Aventure

Lieu : Saint Poplar

Shanks l’avait déposé sur cette île et était reparti avec son équipage. Les membres de celui-ci avaient été surpris de la métamorphose de la jeune femme de maintenant dix-huit ans. Mais Shina arborait à présent un visage sombre et sérieux. Sa nouvelle personnalité s’affichait dans son nouveau nom. Un nom qui lui convenait mieux que celui donné par sa mère.

Seule sur cette île inconnue elle se dit que le meilleur endroit pour avoir des informations était un restaurant, et puis son ventre criait famine. Son nez lui donna le chemin à suivre et arriva dans une taverne au nom parlant de Le débarquement pirate. En y entrant une bagarre faisait rage. D’un pas serein et lent elle évita les bouteilles volantes et les coups de poings lancés dans le vide.

_ Ma p’tite dame ! s’exclama le serveur d’un ton joyeux. Qu’est-ce que je vous sers ?

_ Qu’importe, mais quelque chose de bon. Puis restez là, j’ai besoin de quelques informations.

Le plat servi et le serveur assit, Shina s’attaqua directement à la question qui l’importait le plus.

_ Qui gouverne cette île ?

_ Dracule Mihawk, m’dame, répondit-il sans hésiter. L’un des sept Grands Corsaires.

_ Est-il souvent là ?

_ Oh non, m’dame. C’est l’une de ses amis qui gère en son absence.

_ Qui est-ce ?

_ Umbre, m’dame.

_ Et cette Umbre elle est comment ?

Le serveur sembla hésitant, puis se leva sans ne plus la regarder. Shina laissa un peu d’argent sur la table et alla directement vers la grande tour.

Cette île inspirait deux sentiments complétement différents l’un de l’autre. Dans la partie près du port régnait la joie. Mais quand on atteignait le bois s’imposait l’oppression. Comme si un regard était toujours porté sur soi. Peu de gens était visible dans les environs mais Shina sentait leur présence grouillante, telle des larves. Soudain une fillette aux yeux verts apparu face à elle. Elle avait sur son visage enfantin et juvénile quelque chose d’ancien, de sage, de lointain.

_ Dis gamine, tu sais où je peux trouver Dracule Mihawk ?

La petite fille secoua la tête.

_ Et Umbre ?

De nouveau la réponse fut négative. Puis la fille tendit le bras et demanda d’une voix grave :

_ Donne-moi ton rein. Et je te dirai ce que tu veux.

_ Donc tu sais où ils sont.

_ Donne-moi ton rein. Et je te dirai ce que tu veux.

Sa main tendue ne cessait de s’ouvrir et de se refermer.

_ Je ne peux pas te donner mon rein. J’en ai besoin. Quel genre de personne es-tu ?

Soudain un cri strident retenti. Il fallut quelques secondes à Shina avant de comprendre que ce déchirement provenait de l’enfant. Toujours de sa voix grave, la petite déclara :

_ Pas de rein, pas de destin. Tic-tac. Tic-Tac.

_ Izanami. Stop. Mihawk veut te voir.

_ Mihawk est donc ici.

_ T’es qui ? T’as fait quoi à ma petite Izanami pour qu’elle soit ainsi ?

_ Je suis Angel Black, tenta-t-elle d’impressionner.

_ Charmant, fit cependant calmement l’inconnue. Tu veux quoi ?

_ Voir le maitre de cette île. J’ai besoin d’un navire.

_ Alors tu n’as rien à faire ici. Tu n’auras jamais ce que tu veux.

La femme très grande et très maigre, semblable à une vipère, siffla de rire.

_ En fait je ne demande rien, j’exige.

_ Tu as deux belles armes dis-donc. Sais-tu au moins t’en servir ?

_ Tu veux tester ?

_ Oh non, je déteste me battre. Tu veux donc voir le maitre.

Shina hocha la tête, ses sens à l’affut, sentant le piège se refermer autour d’elle.

_ Tic-Tac. Tic-Tac. Je sens le sang. Tic-Tac. Tic-Tac. Je veux le sang. Tic-Tac. Tic-Tac.

Soudain l’enfant disparue. La femme qui l’accompagnait leva les yeux au ciel. Et tourna le dos.

_ Finalement, je ne pourrai pas tâter tes lames. Adieu, Angel Black.

Et dans un dernier sifflement, la femme s’enfonça dans la pénombre de la forêt. L’écorce des arbres sembla s’aiguiser, le feuillage se fit étouffant, les troncs s’épaissirent pour se resserrer, le tapis de feuilles et de branchages à ses pieds se fit boueux, vaseux. Soudain, un tronc s’ouvrit et fit apparaitre une énorme horloge. Elle marquait bruyamment chaque seconde, comme si un fouet venait claquer sur la canopée et le sous-bois.

Shina ferma les yeux, s’accroupit, s’allongeant presque dans le feuillage boueux et attendit.

***

Elle était la forêt. Chaque branche, chaque feuille, chaque cime, chaque plante, chaque herbe la composait à présent. Quand l’inconnue au nom provocateur s’accroupit, Izanami senti qu’elle n’avait pas à faire à une simple idiote à la recherche de sensations fortes. Angel Black n’avait pas réagi un seul instant à toutes les provocations qui habituellement suffisaient pour faire s’évanouir une personne lambda.

D’une voix forte Izanami continua cependant ses attaques :

_ Qui es-tu, pauvre humaine qui a eu le malheur de mettre un pied sur mon domaine.

_ Je te l’ai dit, je suis Angel Black, je suis une pirate, et tu vas passer un mauvais quart d’heure si tu ne me laisses pas rencontrer ton maitre.

_ Mihawk n’est pas mon maitre.

_ Qui es-tu pour lui alors ?

_ Je suis celle qui tranche dans son ombre, je suis celle qui déchiquète dans son dos, je suis l’ombre de cet homme si brillant.

_ Ouais, en gros, t’es une tarée, une fan à lier.

_ JE T’INTERDIS ! hurla alors Izanami.

Ponctuant sa colère l’écorce des pins noueux se mirent à voler dans un éclat. Izanami se ressaisit soudainement. L’inconnue se trouvant face à elle, sans qu’une seule écorce n’ait réussi à la blesser. Angel Black sembla ne pas avoir changer de position, elle était en effet toujours accroupie.

_ Trouvée, chantonna la voix de Shina.

***

Chaque bois avait son odeur. L’écorce qu’elle avait récolté dans l’explosion de rage d’Izanami indiquait une odeur plus forte, celle d’un humain. Elle venait de l’est. Izanami avait vite réagi. Elle était rapide. Et elle possédait un fruit du démon.

Shina ne s’était battue qu’avec des animaux et contre Shanks pendant les six dernières années. Izanami allait donc être la victime de toute la hâte de la jeune fille.

_ Tu es une Paramécia, constata Shina

_ En effet, la forêt et moi ne formons qu’une seule et même personne.

_ En gros, sans toi, cette forêt n’existe pas.

_ Sauf que cette forêt existe depuis plus de 120 ans.

_ Je savais bien que tu n’étais pas qu’une enfant.

_ Non, et sais-tu comment je fais pour vivre si longtemps ?

Shina ne répondit pas. L’enfant-mamie était maligne, elle gagnait du temps, chaque seconde qui retentissait toujours bruyamment était une seconde de gagner pour Izanami. Shina sentait en effet peu à peu l’essence de son corps partir. Puis soudain elle comprit. Tout ce qui appartenait à la forêt et qu’elle touchait lui retirait lentement son essence vitale. C’était ainsi qu’elle avait réussi à vivre si longtemps. Shina n’avait donc aucune seconde à perdre. Elle sortit Black de derrière son dos.

***

Jamais Izanami n’avait pris autant de plaisir dans un combat. Les faux d’Angel Black semblaient être deux ailes sifflant l’air dangereusement. Izanami avait vite compris que les combats rapprochés étaient un inconvénient lorsqu’on possédait deux énormes faux comme celles-là. Elle arrivait à frapper la fille aux yeux violets sans aucun soucis, pourtant la douleur ne sembla pas se réveiller chez elle. Ses poings étaient toutefois aussi durs que la pierre. Elle ne comprit que lorsque le T-Shirt noir de la fille se déchira.

Izanami fit trois pas en arrière, assez loin des lames tranchantes de son ennemie.

_ Tu possèdes au moins deux fluides n’est-ce pas ? commenta la femme à l’apparence trompeuse. Celui de l’armement et celui de l’observation.

_ Et toi tu n’en possèdes aucun, rétorqua Shina. Rends-toi à l’évidence, tu ne fais pas le poids. Mène-moi à Mihawk.

_ Tu as certainement compris que je me nourris de ton essence, mais également de tes pouvoirs.

***

Le flux qui se retirait d’elle changea d’intensité. Shina comprit alors que Izanami s’attaquait à plus grand que son essence. Elle eut alors peur que parmi ce qu’elle retirait, elle retire également le pouvoir des ailes.

Les ailes, mais oui Shina ! Vole !

Aussitôt pensé, aussitôt fait. Shina s’éleva et ignorant son combat et son adversaire, s’en alla vers la grande tour où Mihawk devait certainement se trouver.