Noriko

Chapitre 52 : Ace (3)

4292 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 12/09/2025 22:39

Noriko fixait l'endroit où Ace se tenait quelques secondes plus tôt et arqua un sourcil. Comment le feu pourrait-il s'éteindre alors qu'il est capable de le contrôler ? Seule avec ses pensées, la jeune fille aux cheveux blancs était perturbée.

« Il doit être gêné », se dit-elle.


Elle l'était également par la situation, ne s'attendant pas à ce qu'il lui déclare avoir envie de l'embrasser. Est-ce que ça voulait dire qu'elle lui plaisait ? Elle savait qu'elle n'était pas non plus indifférente à ses charmes car elle sentait son cœur s'accélérer chaque fois qu'il était proche d'elle, qu'il lui touchait la cheville afin de voir si tout allait bien, qu'il lui faisait à manger, qu'il s'assurait qu'elle ne manquait de rien, qu'il faisait en sorte qu'elle soit en confiance, qu'il lui demandait l'autorisation de s'approcher d'elle ou de la toucher, qu'il prenait soin d'elle, tout simplement. Elle repensa à sa manière de la regarder, de lui mettre plusieurs édredons sur les épaules pour ne pas qu'elle ait froid, de la faire rire, ainsi que sa manière de râler chaque fois qu'elle marchait sans ses béquilles, ou bien de ne pas lui poser de questions sur son passé.


Ace ne lui avait jamais rien demandé, respectant sa vie privée et la jeune fille en faisait de même. Pourtant, plus ils passaient de temps ensemble et plus ils se dévoilaient l'un à l'autre. Sans jamais poser de questions, attendant toujours que la confidence vienne d'elle-même. Un soir où ils avaient trop bu, Ace lui avait parlé de son enfance, de sa jeunesse et de ses frères bien qu'elle fut incapable d'en retenir les prénoms à cause de l'alcool. De son côté, Noriko lui avait tout raconté à propos de son oncle Mihawk, son enfance, ses entraînements, ses fugues, tout. Elle lui avait également parlé de ce qu'il s'était passé cette nuit-là dans ce fameux bar où elle avait été capturée et en avait même pleuré. Elle lui avait même raconté d'où lui venait ses fameuses bottes et Ace avait su se montrer compréhensif. Elle se souvint de la fois où elle lui avait demandé de partir, il lui avait dit qu'il allait d'abord réparer son frigo et elle s'était endormie par la suite. Le lendemain, alors qu'elle le croyait parti, elle avait été contente de le retrouver, franchissant la porte de la salle de bain, les cheveux mouillés alors qu'il revenait d'un bain qu'il avait prit dans le lac.


C'était la première fois depuis sa fugue que quelqu'un prenait soin d'elle avec autant de douceur et de gentillesse. Noriko avait repoussé ses sentiments, ayant peur de n'être attachée à lui uniquement parce que c'était la seule personne qu'elle connaissait, elle avait peur qu'il parte du jour au lendemain une fois sa cheville guérie. Pourtant, elle se sentait mieux aujourd'hui et utilisait ses béquilles uniquement pour lui faire plaisir. Elle savait qu'elle pourrait de nouveau se débrouiller seule. Allait-il pour autant l'abandonner ? Il était bien resté jusqu'à maintenant... Devait-elle faire semblant de ne pas aller mieux pour éviter qu'il ne la quitte ? Non. Elle lui avait promis d'être honnête avec lui concernant son état de santé et lui-même avait été honnête avec elle lorsqu'il lui avait avoué avoir envie de l'embrasser.


Noriko toucha ses lèvres du bout de ses doigts. Elle n'avait embrassé personne jusqu'à ce jour. Sa seule expérience avec un homme avait manqué de tourner à la catastrophe et depuis, elle avait toujours peur lorsque quelqu'un s'approchait d'elle. Arriverait-elle à baisser ses barrières avec Ace ? Si jamais il l'embrassait, si jamais il la touchait, comment réagirait-elle ? Devait-elle lui demander ce qu'il comptait faire ? Elle ne connaissait rien à l'amour. Elle ne savait pas ce que c'était d'aimer quelqu'un, d'être amoureuse. Tout ce qu'elle pouvait dire, c'était que son cœur se serrait chaque fois qu'elle le voyait alors qu'elle ne s'y attendait pas et que son rythme cardiaque manquait de percer son sternum à chaque fois qu'elle était près de lui.


    Elle n'avait rien ressenti la première fois qu'elle l'avait vu torse nu, s'étant simplement dit qu'elle ne serait pas de taille à lutter contre lui physiquement si l'envie lui en prenait de vouloir l'attaquer. Et bien qu'il soit torse nu la plupart du temps, elle s'était surprise à l'observer plus en détails, scrutant ses muscles, son ossature, même son cou et la forme de sa mâchoire et se surprenant à penser qu'elle aimerait bien qu'il la prenne dans ses bras chaque fois qu'il avait le dos tourné. Ses avants-bras apparurent très clairement dans son esprit, elle voyait les veines en relief qui couraient dessus, ne demandant qu'à s'agripper à elle. Elle se voyait dormir contre lui, les serrant contre sa poitrine, ressentant sa présence derrière elle, imaginant son souffle léger devenir de plus en plus irrégulier derrière son oreille lui indiquant qu'il s'endormait petit à petit. Elle l'imaginait lui toucher ses cheveux, enfouissant son nez dedans afin de la respirer et elle faisant de même. L'odeur agréable de sapin lui parvint aux narines, elle le sentait encore et savait pertinemment qu'elle pourrait se noyer dans cet odeur si elle en avait l'occasion. Noriko se mordit légèrement la lèvre inférieure. Elle voulait être avec lui, près de lui, elle voulait être dans ses bras. Ses bras si épais et si puissants, qu'ils pourraient très facilement la soulever sans aucune difficulté. Elle devint soudainement toute rouge, et se cacha sous son édredon, se demandant s'il avait déjà remarqué ses regards et se disant que si c'était le cas, elle n'oserait plus jamais le regarder dans les yeux.


    Un matin, Noriko s'était longuement observée dans le miroir de la salle de bain. Depuis qu'il lui faisait à manger, elle n'était plus aussi maigre qu'avant et avait repris un peu de poids, ce qui avait ajouté des formes à son physique. Elle avait prit de la poitrine ces dernières années et s'était rendue compte qu'elle avait enfin acquis son corps de femme. Ace la voyait-il de cette manière ? Une femme parmi tant d'autres ? Elle le savait très bel homme et se doutait que son charme ne devait pas passer inaperçu. Était-ce seulement de l'attirance physique ou bien, était-ce bien plus que cela ?


    Se sentant soudainement à court d'oxygène, elle ressortit la tête de sa cachette et inspira l'air frais de la nuit à plein poumons, puis laissa échapper un petit rire en levant son nez pour regarder les étoiles. Il ne manquait plus que ça, voilà qu'elle était jalouse de femmes qu'elle ne connaissait même pas et dont elle n'avait aucune certitude qu'elles avaient existé un jour. Noriko était perdue, elle laissa de côté ce qu'Ace pouvait penser d'elle et se concentra sur ce qu'elle pensait de lui. Était-elle réellement tombée sous son charme ? Elle se leva prudemment et retourna à l'intérieur de la maison, avant de revenir s'installer près du feu, emmitouflée sous ses couvertures et surtout armée de deux bouteilles de rhum. Assise en tailleur près du feu, elle attendit patiemment.


    Ace revint une vingtaine de minutes plus tard, un tas de bois dans les bras. Alors qu'il s'approcha silencieusement du feu, il se rendit compte que Noriko avait la main tendue devant elle, jouant avec une bulle d'eau à laquelle elle s'amusait à lui donner des formes diverses et variées. Elle semblait perdue dans ses pensées et il s'émerveilla face à ce spectacle. Tantôt, c'était un chien, tantôt un oiseau, suivit de près d'un arbre et même d'un vélo. Il sourit face à tant d'innocence avant de froncer les sourcils, tentant de visualiser la nouvelle forme qu'elle était en train de créer. Son cœur bondit dans sa poitrine et ses yeux s'écarquillèrent. À quelques pas, après avoir fait danser l'eau dans la paume de sa main, Noriko lui avait finalement donné sa forme finale qui était le buste d'un homme qu'il ne connaissait que trop bien. C'était le sien. Il reprit ses esprits et s'avança vers elle, faisant exprès de faire craquer une branche sous ses pas avant de se racler la gorge.


    Noriko sursauta, faisant disparaître de sa main la bulle d'eau qui avait la forme d'Ace.

- Oh, c'est toi ? Tu m'as fait peur, souffla-t-elle avec soulagement.

- Tu t'attendais à quelqu'un d'autre ? se moqua-t-il avant de déposer le tas de bois au sol.

« Est-ce qu'il m'a vue ! ? », voulu-t-elle hurler en s'arrachant les cheveux.

- Heureusement que non, lui sourit-elle gênée.

Elle était en train d'observer les traits du jeune homme dans la bulle d'eau qu'elle avait fait apparaître et voilà que ce dernier apparaissait devant elle au même moment. Elle maudit le hasard de lui avoir fait une mauvaise blague et le cœur battant à tout rompre, elle était persuadée qu'il l'avait bel et bien vue.

- Je vois que tu m'as attendu, ça me fait plaisir.

Elle se sentit rougir jusqu'aux oreilles, ayant soudainement très chaud.

- Pardon ?

- Les bouteilles, expliqua-t-il en les lui désignant du menton.

- Oh ç... Ça ? Oh ! Ça ! ? Heu, oui ! Oui oui, bafouilla-t-elle en s'emmêlant dans ses couvertures alors qu'elle voulait dépêtrer ses pieds, ayant de plus en plus chaud.

Elle tenta de se lever mais bloquée par un des édredons, elle retomba à genoux et manqua de s'étaler sur le sol, se retenant au dernier moment à l'aide de ses avant-bras et de ses coudes. Ace se précipita pour l'aider.

- Ça va ! ?

- Oui ! C'est bon, je n'ai rien, lança-t-elle en se redressant soudainement, comme si de rien n'était.

Elle attrapa une des bouteilles au sol et la lui tendit, fuyant son regard en faisant semblant de chercher quelque chose par terre, sa dignité par exemple.

    Le jeune homme lui prit le rhum des mains et la regarda d'un air amusé avec un sourire en coin. Les joues rouges, Noriko souffla, se faisant de l'air en secouant son poignet vers son visage puis, prenant son courage à deux mains, osa enfin le regarder. Un petit silence s'installa entre eux.

- Merci, finit-il par dire.

La tension était palpable, puis ne tenant plus, ils éclatèrent de rire en même temps.

- Je viens réellement de manquer de m'étaler à plat ventre ? demanda-t-elle en riant.

- Il me semble, oui. Tu es sûre que tu n'as pas commencé à boire sans moi ? lui répondit Ace d'un ton taquin.

- C'est pas très gentil de me dire ça, rétorqua-t-elle en riant de plus bel.

Ace regarda les pieds de Noriko, s'assurant qu'elle était bien stable, puis eut soudainement une pensée à l'esprit. Il les montra de son index.

- Je rêve ou tu es debout sur tes deux pieds ?

Elle regarda par terre, comme pour s'assurer que c'était bien le cas.

- Heu... Disons que....

- Tu es partie chercher ces bouteilles sans tes béquilles, admet-le, râla-t-il en lui pincant le bout de son nez.

Elle se dégagea en se frottant le visage, ne réagissant même pas à ce contact physique.

- Mais je vais bien, je suis sûre que je peux marcher sans problème !

- On ne remet pas d'une foulure aussi facilement.

- Ça fait des semaines ! Je promets de faire attention et de ne pas forcer, ce n'est pas comme si j'allais m'enfuir en courant !

- J'espère bien, lâcha-t-il en croisant ses bras. De toute façon, je ne te laisserai pas faire.

Le cœur de Noriko rata un bon en entendant cette affirmation. Elle baissa la tête et se tritura les doigts.

- Bon..., commença-t-elle timidement avant de lever son regard vers lui avec un grand sourire. On trinque ?

Pour toute réponse, Ace ramassa la deuxième bouteille, l'ouvrit avec ses dents avant de cracher le bouchon à terre, la lui tendit et fit de même avec la sienne.

- On trinque ! dit-il joyeusement.

    Ils se rassirent près du feu, bavardant de tout et de rien, laissant l'alcool les enivrer petit à petit.

- Tu connais le nouveau monde ! ?

- Oui j'y suis déjà allé, mais comment le connais-tu ?

- J'ai beaucoup étudié quand j'étais petite, j'ai lu beaucoup de livres et j'avais beaucoup de leçons concernant les mers et les océans.

- Tes leçons avec Mihawk ?

- Oui. Il m'a tout appris, admit-elle. C'est même grace à lui que je sais naviguer.


——————


- Tu n'as jamais mangé de pomme d'amour ! ? s'étonna-t-il.

- Bah non... C'est lorsque que les gens font la fête, non ?

- Oui, en général, enfin pas forcément.

- Je n'ai jamais fait de fête.

- Je vais t'en faire une, se leva-t-il précipitamment.

- Hein ? De fête ?

« Il veut me faire ma fête ! ? » hurla-t-elle dans son esprit en sentant le rouge monter à ses joues.

Il était déjà à l'intérieur de la maison, lorsqu'il passa la tête en arrière dans l'encadrement de la porte, tentant de pas rire à la remarque de la jeune fille.

- De pomme d'amour, espèce de bêta, nous avons du sucre et des pommes.

Bien qu'elle se sentit parfaitement stupide, Noriko ne laissa rien paraître.

- Mais non, tu...

- Ce sera vite fait, je te rappelle que je contrôle le feu, tu auras du caramel en peu de temps, lâcha-t-il en se dirigeant vers la cuisine.

En effet, moins d'une heure plus tard, après avoir laissé le caramel recouvrant la pomme refroidir, Noriko tentait de dévorer ce nouveau met.

- C'est dur comme de la pierre, se plaignit-t-elle.

- C'est du caramel, lâcha-t-il d'un ton las, l'alcool lui montant à la tête.

- Tu es prié de ne pas me juger.

- Tu aimes ?

- C'est très sucré.

- C'est du caramel, répéta-t-il.

- Mais rah ! Je sais !

Elle lui donna un coup de coude sur l'épaule, qui le fit tomber par terre.

- Quelle poigne.

- Tu as fait semblant, n'exagère pas.

- Quelle perspicacité.

- Tu m'énerves...

Elle ne put manger sa pomme en entier et en donna la moitié à Ace. Lorsqu'ils eurent terminé, elle fit apparaître de l'eau et ils se lavèrent les mains ainsi que le visage, ayant du caramel partout.


——————


- Qu'elle est ta fleur préféré ? demanda Noriko.

- La fleur de cerisier, sans aucune hésitation. Et toi ?

- Hmmm, la rose. À condition qu'elle soit rouge.

- Pourquoi rouge ?

- Je ne sais pas. Pourquoi pas ? Je trouve que c'est la plus jolie.


——————


- Ace ?

- Oui ?

- Tu es ivre ?

- Non, c'est redescendu, ça fait des heures que l'on discute. Tu l'es ?

- Oui, mais attends.

- J'attends.

- Voilà !

- Qu'est-ce que tu as fait ?

- J'ai évacué tout l'alcool de mon organisme, expliqua-t-elle avec fierté.

Il ouvrit de grands yeux ronds.

- Comment tu fais ça ?

- En m'hydratant ! Je suis faite d'eau à 100%, je ne sais même pas comment c'est possible que je puisse être ivre, mais je suis contente de pouvoir l'être.

- Tu veux dire que de toutes les fois où on a bu, tu pouvais te soigner en une seconde ! ?

- Mais je te l'ai déjà dit ! Je l'ai toujours fait, je n'avais pas envie d'avoir de migraine le lendemain, alors je décuvais avant de me coucher. Et si j'oubliais, je le faisais au réveil.

- C'est une blague ?

- Non.

- Si, c'est une blague !

- Bah non, mais tu le savais.

- Tu veux dire que depuis tout ce temps, quand je te voyais en pleine forme le matin et que j'étais le seul à être en gueule de bois, c'est parce que tu trichais ! ?

- Bah.... Je ne savais pas que je devais tenir moralement et physiquement.

- Je suis vexé.

- Mais je te l'ai déjà dit !

- Je suis tout de même vexé.

- Bon. Je te promets qu'à notre prochaine beuverie, je n'utiliserai pas mes pouvoirs, ça te va ?

- Tu veux dire ce soir ? Oui. Je m'en contenterai, il me tarde de te voir souffrir de cette chose affreuse que l'on appelle gueule de bois, annonça-t-il diaboliquement.

- Je commence à regretter ma promesse, soupira-t-elle avec un sourire.


——————


- Le soleil va se lever, remarqua-t-elle.

- Nous devrions rentrer, tu as l'air gelé.

- Oui.

Il se releva et lui tendit une main pour l'aider. Elle s'y aggripa, et une fois debout, ne la lâcha pas tout de suite et fit remonter la sienne sur son avant-bras, lui caressant le triceps de haut en bas. Ce geste inattendu donna des frissons au jeune homme qui ne laissa rien paraître.

- Ace ?

- Oui ?

- Ce que tu m'as dit tout à l'heure, tu le pensais vraiment ?

- On a parlé toute la nuit, à quoi fais-tu allusion ?

- Avant que... Avant que tu n'ailles chercher du bois.

- Ah, je ne me souviens plus vraiment à cause de l'alcool, même le début de la soirée est un peu flou.

- Oh je vois... Ça n'était peut-être pas si important que ça, lâcha-t-elle déçue avant de tourner les talons.

Il la rattrapa par l'avant-bras et la retourna vers lui.

- C'est tout ?

Elle ouvrit des grands yeux étonnés.

- Comment ça ?

- Tu ne vas même pas insister ?

- Mais ? Tu me dis ne pas t'en souvenir, je suppose que ce n'était pas important pour toi.

Il la relâcha et attrapa son visage entre ses deux mains, l'invitant à le regarder dans les yeux, puis s'amusa à lui écraser ses deux joues, lui donnant une bouche de poisson. La jeune fille ne broncha pas à ce contact et le laissa faire, perplexe.

- Noriko.

- Moui ? tenta-t-elle d'articuler.

- Je suis tombé amoureux de toi le jour où je t'ai rencontrée, le jour où je t'ai trouvée alors que tu sortais en rampant du lac, le jour où je t'ai sauvée la vie.

Il relâcha légèrement son emprise et fit glisser ses mains sous ses oreilles.

- Ace...

Il ne la laissa pas continuer sa phrase.

- Si tu ne t'étais pas foulée la cheville ce jour-là, j'aurais trouvé un autre prétexte pour rester à tes côtés. J'aurais cherché à apprendre à te connaître, par tous les moyens. Je l'ai su, dès que je t'ai vue, dès que tu t'es réveillée. Même quand tu me disais de partir, même quand tu refusais mon aide, je l'ai toujours su, au fond de moi, j'ai toujours su qu'un jour j'arriverai à te faire sourire et à te rendre heureuse.

Des larmes incontrôlables roulèrent soudainement sur les joues de Noriko qu'il essuya à l'aide des ses pouces.

- Alors Noriko, si tu me demandes si j'ai toujours envie de t'embrasser, la réponse est oui bon sang, bien évidemment.

Noriko pleurait de joie, son cœur battait tellement vite. Elle n'avait jamais éprouvé une telle sensation de toute sa vie. Cette sensation nouvelle qui l'inondait de bonheur. Ses yeux plongés dans le regard d'Ace, elle les baissa brièvement et tomba sur ses lèvres. Ses lèvres qu'elle avait envie d'embrasser depuis quelques temps, ses lèvres qui semblaient si douces et qui semblaient n'avoir qu'une seule envie : rencontrer les siennes. Elle remonta immédiatement ses yeux vers les siens et bien que son coup d'œil furtif ne dura pas plus d'une seconde, Ace comprit le signal et lentement, se pencha vers elle, lui laissant encore l'opportunité de reculer. Voyant qu'elle ne luttait pas, il continua d'approcher son visage du sien. Alors qu'il n'était qu'à quelques millimètres de la bouche de Noriko et qu'il pouvait ressentir son souffle sur sa peau, ce fut finalement elle qui termina la course et qui colla ses lèvres sur les siennes.


Le cœur de Noriko explosa dans poitrine, elle avait envie de crier de joie, de sauter partout et éprouvait même la sensation de vouloir envoyer des milliers de bulle d'eau dans le ciel. Elle sentit tout son corps prendre feu, réagissant au baiser tant attendu d'Ace et ne voulait qu'une chose : que cela ne s'arrête jamais.

Elle se réveilla le lendemain matin aux côtés d'Ace, ayant dormi dans le même lit. C'était la deuxième fois que cela arrivait et cette fois, ce n'était pas un accident. Ace était sur le dos, une main en-dessous de sa tête, l'autre sur son ventre, dormant profondément. Elle se blottit contre lui et posa sa tempe sur son torse, tentant de se rendormir. Le jeune homme bougea à ce moment-là, retira son bras de sous sa nuque et vint la placer sur l'épaule de la jeune fille afin de la serrer contre lui, puis redressa la tête pour poser son nez dans ses cheveux et huma son parfum.

- Tu sens bon, marmonna-t-il dans un demi-sommeil.

- Ah oui ? s'étonna-t-elle, flattée.

- Oui. Tu sens la noix de coco. Je l'ai remarqué le premier soir où je t'ai rencontrée.

- La noix de coco... murmura Noriko pour elle-même.

Elle enfonça d'avantage son visage dans le torse d'Ace comprenant que c'est son odeur à elle qui avait apaisé le jeune homme la première fois où ils s'étaient endormis dans le même lit et ne put s'empêcher d'afficher un grand sourire. Ils se rendormirent ainsi tous les deux et passèrent la moitié de la journée au lit, rattrapant le sommeil de la nuit dernière.


Ils avaient continué de s'embrasser longuement, mais Ace n'avait pas essayé de la toucher après qu'ils se soient couchés, prétextant qu'il voulait qu'elle se repose. D'abord excitée par le déroulement de la soirée, Noriko avait tenté de protester en disant qu'elle n'avait pas sommeil, mais une fois au chaud sous la couette et roulée en boule près de lui, elle s'était endormie en moins d'une minute, ce qui avait fait rire le jeune homme. Ce qu'il s'était gardé de lui dire, c'est qu'il avait eu très envie de partager plus qu'un simple baiser avec elle, mais alors qu'il était allongé au-dessus d'elle, ses mains caressant sa cuisse, il avait remarqué que non seulement elle fermait les yeux très forts, mais qu'en plus, elle avait été prise de tremblements soudains. Il comprit qu'elle était encore traumatisée de son agression, que c'était instinctif pour elle et qu'elle ne se rendait même pas compte des réactions de son propre corps. Il s'était allongé à côté d'elle, lui chuchotant qu'il était tard et qu'ils feraient mieux de se reposer.


Quelques heures plus tard, toujours au lit mais désormais parfaitement réveillés, Noriko avait sa tête posée sur le torse d'Ace. Du bout de ses doigts, il lui caressait tendrement l'épaule avant de se pencher pour lui embrasser le haut de la tête. Son regard s'attarda sur le collier de son amante qui reposait sur son propre ventre, grace à la longueur de la chaîne. Il l'attrapa et le tourna entre ses doigts.

- Jaime beaucoup ta croix.

- Moi aussi, j'y tiens énormément.

- Tu veux bien me raconter son histoire ?

Noriko redressa sa tête avant de prendre appui sur son torse à l'aide de sa main et le regarda en lui souriant.

- C'est le symbole de ma famille, mon père possède la même selon Mihawk. Je l'ai depuis ma naissance.

- Tu l'as toujours portée ?

Elle s'avança vers lui et déposa un baiser sur ses lèvres.

- Oui. Sauf quelques jours. Après ma première fugue, il me l'a cassée pendant un entraînement en l'arrachant sans faire exprès. Il m'apprenait une prise au corps à corps à ce moment-là.

Ace lui caressa le côté de la tête et s'attarda sur sa joue, faisant sourire la jeune fille à ce contact.

- Tu l'as réparée à ce que je vois.

Elle prit la croix entre ses doigts et l'observa.

- C'est lui qui l'a réparé. C'était la chaîne le problème, le fermoir avait lâché.

- Ça a dû te faire plaisir.

- Oui, songea-t-elle en reposant son menton sur le dos de sa main en continuant de le regarder dans les yeux. Je crois que c'est une des rares belles choses qu'il ait fait pour moi.

- Il doit y en avoir d'autres...

- Peut-être. Il m'a élevée après tout, même si je ne vois toujours pas l'intérêt pour lui.

Elle détourna le regard puis devint silencieuse. Ace la remonta vers lui pour qu'elle puis poser sa tête dans le creux de son cou et la serra un peu plus fort, préférant ne pas s'attarder sur ce sujet.

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