Noriko
Ace claqua la porte derrière lui. Une fois seule, Noriko balança sa couette à terre, devant se dépêcher. Surmontant son mal de crâne, elle essaya de passer ses jambes sur le côté de son lit. La douleur qui lui transperçait la cheville la fit gémir, puis siffler entre ses dents. Il fallait pourtant qu'elle se lève. Elle prit de profondes inspirations en mettant tout son poids dans ses bras avant de finalement réussir à se mettre debout sur un seul pied. Prenant appui sur le mur, puis sur les meubles qu'elle voyait, elle récupéra un sac qui était sous son lit. Elle l'avait préparé il y a plusieurs mois dans le cas où elle devrait fuir. Dedans s'y trouvait des boites de conserve qu'elle avait échangées contre du bénévolat, une bouteille en verre contenant du charbon et de l'argent, c'est-à-dire la quasi-totalité de ses économies. Elle laça sa chaussure droite à son pied équivalent et balança la gauche dans son sac avant de se diriger vers la porte. Il fallait à tout prix qu'elle se sauve, n'ayant aucune confiance en ce Ace. S'il l'envie lui en prenait, il pouvait très bien revenir avec des hommes armés jusqu'aux dents pour la capturer.
Elle mit environ dix minutes avant de pouvoir sortir de chez elle. Sa cheville la menaçait de la faire tomber à n'importe quel moment et sa migraine l'empêchait de se concentrer. Une fois devant le porche de sa maison, elle longea celle-ci vers l'est en se tenant aux murs, se disant qu'elle ferait un détour pour ne pas croiser Ace, même si elle devait gagner le port le plus vite possible. Elle dû s'asseoir à plusieurs reprises pour reprendre son souffle et se focaliser sur la douleur qui l'empêchait d'avancer lorsqu'enfin, elle arriva près du lac. N'en pouvant plus, elle s'assit de nouveau et entreprit de se déplacer à même le sol en s'aidant de ses bras et en tirant sa jambe qui devenait de plus en plus inutile. Elle aperçut une branche et eut l'idée de s'en faire une canne. Le résultat était tout bonnement catastrophique. La douleur à son pied était de plus en plus insurmontable, elle avait l'impression que son cerveau essayait de sortir de sa boîte crânienne, sans compter le bourdonnement assourdissant qui était apparu dans ses oreilles.
Après presque une heure d'acharnement, elle avait finalement réussit à ne plus voir ni sa maison, ni le lac et s'était enfoncée entre les sapins. Il lui fallait environ une minute pour chacun de ses pas et elle se désespérait à l'idée d'y passer la nuit. Alors qu'elle prenait de nouveau appui sur sa canne de fortune, cette dernière céda sous son poids et la jeune fille s'étala au sol, se cognant le genou de sa jambe blessée au passage, ce qui la fit crier de douleur. Sons sang bouillonnait à l'intérieur de son corps, elle aurait voulu avoir quelque chose entre ses mains pour pouvoir le jeter contre un arbre et ainsi se défouler. De rage, elle frappa le sol avec son poing et roula difficilement sur le côté.
- Tu es vraiment têtue.
Elle tourna sa tête vers la voix tout en lançant une bulle d'eau géante qui fila entre les arbres, manquant de peu la tête d'Ace qui l'avait évitée très facilement en se penchant sur le côté, faisant s'entrechoquer les perles rouges qu'ils portaient au cou. Il poussa un sifflement d'admiration.
- Joli réflexe.
Noriko cru qu'elle avait une hallucination avant de constater que l'homme devant elle était bel et bien réel.
- Encore toi ! ? pesta-t-elle.
- Je t'avais dit que je reviendrai, qu'est-ce que tu fais ?
- N'approche pas de moi !
- Je...
- Je m'en vais, lui dit-elle, et tu ferais bien d'en faire autant.
Ace se tut, remarquant les mains tremblantes de la jeune fille. Elle était sur le qui-vive et semblait de nouveau prête à l'attaquer.
- C'est de moi que tu as peur ?
- À ton avis !? s'énerva-t-elle. Je te remercie de m'avoir aidée, mais comme je te l'ai expliqué, je n'ai aucune confiance en toi. Tu connais mon existence et ma cachette, ce qui veut dire que je ne peux pas rester.
- Je t'ai dit que je ne dirai rien...
- Peu m'importe ! Les hommes d'hier pourraient revenir, je dois absolument partir.
- Noriko...
- Laisse-moi ! somma-t-elle en essayant de ramper sur le ventre.
- Noriko.
- Quoi ! ? hurla cette dernière en se retournant pour le défier du regard.
- Ils sont tous morts, j'ai vérifié moi-même et je les ai tous enterrés.
Luttant pour s'asseoir face à lui, Noriko fut abasourdie, elle avait sûrement mal entendu.
- Pardon ? Tu... Tu les as tués ?
- Je ne voulais pas que tu aies peur de moi, même si c'est déjà le cas, je ne voulais pas que tu me prennes pour un assassin, alors je t'ai dit que je les avais seulement fait fuir.
Elle secoua la tête de gauche à droite, cherchant ses mots.
- Mais.... Tu... Tu les as enterrés ?
- Je n'allais pas les laisser là, je ne pouvais pas laisser de traces.
Sa migraine lui lança l'équivalent d'un éclair à travers ses tempes, ce qui obligea la jeune fille à porter la main devant ses yeux.
- Écoute, je... Je n'arrive plus à réfléchir. S'il te plaît, va-t-en. Laisse-moi tranquille.
- Je n'irai nulle part.
- Mais qu'est-ce que tu veux à la fin ! ? hurla-t-elle.
Ace ne répondit pas.
- Tu sais quoi, reprit-elle, j'en ai ma claque, si tu tiens tant à m'emmener, alors vas-y ! Fais-le une bonne fois pour toute ! Je suis incapable de me battre dans cet état, ma tête menace d'exploser d'un moment à l'autre et je ne sens plus ma jambe gauche, je ne risque pas de riposter. Alors, vas-y ! Livre-moi si ça te chante !
Elle haletait bruyamment, la vision brouillée par des larmes et l'esprit visiblement confus.
- Noriko, l'appela-t-il calmement en faisant un pas vers elle, ce qui la fit reculer par réflexe.
Elle semblait encore avoir changé d'avis et ne savait donc plus ce qu'elle disait.
- Non, t'approches pas... !
- Laisse-moi t'aider. Tu as peur, je le sais, mais tu dois me croire : seule, tu ne t'en sortiras pas.
Des larmes commencèrent à couler sur les joues de Noriko qui renifla en essuyant son nez avec le dos de sa main.
- Tu vas me trahir...
- Non.
- Ils le font tous... Mon existence même est un fardeau, continua-t-elle en laissant échapper un sanglot.
Ace se décomposa en entendant cette phrase, mais la jeune fille ne le remarqua pas. Il laissa passer un silence, puis ferma les yeux en soupirant.
- S'il-te-plaît, insista-t-il.
Noriko secoua la tête de gauche à droite, puis posa le dos de sa main devant sa bouche pour s'empêcher de lâcher un nouveau sanglot, avant de renifler bruyamment. Elle se frotta le visage, puis hocha enfin la tête silencieusement, lui montrant qu'elle était d'accord.
- Je vais te porter.
- Tu ne peux pas me toucher, tu es fait de feu...
- Tu ne risques rien tant que je ne me transforme pas, je reste avant tout un humain, sourit-il. Je te rappelle que je t'ai déjà portée hier soir et que je t'ai même soignée.
Elle sentit un frisson lui parcourir l'échine en entendant cette affirmation, lui rappelant qu'il l'avait bel et bien posé ses mains sur elle. Elle chassa ce souvenir en se mordant la lèvre inférieure avant de froncer les sourcils.
- Je... Je préfère marcher.
- Je suis parti plus de deux heures et tu as à peine parcouru... Je dirais quoi ? Un kilomètre ? Je veux pas te décourager ou te vexer, mais...
- Je ne veux pas être touchée !! s'emporta-t-elle soudainement en faisant apparaître des bulles d'eau autour d'elle qui disparurent aussitôt.
Ace sursauta et fit un petit pas en arrière, remarquant que la poitrine de la jeune fille se soulevait et redescendait à une vitesse beaucoup trop élevée, lui indiquant qu'elle était en panique et terrorisée. Qu'avait-elle bien pu traverser pendant toutes ces années de solitude ? Une des bretelles de son débardeur glissa le long de son épaule qu'elle remit en place légèrement gênée. Ce geste n'échappa à Ace et par respect, il concentra son regard sur la cheville de Noriko.
- Je... Très bien, capitula-t-il en mettant ses deux mains en l'air, je ne te toucherai pas sans ton autorisation, tu as ma parole.
Elle leva des yeux remplis de tristesse vers lui.
- Merci, souffla-t-elle en haletant, tentant de calmer sa crise d'angoisse en posant un poing sur son torse.
- Est-ce que... Je peux au moins t'aider à te mettre debout ?
Méfiante, elle le regarda de haut en bas avant de fermer les yeux en soupirant.
- Oui... Oui, tu peux.
Il se passa une main derrière la nuque et la regarda, semblant chercher une solution sans y parvenir.
- Il faudrait que je te soulève en te tenant les bras. Tu es d'accord ?
- Oui, murmura-t-elle.
Il se plaça derrière elle et la souleva doucement, faisant très attention de ne pas la faire forcer sur sa jambe.
- Assieds-toi ici, conseilla-t-il en lui désignant un petit rocher couvert de mousse. Écoute, il faudrait que je regarde ton pied, tu veux bien ?
- Pourquoi ? demanda-t-elle d'un air soupçonneux.
- Je dois savoir si tu as aggravé ta blessure.
- Tu as vraiment une manie...
- Il faudrait que je vérifie l'arrière de ton crâne aussi, mais nous verrons ça plus tard.
Elle passa ses doigts derrière sa tête à la recherche de sa plaie.
- Tu m'as recousue ?
- Oui, c'était rapide, ça saignait beaucoup, mais ce n'était pas profond, expliqua-t-il en s'agenouillant près d'elle avant d'ancrer son regard dans le sien. Tu permets ?
Noriko hocha la tête, prit appui sur ses mains pour basculer son poids vers l'arrière, puis se mit à serrer fortement ses dents, s'apprêtant à avoir mal. Aussi doucement que possible, Ace se pencha vers son pied, prit son talon dans le creux de sa main, puis lui retira une partie du bandage. Ses gestes étaient précis et méticuleux. Lentement, il continua d'enlever le pansement avant de s'arrêter à la moitié sans prévenir. La peau de Noriko était gonflée et virait entre le bleu et le noir. Elle prit une inspiration pour ne pas craquer et regarda vers le ciel.
- C'est cassé ? gémit-elle en luttant contre un nouveau flot de larmes.
- Je ne sais pas, mais tu ne t'es vraiment pas ratée et ton genou est également amoché.
- Je viens de tomber.
- Ah bon ?
- Tu te moques de moi, c'est ça ? s'agaça-t-elle.
- Oui, sourit-il en levant ses yeux vers elle.
Toujours agenouillé, il se tourna et lui présenta son dos.
- Qu'est-ce que tu fais ? demanda la jeune fille en observant l'emblème de Barbe Blanche.
- Grimpe, ordonna-t-il.
- Pardon ?
- Grimpe sur mon dos. Tu ne veux pas que je te touche, mais toi tu peux le faire, grimpe et accroche-toi à mon cou.
- Mais je...
- Tu sais aussi bien que moi que c'est la meilleure solution, tu n'arriveras pas à regagner ta maison sans mon aide et si je te fais marcher, même sur une seule jambe, ton état pourrait s'empirer. Je te ne toucherai pas plus que nécessaire, je te le promets.
Noriko serra ses bras l'un contre l'autre en compressant sa poitrine et se mordit l'intérieur de sa joue. Elle ferma les yeux, respira un bon coup, puis posa ses deux mains tremblantes sur les épaules d'Ace avant de se hisser sur lui en forçant dans ses bras.
- Je... Je ne suis pas trop lourde ?
- Mais non, rassura-t-il. Tu permets que je tienne tes jambes ? Ça t'évitera de glisser.
- Oui. Tu peux.
Il passa des mains sous les cuisses de Noriko, qui frissonna à ce contact, afin d'y caler ses avant-bras, lui permettant de mieux se stabiliser et d'avoir un meilleur maintien, puis se redressa lentement pour ne pas la brusquer.
- Ça va ?
- Je crois...
- Je vais y aller doucement. Si tu as mal, fais-le moi savoir, d'accord ?
- D'accord.
Perchée sur le dos d'Ace, ses bras se tenant à son cou, Noriko avait finit par poser son front sur son épaule tellement elle avait mal. La douleur lui rongeait la cheville, sa tête était de plus en plus lourde et le tout l'épuisait moralement et physiquement. Elle sentait une odeur de sapin et comprit qu'elle était toujours dans la forêt. Elle remarqua que son crâne lui faisait de plus en plus mal et que sa vision lui semblait être plus floue qu'à l'accoutumé.
- Tu dors ?
- Non, grommela-t-elle.
- Tu as mal ?
- Ça va...
Elle mentait.
- Nous y sommes presque.
Une fois à l'intérieur de la maison, Ace se plaça devant le lit, se baissa puis l'aida à s'asseoir dans le sens de la largeur du matelas. Elle le remerciera, enleva son sac qu'elle portait en bandoulière, le posa sur le lit à ses côtés et recula afin de s'adosser contre le mur en sifflant de douleur entre ses dents, tout en laissant sa jambe tendue devant elle. Elle écarquilla soudainement ses yeux.
- Qu'est-ce que c'est que tout ça ?
Sur la table trônaient fièrement une dizaine de sacs de course.
- Je suis allée au village, lui rappela-t-il.
- Mais comment tu as pu porter tout ça en si peu de temps ?
- Bah avec mes mains.
- Mais enfin, qu'est-ce que tu as acheté ?
Il se dirigea vers les sacs, puis sortit toutes ses trouvailles.
- De quoi faire à manger, il y a des fruits, des légumes, de la viande... J'ai même pris des oeufs pour faire des omelettes.
Noriko resta sans voix, elle ne savait même pas comment réagir.
- Je t'ai également pris des anti-douleurs et une crème pour ton œil, pour apaiser ton bleu. Je ne suis pas sûr que ce soit efficace, marmonna-t-il en lisant l'étiquette.
- Je croyais que tu en avais ? De l'anti-douleur, je veux dire.
- J'ai bien vu que tu n'avais pas l'intention de prendre quoique ce soit sortant de mes affaires. Cette boîte est neuve et scellée, je te laisse l'ouvrir, l'informa-t-il en lui lançant les médicaments sur le lit.
- Je... Je suis désolée, je ne voulais pas insinuer que...
- Que j'allais te droguer ? devina-t-il.
Elle ferma son visage et devint soudainement très froide.
- Oui, finit-elle par admettre.
- Je ne suis pas vexé, je peux comprendre.
- Et dans ce sac, qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle en le désignant du menton.
- Des graines !
- Des graines ?
- Je suppose que tu ne vas pas souvent faire les courses, avec ça, tu pourras avoir ton propre potager. Tu sais jardiner ? Arroser les légumes ne devrait pas te poser pas de problème. Ton réfrigérateur fonctionne ? demanda-t-il en regardant autour de lui.
Elle n'en pouvait plus. Ace parlait sans s'arrêter, il débordait d'énergie et la vidait de la sienne.
- Mon quoi ?
- Ton réfrigérateur.
- Ah ? Heu... Aucune idée, repondit-elle en se massant les tempes, je n'ai pas l'électricité.
- Ah bon ?
- Non. Je vis avec la lumière du jour et la nuit, et si j'ai besoin, j'allume une bougie.
Ace regarda autour de lui et constata qu'en effet, une bonne dizaine de bougies, toutes aussi différentes les unes des autres, était éparpillée dans toute la pièce. Il reporta son attention sur Noriko avec un petit sourire en coin.
- Donc tu manipules le feu toi aussi.
- Je n'ai pas peur d'une boîte d'allumette, rétorqua-t-elle en roulant des yeux, et je n'ai pas peur du feu si j'arrive à en garder le contrôle.
- Je vais m'en occuper.
- D'allumer des bougies ?
- De te remettre l'électricité, cette maison est récente, il doit y avoir un compteur ou quelque chose qui l'alimente quelque part.
- Tu n'es pas obligé de...
- Je ne t'ai pas demandé ton avis, je reviens.
Noriko se prit la tête entre les mains pour masser de nouveau ses tempes et soupira, cette homme l'épuisait rien que par sa présence.
- Comment peut-il être aussi énergique ? marmonna-t-elle pour elle-même.
Elle attrapa la boîte d'anti-douleur et l'observa. Avec précaution, elle l'ouvrit, se rendant compte qu'elle était bel et bien scellée, puis prit un des médicaments et le plaça sous sa langue. Ensuite, elle prit son sac et fouilla à l'intérieur à la recherche de ses économies afin de récupérer quelques billets.
- J'ai réussi, lui annonça Ace en revenant en trombe dans la maison.
La jeune fille sursauta, ce qui lui lança l'équivalent d'un coup de couteau dans la cheville, puis râla en posant une main sur sa poitrine afin de calmer son rythme cardiaque.
- Bon sang... Tu m'as fait peur.
Il se gratta derrière la tête et sembla confus.
- Ah, désolé. Bon, testons ça.
Il s'approcha d'un interrupteur et l'enclencha ce qui eut l'effet immédiat d'allumer la lumière.
- Eh bah voilà.
La jeune fille se passa une main dans les cheveux, puis la posa sur son front et laissa tomber sa tête contre le mur derrière elle, essayant de ne pas penser à son pied.
- Tu as fait ça en si peu de temps ?
Ace arqua un sourcil et la dévisagea.
- Est-ce que tu avais au moins essayé de le faire ?
- Heu... Non.
- Je vois. Bref, tu as faim ?
- Non merci, j'ai seulement besoin de dormir, répondit-elle avant de se pencher en avant pour lancer la boîte d'anti-douleur sur sa table de nuit, et surtout de calme.
Ace sourit en remarquant que la boîte était ouverte, devinant qu'elle en avait pris un, mais ne releva pas la dernière remarque de la jeune fille. Cette dernière balança ensuite son sac par terre, prit ce qu'elle avait posé sur sa couette et l'interpella en lui tendant la main.
- Tiens.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il en s'approchant.
- De l'argent.
Il s'arrêta d'un seul coup, et recula.
- Pour quoi ?
- Pour les dépenses d'aujourd'hui. Prends.
- Non.
- Prends je te dis, je ne veux pas t'être redevable.
- Tu n'as pas à l'être.
- Ce que tu peux être têtu, pesta-t-elle en écrasant les billets dans sa paume.
- Ce que tu peux être tenace, rétorqua-t-il sur le même ton avec un sourire narquois. C'est toi qui parles d'entêtement ?
Elle grommela en levant encore les yeux aux ciel, posa l'argent sur la table de nuit, puis retira difficilement sa seconde botte avant de la laisser tomber par terre, ensuite elle se mit dans le sens de la longueur du lit et s'allongea. Elle aurait voulu lui tourner le dos, mais la douleur de sa jambe l'obligeait à rester dans une position qui la faisait regarder le plafond.
- Je vais m'occuper de tout ranger au frais.
- Ace ?
- Oui ?
- S'il-te-plaît, tu en as assez fait, tu peux partir maintenant.
- Je vais partir. Mais je veux d'abord m'assurer que ton réfrigérateur fonctionne, conclut-il en se tournant vers la cuisine.
- Si ça t'amuse, bougonna-t-elle.
Elle ferma les yeux et s'endormit presque aussitôt grâce au médicament qui faisait enfin son effet.