Aventure

Chapitre 18 : Chapitre 18 : Liberté

1358 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 17/11/2019 21:59

LIEU : Archipel des Shabondy

 

Shina courait encore et encore, comme si elle n’avait jamais couru auparavant. Sa robe blanche se déchirait. Était-ce par sa folle course ou par les balles qui la visaient ? Pourtant aucune ne l’atteignait. D’immenses ailes noires bloquaient spontanément les tirs.

_ Eh toi ! hurla-t-elle à l’homme roux. Prends-moi dans tes bras !

_ On n’a pas le temps pour les embrassades !

_ Non ! Je crois que je peux nous sortir en toute sécurité ! Allez ! Ça urge !

L’homme freina sa course et dans sa joie vers la liberté elle sauta dans ses bras et comme si elle avait toujours fait cela, la fille de tout juste douze ans pris son envol. L’homme inconnu dans ses bras ne sembla peser que le poids d’une plume.

_ Comment tu fais ça ? demanda-t-il, encore sous le choc de l’envol.

_ Je ne sais pas, je ne comprends pas moi-même !

_ Il faudrait descendre quand on ne le verra plus, on ne sait pas combien de temps tes ailes tiendront.

_ Il faut que je récupère N°4 et Black !

_ Qui ça ?

_ N°4 est comme une mère pour moi et Black est ma faux !

_ Et où les trouve-t-on ?

Shina sentait soudainement que ces ailes faiblissaient, puis soudain la chute libre. Shina ferma les yeux, persuadée qu’il s’agissait de ces derniers moments. Elle, finalement libre, dans les bras d’un inconnu, allait mourir.

 

***

 

Ils chutaient ensemble. L’homme serrait l’enfant fortement. Il se préparait à atterrir sur le dos pour amortir la chute et ne pas blesser la fillette.

_ Shanks ! T’inquiètes pas on va amortir la chute !

Il lâcha donc la fillette et se laissa tomber en repensant de manière intriguée aux évènements qui venaient de se dérouler. Il venait de sauver Gol D. Shina. Il savait d’où il la connaissait. Aux cinq ans de la mort de Roger, Blake était venu avec une petite fille de trois ans. Les bouclettes blondes, les yeux violets, la peau très pâle... il aurait dû se souvenir d’elle.

De nouveau sur la terre ferme, Shanks regarda Ben Beckmann, son second.

_ La femme est décédée, déclara-t-il, l’air sombre.

_ Qui ? intervint Shina, soudainement inquiète. Quelle femme ?

_ Celle avec les larmes tatouées.

Le cœur de Shina s’arrêta. Shanks vit les yeux violets de l’enfant s’emplir de larmes.

_ C’était N°4, c’est ça ?

_ Elle était autant N°4 que j’étais N°16, pleura l’enfant, dévastée de père de perdre une nouvelle fois un être proche. Son vrai nom était Saki. Elle était comme une mère pour moi. Je l’ai plus connue que ma vraie mère. Je l’aime plus qu’Angel.

La fillette secoua sa tête, dévoilant une mèche lisse et noire dans ses boucles blondes.

_ Et toi, t’es qui ? Pourquoi ai-je l’impression de te connaitre ? Pourquoi m'as-tu aidé à reprendre ma liberté ?

_ Je suis Shanks. On s’est rencontré aux cinq ans de la mort de ton oncle, je faisais partie de son équipage. Tu n’avais que trois ou quatre ans et tu étais déjà une sacrée tête.

_ Si j’avais eu Black, je les aurais tous tués.

Shanks eu un petit rire.

_ Tu n’en aurais même pas tué dix, intervint un autre homme, au style hippie. Il y avait un Amiral. Tu auras sûrement une jolie prime pour ta petite tête blonde.

_ Arrête Yassop ! Tu vas l’effrayer !

_ Je vais être considérée comme pirate ? demanda Shina, soudainement heureuse et oubliant immédiatement sa tristesse.

Shanks avait rarement vu des yeux si expressifs.

_ Bon, interrompit Ben Beckmann, toujours sérieux, j’ai cru comprendre que tu cherchais une arme.

_ Oui c’est ma faux, Black.

_ Une faux ? demanda Yassop, interloqué. N’est-elle pas trop grande pour une petite fille comme toi ?

_ Je l’avais déjà à mes six ans.

_ Toi, indiqua Shanks en la pointant du doigt, tu ne bouges pas d’ici. Lucky, Yassop vous irez chercher sa faux. Demain, on t’embarque et on te déposera chez les révolutionnaires. Il y a une base pas très loin d’ici. Tu pourras revoir ta mère.

_ Revoir celle qui m’a abandonné ? Non merci.

_ Mais alors, que veux-tu faire de ta nouvelle liberté ?

_ M’entrainer, devenir forte. Je ne veux pas revivre ce que j’ai vécu avec papa et ne plus perdre quelqu’un comme Saki.

_ C’est bien beau ça, la calma Ben, mais tu comptes t’entrainer seule ? Tu ne risques pas de t’améliorer.

La petite blonde fronça les sourcils, perplexe.

_ Je n’ai jamais eu d’élève, réfléchit Shanks pour lui-même. Je ne sais pas si j’aurai la patience ou la pédagogie.

_ Tu... Tu veux dire que...

_ Je pense que mon équipage peut se passer de moi quelques années... et puis Rockstar pourra toujours me porter les messages les plus importants.

Les yeux de la fillette se remplirent de nouveau de larmes et soudain Shanks se retrouva une fois de plus dans les bras de l’enfant.

_ Je serai une bonne élève, je ne pleurerai pas, je ne râlerai, je serai attentive et...

_ Pas besoin de te vendre, rit Ben comme si c’était la première fois que son visage se déridait, il t’a déjà pris !

 

***

 

Sa faux sur son dos, Shina regardait l’archipel s’éloigner. Ils avaient payé un marchand de fruits et légumes pour les faire partir en toute discrétion vers une île sauvage. L’enfant sentie Shanks l’observer dans son dos.

_ Cela fait six ans que je rêve de quitter cette île. Je n’aurai pas cru que j’allais la regretter. Certes, on m’a fouettée, emprisonnée, mal nourrie. Pourtant, j’aimais vivre avec Saki. Les femmes et futures femmes de Charlos sont toujours mieux traitées. Je n’aurai pas aimé être à la place d’autres esclaves. J’ai rencontré une fille du nom de Boa Hancock, elle était dans les sous-sols de Marie-Joie et parfois il y avait plus de sang sur elle que de peau. Elle et ses sœurs ont été libérées il y a un an si j’ai bien compris.

Shanks s’approcha un peu plus.

_ Tu sais, il y a plus d’une fois où j’ai voulu arracher le collier pour me faire sauter la tête. Mais je pensais à Saki, mais aussi à Inoue et Ace. Ce sont des amis que j’avais avant d’être vendue. Parfois j’étais tellement épuisée que j‘oubliais leur nom et leur visage. J’oubliais même mon nom et je n’étais plus que N°16, la seizième femme.

_ He, Shina, c’est terminé. Jamais tu n’y retourneras, je te le jure.

Shina se retourna et son regard violet et froid fit faire trois pas en arrière à Shanks.

_ Oh si, Shanks, j’y retournerai. J’y retournerai et je libèrerai les autres esclaves, je ferai une belle tombe pour Saki et je tuerai ses Dragons Célestes. Ma mère m’avait dit que les ailes noires étaient les ailes de la haine et qu’il fallait que j‘apprenne à les contrôler. Mais je ne veux pas les contrôler. Je vais les utiliser pour détruire l’injustice. Car même s’ils portent le mot « Justice » dans leur dos, la Marine n‘est en rien juste. S’ils étaient justes ils n‘autoriseraient pas cela !

_ Mais avant cela il faut que tu deviennes plus forte. Ce n’est pas avec ton corps rachitique, tes forces sous-développées et ton absence d’expérience que tu pourras libérer ne serait-ce qu’un autre esclave. Maintenant parle-moi de toi, de ces ailes et de la force que tu penses avoir.

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