Eight Travelers - EN PAUSE

Chapitre 26 : Le secret de Sourdeneige

4458 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 14/09/2019 18:42

Primrose sort de la « demeure » d’Arianna, triste. Elle a besoin de prendre un peu l’air. Arianna la laisse faire, elle se contentera de rejoindre son amie plus tard.

Son amie, vivant dans une maison close... C’est dur à apprendre. Très dur. Elle ne se serait jamais imaginé une chose pareille...

(Arianna ne mérite pas de vivre cette vie... Tout ça à cause de ces oiseaux de malheurs...)

Primrose serre les points.

-Ils vont me le payer.

-Hey, Primrose ?

La danseuse se retourne, et remarque Tressa qui approche. Les autres sont encore à l’intérieur. Primrose respire profondément.

-Que veut tu, Tressa ?

Tressa semble légèrement gênée. Elle finit par demander :

-Qu’est-ce qu’une maison close ? J’ai essayée de demander à Arianna, mais elle a juste hésité et a tourné la tête...

-... Tressa, il y a des choses qu’un enfant ne devrait pas savoir... Affirme Tressa

-Oh, allez ! Reprend Tressa. Ça commence à devenir ennuyeux – que quelqu’un me dise ! ... Et je ne suis pas une enfant, au passage.

La danseuse soupire profondément.

-Si tu insistes. Approche-toi, je vais te le chuchoter.

Primrose s’approche de Tressa, et lui chuchote quelques mots à l’oreille. Elle recule d’un pas, Tressa est immobile.

-Hehe. Tu as compris maintenant ?

Primrose, voyant que Tressa ne bouge toujours pas, Primrose lance :

-Euh, Tressa ? Ta bouche est encore ouverte...

Tressa finit par secouer la tête.

-Oh, euh, désolée ! J’ai oublié que qu’elle était encore ouverte.

-Nous sommes enfin là.

Primrose se tourne. Le reste du groupe arrive. Ophilia prend un air triste.

-Tu as l’air furieuse, Primrose... Tu trembles même...

-Je vais bien, pourtant. Répond la danseuse

H’aanit soupire. Linde part ronronner près de Primrose.

-Arianna m’a dit que la calèche arrivait bientôt. Affirme la chasseuse

-C’est une bonne nouvelle. Reprend Primrose

Primrose se tourne vers Alfyn, qui semble plutôt confus.

-Hm ? Fais Primrose

Elle se rapproche de l’apothicaire.

-Alfyn, qu’est-ce qu’il t’arrive ? On dirait que tu ne peux pas tenir en place.

-... Huh ? Oh mince, désolé. Reprend Alfyn. C’est juste qu’il fait si froid ici... Je suis né dans le sud, et moi et le froid, on ne s’entend pas vraiment. Reprend Alfyn

-J’allais te le dire... Souffle Thérion

-Il semble bien y avoir une autre raison. Reprend Cyrus

Un lourd silence s’installe.

-Tu repenses à la maison close, n’est-ce pas ?

Alfyn pousse un semblant de cri.

-C‘est ce que pensais. Souffle Primrose

Alfyn secoue la tête.

-D-désolé, c’est juste la pensée de toutes ces magnifiques femmes... Reprend Alfyn.

-Tu ferais mieux de te concentrer sur notre voyage. Coupe la danseuse. Qui plus est...

Primrose sourit.

-Tu n’as pas besoin d’une maison close pour obtenir la compagnie d’une magnifique femme.

Alfyn rougit légèrement.

-T-très bien.

Primrose part plus loin, après avoir lâché un rire.

-Ou vas-tu comme ça ? Demande Cyrus

-Je vais juste... Marcher un peu. J’ai besoin d’être seule, juste un moment. Souffle la danseuse

-Non, je te suis. Reprend Thérion

Primrose se tourne vers le voleur.

-Qu’est-ce que je viens de dire ?

-Et alors ? Si tu restes seule une seconde, tu vas nous tuer un tavernier. Reprend Thérion

-...

Primrose, voyant qu’elle ne pourra pas négocier, part plus loin, suivit par Thérion. Silencieuse.

-Je m’occupe d’elle, pas d’inquiétude. Reprend le voleur

-C’est justement ça qui m’inquiète... Avoue H’aanit

Le voleur et la danseuse partent alors tous les deux plus loin. Un petit silence s’installe.

-Je suppose que je vais partir voir s’il reste des bâtons, quelque part... Affirme Cyrus

-Effectivement, cela pourrait me servir aussi. Reprend Ophilia

Les autres hochent la tête, et lui suivent vers le centre du village. Linde courent un peu plus loin, toujours étrangement joyeuse à cause de la neige.

-Bien, cherchons donc une bou... Commence Alfyn

-Hey, vous...

Le groupe se retourne. Un jeune homme arrive vers eux. Brun, aux yeux marron, avec un long manteau blanc, et une épée en argent fine.

Il approche d’Olberic, souriant.

-Vous êtes Olberic Eisenberg, pas vrai ? Il demande

Olberic hoche la tête.

-En effet. Pourquoi ?

-Je savais bien que je vous avais vu à Don-des-flammes !

L’homme ouvre son manteau, dévoilant une armure blanche.

-Je me nomme Miles. Je suis membre des Chevaliers Ardents. Et je vous ai suivi, de Don-des-Flammes jusqu’ici.

-... Vraiment ? Souffle Olberic

-Oui. Reprend Miles

Il sourit.

-Je n’allais pas laisser passer une légende ainsi !

Il sort son épée, et la pointe vers le chevalier.

-Je suis rouillé de l’épée. Acceptez-vous un combat amical ? Demande Miles

Olberic sourit.

-Bien, pourquoi pas. Il répond

Olberic sort son épée, et se rapproche de Miles.

-Commençons.

-Avec plaisir !

Miles court alors vers Olberic. Epée en main. Olberic le bloque immédiatement. Repousse l’épée.

Il attaque en avant. Miles esquive, rapide. Il tente un coup latéral. Olberic le bloque immédiatement. Olberic arrive à atteindre Miles. Au niveau des côtes.

-C’est tout ? Demande le chevalier

-Tsss...

Miles sourit. 

-Je t’ai grandement sous-estimé... Tu m’as complètement pris par surprise, je ne t’imaginais pas aussi rapide.

-Attend une seconde. Souffle Ophilia

Ophilia s’approche de Miles.

-Hein ? Ma sœur ?

-Je vais vous soigner cette entaille.

Ophilia pose son bâton, et l’entaille se referme immédiatement. Miles semble confus, alors Ophilia reprend immédiatement :

-Vous ne souhaitez pas de deuxième manche ?

Pendant ce temps

Primrose regarde tristement la neige. Elle en prend même un peu dans sa main. Elle a froid, mais elle s’en fiche.

Elle va enfin venger son père.

Ce n’est que le début, évidemment. Mais elle se rapproche de son but.

-Primrose. Souffle Thérion

La danseuse se tourne vers Thérion.

-Qu’est-ce qu’il y a ? Elle demande

Thérion se rapproche d’elle, restant en silence.

-Je répète, qu’est ce...

-Cela faisait combien de temps que tu vivais à Ombrelle ?

Primrose reste silencieuse un instant.

-Alors ? Insiste Thérion

-Une dizaine d’année. Je ne sais pas exactement. Répond Primrose

-Je vois.

Thérion soupire.

-Ecoute, je suis peut-être le plus grand des imbéciles. Mais je suis compatissant, réellement. Souffle Thérion

-... Ah oui ? Fait Primrose

Thérion prend un air faussement énervé, et lance :

-Je ne suis pas un monstre non plus ! Ce n’est pas parce que je ne vous apprécie pas vraiment que je ne peux montrer aucune compassion !

-Et tu ne compatis que pour moi ?

Primrose sourit.                                           

-Je compatis pour le maître de H’aanit aussi. Affirme Thérion. Transformé en pierre par ce monstre... J’aimerais pas être à sa place.

-Moi non plus... Pauvre H’aanit...

Thérion sourit en coin.

-Ouais, pauvre H’aanit.

Thérion part un peu plus loin.

-Bien, et si nous rejoignons les autres ? Il demande

-Tu veux les revoir ?

-H’aanit ne me fait pas confiance, je tiens à ma vie, et à mon plus grand désarroi j’ai encore besoin d’eux. Répond le voleur

-Bien, bien, alors retournons les voir. Souffle Primrose

Elle se redresse, et part plus loin. Elle se dirige vers le centre du village, sans doute l’endroit où les autres sont.

Ils retrouvent alors le groupe. Ils croisent Olberic. Devant lui, un homme repose faiblement, comme s’il venait d’être battu.

-Qu’est-ce qu’il s’est passé, ici ? Demande Primrose

-Oh, Primrose, Thérion ! Fait Tressa en les remarquant

Tressa s’approche du duo, et leur explique qui est l’homme. Miles, quant à lui, se redresse plutôt difficilement. Ce n’est pas à cause d’une quelconque blessure, non, c’est uniquement car il est fatigué.

-Je suis bien heureux d’avoir pu vous affronter, messire Olberic. Il affirme

-Moi de même, cher Miles. Répond Olberic

Olberic sourit.

-Vous étiez un très bon adversaire. Très prometteur. J’espère pouvoir vous affronter de nouveau bientôt.

-Jeune homme...

Miles se retourne. Un homme plutôt âgé arrive derrière lui.

-Est-ce que votre père était membres des Chevaliers Ardents ? Vous ressemblez à ce membre, qui a une fois sauvé ma vie...

Miles se paralyse soudain, semblant entre surpris et ravi.

-Vous... Vous connaissez mon père ? Demande Miles

-Evidemment que je le connais. C’était un héros, il nous a tous sauvé.

-Un... H-héros...

Le vieil homme semble soudain plongé dans ses souvenirs.

-J’étais tout gosse quand c’est arrivé. Mais je me souviens ces jours de terreurs. Notre village était très souvent attaqué par d’énormes bêtes. Continu l’homme

Il sourit.

-Le seul homme qui était capable de se battre contre eux était ton père. Même s’il savait qu’il allait être seul dans ce combat, il ne nous a pas abandonné. Il a marché, sans aucun homme derrière lui, et a combattu les bêtes pour nous. C’est grâce à ton père que je suis ici pour te raconter cette histoire.

Miles sourit, et se tourne vers Olberic, qui lui semble plutôt confus.

-Mes convictions étaient vraies ! Je savais que mon père n’était pas un déserteur ! Affirme Miles

-... Pardon ? Souffle Olberic

Mais Miles semble complètement parti dans son délire.

-Je savais qu’il n’avait pas déserté les chevaliers... Je le savais !

Cependant, son visage s’assombrit.

-Mais... Il a tout de même été renvoyé...

Miles serre les poings.

-La vérité doit encore être découverte.

Miles se tourne vers Olberic.

-J’espère vous revoir encore un jour !

-Je l’espère aussi, mais... Tente le guerrier

Miles n’attend pas, et court plus loin.

-... Eh bien, quel étrange personnage... Souffle Cyrus

-Mademoiselle Primrose ! Mademoiselle Primrose !

Le groupe se retourne. Arianna arrive vers eux en courant.

-Arianna ? Que se passe-t-il ?

-Mademoiselle Primrose, la calèche est arrivée. Affirme Arianna

Primrose sourit.

-Bien, alors ne tardons pas.

Elle se dirige vers le centre-ville, devant la taverne. Et effectivement, une calèche se gare devant la taverne. Une immense calèche, rouge et noire, menée par un cheval pur-sang fringuant.

Un homme descend de la calèche, se place devant la porte, et croise les bras, patientant. Il est grand, très grand, sans doute aussi grand qu’Olberic et Alaic. Il porte un manteau bleu à fourrure et un bonnet bleu, pour se réchauffer efficacement. Un air grave et froid repose sur son visage.

-Qui est-il ? Demande Tressa

-Cet homme s’appelle Oren. C’est le cocher. Il a l’œil vif et il est du genre suspicieux. C’est ce qui lui a valu ce poste.

-Voilà qui est... fâcheux... Souffle Primrose

-Comment le convaincre de nous faire monter ? Souffle Cyrus

-J’ai peut-être une idée... Murmure Primrose

Elle s’approche d’Oren. Alors que ces premiers pas sont « normaux », elle se met rapidement à marcher d’une manière objectivement sexy. Bougeant légèrement le corps, sulfureuse, attirant les regards de certaines personnes indiscrètes.

-Je vous souhaite bien le bonsoir, Monsieur. Susurre Primrose

-Hmph ! Ta tête me dit rien. T’es nouvelle, c’est ça ? Répond Oren durement

-Effectivement. Souffle Primrose. Ce sera ma première nuit au service du maître.

-P’t’être ben, mais vu que personne m’en a causé, tu monteras pas dans ma carriole.

(Méfiant, en effet...) Pense la danseuse

Primrose sourit, et montre du regard les autres membres du groupe.

-J’ai attirée de nouveaux clients avec moi... Je suis certaine que le maître serait ravi de les voir...

-Comment tu pourrais avoir amené des clients, si tu ne fais même pas parti des filles en questions ?

Primrose est profondément mécontente, mais ne le montre pas. Elle garde ce sourire si charmant en extérieur, et minaude à nouveau :

-Vous savez, j’étais danseuse avant de venir ici. Les hommes disaient qu’après m’avoir vue sur scène, plus rien d’autre ne pouvait les satisfaire.

Primrose recule légèrement.

-Que diriez-vous d’une petite démonstration ?

Oren ne dit rien.

-M’est avis que vous trouverez ce spectacle très... stimulant.

Primrose se met alors à danser. Quelques mouvements infiniment gracieux attirent les regards de quelques malandrins indiscrets. Cependant, le regard d’Oren reste toujours aussi froid.

Primrose s’arrête alors, et salue respectueusement. Attendant une réponse.

-C’est bon ? T’as fini ton petit numéro ?

Primrose recule d’un pas, surprise.

-Oui... Ce n’était pas à votre gout ? Elle demande

-J’ai vu pire, mais j’ai vu mieux aussi. Répond froidement Oren

-Je vois... Dans ce cas, je ne vous dérangerai pas plus longtemps...

Primrose part plus loin, pour rejoindre le groupe et Arianna. La danseuse reste silencieuse une seconde.

-Cette danse était des plus gracieuses, Mademoiselle... Souffle Arianna

-Je confirme... Murmure Ophilia

-Merci, Arianna. Merci, Ophilia. Mais mon but n’était pas de m’attirer vos compliments.

-J’ai essayé de vous prévenir, Mademoiselle. Cet homme n’a rien d’un imbécile. Reprend Arianna

-Effectivement. Je dois trouver une autre solution... Reprend Primrose

Elle se met à réfléchir une seconde.

-Et si nous le forcions à nous dire ou se trouve ce lieu ? Propose H’aanit

-Arianna risque d’avoir trop de problèmes. Répond Primrose. Et lui ne semble pas le plus fautif...

-Dans ce cas.

Thérion se tourne vers Arianna.

-Toi qui vient d’ici, et qui connait Oren. Question, il a quelque chose à cacher ?

Arianna semble réfléchir.

-Des rumeurs, n’importe quoi ? Insiste Thérion

-A vrai dire... Il aurait parait-il une dette envers le tavernier... Souffle Arianna

-Une dette ? Intéressant... Murmure Cyrus

Primrose sourit, et part vers la taverne sans attendre.

-Hey, attends ! Fait H’aanit

H’aanit et Thérion la suivent.

Primrose entre, et cherche des yeux le patron de la taverne. H’aanit, Linde et Thérion arrivent derrière elle.

-Primrose, tu aurais dû... Commence H’aanit

-Bien, ou est-ce tavernier. Coupe Primrose

-Ici, pourquoi ? Reprend Thérion

Primrose se retourne. Thérion se trouve à côté d’une table, ou quelques personnes discutent, dont le tavernier, à en juger par son apparence en tous cas.

-Bien, commençons mon petit numéro. Laissez-moi faire. Souffle Primrose

Elle sourit, et s’approche du tavernier.

-Bonjour, brave gentilhomme...

-Bonjour à vous, mademoiselle... Oh !

Il prend un air surpris.

-Seriez-vous la danseuse de tout à l’heure ?

-Effectivement, c’est moi.

Le tavernier affiche un immense sourire :

-Je vous remercie de tout cœur ! Grâce à vous, j’ai fait mon meilleur chiffre d’affaire depuis des mois !

-Oh vraiment ? Je suis heureuse de l’apprendre. Souffle Primrose

Primrose s’assoit à moitié sur la table.

-J’ai un service à vous demander, cher ami.

-Tout ce que vous voulez ! Répond le tavernier

-Parait-il que Oren le cocher aurait une dette envers vous ?

-Oui, effectivement... Mais pourquoi...

-J’aimerais que moi et mes amis montions dans cette calèche.

Un silence s’installe une seconde.

-Vraiment ? Pour quelle raison, puis je le savoir ? Il demande

-Pour une raison personnelle, mais sachez que je dois rencontrer les gérants de ce lieu.

Le tavernier reste en silence quelques instants. Primrose s’approche du tavernier.

-Je vous en prie ? Insiste Primrose

-... Ma foi, vous m’avez rendu un trop grand service.

Le tavernier se lève.

-Je vais parler à Oren, et voir si je peux faire quelque chose.

-Oh, merci très cher ami ! S’exclame Primrose

Primrose lâche un sourire resplendissant.

-Bien, ne tardons plus !

Primrose prend la main du tavernier, et l’entraine en dehors de la taverne.

-H’aanit, Thérion, suivez-moi ! Lance Primrose

-Derrière toi. Souffle H’aanit

Primrose sort alors de la taverne. Le tavernier remarque aussitôt Oren, qui attend devant la calèche.

-Oren, j’ai ramené un ami à vous.

Oren se retourne, et se fige une seconde.

-Ah, M’sieur le tavernier... C’est toujours un plaisir de voir mon bienfaiteur. Qu’est-ce qui vous amène ? Demande Oren

Le tavernier approche de lui, et montre Primrose d’un regard. Oren comprend immédiatement.

-Hein ? Vous voulez que j’emmène la nouvelle dans ma carriole ?

Oren semble hésitant.

-Euh...

Il secoue la tête.

-Pardon, j’veux dire... bien sûr. Comme vous voudrez. C’est la moindre des choses après ce que vous avez fait pour moi. Allez, en voiture, femme ! On a pas toute la nuit.

Primrose sourit.

-Et mes clients ? Elle demande

Oren regarde le tavernier. Et devant le regard insistant de ce dernier, Oren reprend :

-Evidemment, dépêchez-vous !

Primrose se tourne vers les autres, et sourit. Elle rentre dans la carriole.

-Dépêchons, pour notre très cher Oren !

H’aanit et les autres s’échangent un regard.

-Quel talent de persuasion. Souffle H’aanit

-Heureusement qu’elle est parmi nous. Reprend Olberic

Thérion monte alors dans la calèche, il est suivi par tous les autres. Le cheval se met à cabrer, à la vue de la panthère des neiges.

-Hey, la panthère, elle... Commence Oren

-Elle monte. Elle sera calme. Coupe H’aanit

Linde, pour couper court toute protestation, rentre dans la carriole, et s’allonge sur les genoux d’Ophilia.

-Hein ? Lance la prêtresse

-Purrrr...

Linde se met à ronronner. H’aanit sourit, et s’installe en dernier, aux côtés d’Arianna.

-Bien, nous sommes en route. Affirme Oren

Oren grimpe à son tour dans la calèche, et d’un mouvement de rêne, le cheval part en avant. Linde ronronne plus fort, toujours sur Ophilia.

-Je crois qu’elle t’aime bien ! Affirme Tressa

-Il est vrai que cela fait bien longtemps, depuis Don-des-flammes... Souffle Ophilia

-Je m’en souviens comme si c’était hier. Reprend H’aanit

-J’ai l’impression que cela fait longtemps, moi aussi... Reprend Cyrus. Et pourtant, cela ne doit faire que quelques mois...

-Regardez, nous quittons la ville ! Lance Tressa

Elle se penche légèrement sur le côté, pour mieux voir à travers les fenêtres de la carriole.

-Effectivement. Quel spectacle magnifique. Murmure Olberic

Ophilia, caressant doucement la tête de Linde, jette un regard vers les flocons de neiges et les montagnes des Terres-de-givres. Tous regardent ce spectacle magnifique.

-J’ai oublié comme ce spectacle était beau... Souffle Ophilia

-Je n’ai jamais vu autant de neige... Ça me donne une furieuse envie de jouer dedans. Affirme Tressa

-Aussi étrange que cela puisse paraitre, moi aussi. Reprend Alfyn

-Et moi donc ! Affirme Cyrus

-Professeur ? Vraiment ? Insiste Ophilia

-Ma foi, je n’ai jamais essayé... Ni même réellement toucher de la neige... Cela doit être froid et humide à la fois...

-Mais vous maniez de la glace ! Proteste Thérion

-La glace est solide, la neige est bien plus friable. Répond Cyrus

-Lorsque ce voyage sera terminé, que dites-vous de construire une maison de neige ? Propose Tressa

-J’en suis ! Continu Alfyn

-A une condition, que Linde puisse vivre dedans. Rit H’aanit

Le groupe continu de parler joyeusement. Ils ne remarquent même pas Primrose regarde les flocons droit devant elle d’un air profondément triste, se perdant dans ses souvenirs.

(Pourquoi un tel spectacle... M’apporte une telle nostalgie ?

Non... Je sais ce qu’il se passe...

Je vais bientôt tuer l’aile du corbeau. L’aile gauche. L’une des ailes qui a pris mon père.

Père...

Je me souviens encore de ces jours, sous le soleil si doux de Noblecour... Un souvenir me revient...

Vous m’avez appris à danser. Et... Fut un temps... Je n’y parvenais pas encore.

-Primrose...

J’étais au sol, épuisée par tous ces efforts... Mais je ne pouvais pas abandonner, je n’en avais pas le droit.

-Père, je vous en prie... Laissez-moi essayer une dernière fois !

-Un essaie de plus n’y changera rien. Tu dois maintenant prendre le temps de réfléchir à la cause de tes échecs répétés.

Je suis restée au sol de longues secondes, avant de me lever. Je n’avais aucune chance contre mon père.

-Tu es ma fille... l’unique héritière de la maison Azelhart. Tu dois être forte... bien plus que tu ne l’es actuellement.

-Oui, Père...

Il s’est alors avancé vers moi.

-Réponds à cette question, Primrose. Quel est le rôle du chef d’une maison noble ? La dame de la maison Azelhart...

-La dame de la maison Azelhart... est tenue de préserver le succès et la gloire de sa famille. Elle doit être assez forte pour empêcher toute autre maison d’éclipser la sienne.

-Certes, c’est vrai. Mais écoute bien ce que je vais te dire, Primrose...

Il a pris mon visage entre ses mains, pour me regarder droit dans les yeux.

-La véritable valeur ne réside pas dans le regard des autres. Ce qui compte réellement se trouve à l’intérieur. Ce que le chef de notre maison doit placer au-dessus de tout... c’est la foi.

-La foi...

-« La foi est ton bouclier. » Telle est la devise de notre maison. Et cela veut dire... que tu ne dois pas faiblir avant d’avoir fait le nécessaire, ce qui doit être accompli comme te le dicte ton for intérieur. A toi de trouver la force de garder les yeux rivés sur la voie devant toi, même si mille indignités tentent de te faire trébucher en chemin.

Il sourit.

-Tu dois trouver cette foi en toi.

-Oui, Père...

Il se redressa alors, et m’a tendu quelque chose.

-Primrose... Je tiens à te confier cette dague. Notre devise est gravée sur la lame. Tache de la graver dans ton cœur également.

Ma dague...

Je l’ai prise, et l’ai contemplée, des heures durant.

Et je la contemple toujours.)

Primrose reste en silence un long moment, fixant sa dague.

-Père...

Arianna se tourne vers elle.

-Mademoiselle Primrose... Tout va bien ? Souffle Arianna

-Arianna... Répond la danseuse

Arianna lâche un sourire rassurant.

-Vous deviez être épuisée.

-Et pas seulement. Tu es bien pâlotte. Affirme Alfyn

Primrose baisse légèrement les yeux.

-Je... je repensais à mon père.

Elle secoue la tête. Tous dans la calèche prennent des airs tristes. Mais Primrose sourit, prend un air entre la nostalgie et la mélancolie.

-Même dans mes souvenirs, il continue à me dicter ma conduite.

-Sire Azelhart était un homme aux principes inébranlables. Affirme Arianna

-Ca, je ne te le fais pas dire... Répond Primrose. Il m’a appris à manier l’épée, à lire et à écrire, à vivre avec dignité et honneur... Tout ce que je sais, je le tiens de lui.

Olberic place sa main sur l’épaule de la danseuse, en pur geste de soutient.

-Il me disait toujours : « Choisis judicieusement en quoi tu veux croire, et aie foi en tes convictions. Car cette foi sera ton bouclier. »

La danseuse ferme les yeux.

-En quoi est ce que je crois... ?

-Mademoiselle ?

-Terminus, tout le monde descend ! Crie Oren

La calèche s’arrête, le cheval hennit, et Oren ouvre la porte.

-Descendez, maintenant.

H’aanit est la première à descendre. Linde saute des genoux d’Ophilia. Tous sont dehors, à nouveau dans le froid le plus total. Ils sont devant des montagnes, un petit sentier s’étend devant eux.

Primrose se tourne vers Oren, et sourit.

-C’est ici que je te laisse. Et pas un mot au patron. Je sais pas qui t’es, mais je sais très bien que t’as rien à faire ici.

-Pas un mot, je vous le promets.

Primrose s’incline légèrement, et part plus loin.

-Arianna ?

-Suivez-moi. Le boudoir n’est pas si loin.

Arianna avance dans la neige. Les autres la suivent, plutôt stressés.

Mais Primrose semble la plus mal à l’aise de tous.

-Primrose, tu es sûre d’aller bien ?

-...

Elle prend une lourde inspiration.

-Il y a bien longtemps... la maison Azelhart était à couteaux tirés avec plusieurs autres maisons nobles.

Cyrus écoute avec une attention rare. Mais tous les autres écoutent aussi, évidemment.

-D’après les récits, mes ancêtres se rendirent coupables de nombreux actes inqualifiables à cette époque. Un jour, le chef de la maison Azelhart donna au château un grand banquet auquel il convia son suzerain... et il en profita pour les assassiner, lui et tous les membres de son entourage, afin de s’emparer du pouvoir.

Un lourd silence s’installe.

-Le suzerain en question était un homme cruel, et le petit peuple vit peut être sa mort comme une aubaine. Mais ce meurtre ne valut aucun ami à mon ancêtre. Malgré cela, ma famille ne renonça jamais au pouvoir dont elle s’était emparée. Et jamais elle ne perdit foi en ses convictions.

Elle prend une lourde inspiration.

-« La foi est son bouclier. » Leur croyance inébranlable en la droiture de leurs actes les protégeaient de tous les affronts.

-Vraiment ? Fait Arianna

-Les querelles futiles des maisons nobles ne me concernent plus. Mais notre devine continue à me guider, comme elle a guidé ma famille pendant si longtemps.

Primrose serre les poings.

-Tant que je crois en quelque chose... c’est tout ce qu’il me faut.

Arianna s’arrête une petite seconde, et lance :

-Mademoiselle Primrose, en quoi...

« Mademoiselle Primrose... En quoi est-ce que vous croyez ? »

Arianna s’interrompit, laissant le silence emporter sa question. Elle craignait d’entendre la réponse.

-Tu as dit quelque chose, Arianna ? Demande Primrose

Arianna secoue la tête, et reprend sa route.

-Ce n’est rien, Mademoiselle.

Un silence s’installe alors. Mais Arianna se tourne, et montre d’un regard une direction. Tout le monde se tourne, ne voyant plus la colline qui les sépare de leur destination.

-Voici le Boudoir d’Obsidienne.

Laisser un commentaire ?