La Cité sous les Mers

Chapitre 1 : Navire Fantôme

2574 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 14/03/2018 15:14

Le sous-marin jaune canari fendait les eaux du Nouveau Monde, il se faisait tard et, à part deux personnes de garde, peu de monde se trouvait sur le pont, où les températures étaient très basses. Une couche de givre s'était déposée sur la rambarde, et une faible lumière s'étendait sur l'eau devant le submersible. Un épais brouillard les entourait et ils évoluaient lentement, dans le cas où ils risqueraient de se retrouver face à un obstacle inconnu.


Bien emmitouflés entre leurs combinaisons, les deux couettes et leurs casquettes, les deux Heart jouaient aux cartes pour passer le temps. Un escargophone grelottait à côté d'eux en attendant un quelconque appel en provenance de la salle des machines, et une paire de jumelles inutiles par ce temps trônait à côté d'eux. S'ils ne bavardaient pas gaiement, on ne pourrait entendre que les grincements du navire, le vent soufflant à peine et les environs semblant vides et mornes.


Tout à leur jeu, où le rouquin aux lunettes de soleil menait la danse face à son comparse à la casquette gravée de son prénom, « Penguin », ils ne virent pas immédiatement la légère ombre qui se profilait au travers du brouillard. Ce ne fut uniquement lorsque celui en mauvaise posture tenta de voir les cartes de l'autre en s'énervant qu'il trichait, qu'il le remarqua.


« - Sachi il y a quelque chose ! »


Se redressant sur ses deux pieds comme un ressort, Penguin se munit de la paire de jumelles pour tenter de se faire une idée de ce qu'était cette ombre qu'il interprétait comme un rocher, tandis que son nakama contactait la salle des machines. Ils ralentirent jusqu'à ne presque faire que du sur-place, et d'autres pirates vêtus de la même combinaison blanche sertie du symbole des Heart se pointèrent sur le pont, d'autres rejoignant leur poste pour réagir au plus vite si nécessaire.


Alors qu'on entendait que les murmures de l'équipage et quelques claquements de dents, une forme plus précise se dessina au travers de l'épais brouillard. Ce n'était pas un récif ni un monstre marin susceptible de les attaquer – ce pourquoi certains combattants avaient tirés leurs armes en se rapprochant de la rambarde – mais autre chose qui fit frissonner les plus superstitieux.


Fendant les eaux noires en quelques vaguelettes silencieuses, un navire aux voiles déchiquetées passait à quelques mètres d'eux. Sa coque avait été bien abîmée par les flots et le temps, les algues ainsi que les fientes d'oiseaux jonchaient le pont. Tout semblait vide et mort à l'intérieur, certains carreaux étaient brisés, la barre arrachée, et l'intérieur ne devait pas être en meilleur état. Un miracle que le Nouveau Monde n'ait pas avalé cette antiquité au fond de ses océans. Miracle ou malédiction, dans l'esprit des Heart tremblant à bord de leur propre submersible, cela ressemblait fortement aux légendes des bateaux fantômes.


Les pas du capitaine se firent soudainement entendre sur le pont, rompant le silence pétrifié, certains firent un bond, s'attirant les ricanements de leurs voisins. Ils s'écartèrent sur le passage du Chirurgien de la Mort, qui s'approcha à son tour de la rambarde afin d'identifier à quoi ils avaient affaire, puisque la salle des machines attendait toujours des ordres de redirection et que personne ne les avait recontacté.


« - Capitaine... c'est un navire fantôme ! s'exclama l'un des membres de son équipage, traduisant la pensée des plus superstitieux d'entre eux.


- Non, le refroidit le supernova, c'est une épave.


- Vous pensez qu'on trouverait des trésors à l'intérieur ? s'enquit l'un d'eux avec un sourire cupide. »


Le capitaine ne répondit pas immédiatement à la négative. D'ordinaire, en considérant l'ancienneté du bâtiment, il aurait conclu qu'il avait déjà dû être pillé depuis bien longtemps. Cependant, ils avaient spécifiquement choisi ce trajet pour éviter la marine et ne pas la voir se questionner sur leurs mouvements. C'était un chemin réputé pour être dangereux, l'on prétendait que même les log pose s'y détraquaient et qu'on se perdait dans cette purée de pois qui les entourait constamment, épaisse, oppressante, certains disaient même qu'elle rendait fou. Il y avait donc peut-être une chance de trouver quelque chose, sur un navire perdu dans cette mer morte.


« - On peut toujours jeter un coup d'œil. »


Quelques cris de joie à la perspective d'une petite chasse aux trésors fusèrent, faisant retrousser la commissure des lèvres du capitaine. Il leur en avait fallu peu pour oublier les frissons dans la colonne vertébrale à la simple pensée des mots « navire fantôme ». En même temps, il fallait bien avouer que la tension était palpable depuis quelques jours. Ils avançaient lentement, usant de multiples instruments pour tenter de garder un cap, et le brouillard omniprésent n'aidait en rien. L'humidité avait rendu plusieurs de ses nakama malades, irritables, et cette petite « excursion » leur permettrait certainement d'évacuer, et avoir matière à raconter pour les jours à venir s'ils découvraient effectivement quelque chose d'intéressant.


Le capitaine et une petite dizaine d'hommes de son équipage s'y rendirent, ayant pour premier objectif de vérifier si l'endroit était stable. Ce vieux rafiot n'était pas bien imposant, un peu plus grand que leur sous-marin, bien qu'un trou immense aux planches moisies n'occupe une partie du pont, laissant vue plongeante sur le fond noir de la cale. Ils avancèrent donc prudemment, certains tentant de donner un âge à cet « ancêtre des bateaux » comme ils disaient. Il fallait bien avouer que sa construction devait dater de quelques bonnes dizaines d'années, il avait dû servir, ou bien errer, un certain temps.


Après s'être assuré de la stabilité des planches restantes, l'équipage avança prudemment. Des lumières avaient été apportées pour compenser l'opacité du brouillard et la noirceur de la nuit, leur permettant au moins de savoir où ils posaient les pieds. Ils pénétrèrent à l'intérieur sans difficulté, la porte principale étant à demi démontée sur ses gonds. Une odeur d'humidité et d'algue pourrie les accueillit, faisant froncer le nez à certains.


Les Heart se séparèrent en petits groupes pour explorer les pièces. Tout semblait avoir été laissé en l'état et, si le temps avait fait beaucoup de dégâts, personne d'étranger ne semblait être venu piller l'endroit avant eux. Les mains farfouilleuses partirent ouvrir les tiroirs, les armoires, à la recherche de quelque trésor, avant qu'ils ne trouvent les corps au coin des pièces.


Law balaya sa torche sur le squelette recroquevillé sur le lit aux draps gris et déchirés, faisant frissonner le rouquin à casquette quelques pas derrière. Il était difficile d'établir un diagnostique lorsqu'il ne restait que des os et quelques vêtements, en revanche lorsqu'il en découvrit d'autres principalement dans des cabines ou pièces à vivre, il en déduisit rapidement qu'ils étaient sans doute tous morts de faim ou soif. Étant donné les mers sur lesquelles ils les avaient découvert, ils avaient dû errer sans but un certain temps avant que la fin n'arrive.


« - Capitaine venez voir ! »


Se désintéressant des ossements, le chirurgien se détourna suivre la voix de son nakama. Il retrouva trois membres de son équipage dans ce qui avait dû être la cabine du capitaine. Un vieux portrait accroché au mur était devenu jauni et méconnaissable, sans parler du papier peint tâché d'humidité. Les meubles paraissaient encore en assez bon état, et sans doute ces marins avaient-ils eu une belle aisance financière à une époque, bien que cela ne leur avait visiblement pas épargné de tomber à court de vivres.


Law se rapprocha du jeune homme portant la caractéristique combinaison blanche de son équipage, et jubilant devant le bureau de la pièce. Celui-ci tentait d'ouvrir ce qui ressemblait à un coffret précieux dont la serrure, bien que rouillée, résistait encore. Aidé par Sachi et après quelques minutes d'acharnement, ils finirent par faire céder le verrou et l'ouvrirent en jubilant sur place.


Ils y découvrirent un objet ressemblant à une couronne, finement travaillée dans un métal argenté, le temps ne semblait pas avoir eu d'emprise sur elle. Deux joyaux d'un bleu azur, et une troisième pierre plus grosse au centre, la sertissaient. L'ouvrage avait été travaillé en relief, rappelant des vagues et les dénivelés du sable fin par endroit. La valeur de cette trouvaille leur alluma des berry dans les yeux.


Face à l'exaltation de ses nakama devant ce « trésor du temps », ce n'était pourtant pas la couronne argentée qui attira l'œil du Chirurgien de la Mort. Posé au sein de ce même écrin de velours bleu marine qui avait contenu ce travail d'orfèvre, un eternal pose se nichait dans un des coins. Law s'en saisit avec curiosité, les techniques de navigation n'étaient pas stables dans ces lieux à vous rendre fou, pourtant l'aiguille de celui-ci pointait nettement vers le Nord, et vers le bas. Il chercha le nom de l'endroit indiqué, mais il n'avait pas été inscrit, comme réalisé dans la hâte.


Une question rendit le supernova d'autant plus curieux, s'imposant naturellement dans son esprit. Comment, s'ils avaient un moyen de s'orienter, cet équipage s'était-il retrouvé à errer sans fin ? Ses yeux métalliques fixant l'imperturbable aiguille, le pirate fut interrompu dans ses réflexions par l'irruption d'un Heart dans la pièce.


« - Capitaine ! On est riches ! Nous avons mis la main sur un véritable trésor ! »


Relevant la tête, le capitaine fit ranger soigneusement la couronne ainsi que l'eternal pose dans le coffret, avant de suivre son nakama. Celui-ci dévala au risque de passer au travers du plancher des escaliers étroits menant à la cale. Quatre ou cinq autres membres étaient déjà là, s'extasiant devant ce qui était effectivement un trésor d'une taille conséquente. Quelques pièces un peu ternies, des vases et coffres d'une valeur indéniable étaient entassés ici, surplombés de quelques algues séchées et un squelette qui fit à peine frissonner son équipage surexcité.


Les Heart s'employèrent alors à transférer toutes ces richesses dans leur propre navire, certains fourrant quelques pièces avec plus ou moins de discrétion dans les poches de leur combinaison. S'il le remarqua le capitaine n'en dit rien face à l'euphorie du moment, ses hommes échangeaient des paroles enjouées le sourire aux lèvres, se donnaient quelques bourrades amicales et coopéraient pour ramener « leur » trésor. Sachant que c'était une découverte très intéressante pour leurs propres finances, le corsaire avait pourtant l'esprit encore préoccupé par l'eternal pose découvert plus tôt.


Laissant ses hommes se charger du reste, Law remonta à la cabine du capitaine, décidé à la fouiller de fond en comble. Il y trouva principalement des vêtements moisis, des papiers détrempés ainsi qu'un vieux journal à la couverture de cuir pourpre dont certaines pages semblaient encore lisibles. Il s'empara de ce dernier, observa quelques cartes tâchées et de toute façon imprécises, avant de retourner à son navire.


Le supernova autorisa bien entendu son équipage à faire la fête, cela les détendrait et de toute façon ils étaient bien trop surexcités pour travailler correctement. Alors que le réfectoire était réaménagé et la cuisine surchauffée, Trafalgar Law s'écarta des exclamations de joie et des bruits de chope pour rejoindre sa cabine, isolée et nettement plus calme. Ce n'était pas qu'il ne veuille pas se réjouir avec ses hommes, mais la curiosité s'était emparée de son esprit et le tenait fermement entre ses griffes.


Tout en repoussant quelques mèches humides qui lui collaient au front, le pirate retira son manteau ainsi que ses chaussures, se mettant à l'aise. Avançant sur la moquette noire et agréablement chaude grâce au système de chauffage du navire, il déposa le coffret qu'il tenait toujours en mains sur son bureau. Celui-ci était impeccablement rangé et l'on n'y décelait pas un grain de poussière, cela aurait donné un pincement au cœur à n'importe quel perfectionniste d'observer l'objet mouillé être posé avec un bruit de succion sur la protectrice couche de verre.


S'installant dans un siège au cuir noir rembourré confortable – il fallait dire qu'il y passait parfois du temps avec certains dossiers et ouvrages médicaux, mieux valait prévenir le mal de dos – le pirate ouvrit la petite boîte pour en examiner à nouveau le contenu. S'il avait du mal à identifier de quelle origine pouvait bien être l'orfèvre ayant taillé cette couronne, l'eternal pose était toujours ce qui l'intriguait le plus. Était-ce le temps passé sur ces mers qui avait rendu l'enregistrement du champ magnétique moins sensible aux perturbations ? Ou bien était-il tout simplement plus fort que celles-ci ? Peut-être était-ce cela qui détraquait les instruments.


Les suppositions ne le menant à rien, Law se leva s'approcher de sa bibliothèque personnelle, où il conservait les ouvrages de médecin les plus intéressants, mais également certaines cartes. S'il était impossible de cartographier avec précision ni Grand Line ni le Nouveau Monde, certains navigateurs avaient parfois réussi à réaliser quelques petits bijoux. Il y chercha donc un indice sur l'endroit qu'avait bien pu enregistrer cet eternal pose, l'aiguille pointait bas ce devait donc être assez proche, mais au sein de mers si incertaines, difficile d'obtenir un résultat précis.


Ne parvenant à rien de concret, le chirurgien soupira, se calant au fond de son dossier et passant les doigts sur ses paupières pour les masser légèrement. Il n'aurait aucune réponse, à moins de se rendre à l'endroit où pointait cette aiguille. Néanmoins, si un équipage mort de faim n'avait pas cherché à s'y rendre, l'enfermant et l'oubliant dans une boîte, cela indiquait certainement un danger, conséquent. Et il ne pouvait pas entraîner son équipage dans n'importe quelle aventure sans en estimer les risques. La curiosité ne devait pas prendre le pas sur la prudence, et en tant que capitaine, il le savait pertinemment...


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N.A. : Et voici le premier chapitre ~ Ainsi que le début des mystères xD Law va-t-il suivre cet eternal pose ? Qu'indique-t-il ? Pourquoi l'équipage mort n'a-t-il pas suivi la seule aiguille susceptible d'être leur salut ? A suivre ~


Je pense m'en tenir à des chapitres de cette taille, environs 2500-3000 mots, mais il est possible que j'en écrive parfois plus selon mon inspiration xD Ou moins s'il faut « absolument que je coupe là » (vous savez cette sensation qui ne vous lâche pas à la fin du chapitre, peu importe sa taille, il est fini, c'est sa destinée XD) Bref je m'égare...

Si quelque chose vous paraît étrange, vous dérange, ou si vous avez des idées sur la suite, n'hésitez pas à en faire part ^^

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