Noriko

Chapitre 47 : Une survie acharnée (2)

2649 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 22/08/2025 21:23

Les deux jours passés à bord du navire parurent interminables. Noriko passait son temps à pleurer et à ressasser les récents événements avec beaucoup de questions en tête. Elle avait frôlé quelque chose de terrible et en restait traumatisée. Les menottes en granit marin lui faisaient mal, c'était la première fois qu'elle en portait et qu'elle était en contact avec cette matière. Par conséquent, ses forces avaient diminué et elle se sentait constamment fatiguée. Elle avait tenté de faire apparaître une bulle d'eau dans ses mains, sans succès, comprenant qu'elle était impuissante et qu'elle devait se contenter d'attendre. Pour la première fois également depuis longtemps, dû à la privation de ses pouvoirs, elle ressentait la soif et se désaltérait à l'aide du robinet de la salle de bain, refusant catégoriquement d'avaler quoique ce soit qui venait des chasseurs de prime. Elle souffrait de la faim, mais se forçait à tenir bon car tout n'était qu'une question de temps, elle s'était faite à l'idée qu'elle allait retrouver Mihawk et se rassurait en se disant qu'au moins, elle serait en sécurité avec lui.


Au troisième matin, Ibuki vint la chercher. Elle ne l'avait pas revu depuis leur conversation et il semblait surexcité à l'idée de la récompense qu'il allait toucher et surtout semblait passablement alcoolisé.

- 350 millions de Berrys, murmura-t-il les yeux brillants. Tu te rends compte ?

Alors qu'ils traversaient le couloir menant sur le pont du navire, le chasseur de prime continuait à lui parler, sans obtenir de réponse.

- Nous accosterons d'ici quelques minutes, l'île est est vue d'œil. Tu vas pouvoir retrouver ton oncle.

Noriko ne prit même pas la peine d'hocher la tête. Ses mains menottées devant le haut de ses cuisses, elle suivait le mouvement, acceptant le destin qui l'attendait. Ibuki fit soudain volte-face, l'attrapa la gorge et la plaqua au mur, son instinct animal reprenant le dessus. Serrant les dents, Noriko lui agrippa l'avant-bras afin de diminuer la pression sur son cou, tout en gémissant de douleur.

- Que les choses soient bien claires, lui asséna-t-il à voix basse en se rapprochant de son visage. Si jamais tu t'avises de raconter le moindre détail à ton oncle, je te traquerai, je te trouverai et je te ferai subir dix fois plus que ce que j'avais l'intention de te faire au bar.

Le souffle à moitié coupé, la jeune fille tentait de se débattre.

- J'aurais tellement voulu m'amuser avec toi, lui susurra-t-il en resserrant son étreinte. Tu n'imagines même pas à quel point tu aurais souffert entre mes mains.

De sa main libre, il lui agrippa les cheveux à l'arrière de son crâne et tira dessus.

- Toi et moi, on aurait pu passer une nuit d'enfer.

Noriko sentait son nez la piquer, l'odeur d'alcool et de sueur de son assaillant lui était insupportable. Restant silencieuse, elle se contenta de tenir de toutes ses forces l'avant-bras d'Ibuki tout en serrant la mâchoire. Il se pencha vers son cou, juste sous son oreille et inspira son odeur à plein poumons, ce qui la dégoûta au plus haut point.

- Tu transpires la peur et la crainte, déclara-t-il. Si je n'aimais pas autant l'argent, je ne t'aurais jamais laissée partir.

Il la relâcha soudainement, provoquant une quinte de toux chez la jeune fille.

- Tiens, déclara-t-il en lui mettant une liasse de billets dans la main. Ce n'est rien comparé avec ce que je vais toucher. Je compte sur toi pour garder le silence, sinon je reviendrai te faire ta fête et t'étriper. Sommes-nous d'accord ?

Aveuglée par la peur, la jeune fille aux cheveux blancs se contenta d'hocher la tête et de resserrer son poing sur l'argent, ce qui provoqua un sourire cruel chez son agresseur.


Beaucoup plus tard, Noriko était debout tremblante aux côtés d'Ibuki et de ses hommes au centre d'une forêt, tous attendaient patiemment l'arrivée du grand corsaire. Elle constata que le chef de l'équipe n'était pas du tout serein et tremblotait légèrement. Elle cru d'abord à de l'excitation, puis leva les yeux et vit une ombre s'approcher d'eux, c'était Mihawk. Une énorme aura meurtrière se dégageait de lui, si palpable que la jeune fille aurait sans doute pu la toucher du bout des doigts. Sa bouche s'ouvrît, puis son cœur se mit à battre rapidement et c'est à ce moment-là qu'elle comprit, Ibuki était lui aussi terrifié.

Lorsque le grand corsaire fut face à eux, il regarda sa nièce de haut en bas, s'attardant sur ses mains liées, un air austère sur le visage.

- Comme convenu, la voilà saine et sauve, déclara Ibuki en déglutissant avec beaucoup de peine. Vous avez l'argent ?

Mihawk resta silencieux, tout en fixant sa nièce.

- Où l'avez-vous trouvée ? demanda-t-il sévèrement.

- Elle travaillait dans un bar, elle se se faisait appelée Irina, mais nous l'avons tout de suite reconnue.

- Bien, conclut Mihawk.

Ne pouvant prononcer le moindre mot, Noriko tremblait, partagée entre la crainte de la réaction d'Ibuki et la potentielle colère de son oncle. Elle se contenta de baisser les yeux et de fixer le sol.

- Donne-moi la clé de ses menottes, ordonna le grand corsaire.

- Pas avant d'avoir touché la récompense, intima fièrement Ibuki.

Mihawk resta de nouveau silencieux, observant toujours Noriko. Ses sourcils se froncèrent et il releva soudainement une mèche de ses cheveux sur le côté de sa tête, révélant la plaie dû au choc de la bouteille qui avait été fracassée sur son crâne. Ce contact fit sursauter sa jeune nièce qui sentit des perles de sueur couler le long de son échine.

- Que s'est-il passé ? demanda-t-il froidement en gardant ses sourcils froncés.

- De quoi vous parlez ? demanda Ibuki.

- Elle est blessée, que s'est-il passé ?

- Elle s'est cognée, nous l'avons soignée et retiré le pansement ce matin.

- Comment s'est-elle cognée ?

- Elle est tombée en essayant de s'enfuir.

Peu convaincu, Mihawk approcha une main du menton de Noriko avant de le soulever doucement, la forçant enfin à le regarder dans les yeux. Il lui tourna le visage sur la droite, puis vers la gauche et son sang ne fit qu'un tour lorsqu'il remarqua un hématome sur sa joue. Il lui passa un pouce sur sa lèvre ce qui fit frémir la jeune fille et redressa la tête en direction d'Ibuki.

- Vous l'avez frappée ?

- Bien sûr non, se défendit le chasseur de prime. Jamais je ne me serais permis !

- Elle a un bleu sur le visage. Je vous repose la question : l'avez-vous frappée ?

- Non ! On lui a seulement mis les menottes pour l'empêcher d'utiliser ses pouvoirs, et...

- Et ?

- Pendant sa capture, il y a eu une bagarre dans le bar. Nous étions en train de nous défendre lorsqu'un de mes hommes lui a malencontreusement donné un coup de coude.

Mihawk écarta subitement Noriko de son chemin et la plaça derrière lui.

- Si je comprends bien, vous avez levé la main sur elle, vous l'avez touchée.

Les autres chasseurs de prime ne bronchèrent pas mais restèrent sur leurs garde et tous attendirent en silence. Seul leur chef parlait, car seul lui était apte à le faire.

- Je vous assure que c'était dans l'unique but de la capturer, on ne voulait pas lui faire de mal, c'est un malentendu. Je ne savais pas qui elle était, on était dans un bar, il y a eu du grabuge, elle s'est pris un coup et... Quand je me suis rendu compte de qui c'était, j'ai arrêté tout ce que je faisais et je l'ai mise en sécurité.

- Et qu'est-ce que tu étais en train de faire ?

Ibuki avala sa salive, en essayant de rester calme.

- Pardon ?

- Quand tu t'es rendu compte qu'elle était ma nièce, qu'étais-tu en train de faire ? asséna le grand corsaire.

- Je... Eh bien, j'étais en train de me battre.

- Est-ce la vérité ? demanda Mihawk en se tournant vers Noriko.

Cette dernière fixait toujours le sol, partagée entre l'envie de vomir face aux tels mensonges d'Ibuki et l'envie de s'enfuir en courant. Elle pressa ses lèvres l'une contre l'autre afin de s'empêcher de pleurer.

- Vas-tu daigner parler ? s'impatienta son oncle, ou as-tu réellement l'intention de ne plus prononcer le moindre mot ?

Noriko ruminait, tout tournait très vite dans sa tête et elle ne savait plus quoi penser.

« Jamais je n'aurais touché à la nièce de Mihawk, je ne suis pas fou. »

« As-tu déjà connu un homme dans ta vie ? »

« J'espère pour toi que tu seras très... très docile. »

« ... je te traquerai, je te trouverai et je te ferai subir dix fois plus que ce que j'avais l'intention de te faire au bar. »

« Tu n'imagines même pas à quel point tu aurais souffert entre mes mains. »

Elle sentait son torse se soulever de plus en plus vite, sentant le poids du regard de son oncle sur ses épaules. Elle savait qu'il n'y aurait pas de retour possible en arrière à partir du moment où elle ouvrirait la bouche pour raconter ce qu'elle avait sur la conscience, mais ne put malgré tout s'en empêcher.

- Il a voulu me violer, finit-elle par lâcher, les lèvres tremblantes.

Un silence s'abattît sur le groupe.

- Qu'est-ce que tu viens de dire ? articula lentement Mihawk en écarquillant ses yeux.

- Non attendez ! Ce n'est pas... C'est pas ce que vous croyez, se lamenta Ibuki qui commençait à perdre sérieusement son sang-froid.

- Il m'a déshabillée. C'est en voyant mon collier qu'il a compris l'erreur qu'il était en train de faire.

Mihawk serra les poings et crispa sa mâchoire.

- Il a voulu acheter mon silence, termina Noriko en laissant tomber la liasse de billets qu'elle avait cachée dans sa poche jusqu'à présent. Il a menacé de me retrouver et de m'étriper si je parlais...

- Elle ment ! coupa Ibuki en hurlant, je...

Il se tut immédiatement, tous ses hommes qui se tenaient à ses côtés venaient de s'effondrer au sol, la gorge tranchée. Pétrifiée de terreur, Noriko n'avait même pas vu son oncle bouger et le regarda ranger le petit couteau qu'il portait autour de son cou. Ibuki fit un pas en arrière, sentant la peur l'envahir.

- Je vous jure qu'elle ment ! cria-t-il. Je ne l'ai jamais touchée !

- Il a un tatouage en forme de loup à côté de son nombril, insista Noriko en murmurant, les larmes aux yeux. Je l'ai vu quand il était déshabillé...

D'un geste rapide et précis, Mihawk dégaina son sabre noir et trancha le torse d'Ibuki. Terrorisé, ce dernier ne put faire le moindre mouvement, sa chemise se découpa sous ses yeux et tomba au sol, laissant apparaître son torse ainsi que son tatouage. Sentant sa fin proche, il se laissa tomber à genoux, complètement déstabilisé. De son côté, Noriko restait parfaitement immobile, envahie par le soulagement que Mihawk la croyait. Son oncle s'approcha d'Ibuki, l'attrapa par la gorge et le souleva sans aucun effort avant de le plaquer contre le tronc d'un arbre.

- Tu as voulu... la violer ? asséna-t-il en fronçant son nez et en retroussant ses lèvres supérieures.

- Je ne... Je ne savais pas qui elle était, je vous le jure ! Je ne l'ai pas touchée..., déglutit le chasseur de prime avec difficulté.

Noriko écarquilla les yeux, Mihawk était deux fois moins imposant qu'Ibuki. Comment pouvait-il le maîtriser avec autant de facilité ? À quelle limite s'arrêtait sa force ? Son oncle resserra son poing et écrasa la trachée de sa victime, ce qui l'empêcha de prononcer le moindre mot supplémentaire.

- Tu as osé lever la main sur ma nièce, expliqua-t-il. Tu mérites de mourir, mais ne compte pas sur moi pour t'infliger une mort rapide. Tu voulais l'étriper, n'est-ce pas ?

Il l'approcha de lui avant de lui enfoncer violemment l'arrière de la tête dans le tronc d'arbre, ce qui engendra le craquement de son os crânien. Sans attendre, il retira le petit couteau qu'il portait autour du cou et l'enfonça dans le sternum d'Ibuki, ce qui provoqua un gémissement de douleur à ce dernier. Mihawk ne s'arrêta pas là, sans aucune expression faciale, il enfonça le couteau plus profondément, puis l'abaissa jusqu'à son nombril, lui ouvrant le ventre de haut en bas, ce qui arracha un cri d'horreur venant du fond de la gorge d'Ibuki. Horrifiée par la situation, Noriko se laissa tomber à genoux, incapable de détacher son regard du spectacle et plaqua ses mains sur sa bouche. Mihawk retira son couteau et le rangea dans son fourreau, puis sans prévenir, plongea sa main à l'intérieur de l'abdomen d'Ibuki et en ressortit ses tripes par poignées. Le chasseur de prime souffrait le martyre, incapable de prononcer le moindre mot, il se contenta de pousser des hurlements sourds et de terribles grognements.

La chaîne qui reliait ses deux menottes était assez longue pour permettre à Noriko de pencher la tête en avant et de se boucher les oreilles, incapable d'en supporter d'avantage. Elle commença à paniquer et à être prise d'une crise d'angoisse, tentant de penser à autre chose que ce qui s'offrait devant ses yeux. L'horreur qui se déroulait devant elle semblait interminable. Alors qu'elle peinait à respirer, elle sentit qu'on lui attrapait les épaules afin de la redresser, ce qui la fit sursauter et pousser un cri d'exclamation.

- Oh, Noriko, lui souffla Mihawk.

Les mains recouvertes de sang encore chaud, il lui attrapa le visage et l'observa, visiblement inquiet.

- Tu n'as rien ?

- Mi... Mihawk..., haleta-t-elle, les larmes ruisselant ses joues.

- Je suis désolé, tellement désolé que tu aies dû assister à ça. Je n'ai pas pu contrôler ma colère, expliqua-t-il en lui dégageant une mèche du front avant de la replacer derrière son oreille.

Le visage désormais badigeonné du sang de son ennemi, la jeune fille peinait à retrouver une respiration régulière.

- Il... Il a menti... Il m'a frappée et ensuite il... Il m'a menacée, hoqueta-t-elle.

- Tout va bien, je suis là. C'est fini.

- Il a dit qu'il me retrouverait si je parlais...

- Il ne te fera plus jamais de mal, je te le promets, la rassura-t-il en la serrant dans ses bras.

Noriko s'agrippa à sa manche et éclata en sanglots.

- Voilà ce qui arrive à ceux qui s'en prenne à toi, ne put s'empêcher de rajouter Mihawk d'un ton glacial en regardant l'horizon.

Le grand corsaire se dégagea doucement et s'occupa d'enlever les menottes que sa nièce portait toujours aux poignets à l'aide de la clé qu'il avait récupéré sur le corps d'Ibuki. Il les jeta au loin avant de se redresser. La jeune fille sentit des forces remontées directement en elle, mais restait malgré tout très faible et n'avait plus aucune énergie. Constatant que Noriko serait incapable de marcher, Mihawk se pencha et la prit délicatement dans ses bras et elle serra ses mains autour du cou de son sauveur, tout en continuant à pleurer bruyamment.

- Rentrons, lui annonça-t-il tout simplement.

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