susanna inspecte déjà ses abdominaux ! /*\

-... ! Madame... ? S’écrie H’aanit

Elle finit par reculer, légèrement rouge. Ophilia est tout aussi écarlate, et détourne les yeux. Primrose et Thérion étouffent un rire. Les autres ne savent pas où se mettre.

-Par les Dieux, je n’en reviens pas que ce bon à rien ait réussi à élever une jeune femme aussi forte et courageuse. Affirme Susanna. J’aurais toutes les peines du monde à le croire si tu ne te tenais pas là devant moi.

H’aanit s’éclaircit la voix, et reprend :

-J’ai tiré la leçon de ses exemples... les bons comme les mauvais.

-Ha ha ha ha ha ! Vraiment ?

Susanna sourit.

-J’ignore comment c’est possible, mais les miracles existent bel et bien dans ce monde. N’est-ce pas, mon enfant ?

H’aanit laisse s’échapper un petit rire.

-Absolument.

-Mais revenons-en à ce sort. Reprend Susanna

H’aanit hoche la tête.

-Je suis prête.

Susanna reprend un air grave.

-Il n’existe qu’un seul moyen de ranimer une victime de pétrification... Il faut pour cela tuer la bête qui lui a jeté ce sort.

-C’est ce que je craignais... Mais ce sera fait.

H’aanit se tourne vers Linde, qui contemple le feu de la cheminée avec attention.

-Partons immédiatement. Lance H’aanit

Linde se relève, H’aanit commence à vouloir partir.

-Pas si vite, mon enfant. Je n’ai pas terminé !

H’aanit se retourne.

-Tsss... Z’aanta aurait-il oublié de t’inculquer la patience ?

-Toutes mes excuses.

-Si tu fonces tête baissée pour affronter la bête, et tu te condamneras au même sort que ton maître. Et à quoi lui serviras-tu alors ?

-Mais je dois... Tente H’aanit

Susanna secoue la tête, pour couper court à toute forme de protestation.

-Ce que tu dois faire avant tout, c’est trouver un moyen de te protéger du pouvoir mortel d’Œil-rouge. Dis-moi, mon enfant. As-tu entendu parler d’une plante que l’on appelle le baume des saints ?

H’aanit secoue la tête.

-Jamais.

-Moi si. Reprend Cyrus

-Ah oui ? Souffle Susanna

Cyrus hoche la tête, et commence :

-Le baume des saints est une sorte de remède, créé il y a bien longtemps... De ce que je me souviens, une bête rodant entre Nordbief et Sourdeneige était capable de changer les hommes en pierre. Mais le baume des saints protégeaient les habitants de ce sort.

Cyrus soupire profondément.

-Hélas, cette plante a disparue il y a bien longtemps. Si nous pouvions en retrouver aussi facilement, ce serait...

-Cette plante pousse dans une forêt si dense qu’il est difficile d’y pénétrer. Je vais dire à Alaic de t’attendre sur place pour t’indiquer ou entrer. Mais sache que cette forêt est fort dangereuse et abrite des hordes de bêtes effroyables. Tu as intérêt à te préparer avant de t’y aventurer.

Cyrus reste coït pendant plusieurs secondes.

-Cette plante... Il commence

-Je n’y manquerais pas. Reprend H’aanit. Merci, Madame.

Susanna se met à rire.

-Il n’y a pas de quoi, mon enfant. Etrangement, Z’aanta était comme un fils pour moi. Un fils agaçant qui n’en faisait qu’à sa tête, mais un fils malgré tout.

Susanna sourit.

-Etant son apprentie, tu es ainsi dire ma petite fille. Et je ne serais pas digne d’être ta grand-mère si je refusais de t’apporter mon aide !

-Maître Z’aanta et moi vous sommes redevables.

-Ou se trouve cette forêt, dame Susanna ? Demande Olberic

-Juste au nord de ma demeure, jeune homme. Il s’agit du Bois Opalin. Vous ne pouvez le rater, suivez la route, et vous y parviendrez sans mal. Alaic va bientôt se lever... Il devrait vous montrer l’entrée de la forêt.

-Je vous remercie.

H’aanit fait un mouvement de tête.

-Bien, partons sans plus attendre.

Le groupe sort sans attendre de la demeure, pour replonger dans le froid glacial.

-Cyrus. Lance Thérion

-Oui ? Répond l’érudit

-Tu n’as pas dit un mot depuis une minute. C’est inquiétant. Réplique Thérion

-Je suis d’accord avec lui. Pourquoi cet air abasourdi ? Demande H’aanit

Cyrus baisse la tête, ses mains tremblent légèrement.

-Moi qui croyais que le baume des saintes avait disparu de ce monde !

Il redresse la tête, des étoiles apparaissent dans ses yeux.

-Il est revenu ! Affirme Thérion

-Même les botanistes considèrent que cette plante est éteinte depuis bien longtemps. Quand je pense qu'elle pousse toujours dans ces entendues enneigées... Cela tient du miracle. Reprend Cyrus. Voilà précisément pourquoi un érudit ne doit pas rester cloîtré dans son bureau ! Qui sait qu'elles autres découvertes mirifiques attendent dans des terres lointaines ?

H’aanit sourit.

-Je suis ravie de voir que cette quête vous apporte autant de joie.

-Mais cette femme, Susanna... Reprend Cyrus

Il prend alors un air légèrement plus grave.

-Quoi donc ?

-Eh bien, j'ai été fort impressionné de rencontrer quelqu'un de si sage et avisé.

Il fronce les sourcils.

(Et son nom... Il me dit quelque chose, étrangement. Il faudra que je me replonge dans mes livres lorsque ce voyage sera terminé.)

-Croyez-vous que Susanna parlait de ce chemin ?

Alfyn montre une direction. Un sentier de neige tassée se montre devant eux. Il part plus loin.

-Puisqu’il part vers le nord, je suppose que oui. Suivons-le. Affirme H’aanit

H’aanit part en avant. Les autres la suivent. Rapidement, les maisons laissent leurs places à des montagnes enneigées. Et la tempête reprend.

-C’est pas vrai... Peste Thérion

-De la neige... Partout... Murmure Alfyn

-Ophilia, comment fais-tu pour être aussi... Détendue ? Demande Olberic, légèrement recroquevillé sur lui-même.

Ophilia, quant à elle parfaitement droite et ne pliant pas sous la tempête.

-Hum ? J’ai juste l’habitude. Affirme Ophilia. Je vis dans la neige depuis toute petite. Sans oublier que je me suis perdue nombre de fois dans des tempêtes de neiges.

-Tiens, regardez...

H’aanit remarque un lac gelé. Elle jette un coup d’œil à cette étendue glacée, et murmure :

-Une blancheur morose qui s’étend à perte de vue. Et il fait plus froid ici. La morsure du vent me transperce jusqu’à l’os.

-Un lac gelé... Souffle Alfyn. C’est étrangement apaisant.

-Parfaitement d’accord. Reprend Primrose

-Wow ! Regarde-moi ça ! S’exclame Tressa. De la neige et de la glace, aussi loin que le regard le permet !

La marchande se tourne vers H’aanit.

-C’est magnifique, tu ne trouves pas ?

-Ça l’est en effet. Reprend H’aanit. J’ai erré loin et longtemps durant mes chasses, mais jamais dans des endroits pareils.

-La neige ressemble à une robe de mariée en soie, mais encore plus doux et blanc. Et plus somptueux. Souffle Tressa

-Une robe de mariée en soie... ? Fait H’aanit.

Elle sourit.

-Dit moi, Tressa. Pourrais-tu mettre un prix sur cette vue ?

-Hehe. Bien sûr que non, idiote. Lance Tressa. Même si j’aimerais énormément la ramener à la maison avec moi, une vue comme celle-ci ne peut être achetée.

-En effet. Je peux dire que tu as raison.

H’aanit soupire.

-Cependant, il fait bien froid. C’est idiot, d’avoir perdu sa fourrure...

-Linde a bien de la chance, d’être une panthère des neiges... Affirme

-Par ici...

H’aanit se retourne. Alaic est juste un peu plus loin, devant une immense forêt.

-Alaic ?

L’homme ne répond pas. Il penche la tête vers la forêt.

-Je n’avais même pas remarquée cette forêt... Mince, une forêt toute entière, tout de même ! Affirme Alfyn

-Effectivement, cette tempête de neige est absolument terrible. Reprend Olberic

Le groupe se met à avancer vers la forêt, et suit Alaic. Il les mène plus loin. Il s’arrête. Lorsque H’aanit peut voir devant elle, elle s’écrie :

-Un chemin !

-Un passage secret connu uniquement de madame Susanna. Répond Alaic. Il mène droit au cœur de la forêt. Les neiges sont éternelles, ici. Elles masquent les repères et désorientent les voyageurs. Le baume des saints pousse quelque part dans les entrailles de la forêt.

Il se tourne ensuite vers H’aanit, et prend un air plus grave.

-Mais méfiez-vous, bien des monstres redoutables y rôdent. C’est pour cette raison que Susanna tient à garder l’existence de ce chemin secret.

H’aanit sourit.

-Vous savez donc parler. Et aussi bien que quiconque.

-Seulement quand j’ai quelque chose à dire.

-Le monde se porterait mieux si davantage de gens suivaient votre exemple.

H’aanit fait un pas en avant. Alaic pose sa main sur l’épaule de la chasseuse, et lance :

-Soyez prudente. Je n’avais pas vu Susanna aussi heureuse depuis des années. Revenez nous saine et sauve, que sa joie illumine encore davantage son visage.

H’aanit hoche la tête.

-Je n’y manquerai pas. Je lui dois bien ça, et plus encore. Je triompherai.

-Entrons dans cette forêt, maintenant. Souffle Olberic

H’aanit hoche la tête, fait un signe à ses compagnons, et entre en premier dans la forêt.

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/*\ Pour être parfaitement honnête... Je n’ai jamais vraiment compris ce moment XD En fait, dans le jeu, H’aanit sursaute, aborde un sprite... étrange, et recule de plusieurs pas... Vu comme Susanna était proche de H’aanit dans le jeu, je suppose que c’est ce qu’il s’est passé ? C’est la seule scène ou vraiment, je ne comprends PAS ce qu’il se passe XD

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